CAN 2008 : les Egyptiens se sont-ils dopés ?
Dans un entretien accordé au quotidien camerounais Mutations, Jean Pierre Njemba met en doute les performances égyptienne à la dernière CAN. Voici l’intégralité de l’interview parue dans l’édition du mercredi 13 février 2008 de Mutations. Difficile de lui contester sa connaissance du football qu’il a pratiqué comme joueur dans les années 70 au sein de l’élite locale notamment avec le Diamant de Yaoundé et l’équipe nationale du Cameroun. Au lendemain de la finale de la 26e édition de la Coupe d’Afrique des
nations, à peine rentré du Ghana où se déroulait la compétition, il a accepté de nous livrer ses clés de lecture de ce tournoi qui aura été prolifique en but (99 au total) et qui a consacré pour la 2e fois d’affilée, les Pharaons d’Egypte. Une équipe qui à dominé de la tête et des épaules, les Eléphants de Côte d’Ivoire donnés favoris en demi-finale, mais aussi les Lions indomptables du Cameroun par deux fois, avec une facilité déconcertante. Une performance égyptienne devant laquelle tout le monde s’est inclinée l’attribuant au sérieux de la préparation, à l’homogénéité d’un groupe. Tout le monde sauf peut-être Jean Pierre Ndjemba qui s’étonne de la puissance athlétique égyptienne et du décalage qu’il y a entre la qualité des prestations des Pharaons lors de cette Coupe d’Afrique des nations et les performance au cours des phases éliminatoires ou celles des joueurs égyptiens en clubs.
Quel est le bilan faites-vous de la 26è édition de la Can qui s’est achevée dimanche dernier à Accra?
Le bilan est simple à faire. Il y a un constat qui est conforté par les chiffres. L’Egypte a gagné six fois la Can, et le Cameroun vient en deuxième position avec quatre trophées gagnés. Je crois que cette appréciation statistique démontre s’il en était encore besoin, la suprématie du football égyptien sur le continent africain.
Au point de vue tactique, de la qualité du jeu, est-ce que l’expert que vous êtes a noté une amélioration du niveau de la compétition?
La qualité générale de la compétition a été plus que satisfaisante. Il y a eu des choses nouvelles, notamment ces buts marqués de plus de 20, 25, 30m, voire 40m. Ces frappes de balles à distance n’ont pas été jusqu’à présent une caractéristique du football africain. On sait que les footballeurs africains ont toujours eu comme péché majeur de vouloir enter dans les filets avec le ballon, en multipliant des actions individuelles ou des combinaisons jusqu’à la surface de réparation adverse. Maintenant l’efficacité a pris une autre envergure dans la mesure où comme les footballeurs européens, les footballeurs africains tentent de loin. C’est ça qui justifie un peu l’accélération du compteur but comme on a pu observer pendant cette coupe d’Afrique des nations. On est largement au dessus d’une moyenne de trois buts par match. C’est considérable pour une compétition de cette nature qui s’est déroulé dans un environnement climatique très dure. Que ce soit à Kumasi, à Tamalé dans le Nord, dans les confins du désert; et même Accra, le climat était extrêmement difficile: chaud et humide. Donc avec ça, c’est une prestation plus qu’honorable.
Vous parlez des buts marqués sur des frappes à distance. Est-ce le fait des gardiens médiocres ou de l’adresse des attaquants?
Non ce ne sont pas que les attaquants; il y a une évolution fondamentale dans le foot mondial. Tout le monde attaque et tout le monde défend. Le dispositif tactique même de base n’a plus aucune signification. On vous parle de 4-5-1,… tout ça c’est juste parce qu’il faut bien avoir un dispositif théorique avant le début de la rencontre, mais ce qui est important c’est la capacité physique de toutes les composantes de l’équipe à se muer en attaque pour pouvoir mettre à défaut la défense adverse; et à fortiori à commencer les actes de défense très haut, à partir des présumés attaquants. On a vu un joueur comme Idrissou gagné sa place sur le terrain pas pour ses qualités d’ordre offensive, mais parce que sa rapidité de course à occuper de grands espaces, sa disponibilité était de nature à empêcher l’adversaire d’exploiter le couloir où Atouba était livré à lui-même. On l’a vu lors de la première rencontre contre l’Egypte.
