Au coin de la cheminée
La fille du charbonnier (9e partie et fin)
Résumé de la 8e partie : Le roi, comprenant que c’est sa femme qui a suggéré au plaignant sa défense, lui rapelle sa promesse et la somme de quitter le royaume pour la punir…
Les servantes ne montrèrent aucun étonnement, car la reine les avait toutes mises dans son secret et elles avaient elles-mêmes versé le puissant narcotique dans les boissons qui devaient être servies au roi.
La reine aussitôt leur fit enfermer son époux dans un coffre, qu’elle avait préparé à cet effet, et dont elle prit soin de garder la clef. Elle fit mettre ses autres effets dans de grandes malles, qu’on chargea à dos de chevaux et de mulets, et la caravane sortit dès l’aube, par la grande porte du palais, vers la maison que la reine avait fait acheter dans la ville. En y arrivant, les serviteurs déchargèrent tout le mobilier et la reine fit transporter dans sa chambre le précieux coffre.
Elle prit sa clef, ouvrit, leva le couvercle. Le roi, sentant l’air du dehors, commença à bouger : puis, peu à peu il arriva à ouvrir péniblement les yeux qui se refermaient presque aussitôt. Cependant, l’effet du narcotique arrivait à sa fin et bientôt le roi put se secouer dans le coffre, étirer ses membres engourdis et ouvrir entièrement les yeux. Il regarda autour de lui :
— Où suis-je ? dit-il.
— Chez moi, dit la reine en allant vers lui et l’aidant à sortir du coffre.
— Ce ne sont point là vos appartements, dit-il.
— Non, dit la reine, car vous m’avez chassée de votre palais.
— Mais pourquoi suis-je avec vous ? s’inquiéta le roi.
— Sire, dit la reine, êtes-vous en état de vous rappeler ce que vous m’avez dit hier ?
— Naturellement.
— En ce cas, rappelez-vous. Vous m’avez enjoint de quitter le palais, mais vous m’avez permis d’emporter avec moi, en sortant, ce que j’avais de plus cher, n’est-il pas vrai ?
— En effet, dit le roi.
— Mais ce que j’avais au palais de plus cher c’était vous.
Le roi ne put s’empêcher de penser qu’une fois de plus sa femme avait montré une intelligence peu ordinaire. Il fut en même temps très touché de cette marque d’amour qu’elle lui donnait ainsi.
Il donna l’ordre de recharger sur les bêtes le mobilier et les objets précieux que la reine avait pris et de tout remporter au palais.
— Sire, dit la reine, si vous le permettez, nous allons tout garder dans cette maison, car tout ce que j’ai emporté c’était pour votre service. Ainsi, quand vous serez fatigué des lourdes charges qui pèsent sur vous, vous pourrez venir ici les y oublier et, si vous le désirez, j’aurai grand plaisir à y venir aussi avec vous.
Le roi et la reine, suivis d’un long cortège de serviteurs et de bêtes non chargées, revinrent au palais. Ils y passèrent désormais des jours heureux, jusqu’à ce qu’il plût à Dieu de mettre une fin à leur vie. Machaho.
Contes berbères de Kabylie Mouloud Mammeri
12 février 2010 à 10 10 06 02062
Ainsi va la vie
Derrière le mensonge (28e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 27e partie n Tahar semble réellement amoureux de Lila. Elle le pousse à bout et lui demande, s’il est prêt à l’épouser.
C’est au tour de Tahar de la regarder avec étonnement.
— Tu sais bien que c’est impossible !
Elle le regarde dans les yeux.
— Pourquoi ?
— Mais tu sais bien que je suis marié !
— Et alors ? Le code de la famille autorise la polygamie !
Il secoue la tête.
— Rabéa n’acceptera jamais !
— Tu as besoin de son consentement ?
— Aux termes de la loi, si…
— Mais toi tu as tant d’influences !
Il gémit.
— Ce n’est pas moi qui ai de l’influence mais mon beau-père !
— Et alors, il ne peut pas t’empêcher de te remarier !
— Il me chassera de la villa !
— Je croyais qu’elle était à ton nom !
— Pas du tout, elle est au nom de ma femme. Moi, ce que j’ai, c’est l’appartement.
— C’est un appartement coquet !
Elle se rattrape aussitôt.
— C’est vrai, une villa, c’est mieux qu’un appartement !
— Il n’y a pas que la villa en jeu…
Elle ne peut s’empêcher de sourire.
— Ah bon ?
— Oui, il y a les enfants…
Elle s’attendrit.
— Tu les aimes, tes enfants ?
— Oui…
— Il va falloir choisir !
— C’est un choix cruel ! Je ne me séparerai jamais de mes enfants !
Lila recule.
— Tu as raison !
— Et puis, dit Tahar, il y a ma situation professionnelle !
— Je sais, tu la dois encore à ton beau-père ! Mais n’oublie pas qu’il y a tes diplômes !
Va-t-il lui avouer qu’il s’est inventé des diplômes ?
— Lila…
— Oui ? dit Lila à l’affût d’une révélation.
— Tu sais mes diplômes…
— Tu as bien des diplômes ?
— Oui, mais un seul, et ce n’est pas à ce diplôme que je dois mon poste !
— Ah bon ?
— Oui, trois de mes diplômes sur quatre sont faux ! tu vois, si je ne t’aimais pas, je ne te ferais pas cet aveu. (à suivre…)
K. Y.
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12 février 2010 à 10 10 08 02082
Au coin de la cheminée
Blanche-Colombe (1re partie)
Il était une fois un roi qui avait un garçon, déjà grand, dont il espérait faire un jour l’héritier du royaume. Mais sa femme mourut et il se remaria. La nouvelle reine avait un ardent désir d’avoir, elle aussi, un enfant. Elle attendit longtemps en vain et elle finit par concevoir une violente jalousie à l’égard de son beau-fils, qu’elle travailla désormais à perdre auprès du roi par tous les moyens.
Le prince, grand chasseur devant Dieu, sortait tous les jours, suivi de la nombreuse suite de ses veneurs et de ses lévriers. Il avait même un jour ramené un lionceau qu’il avait fait dresser par son serviteur pré-féré, un Noir d’une force herculéenne, qui veillait jalousement sur son maître.
— Ton fils, disait la reine, ne pense qu’à ses chevaux et à ses chiens, il te laisse toute la charge du royaume et attend seulement le jour où il pourra te succéder. Il nous déteste.
— Il nous aime, répondit le roi.
— Tu vis loin de lui, mais moi, à qui rien n’est plus cher que ton bonheur, je veille et je le fais surveiller.
Tous les jours il nous maudit, il excite contre nous un parti de factieux, à qui ta bonté laisse la vie.
Elle fit tant et si bien que le roi finit par être convaincu de la perfidie de son fils et un jour, sur un vain prétexte, il lui intima l’ordre de quitter le palais.
— Que je ne te revoie plus dans mon royaume, lui dit-il ; va où bon te semblera.
Le prince se rendit sur la tombe de sa mère pour y pleurer abondamment puis, prenant le premier che-min venu, il s’éloigna. Il allait droit devant lui sans but, car il ne connaissait rien en dehors du royaume de son père, et sans ressources, car la reine avait donné l’ordre de ne rien lui laisser emporter.
Il fit route toute la journée puis, le soir, arriva dans un endroit désert, où pas même un oiseau ne volait. Il eut beau scruter l’horizon de tous les côtés : nulle trace de vie nulle part. Pourtant, à la nuit tombante, il crut percevoir loin, très loin devant lui, une faible lueur. Il décida de s’en approcher.
A mesure qu’il avançait, la lumière se faisait plus vive. Au bout de plusieurs heures, le prince arriva devant une maison haute, si haute que le faîte s’en perdait dans le ciel. Il frappa et, comme personne ne répondait, il poussa la porte, qui céda d’elle-même. Il appela trois fois, demandant si quelqu’un habitait la demeure, mais seul l’écho de sa voix se répercutait parmi les hautes salles aux murs nus.
Puis, voyant des marches devant lui, il s’y engagea. Il monta longtemps, mais l’escalier était interminable. A mesure qu’il grimpait, il sentait ses forces l’abandonner. Au septième étage il ne pouvait plus se hisser sur les hautes marches et il tomba évanoui.
Il ne sut jamais combien de temps il resta ainsi endormi. Quand il se réveilla, il était dans une chambre luxueusement meublée. Sur le rebord de la fenêtre, qui donnait sur un ciel plein d’étoiles, se tenait une colombe, qui bientôt prit son vol et vint se poser au milieu de la pièce.
A peine à terre, elle prit la forme d’une jeune fille à la beauté merveilleuse, qui vint droit à lui, et brutalement lui demanda :
— Qui es-tu ?
Le prince, revenu de sa surprise, se mit à lui conter son histoire et comment il était parvenu jusqu’à elle.
— Va ! tu as la chance que je t’aie trouvé endormi quand je suis entrée, dit la jeune fille, car, si je t’avais vu éveillé, je t’aurais réduit en poussière, j’aurais soufflé sur tes cendres et elles seraient retombées dans ton pays. Et maintenant tu vas me dire ce que tu cherches ici. (à suivre…)
Contes berbères de Kabylie Mouloud Mammeri
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12 février 2010 à 10 10 12 02122
Histoires vraies
Toute la fortune de l’Angleterre (8e partie et fin)
Résumé de la 7e partie n «Le Bonaventure» apporte le reste du trésor du Royaume-Uni qui sera acheminé, par train spécial, à destination de l’endroit où il sera entreposé…
Enfin c’est l’arrivée dans la grande ville du Québec. Le gratte-ciel de la compagnie d’assurances Sun Life est, bien sûr, au cœur du quartier des affaires, c’est-à-dire dans la partie la plus peuplée, la plus grouillante de monde. Cinq mille personnes travaillent dans le building. A l’ouverture et à la fermeture des bureaux, c’est une véritable marée humaine qui y entre et qui en sort. Et c’est là qu’un beau jour de juillet, Alexander Craig débarque, avec ses caisses contenant une bonne partie des avoirs de l’Angleterre ! Il a alors une intuition de génie : puisqu’il est impossible d’être discret, il décide de tout faire, au contraire, au grand jour.
C’est donc au vu de tout le monde que s’effectue le transport des quelque 13 000 caisses dans la cave de la Sun Life, situées à quatorze mètres sous terre. Bien sûr, les gens sont intrigués par tout ce remue-ménage, d’autant que les manutentionnaires sont protégés par des policiers armés de mitraillettes. Le bruit court qu’il s’agit d’archives secrètes et tout le monde s’en contente. Car il ne viendrait à personne l’idée qu’une telle fortune soit entreposée dans l’endroit le plus fréquenté du pays.
A partir de là, Alexander se demande ce que vont décider les autorités à son sujet. Va-t-il pouvoir rentrer à Londres ? Eh bien non, on lui ordonne de rester, car ce n’est pas fini, il va en arriver encore. Et, effective ment, durant les mois et les années qui suivent, les caisses arrivent régulièrement, traversant l’Atlantique malgré les redoutables sous-marins allemands. Il est à noter, d’ailleurs, qu’il n’y aura pas la moindre perte pendant toute l’opération. A Montréal, l’or et les actions s’accumulent. Alexander Craig a renoncé à compter : trop, c’est trop ! Mais il doit prendre les mesures nécessaires : il n’y a plus de place, il faut agrandir les caves. Alors, encore une fois, ce sera au grand jour. Les travaux ont lieu au vu de tout le monde. Il fait même défoncer le trottoir pour le passage des tonnes de béton et des rails de chemin de fer destinés à l’armer.
Le transfert au Canada des avoirs de l’Angleterre a été l’un des exploits les plus remarquables de la Seconde Guerre mondiale et l’un de ses secrets les mieux gardés. Celui à qui tout le mérite en revient a dû attendre la fin des hostilités pour rentrer chez lui, abandonnant le trésor sur lequel il avait si bien veillé et dont on ne lui a pas dit ni quand ni comment il serait rapporté au pays.
Alexander Craig a retrouvé son petit trois-pièces londonien, début mai 1945, juste avant l’armistice. A son arrivée, sa logeuse a dû lui apprendre la triste nouvelle : Archibald, le chat siamois, était mort de vieillesse. Il faisait beau ce jour-là, aussi beau que cette matinée de juin où il avait été enrôlé pour son extraordinaire mission, et il n’y a qu’au poisson rouge qu’Alexander a pu poser la traditionnelle question :
— Belle journée, n’est-ce pas, Théobald ?
Et Théobald, comme à son habitude, n’a rien répondu.
D’après Pierre Bellemare
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12 février 2010 à 10 10 12 02122
Ainsi va la vie
Derrière le mensonge (29e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 28e partie n Tahar montre, encore une fois, à Lila que c’est par intérêt qu’il a épousé Rabéa. Il lui avoue aussi que trois sur ses quatre diplômes sont faux.
Dans sa chambre, cette nuit-là, elle se rappelle, dans le détail, tous les propos de Tahar. Il lui a d’abord dit qu’il l’aime. Sa déclaration résonne encore à son oreille :
«je t’aime !»
Il est vrai qu’elle a ressenti un certain trouble et qu’elle n’a pu s’empêcher de se souvenir de ce jeune homme qui était vraiment amoureux d’elle.
Elle ferme les yeux. Tahar, dans le parc, non loin de la faculté, lui tient la main. Elle tremblait de tout son corps et elle voulait reculer, mais elle ne pouvait pas. Il s’est alors baissé vers elle et lui a murmuré à l’oreille :
«je t’aime !»
Plusieurs années ont passé, mais ce souvenir est resté vivace dans sa mémoire. Mais ce n’est qu’un souvenir. Elle a été troublée, mais cela n’a pas été suivi par la douce émotion de deux êtres qui s’aiment. Elle serre les poings.
«comme je le hais !»
Mais lui, lui… Est-il vraiment sincère ? L’aime-t-il réellement ? Ou ne serait-ce que le désir qui le fait parler ?
Il lui offre son appartement… Il est vrai qu’il est coquet et qu’une maîtresse serait traitée comme une reine. Mais elle lui a bien fait comprendre qu’elle n’est pas le genre de femme qu’il rêve de posséder.
«Epouse-moi», lui avait-elle dit.
Elle s’attendait à sa réponse, elle savait qu’il ne renoncerait pas à son train de vie, à son poste, à ses enfants !
