Façe à la douleur
Hommes et femmes sont-ils différents ?
,Expérimentations et essais cliniques ont montré que les réactions à la douleur variaient en fonction du sexe, les femmes ayant un seuil de tolérance plus bas, une endurance moindre et des réponses neurophysiologiques beaucoup plus marquées que les hommes. En clinique, elles signalent davantage de zones sensibles que leurs homologues
masculins et ont plus souvent recours aux services de santé pour prendre la douleur en charge. Cependant, l’environnement social module profondément ces réactions sur lesquelles de très nombreux autres facteurs exercent une influence. On sait, par exemple, que les femmes, habituellement, parviennent à laisser moins longtemps que les hommes les mains dans l’eau froide mais que l’on peut augmenter leur résistance en annonçant avant l’épreuve des temps de performance supérieurs aux leurs. Une série d’études s’est attachée, d’une part, à apprécier l’importance de l’expérience de la douleur en fonction du sexe et, d’autre part, à définir les différences entre hommes et femmes quant à l’évaluation de douleurs diverses, endurées ou imaginées. Comme on pouvait le penser, les hommes avouent moins facilement les douleurs ressenties. Ultérieurement, ce type d’essai doit permettre de connaître l’influence du sexe sur l’appréciation de la souffrance et de savoir s’il est judicieux de donner, dans les deux sexes, les mêmes échelles d’évaluation de l’intensité douloureuse. Le travail présenté ici, mené dans une université de Floride, portant sur une population étudiante de 107 hommes et 85 femmes, éclaire certains aspects de ces questions. Il y était demandé de remplir un questionnaire de 79 items sur les expériences individuelles de douleur, réelle ou imaginée, ainsi qu’une évaluation de la douleur d’autrui dans des situations définies. Il est aussi à remarquer que l’expérience de la douleur au cours de l’anamnèse était globalement équivalente dans les deux sexes, bien que les hommes aient connu plus de blessures causées par un tiers et les femmes, plus de douleurs internes. Parmi les résultats obtenus, on note qu’hommes et femmes choisissent des références différentes lorsqu’il s’agit de désigner le type représentatif de la douleur la plus intense que l’on puisse imaginer : pour les hommes, ce sont les blessures profondes, pour les femmes, ce sont l’accouchement et les douleurs menstruelles. Cependant, malgré l’absence de différence globale d’appréciation entre hommes et femmes de l’intensité de la douleur, on constate qu’une douleur de type non éprouvé est considérée comme plus difficile à supporter qu’une douleur connue : ainsi les hommes ont tendance à surestimer (par rapport au jugement des femmes) des douleurs jugées typiquement féminines comme les douleurs menstruelles ou…le bris d’un ongle alors que les femmes considèrent comme particulièrement douloureuses les fractures et luxations. Dans l’ensemble, les hommes ont coté 5 items comme plus douloureux que ne l’ont fait les femmes, alors que ces dernières ont eu cette même démarche pour 12 des items proposés comme représentatifs de différents niveaux de pénibilité. Il semble aussi, d’après les résultats, que le vécu de la douleur ne dépende pas du nombre d’expériences antérieures mais de leur nature. Cette étude illustre donc certains aspects de jugement sur la douleur propres à chaque sexe et confirme l’importance de l’anamnèse dans les évaluations ultérieures mais, compte tenu des particularités de son recrutement, elle est peu représentative de la population générale et les investigations se doivent d’être poursuivies.n
03-02-2010
3 février 2010
Non classé