Une ville, une histoire
Si l’Algérie m’était contée (10e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 9e partie : Grâce à son anneau magique, Lagraâ Boukricha reprend son ancienne forme et part chercher les pommes de Alia Bent Mansour, au-delà des sept mers.
La course a lieu le lendemain. Les six prétendants arrivent sur leur coursier, magnifiquement harnachés et se mettent en file, attendant que le roi donne le signal de départ.
— Mais où est Lagraâ Boukricha ?
Le septième prétendant ne s’est pas, en effet, présenté. Les rires fusent.
— Il a peur qu’on le vainque !
— Sa mule a dû crever sous son poids !
Le roi, n’apercevant pas le sixième prétendant s’apprête à donner le signal quand on voit arriver un cavalier. Son cheval paraît presque féérique, tellement il est beau et grand. L’homme qui le chevauche est habillé d’un costume splendide qui arrache des cris d’admiration.
— Qui est ce cavalier qui veut prendre part à la course ?
On n’a pas, bien sûr, reconnu Lagraâ Boukricha qui a repris son aspect normal, celui d’un grand roi.
Le roi est aussi surpris que les autres, mais il n’arrête pas l’inconnu. Il lève la main, donnant le départ de la course.
— Oh ! s’écrie la foule.
En quelques secondes, le cavalier a dépassé les six prétendants et atteint le point d’arrivée. Et il attend patiemment que ses adversaires arrivent.
— Holà, preux cavaliers, c’est maintenant que vous arrivez ?
Puis, dédaigneusement, il va vers le roi.
— Qui es-tu, preux cavalier ?
— Sire, tu ne m’as pas reconnu ? Je suis Lagraâ Boukricha !
— Oh, s’écrie de nouveau la foule.
— Je suis, comme toi, un grand roi, Majesté, mais le destin a voulu que je passe sept années de misère, c’est pourquoi j’avais cet aspect répugnant de garçon d’écurie, la tête recouverte d’une panse d’agneau et revêtu de haillons. Si une de tes filles m’a désigné pour époux, c’est parce qu’elle m’a vu dans ma splendeur.
Le roi est ébloui.
— Et pourquoi n’as-tu pas participé aux épreuves que j’ai données ?
— J’y ai participé, comme les autres !
Les six autres prétendants s’écrient.
— C’est faux, il n’a jamais été avec nous !
— C’est que vous m’en avez empêché !
Nous ne t’avons jamais vu !
— Et pourtant, j’ai surmonté les trois épreuves : le lait de la lionne enfermé dans une outre fabriquée à partir de la peau de son lionceau et attachée avec des poils de la moustache de lion, c’est moi, ainsi que les pommes de Alia bent Mansour, qui vit au-delà des sept mers !
— C’est faux, c’est nous qui avons apporté le lait et les pommes !
Une querelle s’ensuit. Le roi exige des preuves du cavalier. Celui-ci ouvre son coffret.
— Les voici mes preuves, les petits doigts et les lobes des oreilles que ces messieurs m’ont donnés en échange du lait et des pommes !
Les six prétendants avouent. Lagraâ Boukricha, reconnu comme roi, épouse la fille du roi. (à suivre…)
K. N.
19 février 2010 à 12 12 13 02132
En Image Edition du 2/5/2009
La sage-femme était indisponible, YouTube à la rescousse
Un jeune ingénieur britannique a raconté hier, vendredi, comment il avait aidé sa femme à accoucher à domicile de son quatrième enfant en s’aidant de vidéos visionnées sur YouTube. Quand son épouse a ressenti les premières contractions avec plusieurs semaines d’avance, comme pour ses précédentes grossesses, Marc Stephens, 28 ans, n’a pas perdu une minute et s’est immédiatement connecté à Internet. Après avoir entré «comment donner naissance à un bébé» sur un moteur de recherches, cet ingénieur de la Royal Navy a visionné plusieurs vidéos sur le sujet. «Elle a commencé à se plaindre de douleurs vers 22h 30», a expliqué le jeune homme originaire de Redruth, au sud-ouest de l’Angleterre. «Je suis allé sur Google et j’ai regardé quelques clips sur YouTube». «A 2h 30 du matin, elle m’a réveillé, mais lorsque j’ai appelé la sage-femme elle m’a dit qu’elle était occupée à l’hôpital», a ajouté le jeune homme. «Puis d’un seul coup voilà (ma femme) qui passe la porte de la chambre à quatre pattes, je regarde et vois que la tête du bébé dépassait». La tête d’un petit Gabriel, venu au monde peu après, sans sage-femme mais avec un coup de pouce d’Internet.
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19 février 2010 à 12 12 15 02152
Une ville, une histoire
Si l’Algérie m’était contée (11e partie)
Par K. Noubi
Région n Le site d’Oran a été occupé dès la préhistoire ainsi que l’atteste la station d’Ifri où on a retrouvé de nombreux vestiges, conservés au musée d’Oran.
Oran est la deuxième ville d’Algérie, par le nombre de ses habitants, mais aussi par son activité économique. Elle est construite au fond d’une baie ouverte au nord, à 100 m d’altitude.
