Histoires vraies
Le yacht sans nom (2e partie)
Résumé de la 1re partie :Le capitaine Anthony Scott est persuadé que le yacht sans pavillon va attaquer son navire le «Palmyre».
Ronald Reeves intervient à son tour :
— Et les occupants du yacht, qui était-ce ?
— Une famille américaine qui faisait le tour du monde : le père, la mère et quatre enfants, plus deux marins.
— Ils les ont faits prisonniers ?
— Certainement pas. Il aurait été bien trop difficile de les surveiller, sans compter qu’il aurait fallu les nourrir. Ils les ont certainement passés par-dessus bord.
Le marin, qui n’avait cessé de suivre les évolutions du bateau blanc à la jumelle, intervient :
— Capitaine, je vois distinctement sa coque. Il n’a pas de nom !
— Et il vient toujours sur nous ?
— Droit sur nous. Il a l’air très rapide.
Il y a un moment de silence. Le capitaine Anthony Scott regarde les deux hommes en hochant la tête.
— Vous êtes chasseurs, m’avez-vous dit ?
Ronald Reeves et Dave Rogers sont devenus subitement graves.
— Oui, capitaine. Vous pouvez compter sur nous !
Dave Rogers ajoute :
— J’ai deux carabines. Voulez-vous vous joindre à nous ?
Le capitaine fait un signe d’assentiment.
— Je ne suis pas un spécialiste, mais je ferai de mon mieux.
C’est ainsi que, le 17 mai 1963, quelque part dans l’océan Pacifique au large de la Nouvelle-Zélande, va avoir lieu une histoire de pirates en plein xxe siècle.
Il n’y a maintenant plus aucun doute : le yacht sans nom se rue à l’abordage du «Palmyre». Les passagers ont été consignés dans leurs cabines, à part évidemment Dave Rogers et Ronald Reeves. Sur le pont du yacht, on distingue des hommes de type asiatique armés de fusils et de mitraillettes. A l’avant, une bâche de couleur verte dissimule quelque chose. Les interrogations à son sujet ne durent pas longtemps, car deux pirates la retirent, découvrant une mitrailleuse.
Le capitaine Scott échange ses impressions avec les deux chasseurs, qui sont à présent munis chacun d’une carabine à lunette et qui lui en ont donné une troisième pour lui-même.
— Leur puissance de feu est bien supérieure à la nôtre. Ils sont sept avec une mitrailleuse et des mitraillettes.
— Oui, mais nous avons deux avantages : notre position et l’effet de surprise. Nous sommes beaucoup plus hauts qu’eux et ils ne s’attendent pas à ce que nous soyons armés. Le tout sera de ne pas rater notre coup. Comment pensez-vous manœuvrer, capitaine ?
— Dès que le yacht sera à notre portée, j’ordonnerai un brusque changement de cap, de façon à leur présenter l’avant du cargo. Espérons qu’ils n’auront pas le temps de manœuvrer eux-mêmes pour nous prendre de travers.
— Alors il faut que nous nous installions à la proue ?
— Oui. Allez-y ! Je vous rejoins après la manœuvre. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
6 février 2010 à 20 08 51 02512
Histoires vraies
Le yacht sans nom (3e partie et fin)
Résumé de la 2e partie n Le capitaine Anthony Scott s’apprête à parer, par tous les moyens du bord, à l’assaut des assaillants…
Rapidement, les deux hommes prennent position en s’abritant derrière le bastingage. Ils ont l’habitude de l’affût et ils sont tout aussi invisibles que lorsqu’ils traquent un animal. De temps à autre, ils jettent un œil et observent l’évolution de la situation. A présent, les pirates s’emparent de cordes munies de grappins. Ronald Reeves, le plus âgé et sans doute aussi le plus réfléchi, expose son plan d’attaque :
— Il faut choisir chacun notre cible et ne pas la rater. Il faut abattre en priorité le mitrailleur et le chef. Je me charge du mitrailleur.
Dave Rogers désigne à son ami un petit homme gesticulant et criant plus fort que les autres :
— Le chef, c’est lui. A la distance où l’on sera, je ne pourrai pas le rater. Ce sera plus facile qu’un chamois.
— Ce sont des hommes, Dave.
— Ils sont pires que des bêtes sauvages. Vous oubliez ce qu’ils ont fait à cette malheureuse famille.
— Ce sont tout de même des hommes.
Brutalement, alors que le yacht sans nom était tout roche, le «Palmyre» pivote sur lui-même, avec une rapidité étonnante pour un navire de sa taille. Bientôt les deux chasseurs surplombent le pont de l’autre embarcation de plusieurs mètres. Ils épaulent juste au moment où le capitaine vient les rejoindre, sa propre carabine à la main.
Trois coups de feu claquent en même temps. L’instant d’après, le mitrailleur se tord de douleur à terre en se tenant la cuisse et le chef s’est écroulé, après que sa tête eut littéralement éclaté. Quant au coup de feu du capitaine Anthony Scott, il n’a atteint personne mais il a contribué à augmenter la panique chez les pirates. Dave Rogers lance à Reeves :
— Moi, j’ai eu le mien. Vous, vous ne l’avez que blessé !