Elle a presque été émue quand il lui a parlé de ses enfants, puis elle a découvert que ce sont les intérêts matériels qui le guident.
La villa, son train de vie, son poste !
Elle serre les poings. Ah comme elle voudrait s’attaquer à tout ce qui lui est cher, comme elle voudrait lui faire mal…
Elle a mal à la tête. Elle se lève pour prendre un comprimé. Elle n’allume pas, elle ne fait pas de bruit, mais cela n’empêche pas sa mère de l’appeler, de sa chambre.
— Lila, tu es debout !
Elle va dans la chambre.
— allume !
— non, rendors-toi, il fait encore nuit !
— Voilà un moment que je suis réveillée !
Lila allume la veilleuse.
— j’ai pris un comprimé d’aspirine !
— tu as encore mal à la tête ! tu réfléchis trop !
— bientôt, je serai libérée !
— que complotes-tu encore !
Lila sourit.
— la vengeance est en marche, maman !
— mon Dieu, tu es dévorée par la haine ! (à suivre…)
K. Y.
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12 février 2010 à 10 10 13 02132
Au coin de la cheminée
Blanche-Colombe (2e partie)
Résumé de la 1re partie n Après une longue marche épuisante le fils du roi qui vient d’être chassé par sa belle-mère, se retrouve évanoui dans un château où vit une princesse…
Mais auparavant, dit le prince, puis-je vous adresser une requête ?
— Je t’écoute.
— Voilà trois jours et trois nuits que je n’ai ni mangé ni bu dans le désert où je pensais mourir.
La jeune fille frappa dans ses mains. Aussitôt des servantes, toutes plus belles les unes que les autres et habillées de robes de diverses couleurs, apportèrent un repas plantureux. Quand le prince se fut restauré, il se tourna vers la jeune fille :
— Et toi, demanda-t-il, qui es-tu ?
— Je m’appelle Blanche-Colombe ; je suis la fille du roi de ce pays, mon père m’a exilée dans ce désert où je vis seule dans ce palais avec mes servantes et d’où il m’a interdit de sortir.
— Puisque nous sommes exilés tous les deux, dit le prince, veux-tu m’épouser ?
Blanche-Colombe était heureuse de sortir de l’abandon auquel elle était condamnée. Elle fit avertir le roi son père et le mariage fut célébré quelque temps après.
La nouvelle s’en étant répandue jusqu’au royaume de son père, le prince, peu après, reçut une lettre où sa belle-mère, hypocritement, le complimentait pour son mariage, lui souhaitait beaucoup de bonheur et ajoutait :
«Grande est ta fortune, mais elle le serait plus encore si, après avoir conquis Blanche-Colombe, tu épousais aussi Aïcha des Roums.»
Le prince s’apprêtait à brûler la lettre.
— Elle est si désagréable ? demanda Blanche-Colombe.
Le prince lui tendit la lettre :
— Lis-la toi-même.
Quand elle l’eut finie :
— C’est une excellente idée, dit-elle : Aïcha est la fille du roi des Roums. Va la demander à son père et accepte toutes ses conditions.
— Et si je ne puis pas les tenir ?
— Accepte et sois sans inquiétude, je me charge du reste. Le prince prit avec lui quelques compagnons de route et partit. Il se présenta devant le roi des Roums, lui fit remettre les cadeaux nombreux qu’il avait pris soin d’emporter pour les lui remettre ; il dit l’objet de sa visite.
— Es-tu si pressé de mourir ? demanda le roi.
— Je veux vivre, au contraire, dit le prince, et c’est pour cela que, sur le bruit de sa sagesse et de sa beauté, je suis venu vous demander la main de votre fille.
— Avant toi quatre-vingt-dix-neuf hommes, aussi vaillants, aussi désireux de vivre que toi, sont venus me demander la main d’Aïcha. Les quatre-vingt-dix-neuf sont morts et tu veux être le centième ?
— On ne meurt qu’une fois, dit le prince. Dites-moi seulement quelles sont vos conditions.
— Soit, dit le roi. Je ne veux ni or, ni argent, ni richesse d’aucune sorte, mes palais en regorgent. Mais vois cet arbre. Sept peuples peuvent s’abriter sous son ombre. Si tu veux épouser Aïcha, tu vas l’abattre en une minute, mais pas de n’importe quelle façon, car si un seul juste est écrasé sous lui, tu le suivras dans la mort. (à suivre…)
Contes berbères de Kabylie Mouloud Mammeri
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12 février 2010 à 10 10 15 02152
Histoires vraies
Seul au-dessous du monde (1re partie)
En ce mois de décembre 1933, le navire scientifique «Jacob-Ruppert» approche de sa destination : des côtes désolées, parsemées d’icebergs géants. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est pas le cœur de l’hiver, mais le milieu de l’été, car nous sommes dans l’hémisphère Sud et même au plus bas de celui-ci, à proximité du continent antarctique. En décembre, il y a encore une possibilité de longer les côtes ; en dehors de cette période, il est inutile d’y songer : elles sont bloquées par les glaces sur des kilomètres et des kilomètres. A bord du «Jacob-Ruppert» se trouve une importante mission scientifique, commandée par celui qui est le spécialiste incontesté de l’Antarctique, l’amiral Richard Byrd. En ce début des années 1930, l’amiral Byrd est mondialement connu. Après avoir survolé le premier le pôle Nord, en 1926, il a franchi l’Atlantique en avion, tout de suite après Lindbergh, et il a fait le serment de survoler également le pôle Sud. A cet effet, il a organisé, en 1929, une gigantesque expédition regroupant trois navires, qui ont débarqué sur le continent glacé pas moins de six cent vingt-cinq tonnes de matériel, l’équivalent de soixante wagons de chemin de fer.
Grâce à tous ces équipements, son équipe a pu construire sur les glaces une véritable cité jaillie de nulle part, avec ses baraquements hermétiques et confortables, éclairés et chauffés à l’électricité, ses hangars d’avions, ses terrains d’atterrissage ouverts à la dynamite. Et les habitants de la base, qui a pris le surnom de «Petite-Amérique», étaient reliés au reste du monde par une gigantesque antenne radio.
C’est de là que l’amiral Byrd s’est envolé, sur un bimoteur débarqué avec le reste du matériel, et a survolé le pôle Sud, le 29 novembre 1929. Et, quatre ans après cet exploit historique, il revient sur les lieux pour une nouvelle expédition. Le continent antarctique est pénétré par deux grandes baies et Byrd a émis l’idée que celles-ci étaient peut-être reliées par un passage qui traverserait les terres d’un bout à l’autre. Cette nouvelle mission a pour objectif d’en établir l’existence ou non. En outre, elle se livrera à des observations météorologiques, les premières qu’on ait jamais faites sous ces latitudes.
Pendant un mois entier, le «Jacob-Ruppert» explore les côtes enneigées et doit se rendre à l’évidence : il n’y a aucun passage s’enfonçant dans les terres. Le canal reliant les deux baies de l’Antarctique n’existe pas. Dans ces conditions, le bateau de l’expédition prend le cap de la Petite-Amérique, pour la seconde partie de la mission. C’est ainsi que, le 15 janvier 1934, il mouille dans la baie des Baleines, là où se trouve la base scientifique.
Byrd et les siens débarquent avec, encore une fois, une quantité de matériel, dont trois avions et quatre véhicules à chenilles. Peu après, l’équipe, forte d’une centaine d’hommes, arrive devant la Petite-Amérique. La base est recouverte par la neige, seules ses installations les plus hautes dépassent : les antennes, les anémomètres, les cheminées.
L’ensemble est bientôt dégagé et les arrivants découvrent une vie qui semble s’être arrêtée brusquement quatre ans plus tôt, avec le départ de la première expédition. Sur une table on trouve un morceau de rôti avec une fourchette piquée dedans. Dans le laboratoire, les instruments sont toujours là. L’un des visiteurs tourne l’interrupteur et la lumière s’allume : les batteries fonctionnent encore, après cinquante mois dans des conditions extrêmes. Un autre met un disque sur le gramophone, qui marche lui aussi.
Tout le monde se met au travail et, bientôt, la Petite-Amérique est en état de fonctionnement. Grâce aux moyens financiers considérables dont dispose l’expédition et aux tout derniers perfectionnements de la technique, c’est un ensemble extraordinaire qui est en place. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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12 février 2010 à 10 10 20 02202
Ainsi va la vie
Derrière le mensonge (30e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 29e partie n Lila rumine sa vengeance au point d’avoir mal à la tête. Elle pense avoir trouvé le moyen de lui nuire définitivement.
Comme elle ne se lève pas à l’heure habituelle, c’est sa mère qui va la réveiller.
— Lila, tu ne te lèves pas ?
Elle grogne.
— il est encore tôt !
— tu ne dois pas aller au travail !
— je suis en congé !
— je sais que tu es en congé, mais tu vas chez Tahar…
Lila se dresse sur son séant et se frotte les yeux.
— je n’y vais pas, aujourd’hui !
— quoi, tu ne retournes plus chez lui !
Lila sourit.
— j’ai dit, je ne vais pas aujourd’hui !
Zoubida soupire.
— je croyais que tu avais renoncé à ta vengeance !
— c’est pour préparer ma vengeance que je n’y vais pas !
— mon Dieu, tu ne te débarrasseras donc jamais du passé ?
— jamais !
Elle se lève et elle va prendre le petit déjeuner avec sa mère.
— alors, dis-moi ce que tu prépares !
— je vais faire un tour au travail…
— pour quoi faire ? tu es en congé !
— je dois récupérer des documents !
— quels documents ?
— ceux de Tahar….
Elle lui parle des faux diplômes de Tahar.
— il t’a avoué ça ?
— oui, c’est pour me montrer qu’il m’aime et qu’il a confiance en moi !
Zoubida ne peut s’empêcher de rire.
— il te fait confiance ! Le pauvre, s’il pouvait savoir ce qui l’attend ! Mais que comptes-tu faire de ces documents ?
— j’en ferai des photocopies et je les expédierai, avec une note explicative aux autorités !
— mais tu vas ruiner sa carrière !
— c’est ce que je veux !
— son beau-père, qui est haut placé, le tirera d’affaires !
Lila sourit.
— pas s’il porte atteinte à sa fille !
— mon Dieu, mon Dieu, à quoi penses-tu encore ?
— je t’informerai, le moment venu !
Elle se lève.
— je dois partir maintenant…
J’appellerai Tahar pour lui dire que je suis souffrante ! (à suivre…)
K. Y.
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12 février 2010 à 10 10 21 02212
Au coin de la cheminée
Blanche-Colombe (3e partie)
Résumé de la 2e partie n Le fils du roi banni par son père, épouse la princesse Blanche-Colombe. Mais en l’apprenant, sa belle-mère le félicite en lui disant que la fille du roi des Roums est un meilleur parti…
Le prince revint et conta à Blanche-Colombe à quelle épreuve le roi le soumettait.
— Ce n’est rien, lui dit-elle. Prends cette bague. Demain, quand tu arriveras sur la place, tu trouveras le peuple assemblé sous l’arbre. Va à lui et crie :
«Peuple, je vais donner une chiquenaude à cet arbre et, par la grâce de Dieu, il tombera. Eloigne-toi.» Les justes aussitôt s’écarteront car ils croient en la grâce de Dieu. Ceux qui resteront sous l’arbre sont des mécréants. Puis tourne la bague à ton doigt, donne un coup de ton soulier dans l’arbre et dis : «Par la grâce de Dieu !»
Le lendemain le prince se rendit sur la place et y trouva un peuple nombreux assemblé sous l’arbre. Non loin de là, le roi était assis fièrement sur son trône, au milieu de ses serviteurs. Près de lui Aïcha ouvrait des yeux effrayés sur l’imprudent qui osait demander sa main après quatre-vingt-dix-neuf autres, qui tous avaient payé de leur vie leur audace.
Le prince fit d’abord établir le silence puis, tourné vers la foule, il cria :
— Peuple, dans un instant, je vais, par la grâce de Dieu, abattre cet arbre. Eloigne-toi !
Aussitôt une partie de la foule commença à s’écarter de l’arbre dans tous les sens. Les autres se mirent à s’asseoir ou à s’accrocher aux branches par bravade : ils se montraient du doigt le prince en ricanant et de loin le défiaient. celui-ci s’approcha de l’arbre, tourna sa bague à son doigt :
— Par la grâce de Dieu, dit-il.
Du bout de son soulier, il donna dans le tronc un coup léger.
L’arbre aussitôt s’écroula avec fracas, écrasant sous lui les réprouvés, qui tout à l’heure encore se moquaient et riaient.
Le roi, qui déjà s’apprêtait à sacrifier sa centième victime, devint livide :
— Aïcha, ma fille ! cria-t-il.
Mais Aïcha était heureuse de voir prendre fin la triste série des victimes, qui n’avaient eu que le tort de demander sa main. Elle alla aussitôt rejoindre le prince, qui rentra avec elle dans son pays.
Le peuple était émerveillé. La nouvelle courait de bouche en bouche et bientôt arriva aux oreilles de la reine, qui en faillit mourir de rage. Mais, dissimulant sa colère, elle écrivit au prince une fois de plus pour le féliciter, mais, comme la première fois, elle ajouta : «Maintenant que tu as Blanche-Colombe et Aïcha des Roums, il ne reste plus qu’à joindre à elles Hita au cou blanc et tu seras l’homme le plus heureux du monde.»
Le prince allait, encore une fois, jeter la lettre, quand Aïcha des Roums l’arrêta :
— Qu’y a-t-il de si irritant dans ces feuilles ?
Il les lui lut.
— Hita Col d’Argent, dit-elle, est la fille du roi des génies, tu devras l’épouser…
— Je ne la connais pas, je ne l’ai jamais vue.
Comment arriver jusqu’à elle ? Si même j’y parvenais, le roi des génies me tuerait.