Selon une hypothèse, le nom d’Oran, Wahran, signifierait «endroit difficile» ou «coupure», à cause du site escarpé sur lequel la ville a été édifiée. Sans doute a-t-on voulu rattacher le nom au verbe arabe wahara, qui signifie : jeter, précipiter, faire tomber. Selon une autre hypothèse, la ville porterait le nom de son fondateur, un certain Boucharam Ouaraham, sur lequel nous ne disposons pas d’informations sûres. Une troisième hypothèse peut être donnée, cette fois-ci par le berbère, langue longtemps en usage à Oran : «Oran se lit wahran, mot qui signifie les lions.»
Le site d’Oran a été occupé dès la préhistoire ainsi que l’atteste la station d’Ifri où on a retrouvé de nombreux vestiges, conservés au musée d’Oran : haches, couteaux, scies en silex, en quartzite ou en grès, témoins d’une intense industrie. On ignore si le site d’Oran a été occupé par les Phéniciens et les Romains, comme Mers el-Kébir (le Portus Divini des Romains), Béthioua (Portus Magnus) ou Aïn Témouchent (Albulae), villes proches.
On n’y a pas trouvé de vestiges, mais sa position géographique, proche de la mer, a dû attirer les Phéniciens, peuple de navigateurs et de commerçants qui, même s’ils ne s’y étaient pas installés, ont dû y fonder, comme ils l’ont fait à plusieurs endroits de la côte algérienne, des comptoirs. Des villages berbères ont dû aussi exister dans l’antiquité et il n’est pas impossible que la ville ait été édifiée sur le site de l’un de ces villages.
La ville aurait été fondée au début du Xe siècle de l’ère chrétienne, en 903, ou, selon une autre estimation en 937. Des marins andalous, voulant assurer un relais pour leur commerce avec Tlemcen et d’autres régions de l’intérieur, auraient édifié les premières constructions : des entrepôts et quelques habitations, ce qui suppose une présence permanente.
Cet établissement a connu une expansion rapide au point de devenir une ville et d’attiser les convoitises. En 901, il est occupé par les Fatimides, dynastie chi’ite établie au Maghreb, à l’époque. Les Almoravides s’en emparent en 1083, puis c’est au tour de leurs successeurs, les Almohades de l’occuper. Au siècle suivant, c’est au tour d’une autre dynastie berbère, les Mérinides, de la conquérir : les Mérinides qui avaient occupé tout le Maroc et une partie de l’Andalousie, ambitionnaient de s’emparer de tout le Maghreb, mais ils se sont arrêtés à Oran.
Ces changements successifs de dynasties n’ont pas empêché Oran de prendre de l’importance : la ville commerçait non seulement avec les autres contrées du Maghreb et de l’Andalousie, mais elle avait aussi des relations commerciales avec les villes de Marseille, de Gênes et surtout de Venise, auxquelles elle vendait de la laine, des tapis, des burnous, du cumin et d’autres produits recherchés à l’époque.
Gouvernée par les Banu ziyân de Tlemcen, la ville garde sa prospérité. Ibn Khaldoun écrira, enthousiaste, qu’Oran est la ville la plus riche du Maghreb et que quiconque y entre pauvre et malheureux, en ressort, riche et heureux ! (à suivre…)
K. N.
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19 février 2010 à 12 12 21 02212
Arts et Culture Edition du 2/5/2009
«Cheb Hasni : la dernière chanson»
À la mémoire du raïmanlover
Projection n Cheb Hasni : la dernière chanson, Un film retraçant la vie et le parcours artistique de Hasni, a été présenté, jeudi, à la filmathèque Zinet (Ryad el-Feth).
Le film de 110 minutes, réalisé par Laïb Messaoud et dont le scénario est de Fatima Ouazène, est un document biographique racontant les débuts artistiques du «Rossignol du rai» qui a donné un nouveau cachet au raï.
Dans son film, condensé d’un feuilleton de huit épisodes de 40 minutes, le réalisateur évoque aussi le quartier Gambetta d’Oran où ont vécu Hasni et sa famille, particulièrement son frère aîné, qui a toujours été à ses côtés, ainsi que ses amis.
«Nous avons essayé de reconstituer le plus fidèlement, à travers ce film qui a demandé six mois de préparation et huit semaines de tournage, la vie de Hasni à travers le témoignage de sa famille, notamment de sa femme, de ses proches et des chanteurs qui l’ont côtoyé», a indiqué la scénariste du film à propos de cet artiste «généreux et altruiste» qui avait créé un style personnel : le «raï sentimental».
«Face au raï de la mal vie et du désespoir, Cheb Hasni a chanté l’amour et l’espoir et a su se faire apprécier d’un public jeune», a indiqué Fatima Ouazène qui a tracé le portrait de cet artiste, passionné de musique chaâbie et des chansons de Ouarda El-Djazaïrya.
Le rôle de Hasni a été interprété par Farid Rahal, un jeune étudiant qui, physiquement, ressemble à l’artiste défunt et dont il était un grand admirateur.
«Il a essayé de rentrer dans sa peau», a confié la scénariste ajoutant avoir fait appel à une comédienne professionnelle, en la personne de Sara Rezigua, qui a interprété le personnage de Malika, l’épouse de Hasni, «pour équilibrer les séquences».