Ce à quoi son compagnon répond :
— Qui vous dit que j’ai visé à la tête ?
Mais déjà les deux hommes tirent de nouveau, imités par le capitaine. Il y a encore un mort et un blessé.
Cette fois tout est fini. Les trois pirates encore indemnes lèvent les bras. Le capitaine Anthony Scott fait arrêter les machines et mettre un canot à la mer. Peu après, les morts, les blessés et les survivants sont à bord du «Palmyre», tandis qu’un des marins a pris place sur le yacht pour le ramener au port le plus proche. Une rapide visite de celui-ci a permis de constater que les suppositions du capitaine étaient, hélas, exactes. Les premiers occupants ne sont plus à bord.
Ainsi s’est terminée cette histoire de pirates en plein XXe siècle. Mais à la différence de leurs coups de feu contre les chamois et autres gibiers, jamais Dave Rogers et Ronald Reeves ne se sont vantés par la suite de leur exploit, pourtant remarquable. Car, comme l’avait dit ce dernier, tuer des hommes, même s’ils sont plus féroces que des fauves, ce n’est pas la même chose.
D’après Pierre Bellemare
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6 février 2010 à 21 09 16 02162
Histoires vraies
Petit Coyote (1re partie)
Cela fait deux ans, en ce milieu de l’année 1996, que Maria Licona, la mère d’Elmer, a quitté leur petite maison de Las Tajeras, à deux cents kilomètres de Tegucigalpa, la capitale du Honduras. Il faut dire que ce n’était pas une vie ! Veuve, avec cinq enfants à charge, Maria ne pouvait plus continuer à habiter leur maison en terre battue. Alors, comme elle avait un frère émigré à Los Angeles, elle est allée le rejoindre. Pas question de s’y rendre officiellement, bien entendu : elle a franchi la frontière clandestinement avec un passeur. Et elle a eu beaucoup de chance, elle a fait partie du tout petit nombre de ceux qui n’ont pas été pris.
Arrivée dans la grande ville californienne, Maria Licona a trouvé, toujours par l’intermédiaire de son frère, un emploi au noir de bonne à tout faire et un logement. La paye n’était pas bien lourde, mais sans commune mesure avec la misère du Honduras et, depuis deux ans, elle a réussi à envoyer chaque mois quelques dollars à ses enfants.
Tout cela, Elmer Licona et ses quatre sœurs aînées, âgées de treize à dix-huit ans, le savent. Si les sœurs admettent la situation, lui, Elmer, a bien du mal. Il faut le comprendre : il n’a que dix ans.
A part cela, c’est un débrouillard, Elmer, et il contribue presque autant que sa mère à faire vivre le foyer.
Dès que l’école est finie, il file dans la rue et il gagne des lempiras en cirant les chaussures ou en vendant des allumettes à la sauvette. Il est même tellement débrouillard que son instituteur lui a trouvé un surnom : «Petit Coyote».
Mais voilà, Petit Coyote est sentimental, incorrigiblement sentimental. Il ne cesse de se plaindre auprès de ses sœurs :
— Pourquoi est-ce que maman ne nous écrit jamais ?
— Elle n’écrit pas, mais elle pense à nous. Elle nous envoie de l’argent.
— Ce n’est pas des dollars que je veux, c’est une lettre.
— Ce n’est pas possible. Ce serait dangereux. Elle pourrait se faire prendre.
— Et, moi, je peux lui écrire ? Lui envoyer un dessin ?
— Non. Ce serait trop dangereux aussi.
Il n’y a rien à faire, Elmer ne comprend pas ces histoires de grands. Il ne comprend qu’une chose : sa maman ne se manifestera pas auprès de lui. Alors, avec l’impulsivité des enfants, il décide d’aller la rejoindre là où elle vit, à Los Angeles, aux Etats-Unis.
Elmer a quelques notions de géographie. Entre les Etats-Unis et le Honduras, il y a deux autres pays qu’il doit d’abord traverser : le Guatemala et le Mexique. Il sait surtout une chose : sa direction, c’est le nord, et c’est avec ce seul mot magique, ce sésame, el norte, qu’il quitte sa petite maison de terre battue, le mercredi 12 juin 1996.
C’est le matin. Le jour n’est pas encore levé sur Las Tajeras et il s’en va à pas de loup, avec la ruse du petit coyote qu’il est, prenant bien soin de ne pas se faire voir dans ce village où tout le monde le connaît.
Après quelques heures de marche, il arrive dans le bourg voisin où on ne le connaît pas et il parvient à monter dans un car scolaire qui le conduit à La Esperanza, la grosse ville de la région.
Elle est située sur la Route Maya, la grande route qui traverse toute l’Amérique de l’extrême sud au nord. Là, il ne lui reste plus qu’à faire signe aux camions. Ce n’est pas trop difficile. Dans un pays pauvre comme le Honduras, les gens ne sont pas étonnés de voir un garçon de dix ans faire de l’autostop, d’autant qu’Elmer inspire tout de suite la sympathie. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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6 février 2010 à 21 09 28 02282
Histoires vraies
Petit Coyote (2e partie)
Résumé de la 1re partie n Maria Licona fuit la misère du Honduras et se rend clandestinement à Los Angeles…
Le premier chauffeur qui s’arrête lui demande avec un sourire :
— C’est quoi ta direction, mon bonhomme ?