— De cela, dit Aïcha, tu n’as pas à t’inquiéter. Je m’en charge. Rappelle-toi seulement ceci : le roi des génies va te demander de monter à l’étage, tu grimperas l’escalier, mais arrivé à dernière marche, saute-la, n’accepte sous aucun prétexte de poser le pied dessus, car elle est savonnée. De tout façon n’oublie pas l’anneau de Blanche-Colombe : il te tirera de tous les mauvais pas. (à suivre…)
Contes berbères de Kabylie Mouloud Mammeri
Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup
12 février 2010 à 10 10 23 02232
Histoires vraie
Seul au-dessous du monde (2e partie)
Résumé de la 1re partie n Byrd s’est fixé comme objectif d’établir que le continent antartique est pénétré de deux baies et qu’ il existe un passage entre elles…
La base possède une installation électrique, dont la puissance est celle d’une petite ville, une installation complète de radio et de transmission, un service d’aviation doté d’une équipe de techniciens et de plu-sieurs ateliers, quatre tracteurs, près de cent cinquante chiens possédant chacun leur niche capitonnée, une station météorologique de premier ordre, un laboratoire muni de tout ce qu’il faut pour faire des recherches dans vingt-deux disciplines, une ferme-laiterie, avec quatre têtes de bétail, un hôpital possédant une salle d’opération, un observatoire astronomique, une bibliothèque et même un cinéma diffusant des films sonores, ce qui est alors le dernier cri de la technique.
Avec de tels atouts, comment l’expédition ne serait-elle pas un succès ? Elle s’est fixé pour objectif de faire des observations météorologiques beaucoup plus au sud, à cent quatre-vingts kilomètres de là, à un endroit où jamais n’ont vécu les hommes. C’est aisni qu’à la mi-mars 1934, un convoi part en direction du sud. La tempérture atteint déjà -50°C, mais ces conditions étaient prévues et tout se passe sans problème;.
Les quatre véhicules à chenilles progressent, survolés par les avions qui leur communiquent par radio le meilleur itinéraire. le kilomètre 180 est atteint au bout de quinze jours, ce qui est un résultat remarquable. Les véhicules s’arrêtent et débarquent leur matériel, auquel s’ajoute celui parachuté peu après par les avions. Le poste météorologique ne tarde pas à surgir de terre ; il s’agit d’un bâtiment préfabriqué de petite taille et remarquablement protégé du froid. Il aurait pu être plus grand, afin d’abriter deux personnes. mais malgré la difficulté d’être seul pendant six mois, dont quatre d’obscurité totale en raison de l’hiver polaire, Byrd a décidé que la station n’aurait qu’un seul occupant. Il a jugé que la promiscuité de deux individus obligés de vivre confinés dans cet environnement serait plus difficile à supporter que la solitude, et sans doute avait-il raison.
Il n’y aura donc qu’un seul habitant dans la station du kilomètre 180 et ce sera Richard Byrd lui-même, qui s’est porté volontaire. Il va vivre six mois en Robinson des glaces, relié par TSF à la Petite-Amérique, dans un abri de trois mètres sur quatre occupé par une couchette, des livres et l’appareil radio. Outre les livres et les communications avec la base, Byrd aura pour s’occuper des observations journalières. Il prendra la pression baromètrique, la direction et la vitesse du vent, les maxima et les minima de température.
Le 28 mars 1934, il salue de la main ses compagnons qui embarquent dans leurs véhicules à chenilles. Il s’est préparé à ce qui l’attend. Il l’a voulu. Il sait que ses observations peuvent faire accomplir de grands progrès aux prévisions météorologiques, notamment celles destinées aux marins. La motivation ne lui manque donc pas, mais tout de même ! Il va devoir vivre loin de tous, dans un désert de glace tout en bas du monde. Il va devoir affronter le froid et la nuit, avec la Terre tournant au-dessus de lui.
Richard Byrd ne se laisse pas abattre. Son dernier geste d’adieu achevé, il rentre dans son logement et se met au travail. Il range méthodiquement les provisions dont il dispose pour ses six mois d’hivernage. Il vérifie toutes les installations et notamment le poêle, qui répand une douce chaleur, et les bouches d’aération, qui fonctionnent normalement. Enfin, après s’être accordé un moment de lecture, il s’endort, confiant. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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12 février 2010 à 10 10 24 02242
Tombée dans l’eau, une chienne survit sur une île pendant 4 mois !
l Une chienne, qui était passée par-dessus bord alors qu’elle était en bateau avec ses maîtres en Australie, a survécu pendant quatre mois sur une île avant de finalement retrouver son foyer. Baptisée Sophie Tucker, en référence à une célèbre chanteuse américaine, ce chien de troupeau était tombé dans l’eau durant une promenade mouvementée en bateau en novembre, vers l’île Scawfeld, dans le nord-est de l’Etat du Queensland. Pourtant, une fois dans l’eau, la chienne a nagé obstinément pour finalement atteindre l’île St Bees, distante de cinq milles nautiques, où elle a joué les Robinson pendant quatre mois. La semaine dernière, l’animal a été capturé par des gardes- forestiers, qui ont ensuite averti la population qu’ils avaient trouvé une chienne au milieu des chèvres sauvages de cette île inhabitée. Sans grand espoir, les propriétaires de la chienne s’étaient manifestés et à leur grand étonnement, Sophie Tucker était bel et bien le chien récupéré par les gardes-forestiers. «On l’a appelée et elle a commencé à gémir et à taper sur la cage. Ils l’ont laissée sortir et elle nous a sauté dessus. Elle était comme folle», a raconté le propriétaire à l’agence de presse australienne, AAP, expliquant que la petite chienne avait survécu sur l’île en mangeant de jeunes chèvres.
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12 février 2010 à 10 10 25 02252
Sa femme le quitte, il tue ses cinq enfants et se suicide !
l Un habitant de l’Etat de Washington (nord-ouest des Etats-Unis) a abattu ses cinq enfants, âgés de 7 à 16 ans, puis a retourné l’arme contre lui, après avoir appris que sa femme le quittait. L’homme, âgé de 34 ans, a tué ses enfants samedi matin à l’intérieur de leur mobile-home à Graham (100 km au sud de Seattle) avant de se rendre en voiture devant un casino proche et de se suicider à l’intérieur de son véhicule. Selon la police, le meurtrier, parti à la recherche de sa femme disparue, l’a retrouvée vendredi devant une épicerie avec un autre homme. Elle lui a alors annoncé qu’elle le quittait pour cet homme. Alertés par des voisins, la police a découvert les cinq enfants morts, certains abattus de plusieurs balles, à l’intérieur des chambres et de la salle de bains du mobile-home. Harrison a été retrouvé, une balle dans la tête dans sa voiture, le moteur en marche. C’est le troisième cas de violence meurtrière armée depuis vendredi aux Etats-Unis et le sixième depuis trois semaines.
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12 février 2010 à 10 10 35 02352
Ainsi va la vie
Derrière le mensonge (31e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 30e partie n Lila s’absente pour se procurer le dossier de Tahar et révéler qu’il a falsifié ses diplômes. Sa vengeance est en marche.
Elle retrouve Tahar, le lendemain. Celui-ci est heureux de la revoir.
— tu sais que j’ai failli venir chez toi !
Elle sourit.
— et pourquoi pas ? Je t’aurais présenté ma mère !
— tu lui as parlé de moi ?
— bien sûr !
— alors qu’est-ce qu’elle pense de moi ?
Elle le regarde en minaudant.
— elle pense comme moi !
— c’est-à-dire ?
— que tu devrais m’épouser !
Il reste un moment sans rien dire.
— tu ne dis rien ?
— tu connais ma situation…
Elle rit.
— je sais, je sais, c’est pourquoi je n’insiste pas !
— mais tu n’as pas oublié ta promesse ?
— quelle promesse ?
Elle sait bien de quoi il veut parler.
— tu as promis d’aller avec moi, dans l’appartement.
— c’est vrai ?
— alors, tu vas honorer ta promesse ?
— ça dépend…
Elle s’est remise à minauder.
— ça dépend de quoi ?
Elle sourit.
— je ne sais pas…
— tu vas avoir un bon poste…
— ce n’est pas cela !
— tu veux de l’argent ?
Elle se renfrogne.
— là, tu m’insultes !
Elle fait même mine de s’éloigner de lui.
— arrête, tu ne m’as pas compris !
— quoi, tu m’offres de l’argent comme une prostituée !
— je n’ai pas voulu t’offenser !
— mais tu m’as offensée !
— Pardon, pardon !
Il est si pitoyable qu’elle le méprise encore plus.
— bon, bon, je te pardonne…
— alors, dis-moi quand tu viendras avec moi ? (à suivre…)
K. Y.
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12 février 2010 à 10 10 37 02372
Au coin de la cheminée
Blanche-Colombe (4e partie)
Résumé de la 3e partie n La belle-mère qui félicite son beau-fils pour son mariage avec Aïcha des Roums, lui dit quand même que si il épouse Hita Col d’Argent il sera le plus heureux des hommes…
Quand le prince se présenta devant lui, le roi des génies lui fit la même réponse que le père d’Aïcha.
— Avant toi, lui dit-il, j’ai fait mettre à mort quatre-vingt-dix-neuf hommes qui tous voulaient épouser Hita.
— Pour l’amour de Hita, dit le prince, je suis prêt à courir les risques les plus grands.
— Je t’aurai averti, dit le roi, mais puisque tu insistes, voilà. Demain matin, quand tu viendras, tu trouveras ici tout prêts trois grands plats de couscous, trois moutons écorchés et trois outres pleines d’eau. Tu les monteras à l’étage l’un après l’autre. Si tu y arrives, tu mangeras et boiras tout ce que tu auras transporté. Je dis : tout, car si, en entrant, je trouve un seul grain de couscous que tu n’auras pas consommé, une seule goutte d’eau que tu n’auras pas bue, tu mourras.
Le lendemain le prince arriva de grand matin devant le roi des génies, qui lui fit remettre un plat de couscous. Il le posa sur sa tête et commença à grimper. Arrivé devant la dernière marche, il s’arrêta. Il allait jeter le plat dans la pièce par-dessus la marche :
— Que fais-tu ? dit le roi.
— J’ai seulement promis de faire parvenir le plat à l’étage : il y est, dit le prince.
— Mais tu as oublié cette marche.
— Vous êtes le roi, vous pouvez me tuer, dit le prince, mais je ne mettrai pas le pied sur cette marche.
— La même scène se répéta neuf fois avec chacun des objets que le prince hissa à l’étage. Ensuite le roi des génies l’enferma dans la pièce et lui répéta l’ordre qu’il lui avait déjà donné :
— Rappelle-toi, lui dit-il, pas un grain de couscous et pas une goutte d’eau.
Le prince, alors, se souvint de l’anneau de Blanche-Colombe. Il le tourna à son doigt :
Par la grâce de Dieu, dit-il.
Aussitôt, en un clin d’œil, couscous, viande et eau disparurent. Quand le roi des génies rentra, il trouva le prince en train de piquer avec une épingle quelques grains de couscous qui s’étaient échappés des plats.
— Et maintenant remettez-moi Hita, car je suis pressé.
— Non, dit le roi, car il reste encore une épreuve.
— Laquelle ?
— Demain toutes les filles de la ville sortiront sur la place. A toi de reconnaître Hita parmi elles. Si celle que tu auras désignée est vraiment elle, tu l’emmèneras. Sinon…
Le prince, désespéré, revint conter à Aïcha des Roums la nouvelle exigence du roi des génies.
— Comment reconnaîtrai-je Hita au milieu de toutes ces filles ? Je ne l’ai jamais vue.
— Rien de plus facile, dit Aïcha, et elle lui indiqua comment il fallait procéder.
Le lendemain, sur la place, il y avait grand attroupement de jeunes filles, toutes vêtues de leurs plus beaux atours, pour que la richesse de ses habits ne pût distinguer Hita.
Près de là, sur un tertre, se dressait le trône d’or du roi, posé sur une plaque de bronze.
— Maintenant, dit le roi, tu peux prendre Hita et l’emporter avec toi.
Le prince fit le tour de la place, en regardant les jeunes filles l’une après l’autre, puis il revint vers le roi des génies :
— Je n’ai point trouvé votre fille. (à suivre…)
Contes berbères de Kabylie Mouloud Mammeri
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12 février 2010 à 10 10 38 02382
Histoires vraies
Seul au-dessous du monde (3e partie)
Résumé de la 2e partie n Pour faire des observations météorologiques de grandes importances, Richard Byrd est contraint de passer tout l’hiver seul dans une station installée à cet effet…
Le lendemain, il commence ses observations scientifiques et il se rend compte que c’est un travail moins simple qu’il ne l’imaginait. Si tous les appareils ont été conçus pour résister à un froid de -80°C, en revanche rien n’a été prévu pour les protéger de la glace et de la neige. Avant chaque observation, il doit casser l’épaisse couche gelée qui les recouvre, en prenant soin de ne pas les briser eux-mêmes. Quant à la girouette de l’anémomètre, l’appareil qui mesure la vitesse du vent, elle se trouve perchée en haut d’un poteau métallique de douze mètres, auquel il doit monter plusieurs fois par jour pour la décoincer.
Et puis il y a le froid, qui est plus intense qu’il ne l’imaginait. Il se réconforte en se disant que c’est une information de première importance qu’il recueille ainsi. A partir de la mi-avril, il se stabilise autour de -75°C, avec des pointes au-dessous de -80°C. Byrd a peur pour ses appareils qui, théoriquement, ne sont pas étudiés pour une telle extrémité, mais il faut croire qu’ils sont solides, car ils tiennent le coup.
Du côté de ses vêtements, tout est également satisfaisant. Il est vêtu de plusieurs pantalons et pull-overs de laine, sur lesquels il a une combinaison de fourrure. Sous le passe-montagne qui lui enveloppe le visage est glissé un masque transparent, d’où part un tuyau pour respirer. Aux pieds, il a des chaussures en peau de phoque de cinquante centimètres de long et deux fois trop larges. Il peut ainsi enfiler plusieurs paires de chaussettes de laine maintenues par des bandes. En dépit de ces précautions, l’intérieur de ses semelles est en permanence recouvert d’une mince couche de glace.
Malgré les batteries électriques dont il dispose, il a été prévu qu’il ne se servirait de sa radio qu’épisodiquement, pour ne pas gaspiller le courant. C’est le 1er avril qu’il a sa première liaison avec la Petite-Amérique. Il a le réconfort d’entendre la voix de ses équipiers, mais lui-même ne dispose pas d’une installation assez puissante pour émettre autrement qu’en morse. Cela ne l’empêche pas de manifester sa bonne humeur par bip-bip interposés.
— Bonjour, mes amis ! C’est le meilleur opérateur du monde à la latitude 80° qui vous parle.