De plus en plus on choisit certains joueurs pour leurs qualités offensives et défensives. Donc c’est un peu le football total que des Hollandais à travers l’Ajax d’Amsterdam, dans les années 70. Je me demande si aujourd’hui vous pouvez me dire si Njitap est défenseur ou attaquant. C’est lui en réalité le meneur de jeu de l’équipe du Cameroun. Ça s’est moins vu vers la fin de la compétition. Les adversaires l’ont compris et ils ont mis un dispositif de blocage de son couloir et il a été moins présent. C’est quand même inédit par rapport à ce qu’on fait habituellement.
Vous avez un peu embrayé sur la participation du Cameroun à cette compétition. Une prestation catastrophique d’entrée mais au bout une sortie honorable à défaut d’être glorieuse. Qu’est ce qui peut expliquer cette mutation des Lions indomptables?
La mutation du Cameroun est facile à comprendre. J’avais dit avant la compétition, que notre début de compétition sera très difficile parce que nous n’avons pas du tout eu de préparation. Ça a été une mascarade de préparation parce que nous avons passé presque un an à épiloguer sur la méthode à utiliser pour choisir un entraîneur alors qu’on sait bien comment çà se passe. On a même fait des choses incroyables. Il y a eu une procédure d’appel d’offre, puis une short-list. Ça nous a beaucoup amusé en même temps que ça nous a peiné parce que les autres avaient leurs entraîneurs, faisaient des matches amicaux. A titre d’exemple, les Egyptiens ont joué 21 rencontres en 2007 alors que nous en avons effectué sept. A partir de ce moment là je savais que le début de la compétition sera très difficile. Pour dire vrai, l’hypothèse d’une catastrophe du type élimination au premier tour pour moi était envisageable. Je n’ai pas osé le dire dans les médias parce qu’il faut savoir se retenir. Mais ce score contre l’Egypte ne m’a pas du tout surpris parce que dans ce domaine là ce n’est pas le jour du marché qu’on donne à manger au porc ou à la poule mais avant et de façon progressive. Donc le démarrage difficile, j’ai trouvé ça normal.
Mais je savais qu’au fur et à mesure de la compétition, si les Camerounais passaient le premier tour qui en réalité faisait office de préparation, ils seraient très difficiles à prendre aux quarts de finale et aux demi-finales. Ça s’est concrétisé à la finale où les Egyptiens ont eu du mal à se défaire des Camerounais. Ce but, s’il n’avait été offert par une défaillance de Rigo, qui pourtant de mon avis a fait sa meilleure prestation en coupe d’Afrique des nations, je crois que l’Egypte serait arrivé difficilement face à une équipe camerounaise qui a été admirable de volonté. Le fort mental des camerounais a véritablement prévalu. Ceci dit, ça avait une dimension humaine. Alors la question qui se pose maintenant c’est bien de déplorer le manque de préparation de l’équipe. Et c’est bien d’en parler, que ça fasse les choux gras des médias, mais il faut bien que ça s’arrête un jour.
L’Egypte, détenteur du titre, n’était pas spécialement attendue au soir du 10 février sur le podium. Où faut-il aller chercher les leviers de cette performance de l’équipe égyptienne qui comme on le sait n’a pas d’individualités remarquables?
Vous avez parfaitement raison, mais pour avoir quelques éléments de réponse, il faut d’abord observer le parcours de l’Egypte pendant la phase éliminatoire. Ce pays a rarement gagné en terrain adverse. 1-1 contre la Mauritanie, 0-0 contre le Burundi, 0-0 contre le Botswana,…c’est quand même incroyable que le champion d’Afrique qui a quand même survolé la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations peine devant des équipes insignifiantes, ces 3 pays que je viens d’évoquer. Partir d’une prestation comme celle là pendant la phase éliminatoire pour régner sur la compétition, avec une insolence tout à fait claire et incroyable nous amène à nous poser des questions.
Mais est-ce que ce n’est pas la récompense d’une préparation bien menée, d’un collectif, d’une ossature assise sur des clubs locaux bien structurés; à la différence des autres nations qui sont des agrégats d’individualités évoluant parfois dans des clubs huppés en Europe, l’Egypte conserve une ossature bâtie autour de grands clubs comme le Zamalek ou Al Ahly?