Cheb Hasni, de son nom Hasni Chakroun, est né en février 1968 à Oran. A l’issue de ses études au CEM Bachir-Kabassi de sa ville, le jeune Hasni, qui pratiquait le football, a décidé de se consacrer à la musique.
Fan de Blaoui El-Houari et d’Ahmed Wahbi, il intègre l’orchestre de Nouri Kada où il interprète des chansons du terroir oranais avant d’enregistrer sa première cassette en 1986 dans laquelle il chante en duo avec Chaba Zahouania.
Il donnera des concerts en Algérie avant de se produire en France puis aux Etats-Unis.
L’artiste, qui compte à son actif plus de quatre-cents chansons, dont Achek Galbi, Alach ya ‘aniya, ‘Ayit ma nasbar, Dak Ezzine et Da zahri, et dont les thèmes de prédilection sont l’amour, la séparation, mais aussi la déception, a été victime d’un attentat terroriste le 29 septembre 1994.
R. C. /APS
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19 février 2010 à 12 12 23 02232
Ainsi va la vie
La fille de l’étrangère (11e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 10e partie n Malika a su défendre Nadir : après avoir hésité à lui accorder sa main, ses parents acceptent finalement.
Dès qu’il retourne dans sa chambre, le jeune homme appelle sa sœur, Nadia. La jeune femme comprend, au son de la voix de son frère, qu’il est heureux.
— toi, tu as atteint ton but !
Nadir feint d’ignorer de quoi elle parle.
— je ne comprends pas !
— ne fais pas semblant… On t’a accordé la main de ta copine !
— Malika ?
— oui, Malika !
Nadir jubile.
— oui, petite sœur, ses parents m’accordent sa main ! Ça n’a pas été facile, mais elle est arrivée à les convaincre !
Nadia a un doute.
— dis, tu ne vas pas rester là-bas !
— non, bien sûr !
— ah, ça me rassure… Dis-moi, les fiançailles, le mariage, c’est pour quand ?
— après ma soutenance, le mariage sera juste après, l’été prochain… On se mariera ici !
Nadia est déçue.
— quoi ! Maman qui attendait avec impatience que tu te maries…C’est un coup qu’elle ne supportera pas !
Nadir la rassure.
— mais nous ferons une grande fête, une fois rentrés au pays !
— attends, dit Nadia, je te passe maman.
Il donne toutes les explications à sa mère.
— ne t’inquiète pas, nous ferons une grande fête.
— dès à présent, nous allons la préparer !
Il rit.
— tu ne changeras pas maman…
Sa deuxième sœur, Yacina, lui parle aussi.
— je connais quelqu’un qui fera une maladie en apprenant la nouvelle !
— qui ? demande Nadir.
— Souad, la fille de la cousine Djazia.
Nadir fait semblant de se fâcher.
— qu’a-t-elle à voir avec moi, celle-là ?
— quoi, tu ignores qu’elle a le béguin pour toi !
— assez, si tu continues à me parler d’elle, je resterai en France !
— non, non, grand frère, reviens-nous vite !
Nadir est satisfait. Maintenant qu’il est sûr d’épouser Malika, il se sent revivre. Mais il sait aussi que les premiers temps au pays pour cette fille d’émigrés – qui n’est jamais rentrée au pays – ne seront pas faciles. Elle lui a pourtant bien dit qu’elle s’adapterait. D’ailleurs elle n’a pas de raison de s’inquiéter car tout le monde, au pays, l’aimera (à suivre…)
K. Y.
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19 février 2010 à 12 12 29 02292
Au coin de la cheminée
Zalgoum (3e partie)
Résumé de la 2e partie n En apprenant – par les animaux – qu’elle allait épouser son frère, Zalgoum s’enfuit et se terre dans une grotte…
Quand il conta à sa femme qu’il savait où était Zalgoum, qu’il venait d’entendre sa voix et de baiser ses doigts, elle voulut partir tout de suite, mais la nuit tombait et il lui fallut attendre le lendemain. Elle partit dès l’aube avec son mari et le berger, et la même scène se répéta. Quand la voix de Zalgoum sortit de la grotte, la mère se mit à sangloter :
— Zalgoum, ma fille, c’est moi, ta mère ; sors de la grotte que je te voie.
Tu étais ma mère, ma mère, dit Zalgoum
Mais maintenant tu es ma belle-mère.
— Sors, Zalgoum, que je t’embrasse.
— Je ne sortirai pas, dit Zalgoum.
— Donne-moi au moins le bout de tes doigts à baiser.
Zalgoum à travers la fente, sortit sa blanche main et la mère se précipita dessus pour la baiser. Puis elle s’en retourna, désespérée. Le soir elle apprit à son fils que Zalgoum était retrouvée. Il sella tout de suite son cheval et il fallut le retenir et lui remontrer, que la nuit, la forêt était le domaine des fauves, sortis chercher leur pâture. Ils partirent tous ensemble le lendemain, poussèrent la chèvre tout droit vers la grotte. Aussitôt la voix de Zalgoum, la même que celle d’autrefois, dit :
Ouste, chèvre, va de là !
Ou la gale te dévorera
Et va dire à mes père et mère
Que Zalgoum dans la grotte se terre.
— Zalgoum, dit le jeune homme, sors de là !