Le meilleur, bien sûr, puisqu’il est le seul ! Mais le rire ne va pas tarder à faire place aux contrariétés. Le 5 avril, il se prépare à sortir lorsqu’il constate que la porte ne s’ouvre plus. Il la tire, la pousse, donne des coups d’épaule, sans obtenir le moindre résultat. Il lui faut une demi-heure d’efforts épuisants pour en venir à bout. Il se souvient alors que, la veille, il avait laissé la porte ouverte assez longtemps pour que la neige fonde tout autour. Une fois la porte fermée, la neige a regelé et condamné l’ouverture.
Le 7 avril, il voit le dernier rayon de soleil. Il entre dans la nuit polaire et, pour la première fois, cela se traduit dans son moral. Il note dans son journal :
«Une tristesse funèbre règne dans le ciel crépusculaire. C’est une période intermédiaire entre la vie et la mort.»
Cet accès de dépression est peut-être dû également au froid, car celui-ci s’installe à l’intérieur de son habitation où il fait désormais -30°C. A un mètre du poêle, la température est supportable, plus loin on grelotte. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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12 février 2010 à 10 10 43 02432
Un journaliste lance une chaussure sur le ministre de l’Intérieur en Inde
l Un journaliste indien, de religion sikh, a lancé, ce mardi, une chaussure sur le ministre de l’Intérieur, mais sans l’atteindre, inspiré par le célèbre journaliste irakien qui avait visé en décembre dernier le président américain George W. Bush. Le ministre Palaniappan Chidambaram, qui s’exprimait lors d’un point de presse sur le terrorisme, s’est légèrement incliné et a tourné la tête en évitant une chaussure de sport jetée depuis le premier rang de la salle. Il a eu l’air interloqué, a souri et a demandé à son auditoire de rester calme. Le responsable, un journaliste sikh coiffé d’un turban blanc, a immédiatement été emmené par deux hommes hors de la salle, a constaté un photographe de l’AFP. Ce reporter était apparemment en colère après avoir posé une question au ministre de l’Intérieur -et membre éminent du Parti du Congrès au pouvoir- sur l’implication présumée de responsables de cette formation politique dans le massacre de milliers d’Indiens sikhs en 1984 par des hindous. En décembre 2008, lors d’une conférence de presse à Bagdad, le journaliste irakien Mountazer al-Zaïdi avait lancé ses chaussures en direction de George W. Bush, alors président des Etats-Unis. Il a été condamné en mars à trois ans de prison par la justice irakienne après avoir plaidé «non coupable» d’agression sur un chef d’Etat en visite officielle.
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12 février 2010 à 10 10 51 02512
Ainsi va la vie
Derrière le mensonge (32e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 31e partie n Lila continue à faire languir Tahar. Il voudrait qu’elle le rejoigne dans son appartement, mais à chaque fois, elle se dérobe.
Depuis qu’un coup de fil a averti Rabéa, la femme de Tahar, que son époux est allé au restaurant, celle-ci est devenue très méfiante. De temps à autre, elle appelle au bureau pour s’assurer qu’il est à son travail. Ce jour-là, il s’apprêtait à aller avec elle au restaurant quand le téléphone sonne.
Comme Tahar est occupé a écrire, il demande à Lila, qui est à ses côtés, de répondre.
— allô…
C’est Rabéa. Elle est étonnée que ce ne soit pas son mari qui réponde. C’est pourtant une ligne directe.
— qui êtes-vous ?
Lila a tout de suite compris à qui elle avait affaire.
— quoi ? Vous appelez et vous demandez qui est là ?
— c’est mon droit !
— s’il vous plaît madame, dites-moi qui vous êtes pour que je vous annonce au directeur !
— c’est sa femme !
Tahar a levé les yeux. Lila lui tend le téléphone.
— c’est ta femme !
— ma femme !
Il est effrayé que Lila lui ait répondu sur ce ton.
— allô, c’est toi ?
Rabéa éclate.
— qui est cette idiote qui m’a répondu ?
— c’est une secrétaire…
— d’habitude, c’est toi qui réponds !
— eh bien, j’ai du travail…
— mais ta secrétaire n’est pas dans son bureau ?
— elle venait récupérer un document… je lui ai dit de prendre la communication.
— c’est une nouvelle secrétaire ?
— oui…
— tu peux me dire son nom !
— son nom ? mais pour quoi ?
— je veux connaître son nom !
— Lila…
Lila fronce les sourcils. Elle fait un geste à Tahar qui la regarde. Celui-ci lui fait signe de la main. Cet appel, qui tourne à l’interrogatoire, l’agace.
— bon, que veux-tu ?
— j’ai juste appelé… je voulais savoir si tu allais bien…
— je vais bien, merci…
— alors, à ce soir…
Il raccroche. Il regarde Lila qui a suivi l’échange, amusée.
— un vrai gendarme, ta femme ! Pourquoi voulait-elle connaître mon nom ?
— c’est un caprice. Elle se méfie de toutes mes secrétaires !
Lila rit.
— Tout compte fait, elle a raison ! (à suivre…)
K. Y.
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12 février 2010 à 10 10 53 02532
Au coin de la cheminée
Blanche-Colombe (5e partie)
Résumé de la 4e partie n Le roi des génies fait subir un dernier test au prince avant de lui accorder la main de sa fille Hita Col d’Argent…
Elle (Hita Col d’Argent) est pourtant sur la place et, si tu ne la trouves pas, tu sais ce qui t’attend.
— Sire, dit le prince, puis-je, sans offenser Votre Majesté, lui demander de bien vouloir se lever de son trône.
Le roi donna des signes d’agitation, mais il se leva.
— Grand merci, dit le jeune homme, et maintenant pouvez-vous demander à vos serviteurs de lever la plaque de bronze sur laquelle repose votre trône ?
— Hita, ma fille, dit le roi, quatre-vingt-dix-neuf hommes qui voulaient t’épouser sont morts, celui-ci va t’emporter.
La plaque fut descellée et dessous, dans une grande pièce souterraine, illuminée de mille lustres, parut Hita Col d’Argent. Toutes les jeunes filles se récrièrent devant sa beauté.
Quand la belle-mère du prince apprit qu’il avait aussi ramené la fille du roi des génies, elle lui écrivit une troisième lettre : «Maintenant, y disait-elle, il ne manque rien à ton bonheur. Mais tu manques au bonheur de ton père et au mien, car nous sommes vieux ; il est temps que tu reviennes reprendre ta place parmi nous et, un jour, hériter du royaume.» Le prince cette fois était décidé à ne pas l’écouter.
— Et pourquoi ? dit Hita. C’est un bon conseil que la reine te donne.
— La reine me hait. C’est un nouveau piège qu’elle me tend et cette fois je n’y échapperai pas.
— Cela, dit Hita, c’est mon affaire. Blanche-Colombe t’a fait conquérir Aïcha des Roums. Aïcha t’a donné les moyens de me gagner, je vais te faire rentrer dans ton pays.
La nuit même, pendant que le prince dormait, Hita appela les génies, serviteurs de son père :
— Vous allez prendre cette maison, dit-elle, et avant l’aube, la déposer sur la colline qui domine le palais du roi mon beau-père.
Les serviteurs aussitôt levèrent la maison, l’emportèrent dans les airs et allèrent la déposer sur la colline. A l’aube, quand le muezzin monta sur le minaret de la mosquée qui dominait la ville, pour appeler à la première prière du jour, il vit la haute maison dressée fièrement à l’endroit où la veille encore il n’y avait rien. Il allait, comme de coutume, prononcer la formule consacrée :
— Dieu est grand
Mais, dans sa surprise, il cria :
— Dieu ! la merveille !
Tous les hommes du palais l’entendirent et le roi envoya voir si le muezzin n’était pas devenu fou. On revint lui dire qu’effectivement un miracle s’était produit pendant la nuit et, comme il y croyait à peine, on le mena sur une terrasse du palais d’où on lui montra la maison, surgie de terre ou tombée du ciel en une nuit. Le roi n’en croyait pas ses yeux.
— Il faut que j’aille voir cela de près, dit-il.
Et il partit, suivi de ses serviteurs.
Devant la porte un beau jeune homme attendait avec, à sa gauche, un Noir herculéen et, à sa droite, un lion qui n’avait même pas de laisse. Le jeune homme s’avança.
— Que mon père soit le bienvenu dans ma demeure ! dit-il.
— Etranger, dit le roi, vous êtes bien audacieux de vous adresser à moi en ces termes. Qui êtes-vous et qui vous autorise à m’appeler votre père ?
— Je suis le fils que vous avez chassé ! Le prince alors conta tout ce qui lui était arrivé depuis le jour où là haine de la reine l’avait fait exiler. (à suivre…)
Contes berbères de Kabylie Mouloud Mammeri
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12 février 2010 à 10 10 54 02542
Histoires vraies
Seul au-dessous du monde (4e partie)
Résumé de la 3e partie n Richard Byrd commence à déprimer quand la nuit polaire s’installe. Le froid n’est supportable que quand il est à un mètre du poêle…
Bien que ce ne soit pas sa spécialité, Byrd tente de rallonger le tuyau du chauffage avec de vieux bouts de tôle, cela ne change pas grand-chose.
Les jours passent et la solitude commence à lui peser. Sa seule distraction est d’aller observer les aurores boréales. Pour cela, il doit s’aventurer hors de sa cabane où il fait maintenant toujours nuit. Pour ne pas risquer de se perdre, il a balisé un chemin avec des morceaux de bambou de couleur rouge plantés tous les vingt-cinq mètres et il ne s’en éloigne jamais.
Un jour pourtant, perdu dans ses pensées, il dépasse le dernier repère sans s’en rendre compte. Lorsqu’il s’en aperçoit, c’est trop tard. Il s’empare de la lampe de poche qui ne le quitte jamais, mais le faisceau lumineux n’est pas assez puissant pour percer les ténèbres il n’éclaire que la neige, qui tombe en tourbillonnant.
Il fait -80°C, peut-être moins encore. Avec les épaisseurs de vêtements qu’il a sur lui, il peut peut-être tenir une heure, pas plus. Byrd a le mérite de garder son calme. A coups de pied, il brise suffisamment de glace pour dresser un monticule, qui va constituer un nouveau repère. Ensuite, il va faire cent pas, revenir s’il ne trouve rien, faire cent pas dans une autre direction, et il finira bien par tomber sur les bambous.
Il se met à la tâche, avec ses jambes qui s’engourdissent rapidement à cause du froid. Il ne trouve rien.
Il revient au jugé, car ses traces sont immédiatement effacées par les bourrasques de neige, mais au bout du centième pas il ne retrouve plus son monticule de glace. Il est perdu dans la nuit polaire à la latitude 80°, tout en bas du monde. Le froid commence à le saisir, malgré ses épaisseurs de laine et de fourrure.
Alors il décide de réagir avec les dernières forces qui lui restent. Il construit un nouveau repère de glace à l’endroit où il se trouve et reprend ses allers et retours. Le premier ne donne rien, mais cette fois, il retrouve son repère en revenant. Il part dans une autre direction et il pousse un cri de joie : le faisceau de sa lampe de poche éclaire l’un des bambous. Il est sauvé ! Une fois rentré, après s’être réchauffé, il note dans son journal :
«A mon vingt-neuvième pas, je découvris, dans la lumière de ma torche, une baguette de bambou. Jamais marin en détresse apercevant une voile n’éprouva une joie aussi grande.»
C’est à présent la mi-mai. L’amiral Byrd a bien du mal à associer ce mois, synonyme de douceur et de renouveau, avec l’environnement qui est le sien. Les températures se maintiennent en permanence en dessous de -80°C, le vent s’est considérablement accru et souffle en rafales épouvantables. La neige tombe sans discontinuer.
Tout cela n’est évidemment pas fait pour lui donner le moral et, pour la première fois, ainsi qu’il l’exprime dans son journal, la solitude lui pèse vraiment. Sa santé se dégrade également. Il a de fréquentes migraines et, chaque fois qu’il s’endort ou presque, il est sujet à des cauchemars. Ces manifestations sont-elles psychologiques ? Sont-elles provoquées par la fatigue ou encore dues à la nourriture ? Byrd n’en sait rien. Il n’est pas médecin. Dans les bip-bip qu’il envoie régulièrement à la Petite-Amérique, il préfère ne pas en parler. Il est inutile d’inquiéter ses compagnons. Tout cela passera. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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12 février 2010 à 10 10 55 02552
Canada : ils donnent le cœur de leur fille pour sauver un autre bébé !
Les parents d’un bébé canadien, confrontés à une situation déchirante, ont annoncé, hier, mardi, leur décision de débrancher le respirateur artificiel de leur petite fille de deux mois, dans l’espoir que son cœur pourra sauver un autre bébé. Mais ils n’ont aucune garantie que leur acte de générosité sauvera un autre enfant. La petite fille est née avec une malformation du cerveau qui l’empêche de respirer normalement sans l’aide d’un respirateur artificiel, ainsi qu’avec des problèmes rénaux. Ses parents ont déclaré à la presse qu’ils avaient décidé de donner le cœur de leur petite fille après avoir appris qu’un bébé d’un mois avait un besoin urgent d’une transplantation cardiaque dans le même hôpital. «Ce serait une énorme consolation si un autre enfant pouvait survivre», a déclaré le père qui maîtrisait difficilement son émotion. Les parents ont ainsi décidé que le respirateur de leur petite fille serait débranché, mais le succès de la procédure dépendra du temps qu’il faudra pour que le bébé meure. Si la mort n’intervenait pas rapidement, ses organes seraient trop endommagés pour être transplantés. «Les deux enfants seront dans le bloc opératoire. Nous allons débrancher le respirateur du donneur potentiel. Si la mort légale intervient (dans les cinq minutes), nous allons retirer le cœur et procéder à la transplantation. Mais si le bébé ne meurt pas, le don du cœur n’aura pas lieu», a précisé un médecin spécialiste.