— Le nord.
— Et qu’est-ce que tu vas faire au nord ?
— Je vais rejoindre ma mère, qui travaille au Mexique. Je n’ai pas d’argent pour vous payer. Si vous voulez, je vous aiderai à décharger votre camion.
— Je ne vais pas jusqu’au Mexique, je m’arrête au Guatemala. Mais ça t’avancera. Et pour le déchargement, ne t’inquiète pas, je m’en chargerai tout seul.
La chance sourit à Elmer. Il franchit la première frontière de nuit et les douaniers ne font pas attention : à cette petite forme qui fait semblant de dormir à côté du chauffeur. Une fois arrivé à destination, le routier lui remet quelques quetzals et lui souhaite bonne chance.
Et Elmer Licona, le petit coyote, fait preuve de la même débrouillardise au Guatemala. Il lève le pouce au passage des camions, répondant, quand on l’interroge :
— El norte… El norte.
Et cela marche ! Il arrive à la frontière qu’il franchit encore une fois sans encombre. Le Mexique a beau être bien plus grand que le Guatemala, ce n’est pas cela qui pose un problème à Petit Coyote. Le 19 juin, une semaine seulement après son départ, il est à Ciudad Juarez, la ville frontière en face d’El Paso, la cité jumelle aux Etats-Unis, de l’autre côté du fleuve, affluent du Rio Grande. Et, cette fois, les choses deviennent sérieuses.
C’est là, en effet, que se concentrent tous les candidats à l’émigration clandestine et aussi tous les passeurs, qui, moyennant des fortunes, font miroiter aux malheureux et aux naïfs la terre promise. Car pas question de franchir le fleuve à la nage. Il faut passer de l’autre côté caché dans une camionnette ou tenter sa chance à travers le désert de sable, avec un itinéraire qu’on vous indique.
Elmer n’a pas le moindre argent, alors il n’est pas tenté par ces marchands de rêve, qui, de leur côté, n’auraient pas l’idée de proposer leurs services à un gamin de dix ans. Qu’importe, d’ailleurs, puisque Elmer a son idée ! Il a appris à la télévision qu’on pouvait se glisser dans le train d’atterrissage d’un avion. Des émigrants vers les Etats-Unis l’ont déjà fait. Et le voilà qui prend le chemin de l’aéroport. Avec sa débrouillardise coutumière, il repère le premier vol en partance pour Los Angeles et parvient à se faufiler sur les pistes. Il ne lui reste plus qu’à grimper dans le train d’atterrissage de l’appareil.
Mais Petit Coyote n’a pas été attentif quand il a regardé la télévision. Il n’a pas été jusqu’au bout du reportage : tous ceux qui ont tenté ce moyen d’évasion sont morts. Il n’y a aucune chance de survie. Le froid de la haute altitude tue. Et si par hasard ce n’est pas le cas, à l’atterrissage il est impossible de ne pas être projeté au sol.
Il est 11 h 30 et le vol TRA à destination de Los Angeles s’apprête à décoller. Sur la piste, les mécaniciens procèdent aux dernières vérifications. Et, comme ils le font systématiquement, ils regardent le train d’atterrissage. C’est alors qu’à leur stupeur ils voient un enfant sous les roues. Ils le conduisent au poste de police. Le responsable de l’aéroport est abasourdi.
— Mais qu’est-ce que tu faisais là ?
Elmer éclate en sanglots. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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6 février 2010 à 21 09 43 02432
Histoires vraies
Petit Coyote (3e partie et fin)
Résumé de la 2e partie n Elmer décide d’aller rejoindre sa maman, mais il est découvert dans un train d’atterrisage du vol TRA pour Los Angeles…
Je voulais aller à Los Angeles pour voir ma mère. Le lendemain, la photo du «petit garçon qui voulait voir sa mère à Los Angeles» fait la une des journaux mexicains. Les autorités du pays, émues, alertent celles des Etats-Unis et les médias américains s’emparent à leur tour de l’affaire. Mais les autorités américaines refusent catégoriquement de se laisser fléchir. II n’est même pas question d’accorder un visa touristique à Elmer. Ce serait encourager les autres candidats à l’immigration clandestine.
Les médias, eux, se sont mis à une autre tâche : retrouver la mère et l’interroger. Mais les jours passent et celle-ci ne donne pas le moindre signe de vie. Du coup, dans la presse et à la télévision, on la juge sévèrement. Comment ? Son fils a risqué sa vie pour la retrouver et elle ne le remercie même pas d’un mot, d’un signe. Et pourtant les médias ont tort. Préoccupés qu’ils sont par le chagrin de Petit Coyote, ils méconnaissent ce qu’il y a de plus émouvant dans cette histoire : le calvaire de sa mère. Maria Licona, qui vit dans un faubourg de Los Angeles, a, bien sûr, été bouleversée en apprenant le geste de son fils. Elle voudrait tant lui donner de ses nouvelles, le récompenser de son courage ! Mais elle est clandestine et elle sait que, si elle se manifeste, elle sera automatiquement expulsée. Ce sera la fin de l’argent qu’elle envoie chaque mois à ses enfants, la misère, non seulement pour Elmer, mais pour ses quatre sœurs.