Il y a de cela dans l’explication de la réussite de l’Egypte. Tous les arguments que vous avez évoqués sont importants mais parmi les 16 pays qui étaient à la Can, plus de la moitié font des efforts dans les domaines que vous avez évoqués. Ce n’est pas suffisant pour que les Egyptiens caracolent en tête. Si l’Egypte était si forte, pour quoi ne se qualifie-t-elle pas à toutes les phases de Coupe du monde? Pour quoi chaque fois que l’Egypte n’arrive pas aux quarts de finale de la Coupe du monde et réalise une prestation comme celle du Cameroun qui a véritablement été à la base de la crédibilité du football africain? Ce sont des questions qu’on se pose. Deuxièmement, je crois que nous savons tous que les meilleurs joueurs de la planète se retrouvent dans les compétitions en Europe où il y a des sommes importantes qui sont accordées aux joueurs parce que c’est eux les meilleurs de la planète. Mais d’où vient-il que l’Egypte qui règne autant sur le football africain n’ait que des joueurs évoluant dans des clubs sommes toutes modestes; à Strasbourg, à Hambourg avec un Zidan qui est plus ou moins remplaçant, et que le reste, l’essentiel ne soit composé que de joueurs locaux.
A vous écouter, il y a une explication extra sportive au succès égyptien. Est-ce que la victoire égyptienne s’est construite en dehors du terrain? Surtout quand on sait qu’il y a des pratiques qui pendant des années ont collé à l’Afrique subsaharienne et qu’on n’a pas toujours prêtées aux pays du Maghreb. Parlez-vous des pratiques occultes? A quoi faites-vous allusion exactement?
Ecoutez! J’ai eu à apprécier des athlètes comme la sprinteuse Marion Jones qui laissait ses concurrentes à 10 ou 15m derrière. J’ai vu des Ben Johnson battre des records du monde devant un Carl Lewis qui était largué. Je crois que la prestation a une dimension inhumaine, parce qu’illogique. Comment cette équipe qui s’est produite dans des conditions climatiques difficiles a eu de telles prestations. Tamale c’est presque aux confins du désert; Accra a un climat chaud et humide comme Douala. Qu’ils accélèrent autant en fin de compétition qu’au début, ça a constitué une énigme. Lors du match contre la Cote d’ivoire, menant 2-0, la Cote d’Ivoire a réussi à marquer un but qui aurait du assommer l’Egypte pendant au moins une dizaine de minutes, mais l’Egypte a trouvé des ressources incroyables pour revenir, accélérer, marquer un 3e puis un 4e but. Et à deux jours de la finale, au lieu de préserver ce résultat et de s’économiser en prévision de la finale, ils ont continué à accélérer et ont failli marquer un 5e but contre une équipe qui était véritablement la favorite pour tous les observateurs de cette compétition; et qui étaient constitués de footballeurs qui évoluent dans les pus grands championnats de la planète.
Il y a une énigme Egypte. Je ne sais pas. C’est vrai qu’il y a de temps en temps des contrôles antidopage au niveau de la Caf, mais est-ce que tout cela est fait dans les règles de l’art? Nous, au niveau de la Dynamique des amis du football (Daf), dont je suis le président, nous allons interpeller la Caf sur la nécessité d’engager dès maintenant une enquête sur cette affaire de manière à ce que nous soyons réconfortés. Mais en tout état de cause, pour les autres phases finales de la coupe d’Afrique, que tout soit mis en œuvre avec les méthodes modernes pour que les performances des joueurs ne soufrent d’aucune contestation. Vous savez, quand j’ai vu Maradonna en 1986 partir de sa moitié de terrain, balle au pied, dribbler 7, 8 joueurs, le gardien avoir la lucidité de marquer le but et de courir sur 50m à toutes vitesse pour célébrer ce but, je me suis dit qu’il y a certainement quelque chose d’inhumain dans cette prestation. Quelques années après on l’a pris la main dans le sac; et on a compris. C’est un joueur d’exception du point de vue de ses dons, mais ses prestations sur le plan physique étaient de nature à intriguer. Ce qui se passe aujourd’hui je crois qu’on doit s’interroger et nous au niveau de Daf, nous allons interpeller ceux qui doivent l’être pour que toute la lumière soit faite sur la prestation de ces Egyptiens que personne ne connaît dans le monde à l’occasion des Coupes du monde de football.