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12 février 2010 à 10 10 57 02572
29 ans après sa disparition, on découvre son squelette pendu !
l Le squelette d’un retraité allemand, qui s’était pendu au sommet d’un arbre dans une forêt et s’était tiré une balle dans la tête, a été découvert avant-hier, près de 30 ans après les faits. L’homme, âgé à l’époque de 69 ans, avait été porté disparu en 1980 après de vaines recherches, a expliqué, lundi, le porte-parole de la police de la ville de Lanshut. Lorsque sa famille avait lancé un appel pour le retrouver, les services de la police de la ville ainsi que des associations et des membres de sa famille ont cherché partout. Après avoir épuisé toutes les pistes, ils ont cessé de le chercher croyant que l’homme avait quitté l’Allemagne pour un autre pays. Mais un jeune randonneur a repéré la semaine dernière un os et l’a apporté à la police, qui a inspecté la zone et retrouvé le corps à l’état de squelette, pendu à onze mètres de hauteur sur un épicéa. «Le pistolet pendait encore au bout d’une corde le long du cadavre», a ajouté le porte-parole, Leonard Mayer, en précisant que l’identification avait pu être faite grâce à la hanche artificielle du suicidé.
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12 février 2010 à 11 11 00 02002
Histoire
Paris rendra hommage à l’Emir Abdelkader
L’Emir Abdelkader sera à l’honneur à compter du 17 avril à la faveur de deux expositions et d’un film qui seront proposés à l’Institut des cultures d’Islam, situé au XVIIIe arrondissement de Paris. La première exposition permet de découvrir des peintures orientalistes du musée Condé, la plus grande collection de France, qui abordent des thèmes variés tels le cheval, l’architecture, les costumes orientaux ou la rencontre de l’Emir Abdelkader avec le duc d’Aumale, Suite…prince de Chantilly. Cette exposition destinée essentiellement au jeune public, comme le soulignent ses organisateurs, permettra d’aborder des problématiques contemporaines d’actualité tels le regard de l’autre, les différences de modes de vie, l’apparence vestimentaire et sa portée sociale, les échanges interculturels, l’histoire de la colonisation, etc. La seconde exposition intitulée «L’Emir Abdelkader : d’Algérie, de France, au jardin de l’Etre», regroupe des photographies et des archives inédites autour de cette figure historique aux multiples facettes : leader de la résistance populaire contre l’occupation, fondateur de l’Etat moderne algérien, diplomate, poète, philosophe, soufi et humaniste. Un film documentaire, A la recherche de l’Emir Abdelkader, réalisé par le cinéaste Mohamed Latrèche, sera présenté le 21 avril. Il aborde la vie et le destin de l’Emir Abdelkader, de l’Algérie à sa captivité au château d’Amboise en France puis de son exil en Syrie.
APS
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12 février 2010 à 11 11 06 02062
Ainsi va la vie
Derrière le mensonge (33e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 32e partie n Lila a la démonstration, au téléphone, de la jalousie de la femme de Tahar. C’est elle qui a répondu à l’appel et a essuyé sa mauvaise humeur.
Juste après l’appel, Tahar et Lila sont allés au restaurant. Ils ne savent pas que Rabéa a de nouveau téléphoné. Mais comme il n’y avait personne dans le bureau, elle passe par le standard.
— Je suis la femme du directeur. Pouvez-vous me dire où se trouve mon époux ?
— Je l’ai vu sortir, il y a un moment…
— Où est-il allé ?
— Je ne peux vous renseigner madame !
— Il est sorti seul ?
L’homme ne répond pas.
— Je vous prie de parler…
— Madame, ce ne sont pas mes affaires…
— Alors, laissez-moi deviner. Il est sorti avec des gens ?
— Oui…
— Des collègues ?
Le planton ne dit rien.
— Avec une femme ?
Il ne dit rien non plus. Rabéa insiste.
— Avec une femme ?
— Madame je ne voudrais pas perdre mon poste.
— Je vous jure que personne n’en saura rien… Alors, répondez-moi !
— Oui, madame.
Rabéa raccroche. Elle avait raison de se méfier de son mari ! Il est sorti avec une femme ! C’est sans doute cette secrétaire, cette Lila…
Rabéa donne un autre coup de fil. Le planton la reconnaît.
— Passez-moi la secrétaire de mon mari !
— Elle est absente, madame.
— Comment le savez-vous.
-elle est sorti manger.
Rabéa a comme une illumination.
— C’est avec elle que mon mari est sorti ?
— Je ne sais pas, madame.
— Mais vous m’avez dit tout à l’heure qu’il est sorti avec une femme !
— Je n’ai rien dit de cela !
— Vous m’avez bien dit qu’il est sorti avec une femme !
— C’est vous qui l’avez déduit…
— Bon, bon, cette Lila, cette secrétaire, il y a longtemps qu’elle travaille dans l’entreprise ?
— Une quinzaine de jours seulement !
— C’est tout ! Elle m’a donné l’impression d’être plus ancienne que cela !
Le planton, qui sent que ses révélations peuvent lui causer des ennuis, est gêné.
— S’il vous plaît, ne dites pas que je vous ai renseignée !
— Vous n’avez rien à craindre ! (à suivre…)
K. Y.
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12 février 2010 à 11 11 07 02072
Au coin de la cheminée
Blanche-Colombe (6e partie)
Résumé de la 5e partie n Le prince épouse Hita Col d’Argent, sa marâtre lui demande alors de revenir auprès d’eux, ce qu’il accepte sur conseil de sa dernière épouse…
Aujourd’hui, dit-il, me voici revenu. J’ai fait installer ma maison au-dessus de votre palais sans vous en demander la permission. Vous êtes mon père et vous êtes le roi. Vous pouvez me faire mettre à mort, si vous le désirez, ou bien me pardonner.
— Mais… je te pardonne, dit le roi.
— Grand merci, Sire, dit le prince. Puisque vous avez la bonté de me pardonner, puis-je vous demander d’avoir aussi celle d’accepter de manger chez moi aujourd’hui ?
— Soit, dit le roi.
Blanche-Colombe, Aïcha des Roums et Hita Col d’Argent firent elles-mêmes les honneurs de la table. Le roi était tellement ébloui par leur beauté qu’il en oubliait de manger et un violent désir de les avoir à lui dans son palais s’empara de son cœur. La reine, quand il rentra, devina tout de suite ses intentions mais, comme elle voulait continuer de perdre le prince, elle cacha sa jalousie et fit semblant d’entrer dans les désirs secrets de son mari :
— Quel ornement pour ta cour, lui dit-elle, si Blanche-Colombe, Aïcha des Roums et Hita Col d’Argent venaient l’embellir !
— J’y songeais, répondit le roi.
— Malheureusement, continua la reine, le prince, dans son orgueil, n’acceptera jamais.
— J’y songeais, dit le roi.
— Il n’y a qu’un moyen !
— Lequel ?
— Il faut te débarrasser de lui.
Le roi d’abord opposa quelques objections, mais la reine fit tant et si bien qu’à la fin il céda.
— Mais comment faire ? demanda-t-il. Il faut trouver un moyen qui n’éveille pas de soupçon.
— Il t’a invité, dit la reine, tu vas lui rendre son invitation.
— Et après ? dit-il.
— Après ce n’est plus l’affaire du roi, c’est la mienne. Le soir un émissaire vint, de la part de Sa Majesté, inviter le prince et les trois jeunes femmes à se rendre au palais le lendemain. Le prince était tout heureux des bonnes dispositions que son père, semblant oublier le passé, manifestait désormais à son égard. Les jeunes femmes étaient plus réservées.
— Il veut te tuer, dit Blanche-Colombe.
— Impossible ! rétorqua le prince. Il m’a bien dit qu’il m’avait pardonné.
— Très bien ! De toute façon tu ne peux pas ne pas te rendre à l’invitation du roi.
— Cependant, prends bien garde : avant de toucher à quoi que ce soit des mets qui te seront servis, fais-les d’abord goûter à un chien ou à un chat.
Quand ils se présentèrent tous les quatre au palais le lendemain, la reine les accueillit avec de grands transports de joie.
— Il y a longtemps, dit-elle au prince, que ton père et moi nous languissions de toi.
Le repas était fastueux et les plats innombrables. Mais, dès le premier, le prince préleva une bouchée, qu’il donna à un des chats qui évoluaient avec les lévriers dans la grand-salle. Le petit corps roula bientôt sous la table et il fallut l’évacuer. Il en fut de même pour le deuxième plat. Le prince dès lors fit mine de manger, mais en réalité ne toucha à aucun des mets qui défilèrent devant lui. (à suivre…)
Contes berbères de Kabylie Mouloud Mammeri
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12 février 2010 à 11 11 09 02092
Histoires vraies
Seul au-dessous du monde (5e partie)
Résumé de la 4e partie n Richard Byrd a du mal à associer le mois de mai avec le froid qui atteint les -80°, il le note dans son journal intime, mais il ne veut alerter personne de son état dépressif…
Cela passera à condition qu’il reste en vie, car les sorties qu’il doit effectuer chaque jour pour les observations météorologiques sont de plus en plus dangereuses.
Le 19 mai, à minuit, il sort pour dégager la girouette de l’anémomètre qui s’est encore une fois bloquée. Il escalade dans les bourrasques les douze mètres du pylône et parvient, tant bien que mal, à décoincer l’appareil. Ensuite, il regagne son abri, non par la porte, car celle-ci est définitivement bouchée depuis longtemps, mais par la trappe de secours qui avait été prévue sur le toit. Malheureusement, lorsqu’il arrive sur place, c’est la catastrophe ! Le vent a entassé par-dessus une telle couche de neige et celle-ci a gelé si vite qu’il est impossible de l’ouvrir. Il s’acharne plusieurs minutes sur l’ouverture récalcitrante. Mais après son ascension au sommet du mât, il n’a plus de forces. Il se laisse tomber, épuisé, dans la glace. Il est perdu !
Pourtant, comme la fois précédente, lorsqu’il était parvenu à retrouver ses bambous, quelque chose lui fait refuser ce qui semble inévitable. Il se souvient soudain qu’il a laissé une pelle à proximité de l’abri.
S’il arrivait à la retrouver, il serait tiré d’affaire. Seulement où est-elle ? Il est hors de question de partir à sa recherche, même à quelques mètres. La tempête est telle qu’il se perdrait.
Alors, se tenant d’une main au rebord du toit, il donne des coups de pied dans la neige en tous sens.
Plusieurs fois, il heurte des blocs de glace dont la consistance dure lui fait croire qu’il a trouvé. Sa désillusion n’en est que plus amère. Enfin, alors qu’il arrive à la limite de ses forces, il rencontre l’objet tant désiré.
Il lui faut encore remonter sur le toit et dégager la trappe, il y parvient. Il se jure bien, dorénavant, de ne plus jamais sortir sans sa pelle.
Il est pourtant menacé par un danger tout aussi grave, bien qu’invisible. Les migraines et les cauchemars, qui s’étaient déclarés il y a quelque temps, s’intensifient. Cette fois, il ne saurait être question de malaises psychiques. Il est réellement malade. Qu’a-t-il exactement ? Il ne veut pas en parler dans ses communications avec la Petite-Amérique, de peur qu’on décide de lui envoyer une expédition de secours ; ce qui, dans les conditions actuelles, serait un suicide.
Une nuit, il est réveillé par l’un de ces terribles cauchemars. Il se dresse sur son lit de camp. La pièce est plongée dans le noir complet, or, ainsi qu’il le fait chaque fois avant de s’endormir, il avait laissé en veilleuse une lampe à acétylène. Un doute terrible le saisit : serait-il devenu aveugle ? Il s’empare à tâtons de sa lampe. Elle était éteinte et il parvient à la rallumer. Mais elle n’éclaire que faiblement. Et, soudain, il comprend la réalité, qui est presque aussi terrible que s’il était devenu aveugle.
C’est l’absence d’oxygène qui a fait s’éteindre la flamme ou, plus précisément, le gaz dégagé par le tuyau de son poêle qu’il a imprudemment bricolé : le terrible oxyde de carbone, ce gaz mortel, qui est en train de lui empoisonner peu à peu le sang. Les émanations doivent être faibles, sinon il serait mort depuis longtemps, mais elles agissent tout de même sur lui. Byrd sait que l’oxyde de carbone, en particulier, détruit le cerveau. Ses migraines sont là pour le prouver et il se rend compte aussi que, depuis quelque temps, ses facultés intellectuelles diminuent. Il a de plus en plus de mal à réfléchir (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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12 février 2010 à 11 11 11 02112
Ainsi va la vie
Derrière le mensonge (34e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 33e partie n Rabéa, la femme de Tahar, apprend que son mari est sorti avec une femme. Elle a même la certitude qu’il s’agit de Lila, sa secrétaire.
Rabéa s’est d’abord demandé si elle devait faire une scène à Tahar, lui demander pourquoi il est sorti avec une femme et ce qu’il a fait avec elle. Puis elle s’est dit qu’il allait certainement trouver des prétextes et, une fois de plus, s’en sortir. Ce qu’elle veut, c’est le prendre en flagrant délit.
Mais quand Tahar revient, elle ne peut s’empêcher de lui chercher querelle.
— Ta secrétaire est une malotrue !
Tahar fait un geste de découragement.
— Qu’est-ce qu’elle t’a fait ma secrétaire ?
— Oh, je ne la connais pas !
— Alors, pourquoi la traites-tu de malotrue ?
— C’est sa façon de s’adresser aux gens…
Tahar fait un autre geste de découragement.
— Ouf…tu as appelé, elle t’a répondu !
— Tu as entendu ce qu’elle m’a dit : vous appelez et vous demandez qui est là !
— Et que veux-tu qu’elle réponde ? Elle ne sait pas que tu es ma femme !
— Il y a des façons de répondre…
— Je ne trouve rien de déplacé dans ses propos !
Rabéa se renfrogne.
— Tu lui donnes raison !
— Mais non !
Il fait semblant de plaisanter.
— Tu as raison, cette secrétaire est une malotrue !
— Tu le reconnais ?
— Si cela te satisfait…
— Oui, ça me satisfait.
Un peu plus tard, Rabéa revient à son interrogatoire.
— Dis-moi, cette secrétaire, ça fait longtemps que tu l’as ?
— On me l’a envoyée du ministère…
— Depuis quand est-elle à ton service ?
— Deux à trois mois…
Le planton a dit quinze jours. Tahar a menti !
— Tu ne m’en as jamais parlé !
Il la regarde.
— Depuis quand tu t’intéresses à mes secrétaires ?
— C’est juste comme ça !
Il sourit.
— Tu te mets des idées en tête !
— Je ne sais pas, mais cette secrétaire ne me plaît pas !
— Tu voudrais que je lui change de service ?
— Oui… Mais dis-moi, elle est jolie ?