Les jours passant, pourtant, elle n’en peut plus de s’entendre traiter à longueur de journée de mauvaise mère, de mère indifférente, par la radio et la télévision, elle qui se tait par amour. Alors elle est prise d’une terrible tentation : se faire connaître quand même, pour Elmer, au risque de tout perdre et même de se retrouver en prison ! Avant, elle va demander l’avis de son frère, celui qui lui a trouvé son travail. Il est formel :
— Tu ne dois pas bouger. Tu n’aurais même jamais dû venir me voir. Je suis sûr qu’il n’y a pas que les journalistes qui te recherchent, il y a aussi la police.
— Mais Elmer est si malheureux !
— Tu vas lui écrire une lettre et je la lui ferai parvenir.
— Comment ?
— Je crois que j’ai mon idée.
C’est ainsi que Maria Licona a rédigé pour son Petit Coyote une belle lettre se terminant par : «Je t’aime. Je pense à toi et je reviendrai bientôt.» Son frère a pris contact avec une chaîne de télévision, en s’entourant de toutes les précautions nécessaires, et Elmer a pu découvrir, en même temps que le grand public, les vrais sentiments que lui portait sa mère.
Par la suite, une souscription a permis au frère de Maria de rejoindre son neveu et de le raccompagner au pays en avion. Rentré à Las Tajeras, Petit Coyote est devenu une gloire locale. Mais cela n’était rien à côté de la lettre de sa maman, un trésor plus précieux que tous les dollars du monde, fièrement épinglée au mur en terre de sa chambre.
D’après Pierre Bellemare
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6 février 2010 à 21 09 44 02442
Indonésie : un religieux musulman arrêté après avoir épousé une fille de 12 ans
l Un religieux musulman indonésien a été arrêté et risque jusqu’à 15 ans de prison pour avoir pris, pour seconde épouse, une fille de 12 ans, ont relaté, ce mercredi, des médias locaux. Le mis en cause, un ecclésiastique influent de 43 ans, a été interpellé par la police, hier mardi, à Semarang, dans le centre de l’île de Java. Son mariage avec une pauvre fille d’un village de la région avait provoqué un débat national sur la protection des mineurs en août dernier. «Nous avons obtenu suffisamment de preuves pour l’inculper pour obscénités envers une personne mineure, selon le code criminel», un crime passible de 15 ans de réclusion, a indiqué le responsable de la police locale. La loi fixe à 16 ans l’âge minimum pour le mariage mais le mis en cause et ses défenseurs affirment que l’Islam autorise les unions avec les mineures. Les mariages arrangés entre des hommes d’âge mûr et des jeunes filles ne sont pas rares en milieu rural en Indonésie mais ils ne sont pas enregistrés à l’état civil. Près de 90% de la population indonésienne est de religion musulmane.
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6 février 2010 à 21 09 52 02522
Histoires vraies
L’homme au cœur de fer (1re partie)
Le 27 mai 1942. Aux commandes de son bimoteur, Nelson Griffith distingue, dans les premières lueurs du jour, la banlieue de Prague. Il est 4 heures du matin et sa mission touche à sa fin. Ce n’est pas la première fois que ce lieutenant de l’armée anglaise effectue des vols au-dessus de la Tchécoslovaquie occupée. Jusqu’à présent, il s’agissait de livrer du matériel pour la Résistance. Là, c’est un peu différent : ce sont deux parachutistes qu’il va larguer. Il se retourne et leur lance
— Ça va être à vous, boys ! Préparez-vous.
Sans dire un mot, les deux hommes s’équipent de leur parachute. Ils se saisissent en outre chacun d’un sac contenant un véritable arsenal : pistolets automatiques, mitraillettes, grenades, bombes explosives et fumigènes. Tous deux sont revêtus de l’uniforme anglais, mais ils font partie de l’Armée libre tchécoslovaque. L’un est Tchèque, Jan Kubis, fermier en Moravie, et l’autre est Slovaque, Josef Gabchik, serrurier à Bratislava.
Ils sont jeunes tous les deux, ils n’ont pas vingt-cinq ans. Ils ont déjà connu une existence mouvementée, à l’image des temps dramatiques que l’Europe est en train de vivre. Patriotes, ils n’ont pas accepté l’invasion de leur pays par Hitler, à la suite des accords de Munich. Ils se sont exilés en France et, lorsque la guerre a été déclarée, ils se sont engagés dans la Légion étrangère.
Comme les autres, ils ont fui devant l’armée allemande, en mai 1940. Comme beaucoup d’autres, ils se sont retrouvés encerclés à Dunkerque et ils ont eu la chance de faire partie de ceux qui ont pu passer en Angleterre. Là, au sein de l’Armée libre tchécoslovaque, créée sur l’initiative de Churchill, Jan Kubis et Josef Gabchik ont subi un entraînement intensif et ce sont leurs qualités physiques et morales qui les ont fait désigner pour cette mission.
Nelson Griffith se retourne une nouvelle fois vers eux :
— C’est là, les gars. Bonne chance pour votre job !