— Non, dit-elle.
— Tu ne veux pas revoir ton frère ?
Autrefois tu étais mon frère, mon frère,
Mais aujourd’hui tu es mon mari.
— Donne-moi au moins tes doigts à baiser.
Zalgoum sortit sa main…
Un bref coup de sabre… et la main s’en alla voler dans l’air, puis retomba dans l’herbe, loin de la grotte. Le frère se précipita et s’en empara.
Le cri de Zalgoum couvrit celui des chèvres qui bêlaient.
— Tu m’as trahie, mais Dieu te punira. Il te plantera dans le genou une épine que nul homme, nulle femme au monde ne pourra jamais enlever, que cette main que ton sabre vient d’arracher à mon bras.
Le frère sauta sur son cheval et partit à fond de train. Arrivé à la fontaine, d’où jadis il avait retiré le cheveu d’or de Zalgoum, il descendit pour y faire boire son cheval. Il allait remonter quand une épine se planta dans son genou.
Il essaya de l’extraire et, n’y parvenant pas, se promit de la donner à enlever à sa mère, dès qu’il serait rentré. En arrivant il jeta sur le toit de la maison la main, encore toute sanglante, de Zalgoum.
— Les neiges et le soleil la décharneront, se dit-il, ou bien les oiseaux rapaces l’emporteront.
Le soir une forte fièvre le prit. Ni la mère ni le père ni aucun des habitants du village ne réussit à enlever l’épine qui, de jour en jour, grossissait et s’incrustait plus avant dans la rotule. (à suivre…)
Contes berbères de Kabylie Mouloud Mammeri
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19 février 2010 à 12 12 31 02312
Histoires vraies
L’Ogre du Bengale (8e partie)
Résumé de la 7e partie n Surcouf prend le commandement du navire «Confiance» et, pour sa première sortie, il est confronté à la «Sybille», un navire anglais…
L’enseigne pâlit.
— Mais, capitaine, ils vont nous faire prisonniers. Nous allons nous retrouver aux pontons !
Il faut dire que les pontons sont le cauchemar général. Obligés de traiter les corsaires en prisonniers de guerre, les Anglais se vengent en les enfermant dans des conditions inhumaines. Les pontons sont de vieux navires sans mâture, mouillés dans les estuaires. Les marins sont entassés dans la cale, vêtus seulement d’un pyjama de forçat. Ils sont si serrés que, la nuit, quand ils dorment, ils doivent se retourner tous en même temps.
Surcouf rassure l’équipage du canot :
— N’ayez crainte. Je vous échangerai à la première occasion et vous serez largement récompensés.
Le plan s’exécute. La chaloupe coule. La «Sibylle» met un canot à la mer pour secourir ceux qu’elle croit être ses compatriotes et Surcouf en profite pour mettre toutes les voiles ! La «Confiance» est bientôt hors de portée.
Un peu plus tard, le hasard met sur sa route un puissant navire marchand presque aussi bien armé qu’un bateau de guerre : le «Kent». Malgré l’énorme disproportion des forces, Surcouf décide l’assaut et harangue ses hommes. Cela semble de la folie et telle est bien l’opinion des Anglais. Le «Kent», en plus de son chargement, transporte des passagers et des passagères : son capitaine fait monter les dames sur le pont pour leur montrer «comment on coule un corsaire français».
Surcouf manœuvre avec une habileté diabolique pour éviter les salves de son adversaire et parvient à se placer contre lui : l’abordage peut commencer. La différence de taille entre les deux bateaux est telle que, pour aller sur le pont du «Kent», les marins de la «Confiance» doivent passer par le haut des mâts !
Le combat est furieux. Les huniers français bombardent de grenades leurs adversaires. Ceux-ci ont sorti leurs canons des cales et tirent à la mitraille sur les assaillants. Des adversaires tombent à la mer enlacés et continuent à se poignarder dans l’eau. Mais la mort du capitaine anglais sème la panique sur le «Kent» et l’équipage ne tarde pas à se rendre. Les prisonniers seront, bien entendu, échangés contre l’enseigne de vaisseau et les marins de la chaloupe. La prise du «Kent» a un retentissement considérable. Surcouf est désormais la terreur des Anglais, qui le surnomment «l’Ogre du Bengale». Au cours de la même campagne, la «Confiance» fait d’autres prises moins héroïques, mais tout aussi rentables. Et c’est chargée d’un butin fabuleux qu’elle rentre à Port-Louis. Les armateurs pressent Surcouf de repartir et lui proposent un pont d’or. Ce dernier refuse : il rentre en France. Il n’a pas oublié Marie-Catherine. Au cours de toutes ses expéditions, il n’a jamais cessé de penser à elle. Maintenant qu’il est riche, il va l’épouser !
La rentrée d’un corsaire est presque aussi périlleuse que ses combats. Chargé de ses trésors, il doit à tout prix éviter l’ennemi. Justement, début avril 1801, peu après le tropique du Cancer, la «Confiance» est prise en chasse par deux frégates anglaises. Alourdie par sa précieuse cargaison, elle perd du terrain.