— Elle est vieille et laide ! Tu es rassurée, maintenant ? (à suivre…)
K. Y.
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12 février 2010 à 11 11 15 02152
Au coin de la cheminée
Blanche-Colombe (7e partie)
Résumé de la 6e partie n Le prince, sur conseil de Blanche-Colombe, fait goûter à son chien les mets proposés. Ce dernier meurt sur le coup…
Quand le repas fut terminé :
— Grand merci, dit le prince au roi en allant prendre congé de lui. Je me tiens aux ordres de Votre Majesté pour tout ce qu’il lui plaira de m’ordonner.
La reine, quant à elle, était furieuse, car, ayant fait empoisonner tous les plats, elle s’attendait à voir son beau-fils succomber au premier service.
Aussi, quand les jeunes gens furent partis, alla-t-elle trouver son mari :
— L’insolence de ton fils ne connaît plus de bornes. Il a des pouvoirs cachés. Si tu le laisses faire, c’est lui qui bientôt cherchera à se débarrasser de toi pour prendre ta place. Il faut le prévenir, le tuer avant qu’il ne te tue.
— Nous avons déjà essayé.
— Cette fois, dit la reine, il n’y échappera pas. Voilà : tu vas l’inviter à venir chasser avec toi, vous deux seuls, tu entends, seuls, puis…
La reine expliqua longuement au roi le nouveau stratagème qu’elle venait de concevoir.
Le lendemain le prince se rendit à l’invitation du roi. Ils s’enfoncèrent dans le désert seuls, sans veneur ni serviteur d’aucune sorte. Sur les indications de la reine, le roi avait pris trois outres : une de mets très salés, une de nourriture ordinaire et la troisième pleine d’eau.
Ils allèrent longtemps et, comme le prince se dépensait beaucoup, il eut bientôt faim et ils s’arrêtèrent pour manger. Le roi puisa dans la nourriture ordinaire, tendit à son fils l’outre salée, puis ils continuèrent à traquer les gazelles et les autruches. La chaleur était torride et le prince eut bientôt le gosier desséché. Il demanda à boire.
— Je peux te donner de l’eau, dit le roi, mais à une condition.
— Laquelle ? demanda le prince.
— Que je t’arrache un de tes yeux.
Le jeune homme était stupéfait.
— Comment peux-tu vouloir m’arracher un œil pour un peu d’eau dont ton outre est pleine ?
— A toi de voir si tu veux boire.
Le prince était indigné mais, à mesure qu’ils allaient, sa soif devenait intolérable et bientôt il ne put plus résister.
— Donne-moi à boire, dit-il.
— Donne-moi un de tes yeux, dit le roi.
— Prends-le.
Le roi lui arracha un œil, puis il tendit l’eau aux lèvres altérées du prince, mais à peine celui-ci eut-il avalé quelques gorgées qu’il lui arracha l’outre de la bouche, et la referma soigneusement.
Vers le soir le prince eut de nouveau faim. Le roi lui donna à manger un mets aussi salé que le précédent et qui éveilla en lui la même ardente soif.
— Donne-moi un peu d’eau, dit-il.
— A une condition.
Le prince ne répondit pas.
— Que je t’arrache l’autre œil.
Le jeune homme était outré mais, comme l’air était brûlant, il eut bientôt le gosier en feu et accepta de perdre le second de ses yeux pour un peu d’eau.
Le roi le traîna alors au pied d’un grand arbre, l’appuya contre le tronc et, le laissant là au milieu d’un désert sans nourriture et sans eau, il s’en revint dans son palais. Le prince resta trois jours sans manger ni boire, sans pouvoir aller nulle part, car il n’y voyait pas. (à suivre…)
Contes berbères de Kabylie Mouloud Mammeri
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12 février 2010 à 11 11 16 02162
Histoires vraies
Seul au-dessous du monde (6e partie et fin)
Résumé de la 5e partie n Richard Byrd découvre, un soir, que l’installation qu’il a faite pour le poêle laisse échapper de l’oxyde de carbone…
Que faire ? Dans l’immédiat, il faut absolument qu’il respire. Il va soulever la trappe et inhale une bouffée d’air à – 80 °C, qui se répand également dans la pièce. Après quoi il revient à l’intérieur. Il colmate comme il peut le tuyau rafistolé, il se rend bien compte qu’il n’arrive à rien de satisfaisant. Il n’a pas les matériaux nécessaires. Pas question d’éteindre le poêle : il serait mort de froid en quelques heures. Il doit se résoudre à le laisser fonctionner et à continuer à se laisser détruire, au sens propre du terme, à petit feu.
Il décide de ne rien dire à la base. Il ne veut pas mettre en danger la vie de ses hommes. Alors, dans ses communications avec la Petite-Amérique, il triche. Il bénit les circonstances qui l’obligent à répondre en morse, car sa voix trahirait immanquablement son état de santé. C’est tout juste s’il a la force d’actionner la manette. Il se borne à des réponses très courtes.
Quant à ses observations météorologiques, elles deviennent pour lui un véritable calvaire. Il en rentre chaque jour épuisé. Il s’oblige pourtant à les faire. Il note dans son journal :
«Je dois continuer ce travail. Tous les marins du monde en ont besoin. Je n’ai pas le droit de les en priver. Même si je meurs, on retrouvera mes notes et on pourra les utiliser.»
Les jours, les semaines passent et l’oxyde de carbone fait inexorablement son œuvre. Byrd a perpétuellement des migraines et des nausées. Il ne peut plus se nourrir et peut à peine boire. Il est devenu squelettique. Il reste des heures entières prostré dans son abri. Pour éviter la mort, il n’allume plus le feu qu’une heure par jour. La température dans la pièce tombe à -20°C.
Le 22 juin, la Petite-Amérique lui annonce qu’un convoi va être monté pour lui apporter du ravitaillement. Les conditions météorologiques sont meilleures depuis quelque temps et les chenillettes sont en état d’effectuer le trajet. Richard Byrd a constaté, lui aussi, cette amélioration. Alors il se résout à accepter et, pour la première fois, il dit la vérité sur son état.
Mais les difficultés se succèdent. Les véhicules, qui marchaient impeccablement jusque-là, tombent tous en panne. Tandis que, dans le même temps, les conditions climatiques redeviennent exécrables. Un mois entier est perdu. Ce n’est que le 20 juillet que l’expédition de secours part le retrouver. Il était temps ! A présent, le poêle ne fonctionne plus du tout et, dans l’abri, la température est tombée à -73°C. De plus, la batterie de TSF est en panne. Pour recevoir les messages et en envoyer, Richard Byrd doit se servir de la dynamo, qui s’actionne avec des pédales, comme une bicyclette. Inutile de dire le calvaire que cela représente dans l’état qui est le sien.
Enfin, le 8 août, il entend la voix du chef de l’expédition de secours dans sa radio :
— D’après nos relevés, nous sommes tout près. Il faudrait que vous enflammiez un bidon d’essence pour que nous vous repérions. Byrd ne peut faire autrement que de s’exécuter. Il doit sortir celui-ci par la trappe du toit, le traîner jusqu’au sol et l’enflammer. Il reste là, hébété, à attendre, jusqu’à ce qu’il voie brusquement le faisceau d’un phare. Cette fois, oui, il est sauvé ! Richard Byrd avait passé cent trente-cinq jours dans sa base isolée sur le 80e parallèle, seul au-dessous du monde. Il y avait soixante et onze jours qu’il avait été victime de son premier malaise dû à l’oxyde de carbone. Et le plus extraordinaire, c’est qu’il n’en a gardé aucune séquelle. Rapidement rétabli, il est rentré aux Etats-Unis et il a fait trois nouvelles expéditions pour le gouvernement américain, en 1939, 1946 et 1955. Jusqu’à sa mort en 1957, à près de soixante-dix ans, il a dirigé l’ensemble des recherches polaires du pays. Quant à la base Petite-Amérique, elle existe toujours. C’est la plus importante de l’Antarctique et c’est un observatoire scientifique d’importance mondiale.
D’après Pierre Bellemare
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12 février 2010 à 11 11 17 02172
Elle mange 51 piments rouges très forts en… 2 minutes
l Une Indienne de 26 ans espère entrer dans le Livre Guinness des Records comme la femme la plus hot du monde après avoir mangé 51 piments rouges ultraforts en deux minutes, ont annoncé, hier, vendredi, les organisateurs de l’événement. Anandita Dutta Tamuly a réalisé son exploit en public avant-hier, jeudi. L’événement a eu lieu en présence du célèbre chef britannique, Gordon Ramsay, qui produisait une émission culinaire à Jorhat et a commenté la performance de Mlle Tamuly. «En deux minutes, Amandita a englouti 51 piments rouges sans sourciller et sans une larme, et elle a aussi frotté les graines de 25 piments sur ses yeux en une minute», a raconté un chef indien. Les piments rouges utilisés, une variété appelée localement bhut jolokia, sont très présents dans l’alimentation en Assam. Ils figurent dans le Livre Guinness des Records comme les piments les plus forts du monde. Mlle Tamuly a raconté qu’elle était devenue une adepte des piments rouges à l’âge de cinq ans. «J’avais une inflammation de la langue, et ma mère y a appliqué une pâte de piments pour soigner l’infection. Après cela, j’ai développé un penchant pour les piments», a déclaré la jeune Indienne.
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12 février 2010 à 11 11 23 02232
Ainsi va la vie
Derrière le mensonge (35e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 34e partie n Rabéa persécute son mari, Tahar. Elle veut tout savoir de sa nouvelle secrétaire, Lila, qui, pense-t-elle, a une liaison avec lui.
En entrant au bureau, Lila trouve Tahar troublé.
— Que se passe-t-il ?
— Un ami du ministère m’a informé qu’on est en train d’enquêter sur moi !
— Enquêter ? Mais pourquoi ?
— Je ne sais pas…
Elle essaye de le rassurer.
— Oh, ce n’est rien ! C’est sans doute pour une promotion !
— Je ne sais pas…
Elle, elle le sait bien : elle a envoyé les copies des diplômes de Tahar et dénoncé la fraude…
— Et moi qui voulais t’annoncer une bonne nouvelle !
Il la regarde.
— Une bonne nouvelle ?
— Oui…
— Tu me dis de quoi il s’agit ?
— Tu ne devines pas !
Il fait un geste de découragement.
— Je ne sais pas…
— Eh bien, j’accepte d’aller avec toi dans l’appartement !
Il la regarde, surpris.
— Quoi !
— ça ne te fait pas plaisir ?
— Oh, si…
Il se lève et va vers elle. Elle recule.
— Quoi, tu me fuis ?
— Non, pas ici !
— Mais tu acceptes !
— Quand nous serons dans l’appartement !
Du coup, Tahar oublie ses problèmes. Il est même euphorique.
— Nous allons au restaurant !
— Si tu veux !
— Et si nous passions la nuit ensemble ?
Elle secoue la tête.
— Non, non, ma mère ne me laissera pas !
— Mais elle est au courant de notre liaison !
— Mais elle ne sait pas que ça va aussi loin !
Il réfléchit.
— Tu as raison… Il faudrait que je donne une raison valable à ma femme pour découcher… Or, actuellement, elle se méfie beaucoup de moi !
— Tu ne trouves pas qu’elle a raison ?
— Toi, tu es cynique !
Un peu plus tard, ils vont au restaurant. Avant de s’attabler, Lila demande à téléphoner. (à suivre…)
K. Y.
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12 février 2010 à 11 11 27 02272
Au coin de la cheminée
Blanche-Colombe (8e partie)
Résumé de la 7e partie n Le prince part à la chasse avec son père qui l’assoiffe, et lui demande d’échanger ses yeux contre de l’eau…
Au haut de l’arbre nichaient un corbeau et ses petits, qui eux-mêmes, depuis plusieurs jours, n’avaient trouvé aucune nourriture dans ces lieux déshérités. Au bout du troisième jour, un des petits corbeaux, qui mourait de faim, dit à sa mère :
— Il y a là au pied de l’arbre un cadavre, qui, depuis trois jours, n’a pas bougé. Pourquoi n’allons-nous pas nous en repaître ?
— Garde-t-en bien, dit la mère. C’est un homme.
— Mais c’est un cadavre ?
— Qu’en sais-tu ? Il fait le mort, mais peut-être n’est-ce qu’un stratagème pour vous attraper. Rappelle-toi bien ce que je vais te dire : jamais, tu entends ? jamais n’aie confiance dans les hommes.
Les petits corbeaux attendirent encore un jour, puis, comme l’homme au pied de l’arbre ne bougeait pas et que la faim les torturait, ils décidèrent de dévorer le cadavre.
— Attendez ! dit la mère. L’un de vous va descendre, tiens… Toi qui es le plus grand, tu vas donner à l’homme trois coups de bec dans le genou. S’il n’a pas réagi, tu lui becquetteras le ventre, puis le menton et, seulement si rien en lui n’a bougé, tu lui attaqueras les yeux. Alors, s’il reste inerte, il est vraiment mort.
Le petit corbeau descendit, s’en prit d’abord aux genoux du prince, qui ne bougea pas, à son ventre, puis à sa barbe, sans que le corps donnât signe de vie. Quand il porta le bec vers un des yeux, le jeune homme brusquement se saisit de lui.
La mère corbeau, qui regardait du haut de l’arbre, aussitôt s’écria
— Pitié ! c’est mon aîné ! Relâche-le.
— Je le relâcherai, dit le prince, quand tu m’auras trouvé un remède pour mes yeux.
— A l’endroit où tu es, dit la mère, il y a de l’herbe. Arrache-la, puis applique à ton œil gauche celle qui viendra dans ta main droite, et à ton œil droit celle qui sera dans ta main gauche.
Le prince ft comme la mère corbeau avait dit. À peine se fut-il passé l’herbe sur les yeux qu’il recouvra la vue. Il regarda autour de lui : de son père il ne restait que les traces des chevaux sur le sol. Il relâcha le petit corbeau, qui, tout de suite, voleta et s’enfuit à tire-d’aile. Il alla ensuite chasser dans les environs et ramena une gazelle, qu’il laissa à la mère corbeau pour qu’elle pût apaiser la faim de ses enfants pendant quelques jours.
Puis il s’en retourna à pied vers la ville, où il savait que Blanche-Colombe, Aïcha des Roums et Hita Col d’Argent l’attendaient dans l’inquiétude.
Le père, entre-temps, était revenu et avec la reine il se réjouissait d’être enfin débarrassé du prince.