Un autre Anglais ouvre la porte de l’avion. Les deux Tchécoslovaques sautent et le pilote peut voir peu après leurs parachutes s’ouvrir dans ce petit matin du mois de mai. Leur job, comme il dit, il ne le connaît pas : c’est le règlement, indispensable au cas où il serait capturé. Bien sûr, la Convention de Genève interdit d’interroger les prisonniers, mais on ne sait jamais.
Nelson Griffith fait demi-tour et met le cap sur l’Angleterre. Pour lui, ce vol aura fait partie de la routine de la guerre. Mais ce qui attend Jan Kubis et Josef Gabchik est loin d’être ordinaire ! Il leur est demandé d’accomplir un des plus grands exploits jamais réalisés par la Résistance d’un pays occupé. Il s’agit d’abattre Heydrich, le numéro trois du régime nazi, le chef de la Gestapo, le maître et le bourreau de la Tchécoslovaquie, que tout le monde dans le pays surnomme l’«homme au cœur de fer».
Reinhardt Heydrich est né en 1904 à Leipzig, dans une famille de la haute bourgeoisie. Il fait de brillantes études et pourrait s’orienter vers une carrière de professeur ou de médecin, mais il choisit l’armée. Il fait partie de cette génération, trop jeune pour faire la guerre de 14-18, qui n’a pas accepté la défaite ni le traité de Versailles et qui rêve de revanche. Ses dons lui permettent d’entamer une brillante carrière. Il manifeste très tôt une vocation d’officier politique et, sur sa demande, il est affecté au service de renseignements. Il y fait preuve d’une grande activité et connaît un rapide avancement. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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6 février 2010 à 22 10 01 02012
Histoires vraies
L’homme au cœur de fer (2e partie)
Résumé de la 1re partie n Les deux jeunes parachutistes ont pour mission d’abattre Heydrich, le numéro trois du régime nazi…
Il (Heydrich) a également de nombreuses bonnes fortunes féminines. Il faut dire qu’il a tout pour plaire avec son physique typiquement germanique : une haute stature, les cheveux blonds, les yeux bleu clair, un visage fin et racé aux lèvres minces. C’est d’ailleurs l’une de ses aventures amoureuses qui est fatale à sa carrière militaire. Il a une liaison avec une jeune femme de l’aristocratie, mais il refuse de l’épouser et le père de sa maîtresse, un officier supérieur des arsenaux de Hambourg, obtient son renvoi de l’armée. Heydrich en gardera une haine pour l’aristocratie et une méfiance instinctive vis-à-vis de l’armée régulière.
Nous sommes alors en 1932. Il est sans ressources ni activité et il se lance dans la politique. Tout naturellement, il se dirige vers le Parti national-socialiste et y fait une rencontre qui va être décisive pour lui. Il s’agit d’un petit homme au visage rond et aux yeux impassibles derrière ses lunettes cerclées de fer, un vétérinaire raté, mais qui se révèle un génie de l’organisation policière, Heinrich Himmler. En cette année 1932, Hitler l’a mis à la tête des SS, qui sont alors une organisation chargée d’espionner les membres du parti nazi.
Himmler éprouve tout de suite une vive sympathie pour Heydrich, en qui il discerne des dispositions exceptionnelles. Il en fait son adjoint et celui-ci va le suivre dans sa vertigineuse ascension. En 1936, trois ans après l’arrivée de Hitler au pouvoir, Himmler est nommé chef de toutes les polices du Reich et Heydrich est placé à la tête de l’une des branches les plus actives des services policiers : la Gestapo.
Grâce à ses soins, la Gestapo acquiert une importance considérable. Elle déploie ses activités non seulement contre les ennemis de l’Allemagne, mais contre les Allemands eux-mêmes. Personne n’est à l’abri de sa surveillance et de ses interventions brutales et surtout pas l’armée du Reich, sur laquelle Heydrich prend une éclatante revanche. A la tête de cette organisation au pouvoir illimité, Heydrich devient, après Hitler et Himmler, le personnage le plus puissant d’Allemagne. En septembre 1941, le Führer le nomme gouverneur de la Tchécoslovaquie occupée, fonction qu’il exerce sans perdre ses autres attributions. Arrivé à Prague, Heydrich applique son programme de gouvernement qui tient en un seul mot : la terreur. Tel est l’homme que Jan Kubis et Josef Gabchik ont pour mission d’abattre.
Bien entendu un projet de cette importance ne s’improvise pas. Au moment où les deux Tchécoslovaques débarquent aux environs de Prague, tout un travail préparatoire a été effectué par d’autres résistants, soit parachutés d’Angleterre comme eux, soit faisant partie des réseaux intérieurs. Leur tâche n’a pas été facile dans ce pays administré par le maître de la Gestapo. Beaucoup ont été pris, sont tombés les armes la main ou ont été obligés de se suicider. Ceux qui n’ont pas pu le faire ont été arrêtés et torturés et certains ont parlé, ce qui a entraîné d’autres arrestations.
Ce 27 mai 1942, le plan d’action est au point. Normalement il était prévu d’agir un peu plus tard, la date a été avancée, car le bruit courait que Heydrich allait recevoir une nouvelle affectation. Le Führer voulait l’envoyer en France afin d’écraser la résistance de ce pays.