Surcouf a alors recours à la méthode utilisée en pareil cas, il fait jeter par-dessus bord tous les canons, sauf un, pour appeler en cas de détresse, puis le mobilier et les accessoires non indispensables et, enfin, les canots de
sauvetage. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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19 février 2010 à 12 12 38 02382
Quand les handicapés escaladent les montagnes
Une entreprise qui permet aux handicapés d’escalader virtuellement des montagnes, de plonger ou même de voler a été l’un des groupes distingué par Second Life, qui décernait ses premiers prix récompensant des projets virtuels améliorant la vie réelle. Ce groupe baptisé Virtual Ability,Suite… ainsi que l’entreprise Studio Wikitecture, qui conçoit des bâtiments dans le monde virtuel lancé par Linden Lab en 2003, ont été désignés comme co-lauréats du prix, qui sera désormais décerné annuellement par Second Life. Les prix s’accompagnent d’une récompense de 10 000 dollars. Virtual Ability aide les personnes handicapées à se servir d’avatars pour faire du parachutisme, aller à la pêche, faire de la randonnée, ou même voler dans Second Life, a indiqué un responsable de l’entreprise. «Nous dansons aussi beaucoup», a-t-il ajouté. «C’est une expérience incroyable d’aider quelqu’un qui ne pourra plus jamais marcher dans la vie réelle à sauter sur un trampoline virtuel». Virtual Ability, fondé par des handicapés, utilisera l’argent remporté pour améliorer ses services sur Second Life, selon sa présidente. «Pour beaucoup d’entre nous, Second Life n’est pas un jeu, c’est une seconde chance de vivre», a-t-elle dit.
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19 février 2010 à 13 01 29 02292
Ainsi va la vie
La fille de l’étrangère (12e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 11e partie n Nadir est satisfait. Maintenant qu’il est sûr d’épouser Malika, il se sent revivre. Il informe ses parents et annonce son mariage pour l’été prochain.
Les semaines suivantes, ils se voient très peu. Nadir est, en effet, sur le point de soutenir son mastère. Il passe son temps à la bibliothèque, puis à rédiger son mémoire. Il soutient avec succès son mastère, en présence de la jeune fille et de ses parents venus l’encourager. Ils l’invitent à dîner et fêtent ensemble l’événement.
Quelques jours après, les parents de Malika organisent les fiançailles. C’est une cérémonie symbolique à laquelle n’assistent que quelques amis et un imam, dépêché pour réciter la Fatiha. Les parents de la jeune femme ont tenu à ce que la main de leur fille soit accordée dans le respect des traditions.
Il est décidé que le mariage civil sera célébré en France. Quant à la noce, elle se déroulera quelques jours après, mais en Algérie.
— papa y assistera, dit Malika.
— et ta mère ?
— je ne pense pas qu’elle vienne…
— Mais pourquoi ?
— elle viendra plus tard…
La jeune femme ajoute.
— il faut bien que quelqu’un garde la maison !
Il trouve cette raison curieuse, mais il n’insiste pas. Après tout, sa belle-mère est libre d’agir comme bon lui semble.
Un mois avant la date du mariage, Nadir entre au pays pour régler quelques affaires et préparer la noce. Il veut aussi annoncer son mariage à la famille. Ni ses oncles ni leur femme, qui vivent sous le même toit que lui, ne sont au courant.
C’est l’oncle Zoubir qui vient le chercher à l’aéroport. Il regarde son neveu avec satisfaction.
— tu as grossi, Nadir !
— tu trouves, mon oncle ?
— oui, la dernière fois que je t’ai vu, à l’Aïd, tu étais plutôt maigrichon…
Le jeune homme sourit.
— j’ai moins de travail.
— c’est vrai, tu as soutenu ton mastère… Mon vieux, c’est maintenant le grand retour !
Il regarde son neveu, avec méfiance.
— dis donc, tu ne vas pas retourner en France ?
— si, mon oncle !
L’oncle arrête de conduire.
— quoi, tu retournes…
— pas définitivement mon oncle !
— je comprends, tu vas régler des petites affaires…
— oui mon oncle.
Il ne veut pas lui dire qu’il ira chercher sa fiancée. Il attendra que la famille soit réunie pour l’annoncer.
— tu es un brave garçon. mon défunt frère aurait été content… Mais nous sommes là pour être heureux avec toi ! (à suivre…)
K. Y.
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19 février 2010 à 13 01 31 02312
Au coin de la cheminée
Zalgoum (4e partie)
Résumé de la 3e partie n Toujours dans sa grotte, Zalgoum jette un sort à son frère qui vient de lui couper une main…
On fit venir des praticiens des villages puis des pays environnants, mais aucun n’arriva à faire l’extraction : le genou pendant ce temps enflait et bientôt devint énorme et si douloureux que le jeune homme dut s’aliter. Il resta dès lors cloué dans un coin, où il geignait nuit et jour, sans pouvoir marcher ni même seulement faire un mouvement sans crier. Pendant ce temps, la nouvelle qu’une voix mystérieuse sortait d’une grotte de la forêt s’était répandue dans le royaume et bientôt parvint aux oreilles du prince, qui en fut fort intrigué. Il fit aussitôt publier qu’il donnerait une grande récompense à quiconque ferait sortir de son abri la jeune fille. Une vieille sorcière se présenta, qui se fit fort d’y arriver. Le prince lui réitéra sa promesse.