— Je l’ai laissé dans le désert, disait-il ; avec ses yeux aveugles, il ne pourra aller nulle part et les bêtes le mangeront.
Ensuite il se rendit dans la maison de son fils, afin d’en ramener les trois jeunes femmes. Mais à la porte il trouva le lion qui en interdisait l’entrée. II retourna dans son palais et en ramena son armée au grand complet. Quand celle-ci se présenta devant la maison, le Noir en sortit pour lui barrer le chemin. Il tenait à la main un sabre qui, à chaque coup, faisait voler quatre-vingt-dix-neuf têtes, mais l’armée du roi était innombrable et, chaque fois que le Noir abattait une rangée de soldats, d’autres se présentaient, aussi nombreux que des sauterelles. (à suivre…)
Contes berbères de Kabylie Mouloud Mammeri
Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup
12 février 2010 à 11 11 28 02282
Histoires vraies
Sa raison de vivre (1re partie)
Dix mai 1958. Le lieutenant Bruce Steel, pilote d’essai de l’armée de l’air américaine, a quitté San Francisco pour rejoindre la base de Selma, dans l’Alabama, à laquelle il est affecté. Il lui faudra quatre heures pour accomplir ce trajet d’un peu plus de trois mille kilomètres, une vitesse d’escargot, pour lui qui est habitué aux prototypes les plus rapides. Il s’agit de ramener à la base un vieux T 33, un biplace d’entraînement qui sert à l’instruction de nouvelles recrues. Si une mission a mérité le nom de vol de routine, c’est bien celle-ci !
C’est pourquoi le lieutenant Bruce Steel se permet de se détendre aux commandes. Il sourit. Il faut dire qu’il a tout pour être heureux : il est jeune, vingt-six ans, il a un physique d’athlète, il a d’ailleurs fait beaucoup de sport et failli devenir joueur de base-ball professionnel. Il est marié depuis deux ans avec Vicky, son équivalent féminin, une pin-up blonde qui n’est pas sans rappeler Marilyn Monroe. Et, depuis dix mois, ils sont les heureux parents d’une petite Rita, une adorable poupée aux yeux bleus, qui sera sans nul doute aussi jolie que sa maman.
De temps en temps, il jette un coup d’œil vers les paysages qui défilent sous lui, dix mille mètres plus bas. Il n’y a pas un seul nuage en cette radieuse matinée de printemps. Tour à tour, apparaissent les paysages désolés et magnifiques qui jalonnent le parcours : la Sierra Nevada, avec ses pics neigeux acérés, la vallée de la Mort, le Grand Canyon. A présent, ce sont de nouveau les montagnes, les Rocheuses, plus élevées encore que la Sierra Nevada. Mais il ne voit pas vraiment ce qu’il a sous les yeux. Un visage flotte dans l’air, celui de Vicky, qui lui sourit, comme il sourit sur la photo qu’il a sur lui. Vicky auprès de qui il sera dans quelques heures…
La suite se passe très vite. D’abord un flottement dans ses mains : les commandes ne répondent plus. Il les agrippe de toutes ses forces, mais rien à faire l’avion, au contraire, se met à vibrer de toutes parts. Puis une fumée noire emplit la cabine, tandis qu’un bruit strident retentit : le signal d’alarme. Sans réflé-chir, Bruce Steel accomplit des gestes qu’il a répétés cent fois à l’entraînement. Il défait son masque à oxygène et tire la poignée située au-dessus de sa tête. Aussitôt, le cockpit s’envole et son siège éjectable jaillit comme une fusée. L’instant d’après, il se retrouve dans l’air glacé, à dix mille mètres d’altitude.
Toujours mécaniquement, le lieutenant Steel accomplit des gestes prévus par l’instruction. Il défait la ceinture de sécurité qui l’attache à son siège. II y a un choc : celui-ci part d’un côté et lui d’un autre. Maintenant, il tombe seul en chute libre. Au loin, il aperçoit son avion qui continue sa route, suivi par un panache de fumée. Qu’est-il arrivé, alors que ce type d’appareil est un des plus sûrs qui soient ? Il ne le saura jamais.
Bruce Steel ressent un choc brutal sur les épaules : son parachute s’est ouvert. A présent qu’il descend beaucoup plus lentement, il peut voir où il se dirige. Sa première impression est celle de proximité. La terre est infiniment plus près qu’il ne le pensait. Pour une bonne raison : il est au-dessus des montagnes ; les Rocheuses culminent à plus de quatre mille mètres et il doit être dans la région des sommets.
La seconde impression est celle d’un monde inhumain. En dessous de lui, ce ne sont que pics gris, pointus comme des dents de squale, parois vertigineuses, plaques de neige et de glace aussi brillantes que du verre. Il n’y a pas un arbre, pas une trace de vie dans cette désolation.
Et tout cela lui semble se rapprocher terriblement vite. Il a l’impression non pas que c’est lui qui descend, mais que c’est la montagne qui monte vers lui, comme si elle voulait le happer, le dévorer. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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12 février 2010 à 11 11 29 02292
Iran : les femmes peuvent être candidates à la présidentielle
Il n’y a pas de restriction particulière pour la candidature des femmes à l’élection présidentielle, a rapporté, hier, samedi, l’agence semi-officielle Mehr, citant le porte-parole du Conseil des gardiens de la Constitution, chargé de superviser les scrutins. «Par le passé, des femmes se sont portées candidates et le Conseil des gardiens de la Constitution n’a aucune position particulière sur le sujet. Il n’y a aucune restriction et aucune loi concernant l’inscription et l’examen de la candidature des femmes», a déclaré Abbas-Ali Kadkodaie. «Le Conseil des gardiens n’a jamais rejeté la candidature d’une personne parce qu’il s’agissait d’une femme ou d’un homme et lorsque la candidature d’une femme a été rejetée, c’est parce qu’elle n’avait pas les compétences», a-t-il ajouté. L’ancien porte-parole du Conseil avait déclaré par le passé que, selon la Constitution, seuls les hommes pouvaient être candidats à la présidentielle. Le prochain scrutin présidentiel aura lieu le 12 juin.
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12 février 2010 à 11 11 39 02392
Une ville, une histoire
Si l’Algérie m’était contée (2e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 1re partie n Zahra est adorée de ses sept frères qui la font passer avant leurs épouses. Il est vrai qu’elle aussi les aime et qu’elle les a toujours servis.
Les belles-sœurs se réunissent.
— Une fois de plus, nos maris ont préféré leur sœur !
— Et ce sera toujours comme ça !
On acquiesce.
— C’est vrai, leur sœur occupe la première place dans leur cœur !
— Que pouvons-nous faire pour l’en expulser ?
On réfléchit et on établit des plans pour perdre Zahra.
Un jour, elles laissent la marmite brûler et s’arrangent pour envoyer la jeune femme chez les voisins. Les frères rentrent et se mettent à humer.
— ça sent le brûlé !
Les belles-sœurs s’écrient aussitôt.
— On a laissé Zahra surveiller la marmite, mais comme à son habitude, elle est allée bavarder avec les voisines !
Quand Zahra rentre, ses frères lui font des reproches.
— Tu vas bavarder avec les voisines et tu laisses la marmite brûler !
— Vos femmes m’ont envoyée chercher du sel, je leur ai laissé la marmite à surveiller !
Les frères soupçonnent un coup monté par leur épouse.
— Petite sœur, pardonne-nous, nous avons eu tort de nous en prendre à toi !
Et ils grondent leur femme.
Quelques jours après, les frères se réveillent tout courbaturés.
— J’ai très mal dormi, dit l’aîné.
— Moi aussi, dit le deuxième.
— Et moi, et moi…
Tous ont mal dormi.
— J’ai l’impression d’avoir dormi sur un lit d’épines !
— Et moi, je sentais comme des aiguilles !
— Et si on inspectait nos lits ?
L’un d’eux dit.
— C’est Zahra qui les a toujours faits. Elle prend soin de bien secouer les draps.
— Allons quand même voir !
On enlève les draps, on inspecte les matelas et on découvre des épines. On fait venir Zahra et les épouses.
— Comment expliquez-vous la présence de ces épines ?
On désigne Zahra.
— C’est elle qui a fait les lits !
La jeune femme se défend.
— J’ai pourtant bien secoué les draps…
Les frères soupçonnent encore leur épouse.
— Ce n’est pas grave, tu feras attention la prochaine fois !
Et les épouses sont furieuses, les frères continuent à ménager leur sœur ! (à suivre…)
K. N.
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12 février 2010 à 11 11 42 02422
Ainsi va la vie
Derrière le mensonge (36e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 35e partie n Alors que Tahar est troublé par une enquête, lancée à son sujet, Lila consent à se rendre dans son appartement. Auparavant, elle a donné un coup de fil.
Il l’emmène dans un restaurant chic, puis, une fois le repas achevé, ils prennent la direction de l’appartement. Tahar a téléphoné au bureau pour dire qu’il rentrerait tard.
Dans l’appartement, Tahar veut la mettre à l’aise.
— enlève ta veste.
— il fait froid, répond-elle.
— mais tu ne vas pas rester comme ça !
Elle veut faire diversion.
— tu as du café ?
— bien sûr. Tu veux que je t’en prépare ?
— oui !
— allons le faire ensemble.
— je voudrais prendre un peu de repos…
— d’accord, je vais le faire tout seul !
Il va dans la cuisine. Elle, elle se précipite au balcon. Elle aperçoit un taxi qui s’arrête. Une femme et un garçon d’une quinzaine d’années en descendent. La femme lève la tête et l’aperçoit. Elle dit aussitôt quelque chose au jeune garçon. Lila rentre. Elle a tout de suite compris qui vient ici.
A ce moment-là, Tahar arrive avec un plateau.
— madame est servie, dit-il, en plaisantant.
Lila se verse un café. C’est alors qu’on frappe à la porte.
— qui est-ce ? demande ingénument Lila.
— sans doute un voisin.
Il va ouvrir. Il manque de défaillir en reconnaissant sa femme et son fils.
— vous ici !
— oui, dit Rabéa, je passais par-là, alors je me suis dit que tu y étais peut-être.
Elle regarde son fils.
— c’est ce que je t’ai dit.
Elle s’adresse avec rudesse à son mari.
— tu nous laisses passer ?
Tahar souhaite que Lila ait eu le temps de se cacher, mais la jeune fille vient vers lui.
— qui est-ce ? demande-t-elle.
Tahar, très embarrassé, fait les présentations.
— c’est Rabéa ma femme et Amine mon fils.
Et à Rabéa :
— c’est ma secrétaire… Nous avions un dossier à étudier…
Rabéa regarde Lila.
— je suppose que c’est Lila ?
— oui, dit Lila.
— j’en étais sûre ! s’écrie la jeune femme. (à suivre…)
K. Y.
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12 février 2010 à 11 11 45 02452
Au coin de la cheminée
Blanche-Colombe (9e partie et fin)
Résumé de la 8e partie n Pour sauver l’aîné de ses petits, maman corbeau donne au prince le moyen de recouvrer la vue, et ce dernier la récompense en lui offrant une gazelle…
Le combat dura trois jours, au bout desquels le Noir commença à donner des signes de fatigue, et les jeunes femmes voyaient venir l’instant où elles allaient tomber entre les mains du roi.
Le quatrième jour une des servantes qui, d’une chambre haute, regardait le combat qui se déroulait en bas devant la porte, s’approcha de la fenêtre
— Je sens l’odeur de mon maître, dit-elle.
— Ton maître est mort, dit Blanche-Colombe, et bientôt nous serons toutes esclaves.
La servante s’éloigna, revint.
— Je sens l’odeur de mon maître, dit-elle. Et presque aussitôt, au bout de l’horizon, parut une silhouette, d’abord petite et indécise ; mais, à mesure qu’elle s’approchait, elle devenait de plus en plus distincte et tous, à la fin, reconnurent le prince. Le roi était éberlué, car il était convaincu que son fils, avec ses yeux crevés, avait été dévoré par les bêtes sauvages dans le désert ; mais le prince était là, devant lui, et manifestement avait recouvré la vue.
Les soldats du roi étaient épouvantés, car ils savaient que le fils du roi était un guerrier intrépide. Celui-ci, découvrant ce grand déploiement de force et le Noir qui, devant la maison, abattait les assaillants par centaines mais visiblement était épuisé, attaqua furieusement par-derrière. Hita, le voyant entouré d’ennemis, appela à son secours les génies de son père. Aussitôt s’éleva une épouvantable tempête : pluie, grêle, tonnerre et éclairs se déchaînèrent, le ciel devint noir, de véritables rivières coulèrent dans les chemins et… le roi des génies parut avec son armée. Ils eurent tôt fait de tailler en pièces les soldats qui fuyaient en désordre devant eux. De leur palais, le roi et la reine voyaient leur armée fondre sous les coups du Noir et des génies comme neige au soleil.
Blanche-Colombe, Aïcha des Roums et Hita Col d’Argent accueillirent le prince avec des larmes et des transports de joie.
Celui-ci réunit les conseillers du royaume, exposa devant eux tous les forfaits de son père et de sa belle-mère à son encontre et leur demanda de statuer sur le sort qui devait leur être réservé. Tous les sujets du roi avaient peur que la victoire du prince ne fût éphémère et que leur maître, revenu bientôt sur le trône, ne les fit livrer au supplice s’ils rendaient un verdict trop sévère.
— Tu dois leur pardonner, dirent-ils tous, sauf deux : un vieillard et une vieille femme qui, jugeant que la conduite du roi et de sa femme avait été odieuse, dirent
— Tu dois les mettre à mort.
Le prince fit alors chauffer un énorme bac plein d’eau, qui bientôt devint brûlante :
— Qu’on y jette tous les conseillers, dit-il, ils sont indignes de leur charge, car ils ont décidé par peur et non point selon l’équité. Quant à ces deux-là, qu’on leur remette une caisse de pièces d’or chacun. Puis Hita lança des formules incantatoires contre le roi et la reine, qui aussitôt devinrent pierres. Le prince hérita du royaume de son père et il vécut des années heureuses dans son palais avec Blanche-Colombe, Hita Col d’Argent et Aïcha des Roums.