Différents projets ont été étudiés. Finalement, il a été décidé de commettre l’attentat sur le trajet que Heydrich emprunte chaque matin pour se rendre à son travail. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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6 février 2010 à 23 11 53 02532
Histoires vraies
L’homme au cœur de fer (3e partie)
Résumé de la 2e partie n Il a été décidé de commettre l’attentat sur le trajet que Heydrich emprunte chaque matin pour se rendre à son travail.
Chaque jour, aux environs de 9 heures, il quitte son domicile, dans la banlieue résidentielle de Liben, pour se rendre au château de Prague, siège de son gouvernement. Depuis le début du mois, il est à bord d’une Mercedes gris vert décapotée.
Quelquefois il a des gardes du corps, quelquefois il est seul avec le chauffeur. Cette absence de précautions peut paraître surprenante, mais elle tient sans doute au caractère de Heydrich. Le nazi fanatique qu’il est a trop tendance à considérer les nations occupées comme des peuples dégénérés pour se croire vraiment menacé. N’appelle-t-il pas la population qu’il a sous ses ordres la «vermine tchèque» ? En tout cas, cet orgueil est un atout inespéré pour les résistants.
Dès qu’ils ont mis pied à terre, Jan Kubis et Josef Gabchik retirent leurs uniformes et les dissimulent de leur mieux, en même temps que leurs parachutes. En dessous ils sont vêtus de bleus de travail qui les font ressembler à de banals ouvriers. De leurs imposants sacs, ils sortent aussi une bicyclette démontée qu’ils remettent rapidement en état de fonctionnement et deux musettes qu’ils placent sur leur épaule, après y avoir mis leurs armes. Qui pourrait se douter qu’ils dissimulent tout un arsenal ? Ils ont l’air de Pragois inoffensifs se rendant à leur travail.
Pédalant avec énergie, ils gagnent l’endroit prévu, un tournant sur la route de Liben. Ils savent qu’ils vont y rencontrer d’autres résistants. L’un d’eux, posté un peu plus haut, doit les prévenir de l’arrivée de la voiture en leur faisant un signal avec un miroir. Une jeune fille blonde doit également passer devant eux, sur la banquette arrière d’une voiture de couleur bleue. Si elle porte un chapeau, cela voudra dire que Heydrich est accompagné de gardes du corps, si elle est tête nue, cela signifiera qu’il est seul. Jan Kubis et Josef Gabchik arrivent à leur poste aux alentours de 8 heures et demie. Un peu avant 9 heures, ils voient un autre ouvrier en bleu de travail et à bicyclette mettre pied à terre un peu plus loin. De l’endroit où il est, sur une hauteur, il domine les lieux. C’est lui qui enverra le signal avec le miroir. Maintenant, il n’y a plus qu’à attendre.
Les minutes passent et même une heure tout entière s’écoule. A 10 heures, le chef de la Gestapo n’est toujours pas là. Qu’est-ce que cela signifie ? L’attentat aurait-il été découvert ? Les deux Tchécoslovaques ne se posent pas longtemps la question. A ce moment, une voiture passe devant eux. Elle est bleue et une jeune fille blonde est assise sur la banquette arrière. Elle n’a pas de chapeau sur la tête. Elle leur adresse un petit signe de la main, leur fait un sourire et disparaît. Ils ne savent pas son nom. Ils ont juste le temps de la trouver charmante et de s’étonner de sa jeunesse.
C’est vrai qu’elle est jeune. Elle a seize ans, elle s’appelle Rela Fafkova, et elle sera fusillée avec toute sa famille dans la répression qui suivra. A cet instant, un reflet de soleil s’agite plus haut sur la route. Les deux hommes ouvrent leur musette, le moment est arrivé. La Mercedes gris vert apparaît. Heydrich est à l’arrière très droit, hautain, dans son uniforme noir de général SS. Josef Gabchik sort sa mitraillette et tire dans sa direction. Le chauffeur accélère. Jan Kubis lance une bombe sur le véhicule. Il y a une explosion effrayante. On peut voir Heydrich se dresser, tenter de sortir son revolver de son étui et s’effondrer d’un coup. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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7 février 2010 à 0 12 08 02082
Histoires vraies
L’homme au cœur de fer (4e partie)
Résumé de la 3e partie n Le moment est arrivé. La Mercedes gris vert de Heydrich apparaît, Josef Gabchik sort sa mitraillette et tire dans sa direction…
Une petite camionnette qui livrait du cirage et qui passait par là est arrêtée par le chauffeur, qui est indemne. Peu après, elle emporte le chef de la Gestapo vers l’hôpital voisin de Bulovka. Heydrich est criblé d’éclats d’obus, mais il vit encore. D’ailleurs, le communiqué officiel annonce qu’il n’a été que légèrement touché et qu’il se remet de ses blessures.
Cela n’empêche pas la répression de commencer. Le couvre-feu est décrété de 21 heures à 6 heures du matin, à Prague d’abord, puis dans tout le pays. La fureur des Allemands se manifeste par des descentes de police dans les maisons de la ville. Les hommes en uniforme contrôlent les papiers d’identité, ouvrent les armoires, les tiroirs, les valises, tournent les boutons de la radio pour voir si on a écouté des émissions étrangères.