— Mais, lui dit-il, je veux être le premier à voir la femme, si du moins c’en est une, au moment où elle sortira.
— Rien de plus facile, fit la sorcière. Pendant que j’opérerai devant la grotte, cache-toi dans les environs et tiens ton cheval prêt. Dès que la fille sortira, précipite-toi, empare-toi d’elle et emporte-la.
La vieille femme prit alors de la farine, du sel, de l’eau, un plat à cuire la galette, puis se dirigea vers la forêt. Arrivée devant la grotte, elle creusa un foyer rudimentaire, y alluma du feu, puis sur trois pierres plates posa son plat, mais à l’envers, le fond tout couvert de suie vers le haut. Ses gestes étaient malhabiles, avec les mains elle tâtonnait de droite et de gauche, s’emplissait de suie, se piquait aux épines.
Zalgoum la regardait de l’intérieur. Elle fut d’abord amusée puis, prenant pitié de la pauvre vieille, qui visiblement n’y voyait pas, elle lui cria :
— Ma mère, tourne ton plat, tu l’as placé à l’envers.
— Ma fille, dit la sorcière, je n’y vois pas, avec l’âge mes yeux sont usés. S’il te plaît, viens m’aider.
Je suis dans une grotte, dit Zalgoum, j’ai peur d’être enlevée si je sors.
— Et qui t’enlèvera ? fit la sorcière, tu vois bien que nous sommes seules ici. Zalgoum regarda de droite et de gauche par les fentes de la grotte et, ne voyant personne, sortit. Elle prit le plat, le renversa, y déposa la galette.
— Maintenant, vieille mère, tu n’as plus qu’à surveiller ta galette jusqu’à ce qu’elle soit cuite. Moi, je rentre dans ma grotte.
Le prince aussitôt sortit de sa cachette et fondit sur elle. Zalgoum se mit à se débattre.
— Tu m’as trahie, cria-t-elle à la vieille.
— Qui que tu sois, lui dit le prince, tu n’as rien à craindre. Il ne te sera fait aucun mal. Je te demande seulement de me suivre dans ma maison. Zalgoum, se voyant prise, regarda le prince. Elle vit qu’il n’avait rien de farouche. Aussi accepta-t-elle de le suivre. Il l’installa dans la plus haute pièce du palais et, comme il voulait l’épouser, il interdit que quiconque montât la voir avant le jour des noces. (à suivre…)
Contes berbères de Kabylie Mouloud Mammeri
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19 février 2010 à 13 01 54 02542
Histoires vraies
L’Ogre du Bengale (9e partie)
Résumé de la 8e partie n Après toutes ses victoires, Surcouf est désormais surnommé par les Anglais, l’Ogre du Bengale. A bord de la «Confiance», il revient en France chargé de trésors…
Ce n’est pas suffisant, les Anglais se rapprochent. Il ordonne alors de démolir tous les bastingages et de mouiller les voiles pour les raidir. Il risque de démâter et, s’il vient à rencontrer une tempête, c’est le naufrage assuré et la mort pour tous, car il n’y a plus de chaloupes. Mais le salut est à ce prix. La «Confiance» distance enfin ses poursuivants.
La chance est au rendez-vous et Surcouf rentre à Saint-Malo le 30 avril 1801, jour de la Saint-Robert. Il est riche et célèbre, M. Blaize de Maisonneuve lui accorde avec joie la main de sa fille et, le 28 mai suivant, il épouse Marie-Catherine. Il a vingt-sept ans, elle en a vingt-deux.
Une nouvelle existence commence pour lui. Le régime politique a encore changé pendant son absence : le général Bonaparte est désormais Premier consul. Celui-ci décide de signer la paix avec l’Angleterre et il n’est, bien sûr, plus question de course. Surcouf met à profit cette inaction forcée. Il prend un précepteur et se montre, cette fois, fort bon élève. Il achète un luxueux hôtel particulier à Saint-Malo où Marie-Catherine accouche de leur premier enfant, Caroline-Marie. En même temps, il seconde son beau-père dans son entreprise d’armateur.
La paix avec l’Angleterre est éphémère. En mai 1803, c’est la reprise des hostilités. Bonaparte convoque à Saint-Cloud celui qui est le plus illustre de ses marins, pour lui proposer un commandement prestigieux.
— Je vous nomme capitaine de vaisseau. Vous aurez deux frégates sous vos ordres et vous ferez la chasse aux Anglais dans cet océan Indien que vous connaissez si bien.
Surcouf secoue la tête :
— Je regrette, j’ai toujours été mon propre maître. Je ne veux dépendre de personne, pas même d’un amiral.
Bonaparte n’insiste pas, mais il lui demande conseil :
— Que feriez-vous à ma place contre les Anglais ?
— Je laisserais tous mes bateaux de guerre dans les ports et je les harcèlerais avec de petits navires.
Bonaparte est trop fin stratège pour ne pas se rendre compte que le corsaire a raison. Il soupire :
— Je ne peux pas désarmer mes navires de ligne. C’est une question de prestige.
Les deux hommes se séparent sur ces mots. Deux ans plus tard, ce sera Trafalgar.