Machaho Contes berbères de Kabylie Mouloud Mammeri
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12 février 2010 à 11 11 46 02462
Histoires vraies
Sa raison de vivre (2e partie)
Résumé de la 1re partie n Les commandes de son avion ne répondant plus, Bruce Steel est contraint de se jeter en parachute. Tout lui paraît hostile en dessous de lui…
Des sauts en parachute, Bruce Steel en a fait des dizaines et il n’a jamais éprouvé la moindre difficulté ni la moindre appréhension. Il sautait sur un sol plat et dégagé, tandis que là il ne sait absolument pas où il va atterrir. Il risque de tomber sur une arête rocheuse, de s’y briser les jambes ou pire encore. Son parachute peut être accroché par une aspérité quelconque et il peut se retrouver pendu dans le vide. Mais il ne peut rien y faire. C’est purement et simplement une question de chance.
L’endroit où il se dirige est près d’un sommet et relativement plat. C’est au dernier moment qu’il se rend compte que le sol est très inégal, avec de grosses pierres un peu partout. Il se prépare au choc, raidit ses membres, ce qui ne l’empêche pas de ressentir une violente douleur à la jambe droite. L’instant d’après, il roule à terre.
A demi-assommé, il se lève en titubant. Pour se laisser retomber aussitôt : sa cheville droite refuse de le soutenir. Il en comprend la raison en retirant sa botte : il y avait glissé, conformément au règlement, un colt 45 qui doit permettre au pilote de survivre en cas d’atterrissage forcé. C’est le choc de l’arme au moment de l’impact qui a causé sa blessure. Il se rend compte aussi qu’il a eu beaucoup de chance : le coup aurait pu partir et traverser la jambe.
Bruce Steel fait la grimace et pas seulement à cause des élancements douloureux qu’il ressent dans son pied. De la chance, il n’en a pas tellement ! Au moment du départ, il a négligé d’emporter la ration de secours réglementaire qu’il aurait dû avoir sur lui. Il s’était dit que, pour un vol de routine, ce n’était pas la peine. Il a eu tort.
Il entreprend de faire l’inventaire de ses poches. Outre le colt et son chargeur, il possède un couteau, trois plaquettes d’allumettes et son portefeuille. Il ouvre ce dernier et en extrait la photo de Vicky. Il a conscience, en cet instant, que c’est son bien le plus précieux. Elle lui sourit de son sourire inimitable, comme si elle lui disait : «Je suis là. Ne t’en fais pas. Tout ira bien.» Il n’a pas sa ration de survie, il a presque aussi bien que cela : une raison de vivre. Pour Vicky, il ira jusqu’au bout de ses forces, au-delà même ! Il s’entend dire, dans le silence extraordinaire des sommets :
— Je vivrai, Vicky, je vivrai !
Il se rend compte en même temps des conditions extrêmes dans lesquelles il se trouve : l’air est glacé et rare, il a le souffle court et le cœur qui bat très vite. Il doit être à environ quatre mille mètres. C’est une altitude où la survie est aléatoire. Il lui faudra absolument descendre dès qu’il pourra.
En attendant, il ne doit pas rester ici. Il sait qu’avec la nuit le vent va se mettre à souffler et que la température va baisser encore. Il doit trouver un abri. Les instructions de survie lui reviennent en mémoire : une fois à terre, défaire le parachute, le plier et le garder avec soi. Il pourra servir à la fois de couverture et de vêtement. Il remet la photo de Vicky dans son portefeuille et entreprend de plier grossièrement la toile blanche. Puis, se traînant sur les genoux, il explore les environs et finit par trouver une petite cavité. Il entortille sa cheville dans un bout du parachute et se recouvre avec le reste du tissu. Il est si éprouvé qu’il sombre tout de suite dans le sommeil. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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12 février 2010 à 11 11 57 02572
Ainsi va la vie
Derrière le mensonge (37e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 36e partie n Tahar a conduit Lila dans son appartement privé. C’est alors que sa femme, Rabéa, arrive avec son fils et les surprend.
Tahar ne sait que faire.
— Rabéa, je t’assure que nous sommes en séance de travail !
— et tu viens travailler ici, dans cet appartement, avec ta secrétaire !
Elle avance vers Lila.
— voleuse d’hommes !
La jeune femme se réfugie derrière Tahar.
— Tahar, ne la laisse pas me faire du mal !
Rabéa éclate.
— elle t’appelle par ton prénom !
Elle prend son fils à témoin.
— tu as vu ce qu’il nous fait !
Tahar s’approche de son fils.
— Amine, je vais t’expliquer…
— ne me parle pas ! Tu n’es qu’un traître.
Rabéa s’est mise à pleurer. Elle prend son fils par la main.
— rentrons, mon petit, ton grand-père va s’occuper de lui !
Tahar est devenu livide.
— je t’en prie, n’alerte pas ton père… Nous allons tout arranger !
— je n’ai plus rien à faire avec toi…
Il se jette à ses genoux.
— pardon, je te demande pardon…
— je ne veux plus te voir !
Elle s’en va, en claquant la porte. Tahar est désespéré.
— Mais comment a-t-elle pu savoir !
— on nous espionne !
— on veut me nuire…
Il regarde Lila.
— ma pauvre amie, toi aussi, tu es cmpromise…
La jeune femme secoue la tête.
— moi ? Mais pourquoi ?
— adieu ton recrutement dans mon entreprise… Je suis sûr que c’est la condition que ma femme et son père vont m’imposer !
— mais je n’ai pas démissionné de mon
entreprise !
Il sourit.
— tant mieux…
— tu m’as dit que tu dois ta situation à ton beau-père, peut-être va-t-il entreprendre quelque chose contre toi !
Il la regarde, inquiet.
— il n’osera pas… Ce serait aussi perdre sa fille !
— je veux rentrer chez moi, dit Lila.
— je t’accompagne.
— non, non, je veux rentrer seule. (à suivre…)
K. Y.
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12 février 2010 à 11 11 58 02582
Histoires vraies
Sa raison de vivre (3e partie)
Résumé de la 2e partie n Bruce Steel atterrit sur un terrain relativement plat, mais il se blesse au pied. En pensant à son épouse Vicky, il résiste à la faim qui le tiraille…
Bruce reste dans cet endroit coupé du monde trois jours entiers, sans aucune nourriture, buvant uniquement de la neige. Il s’affaiblit et il meurt de faim mais il n’y a pas moyen de faire autrement : il ne peut pas poser son pied droit par terre ; il doit attendre que sa cheville désenfle. Durant la journée, il sort de sa grotte : pour faire des signes à un éventuel avion de secours. En même temps, il est terriblement inquiet. La vision qu’il a eue de son appareil poursuivant seul sa course n’est pas rassurante du tout. L’avion a pu continuer comme cela des kilomètres, cent peut-être, et c’est autour du point d’impact qu’on va le rechercher, pas dans ces solitudes glacées.
Encore une fois, c’est la photo qui lui permet de tenir. Dès qu’il sent le découragement le gagner, il la regarde et reprend espoir. Il n’est pas seul, puisque Vicky est là. Pour elle, il n’a pas le droit de se laisser aller. Elle lui promet qu’il s’en sortira, alors, il s’en sortira !
Et, effectivement, à l’aube du troisième jour, Bruce Steel constate que sa cheville a brusquement dégonflé. Il doit partir sans attendre, pour gagner des régions moins élevées où il pourra trouver de la nourriture.
Malgré son extrême faiblesse, il se met en marche. Avec son couteau, il perce un trou dans son parachute pour y passer la tête et il noue le reste autour de sa poitrine, laissant les bras dégagés.
L’escalade était au programme des exercices militaires et il n’avait jamais pensé qu’il pourrait en avoir à ce point besoin. Il progresse très lentement sur un terrain difficile, manquant vingt fois de glisser, de lâcher prise et de se tuer. II lui faut encore trois jours, toujours sans manger, pour quitter les hautes altitudes. Et sans doute n’aurait-il pas accompli cette épreuve surhumaine s’il n’y avait eu la photo qu’il sortait régulièrement et qui semblait lui dire :
— Encore un effort. Viens ! Je t’attends…
Enfin, il aperçoit un spectacle qui lui fait bondir le cœur de joie : en contrebas, entre la masse grise des rochers et les plaques de neige, il distingue la tache verte d’un sapin. Il a quitté les régions où rien ne pousse, où aucun être vivant ne s’aventure.
Il a peu d’espoir d’arriver dans un endroit habité. Il se rend bien compte qu’il est tombé dans un endroit totalement à l’écart des hommes. Au moins il va trouver des bêtes, des plantes, il va pouvoir survivre !
Effectivement, il y a de la végétation, seulement des perce-neige et des pissenlits, qui vont être sa seule nourriture pendant les jours qui suivent. Bruce Steel continue à marcher, à descendre, mais aussi à monter. Car – c’est désespérant ! – à la montagne succède la montagne. Chaque fois qu’il croit arriver dans une plaine, c’est un nouveau sommet qu’il découvre devant lui.
Quand il est là-haut, il observe en tous sens, pour tenter d’apercevoir une maison, une route, une cabane, un sentier, une trace quelconque de civilisation. Mais il n’y a rien.
On se croirait aux premiers temps de la création et, s’il n’avait dans sa poche la photo de Vicky, il ne résisterait sans doute pas à cet effrayant sentiment de solitude. Au bout du dixième jour de cette errance, il a un immense espoir. Pour la première fois depuis son accident, il voit un avion dans le ciel et pas n’importe quel avion : c’est un biplace, avec pilote et copilote. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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12 février 2010 à 11 11 59 02592
Au coin de la cheminée
L’oiseau d’or (1re partie)
Il était une fois trois jeunes filles, belles toutes les trois comme le jour, mais aucune d’elles n’était mariée, parce qu’elles voulaient toutes épouser le roi.
Un jour qu’elles étaient à parler de cela ensemble, l’une d’elles dit :
— Si le roi m’épouse, d’un seul grain de blé je lui ferai des crêpes.
L’autre dit :
— Si le roi m’épouse, d’une toison je lui tisserai un beau manteau.
La troisième ne disait rien.
— Et toi ? dirent-elles.
— Moi, si le roi m’épouse, je lui donnerai un garçon et une fille, tous les deux au front d’or.
Or elles étaient près du palais et, pendant qu’elles parlaient, le roi, qui se promenait dans ses jardins tout brillants de fleurs, les entendait.
Il résolut donc de les prendre pour femmes toutes les trois. Les fêtes qu’il donna à son peuple à cette occasion furent splendides.
Au bout de quelques jours il prit un grain de blé, le donna à celle de ses femmes qui s’était vantée d’en tirer des crêpes.
— Voilà, dit-il, fais-nous des crêpes avec ça.
La jeune femme y passa toute la matinée, mais, de quelque manière qu’elle s’y prît, elle ne pouvait rien tirer de son grain et, à la fin, vint avouer à son époux son impuissance. Le roi prit alors une toison et, la mettant entre les mains de celle qui avait promis d’en faire un manteau :
— Tiens, dit-il, fais-moi un beau manteau avec cette laine.
La femme se mit aussitôt à l’ouvrage. Mais, au bout de quelques jours, la toison était terminée, et il y en avait à peine pour un tout petit bout de manteau.
Les deux jeunes femmes étaient d’autant plus attristées qu’elles voyaient la troisième enceinte. Mais elles se consolaient en se disant :
— Elle non plus n’y pourra rien. Comment pourra-t-elle mettre au monde deux enfants au front d’or ?
Or, quelques mois plus tard, leur compagne accoucha. Les deux jeunes femmes se rendirent auprès d’elle et virent deux superbes bébés, un garçon et une fille, avec de belles chevelures blondes, si blondes que leurs fronts à tous deux paraissaient d’or.
Elles en furent aussitôt très jalouses et commencèrent à chercher un moyen de nuire à la jeune mère. Elles allèrent trouver la sage-femme et lui dirent :
— Tu vas prendre les deux bébés, tu les mettras dans un coffre et tu iras les jeter dans la mer. A la place tu mettras deux chiots. Si tu fais ce que nous te demandons, nous te couvrirons d’or pour ton service.
La sage-femme d’abord refusa, mais tantôt la menaçant et tantôt lui faisant des promesses mirifiques, elles finirent par la convaincre.
Le roi fut très heureux d’apprendre que sa femme avait accouché. Quand il demanda si c’était une fille ou un garçon, la sage-femme feignit d’être très troublée.
— Eh bien, parle ! dit le roi.
— Sire, dit-elle, regardez vous-même.
Le roi se pencha sur le berceau et recula, horrifié.
— Tu avais promis des enfants au front d’or, dit-il. Puisque c’est ainsi, tu subiras le châtiment de tes mensonges.
Il se tourna vers ses serviteurs
— Qu’on la jette dans une prison sans fenêtre et qu’elle n’en sorte plus jamais ! Pour nourriture vous lui porterez un pain sec chaque jour. Pendant ce temps le coffre, où étaient les deux enfants, balançait sur les vagues, au gré des courants et des vents. Or il y avait dans la ville un ménage de vieux pêcheurs, qui vivaient des poissons qu’ils ramenaient chaque jour. Ils étaient seuls. Ils avaient d’abord longtemps espéré avoir des enfants, mais depuis des années ils étaient résignés à n’en pas avoir. (à suivre…)
Contes berbères de Kabylie Mouloud Mammeri
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12 février 2010 à 12 12 01 02012
Un joueur payé 9 000 dollars pour provoquer un penalty ?
l La semaine dernière, Santos s’imposait 3 à 2 face à Ponte Preta, grâce à un penalty provoqué par un défenseur adverse dénommé «Jean», qui commettait l’irréparable en touchant le ballon de la main dans la surface de vérité. Cette précieuse victoire permettait à Santos de valider son billet pour les demi-finales du Championnat paulista, aux dépens du club de la Portuguesa. Trop beau pour être vrai ? Le président de la Portuguesa l’espère bien, lui qui affirme avoir reçu deux témoignages concordant faisant état d’un acte de corruption. «Jean» aurait ainsi reçu 9 000 dollars pour permettre à Santos de l’emporter face à Ponte Preta. Le même président affirme toutefois que ces dénonciations ne permettent, en aucun cas, de prouver cette malversation, et se garde donc de porter plainte, préférant déléguer cette affaire aux autorités compétentes. «La Portuguesa n’accuse personne. Nous avons juste découvert ces accusations et nous en avons fait part au Ministère public et à la Fédération pauliste», a déclaré Manuel da Lupa à la chaîne de télévision Globo. Si les accusations sont confirmées, Manuel da Lupa entend bien demander l’annulation du résultat du match en question.
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