Le lendemain de l’attentat, alors que les autorités diffusent toujours des nouvelles rassurantes, un magasin de la place Venceslas expose en vitrine différents objets trouvés sur les lieux de l’attentat bicyclette, une musette, un béret, une mitraillette Sten.
Une récompense de 10 millions de couronnes est promise à ceux qui apporteront un renseignement.
Au même moment, à l’hôpital, les médecins et chirurgiens les plus célèbres d’Allemagne tentent par tous les moyens de ramener le blessé à la vie. Contrairement à ce qu’a dit le communiqué officiel, son état est grave, il est même désespéré. Le 4 juin au matin, Heydrich décède sans avoir repris connaissance.
Et, tandis que le chef de la Gestapo reçoit des funérailles grandioses, les représailles allemandes se déchaînent. Le 9 juin 1942, à la suite d’une vague rumeur selon laquelle il aurait hébergé des résistants, le village de Lidice est investi par un détachement de la division SS Prince Eugène. Aussitôt, cent soixante-douze hommes et jeunes gens sont fusillés, tandis que les femmes sont envoyées au camp de Ravensbrück où elles mourront toutes. Les enfants seront adoptés par des familles, en Allemagne, pour qu’elles en fas-sent de «bons Aryens». Après quoi, le village est brûlé et les décombres dynamités afin qu’il ne reste plus rien. Lidice n’existe effectivement plus, mais son nom devient un symbole et va conduire beaucoup de Tchèques à se dresser contre l’occupant. Pendant ce temps, où sont passés Jan Kubis et Josef Gabchik ? Eh bien, alors que la Gestapo et toutes les forces allemandes les cherchent à travers le pays entier, ils sont restés à Prague, là où le danger est le plus grand et où les organisateurs de l’attentat ont pensé qu’ils avaient, dans le fond, les meilleures chances de s’en sortir.
Ils ont trouvé refuge dans la crypte de l’église orthodoxe Saints-Cyrille-et-Méthode, une construction baroque au centre de la ville, tout près du château qui sert de quartier général aux nazis. Leur cachette est une cave froide, humide et sombre où on déposait autrefois les cercueils de religieux. Un seul escalier de bois y conduit. Il débouche sur une dalle située sous l’autel, qui a été rescellée et qui est parfaitement invisible. Kubis et Gabchik y ont rejoint d’autres patriotes tchécoslovaques, eux aussi recherchés par les Allemands. Ils sont sept en tout. Le seul officier de carrière parmi eux, le capitaine Opalka, en a pris le commandement.
Les prêtres leur ont donné des provisions, avant de refermer le passage derrière eux. Avec cela, ils peuvent tenir jusqu’à ce que la situation se soit un peu calmée. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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7 février 2010 à 0 12 13 02132
Histoires vraies
L’homme au cœur de fer (5e partie)
Résumé de la 4e partie n Heydrich décède, les représailles se déchaînent. Jan Kubis et Josef Gabchik se réfugient dans une église à Prague…
En attendant, la répression continue de plus belle et, même, elle s’intensifie. Dans les rues de Prague et dans toutes les villes de Tchécoslovaquie, les affiches rouges annonçant des exécutions capitales se multiplient. Le 10 juin, Karl Hermann Frank, le successeur de Heydrich, annonce que si, dans huit jours, le 18 juin, les assassins de l’ancien maître de la Tchécoslovaquie n’ont pas été retrouvés, le pays connaîtra un bain de sang.
Dans la population, la menace a un effet inverse à celui escompté. Elle soude les gens contre l’occupant, elle renforce le patriotisme dans tous les foyers. Malheureusement, il suffit d’une exception sur des millions d’individus, il suffit d’un traître pour faire tout basculer.
Karel Curda fait, lui aussi, partie de l’Armée libre tchécoslovaque. Lui aussi s’est réfugié en France, puis en Angleterre, après l’invasion de son pays ; lui aussi a été chargé d’une mission et parachuté aux environs de Prague. Seulement, ses chefs ont négligé un détail : sa mère est d’origine allemande. Après avoir exécuté convenablement sa mission, qui consistait à faire sauter un dépôt de matériel, Karel Curda s’est réfugié chez elle. Or elle ne partage pas du tout ses sentiments, et, jour après jour, tandis que la répression se déchaîne, elle s’emploie à le convaincre.
— Tu vois tous ces malheureux qui sont fusillés à cause de tes amis ? Et tu as entendu ce qu’a dit le successeur de Heydrich ? Si on ne les a pas retrouvés le 18 juin, ce sera un bain de sang. Tu dois les dénoncer !
Karel Curda n’a jamais eu des convictions bien solides, c’est un caractère faible. Il se laisse convaincre. Dans un premier temps, il se décide pour une demi-mesure. Il envoie une lettre anonyme à la police de son quartier :
«Arrêtez les recherches contre ceux qui ont commis l’attentat contre Heydrich. Arrêtez les assassinats de gens innocents, car les coupables sont Gabchik et Kubis.»