1806. Robert Surcouf a trente-deux ans. Marie-Catherine l’a convaincu de participer à la guerre en tant qu’armateur et non comme corsaire. Il envoie donc des capitaines sillonner les mers à sa place. Il est père de trois enfants, il est riche et il est l’une des gloires de l’Empire, l’un des premiers à avoir été décoré de la Légion d’honneur. Tout pourrait continuer ainsi, si l’appel de la mer n’était quand même le plus fort. Il décide de construire pour lui-même un magnifique trois-mâts de vingt-quatre canons, prévu pour un équipage de cent cinquante hommes.
Il le nomme symboliquement le «Revenant». Celui que l’on ne devait plus revoir sur les flots est de retour, il n’a pas achevé ses exploits. Le 2 mars 1807, tandis que Marie-Catherine pleure aux remparts, le «Revenant» quitte Saint-Malo, en direction de l’île de France. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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19 février 2010 à 13 01 59 02592
Irak : deux soldats US tués par un imam
l Deux soldats américains ont été tués et trois autres ont été blessés, hier, samedi, par les tirs d’un individu portant un uniforme militaire irakien, à 20 km au sud de Mossoul. «Deux soldats de la Force multinationale ont été tués et trois autres ont été blessés ce soir par des tirs d’armes de petit calibre à un avant-poste à 20 km au sud de Mossoul», dans le nord de l’Irak, a indiqué un communiqué militaire américain. «Selon les premiers rapports, l’individu vêtu d’un uniforme de l’armée irakienne a ouvert le feu sur les forces de la coalition et il a été tué dans cet incident», a ajouté l’armée américaine. Selon un officier de police de Mossoul, le meurtrier était un soldat irakien du nom de Hassan al-Doulaimi et originaire de Dhoulouiyah, à 70 km au nord de Bagdad. Il était l’imam de la mosquée d’un centre de formation militaire, Hammam al-Alil, à 25 km au sud de Mossoul. D’après un bilan établi par l’AFP à partir du site icasualties.org, le nombre de soldats américains morts en Irak depuis l’invasion du pays en mars 2003 s’élève à 4 283.
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19 février 2010 à 14 02 07 02072
Une ville, une histoire
Si l’Algérie m’était contée (13e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 12e partie n Nous relatons, ici, l’histoire de ce prince qui, bien que découragé par le roi, ne s’avoue pas vaincu : il veut obtenir, coûte que coûte, la main de la princesse !
Il était une fois un roi — il n’y a de Roi que Dieu — qui n’avait pour tout enfant qu’une fille. Il l’aimait si fort qu’il ne voulait pas se séparer d’elle. Or, la fillette grandit, et bientôt atteint l’âge de se marier. La reine, sa mère, ne cesse de répéter.
— Notre fille est maintenant grande, il est temps de songer à la marier !
Le roi répond, à chaque fois.
— Elle est encore jeune, laissons-là grandir.
Mais les mois passent et le roi n’est toujours pas disposé à marier sa fille.
— Notre fille est maintenant grande, si nous ne la marions pas, elle finira vieille fille. Est-ce le sort que tu destines à ta fille ?
— Non, bien sûr !
— Alors, qu’attends-tu pour accorder sa main ?
Le roi réfléchit.
— Je crois que je vais accorder sa main !
La reine sourit.
— Te voilà devenu raisonnable !
Or, quelques jours après le prince d’un royaume voisin se présente.
— Ô grand roi, je viens demander la main de ta fille !
Le roi hoche la tête.
— Tu dois savoir combien je tiens à ma fille !
— Oui, sire, je sais que tu la chéris comme la prunelle de tes yeux !
— Elle est plus que cela pour moi !
— Je la traiterai avec bienveillance !
— Je veux bien t’accorder la main de ma fille mais à condition que tu fasses preuve d’un courage exemplaire !
Le prince répond fièrement.
— Je suis prêt à affronter toute épreuve que tu m’imposeras !
Le roi le regarde attentivement.
— Tu affronteras toute épreuve ?
— Oui !
— Alors, je veux que tu m’apportes une pomme de l’arbre merveilleux qui pousse dans le jardin du Grand Djinn, qui se trouve au-delà des sept mers !
Le prince est atterré.
— Ce que tu me demandes, là, est impossible !
Le roi répond.
— C’est là ma condition. Ramène-moi une pomme du Jardin du Grand Djinn et si tu la ramènes, je t’accorderai la main de ma fille, sinon, tu n’as qu’à te chercher une épouse ailleurs !
Le prince s’en va. La demande du roi l’a découragé, mais il ne s’avoue pas vaincu : il veut obtenir, coûte que coûte, la fille du roi ! (à suivre…)
K. N.
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19 février 2010 à 14 02 10 02102
Ainsi va la vie
La fille de l’étrangère (13e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 12e partie n Nadir soutient son mastère, se fiance et rentre au pays pour faire les préparatifs du mariage. A part sa mère et ses sœurs, il n’a mis personne au courant.
Sa mère et ses sœurs ont également gardé le secret, mais elles n’ont pas manqué de le féliciter, en privé.
— enfin, dit sa sœur Nadia, nous allons la connaître !
— tu nous as dit qu’elle est belle ! dit sa seconde sœur, Yacina.