C’est tout ce qu’il dit. Il ne donne pas le lieu de leur cachette, que d’ailleurs il ne connaît pas. Seulement, son initiative ne donne aucun résultat. Les policiers ne transmettent pas sa lettre aux Allemands. Il n’y a pas que des patriotes parmi eux, mais ceux à qui il s’était adressé en font partie. Alors Karel Curda, qui a moralement déjà franchi le pas, le franchit réellement. Il se présente au château de Prague. Et la phrase qu’il prononce au factionnaire lui ouvre immédiatement les portes du bureau de Karl Hermann Frank :
— Je viens dénoncer les assassins de Heydrich.
Au chef des autorités d’occupation, Curda dit tout ce qu’il sait, principalement le nom des contacts qu’il a dans le pays : des familles pragoises, en apparence tout ce qu’il y a de paisible, qui l’ont caché au moment de sa mission. Immédiatement, la terrible machine de la Gestapo se met en marche. Des arrestations sont opérées séance tenante. Certains ont le temps de se suicider, mais pas tous. Ceux-là sont abominablement torturés et certains d’entre eux parlent. C’est ainsi que les Allemands apprennent la cachette de l’église Saints-Cyrille-et-Méthode. Le dernier acte va commencer. (à suivre…)
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7 février 2010 à 0 12 20 02202
Histoires vraies
L’homme au cœur de fer (6e partie et fin)
Résumé de la 5e partie n Karel Curda dénonce ses amis. La cachette de l’église est découverte. Le dernier acte va commencer.
Le 18 juin 1942, à 4 heures du matin, un important détachement de SS prend position sur les lieux. L’attaque se fait prudemment, car les Allemands ne savent pas exactement où se cachent les hommes. A peine sont-ils entrés dans l’église qu’ils sont accueillis par un tir nourri et doivent se replier en laissant plusieurs morts. Les Tchèques, qui les avaient vus venir, disposent d’un véritable arsenal et se sont installés dans la galerie surplombant la nef, d’où ils les ont pris sous leur feu.
Il faut faire appel à des moyens plus importants. Les Allemands font venir un canon, avec lequel ils tirent sur l’église. Les Tchèques se replient dans la crypte, non sans avoir perdu trois des leurs, touchés par les obus. Parmi eux, il y a Kubis et le capitaine Opaika, qui, blessé, a avalé une capsule de cyanure pour ne pas être pris vivant. Le traître Curda, qui est avec les assaillants, est prié par eux d’identifier les victimes. Il n’avait jamais vu les deux autres, mais il reconnaît Opaika, son chef.
Les quatre derniers résistants se sont réfugiés dans la crypte. Les SS, qui n’en ont pas trouvé l’entrée, dissimulée sous l’autel, leur disent par haut-parleur de se rendre, promettant qu’ils seront traités comme des prisonniers de guerre. Il n’y a pas de réponse. Curda prend le haut-parleur à son tour, pour les exhorter à déposer les armes. Cette fois, une salve d’injures monte des profondeurs.
Il faut en finir. Les assaillants ont découvert le soupirail par lequel la crypte communique avec la rue. Ils y introduisent une lance d’incendie pour tenter de noyer les occupants. Ceux-ci ont une échelle, qui leur permet d’accéder jusqu’à l’ouverture, et ils parviennent à retourner la lance vers la rue.
Les combats se poursuivent de manière acharnée pendant des heures. Les grenades lancées par le soupirail sont renvoyées par les assiégés. Enfin, les Allemands découvrent l’entrée sous l’autel et font sauter la dalle à la dynamite. L’assaut est donné, mais il est repoussé. Les SS sont en train de se retirer lorsqu’ils entendent quatre détonations au sous-sol. Ils reviennent prudemment. Les quatre hommes, se voyant perdus, ont retourné leur arme contre eux pour ne pas tomber vivants aux mains de leurs ennemis.
Les combats sont terminés. Les Allemands ont mobilisé en tout huit cents SS pour venir à bout de sept hommes. Il leur a fallu pour cela près d’une journée et ils ont subi de lourdes pertes. Celles-ci ne seront jamais connues, tous les rapports à ce sujet ayant été détruits sur ordre des autorités d’occupation.
Le traître Curda, après sa dénonciation, a touché les 10 millions de couronnes promises et il est allé se réfugier en Allemagne. Là, il a épousé une Allemande et a tenté de vivre sous un faux nom. Mais il a été identifié et arrêté en 1945. Jugé, il a été exécuté peu après.
Ainsi s’est terminée cette page glorieuse et sanglante. Si Jan Kubis, fermier de Moravie, et Josef Gabchik, serrurier à Bratislava, sont morts, leur geste n’a pas été inutile, loin de là. Il a provoqué la fureur de Hitler et il a soulevé une immense vague d’espoir chez les résistants, non seulement de Tchécoslovaquie, mais de tous les pays.
D’après Pierre Bellemare
Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup
17 mars 2011 à 12 12 19 03193
Bonjour,
J’ai trouvé votre site sur Twitter de manière fortuite, et j’ai découvert un site Web très joli à lire.
Un grand merci de partager tous ces sujets avec les lecteurs.
Continuez comme cela