— vous voulez voir sa photo ?
— oh, oui !
Il sort une photo de son portefeuille.
— voici Malika…
Les jeunes filles s’arrachent la photo.
— qu’elle est belle !
— montrez-la moi, dit la mère Zoulikha
On lui montre la photo.
— elle est vraiment belle !
Nadir sourit.
— elle vous plaît à toutes les trois ?
— oh, oui !
— nous l’aimerons comme notre sœur, disent Nadia et Yacina.
— et moi, comme ma fille ! dit Zoulikha.
On lui pose une foule de questions.
— elle ne doit parler que le français !
— oui, mais elle apprendra vite, notre langue !
— tu crois qu’elle s’habituera à nos coutumes ?
— elle est d’origine algérienne !
— d’origine seulement, mais elle a vécu là-bas !
— elle apprendra.
Il regarde ses sœurs.
— je compte sur vous !
On parle de la famille de la fiancée.
— tu nous as dit que ses parents ne sont pas revenus au pays, depuis quarante ans !
— le père, oui, quant à la mère je ne sais pas ! Mais, elle, non plus, ne semble pas être revenue… Sans doute, depuis longtemps !
— Ce sera, pour eux, l’occasion de revenir !
Nadir est embarrassé.
— le père viendra, mais pas la mère !
Zoulikha est surprise.
— quoi ! Elle n’assistera pas au mariage de sa fille !
— elle est malade ? demande Nadia.
— oui, je crois que c’est cela… Elle ne supporte pas le voyage !
— tout de même, elle devrait faire un effort !
Nadir hoche la tête.
— peut-être changera-t-elle d’avis ! (à suivre…)
K. N.
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19 février 2010 à 14 02 14 02142
Au coin de la cheminée
Zalgoum (5e partie)
Résumé de la 4e partie n Par la ruse d’une sorcière, Zalgoum sort de la grotte et est capturée par un prince qui veut l’épouser…
Mais, dès que Zalgoum était arrivée, la sorcière avait fait courir le bruit non seulement de l’expédition réussie du prince, mais aussi de la merveilleuse beauté de la fille qu’il avait ramenée. Aussi les autres femmes du palais tombèrent-elles jalouses d’elle. Elles désiraient ardemment la voir et, passant outre aux ordres du prince, profitèrent d’un jour qu’il était absent pour monter jusqu’à la haute pièce où Zalgoum était enfermée : elles virent tout de suite que la sorcière avait dit vrai.
L’une d’elles, cependant, remarqua que la jeune fille tenait toujours une de ses mains cachée sous la manche de sa robe. Elle se mit à l’observer attentivement, jusqu’au moment où, Zalgoum ayant fait un mouvement brusque, le bras apparut… privé de sa main. Elle fit semblant de n’avoir rien vu, mais au fond d’elle-même fut très contente d’avoir fait cette découverte, parce qu’elle était sûre d’avoir là un moyen infaillible de faire perdre à la jeune fille la faveur du prince.
Dès qu’elle sortit, elle mit au courant les autres femmes et elles restèrent à se demander comment le prince pouvait vouloir épouser une manchote.
— C’est qu’il ne le sait pas, dit l’une d’elles. La fille tient toujours sa main cachée dans sa manche.
Elles cherchèrent alors un moyen d’en répandre la nouvelle sans que le prince sût qu’elles étaient montées voir Zalgoum… et en trouvèrent un. Elles se présentèrent devant lui et lui dirent
— C’est bientôt la fête. Nous allons nous teindre les mains au henné. Votre fiancée serait sans doute heureuse de venir s’en appliquer avec nous.
Le prince alla en aviser Zalgoum qui, tout de suite, comprit et la perfidie de la proposition et d’où elle venait. Aussi répondit-elle au prince :
— C’est toujours la nuit que je me teins, car ainsi le henné a le temps de prendre. Qu’on m’apprête la teinture : je me l’appliquerai ce soir.
Les dames du palais furent désappointées, surtout celles qui avaient espoir de gagner la faveur du prince. Aussi imaginèrent-elles un autre stratagème. Elles allèrent de nouveau trouver le prince :
— Pour la fête, dirent-elles, nous avons décidé de vous tisser chacune un manteau d’apparat. Nous verrons qui de nous fera le plus beau.
Le prince se montra enchanté.
— Votre fiancée, ajouta l’une des femmes, voudra certainement se joindre à nous. Cela nous occupera, pendant que vous serez à la chasse, et celle qui aura fait le manteau le plus beau sera honorée et heureuse de vous le voir porter.
Elles se mirent toutes à l’ouvrage aussitôt. Zalgoum était désespérée : avec son unique main elle ne pourrait jamais tisser et broder le manteau du prince. Rentrée dans sa chambre, elle se mit à sa fenêtre et commença à verser d’abondantes larmes.
Mais voilà que la corneille, à qui elle avait jadis donné une poignée de blé, vint à passer et la vit tout éplorée à sa fenêtre
— Qu’as-tu à pleurer ? lui demanda-t-elle.
Zalgoum lui raconta.
— Donne-moi un de tes fils de soie, dit la corneille, et je te tirerai de là. (à suivre…)
Contes berbères de Kabylie Mouloud Mammeri
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