Ne revêtez vous pas là le manteau du mauvais perdant en tentant d’expliquer ainsi l’incapacité du Cameroun à dominer l’Egypte?
Je ne peux pas être mauvais perdant d’autant plus que je l’avais déjà dit sur les antennes de la télévision nationale. Avant même que le coup de sifflet final arrive au Cameroun, j’avais dit que nos enfants doivent avoir une mention honorable. Ils sont allés au bout d’eux-mêmes. On a vu les efforts qu’ils ont fournis. Leur prestation avait une dimension humaine, face à une équipe qui ne semblait pas forcer, qui avait l’air au dessus de ce qui pourrait être fait sur le plan humain; avec une facilité déconcertante. Qui connaît Abou Terika dans le reste du monde ? Qui connaît ce Zidan qui a donné la balle de but à Abou Terika dans des conditions rocambolesques: après qu’il soit tombé, il a eu la lucidité de faire une passe. Comme par hasard Abou Terika étaient en poste. Ils avaient de la fraîcheur physique. Nos enfants ont réalisé une prestation de grande envergure. Mais est-ce qu’ils étaient dans les mêmes conditions que leurs adversaires? C’est la question que je me pose.
Est-ce que vous pensez que l’Egypte a pu accéder à des techniques évoluées de dopage, le dopage sanguin au centre de scandale en athlétisme et en cyclisme et au cœur d’une polémique entre le journal français Le Monde et quelques grands clubs de football espagnol notamment?
Je crois que le football a une dimension universelle. Tout le monde agit sous l’égide de la Fifa. Donc quand il y a évolution, même dans le domaine médical, des contrôles,…en Occident dans les grandes compétitions, il faudrait que les mêmes méthodes soient appliquées chez nous. Sinon les règles de jeu seront faussées. Tout ce que je demande à la Caf et à la Fifa, c’est d’imposer les méthodes qui sont appliquées en Coupe du monde pour que les mêmes soient appliquées aux compétitions comme la Can. Je ne suis pas un expert en la matière mais vous verrez que quand ces dispositions seront prises, beaucoup de choses vont changer.
Des pays de niveau de développement comparables à celui de l’Egypte comme l’Afrique du Sud ou la Tunisie n’ont pas pu se hisser à son niveau. L’Egypte ne tire t-il pas tout simplement les dividendes de ses bonnes dispositions tactiques et cette forme physique au dessus de la moyenne?
Tout ce que vous évoquez là est important. Mais tant que vous n’êtes pas en parfaite condition physique, vous ne pouvez rien appliquer du tout. La dimension physique est un aspect nécessaire dans la prestation d’une équipe. Et je crois que la grande différence avec cette équipe d’Egypte pendant cette compétition c’est que la fraîcheur physique était du côté de l’Egypte. Et c’est ce qui a permis à l’Egypte non seulement de contrôler le jeu, mais aussi de contrer toute les stratégies et toutes les tactiques qui ont pu être mises sur pied par leurs adversaires. Mais également de triompher. L’impression que j’avais c’est que l’Egypte marquait quand elle décidait de la faire. Elle plaçait des coups d’accélérations et dans les minutes qui suivaient, c’était clair ; et elle marquait son but.
La prestation du Cameroun est véritablement à mettre en exergue parce que la Cameroun a plié grâce à la générosité de son équipe; mais surtout grâce à un Carlos Kameni de très grands jours. Sa contribution a été énorme. C’était un peu le Carlos de Sydney, en 2000 avec plus d’expérience. J’en discutais avec Thomas Nkono qui est son maître. Il m’a dit:’’Carlos a fait un match exceptionnel. Moi-même je me voyais dans sa prestation ’’. Ceci nous a valu de ne pas boire le bouillon avant ce but qui leur a été donné, parce qu’à 20m, 30m, 40m ils tentaient tout parce qu’ils avaient la fraîcheur physique. Quand votre adversaire est physiquement plus frais que vous, s’il a les mêmes armes techniques, si sur le plan tactique il a un staff qui s’est bien préparé, il n’y a pas de raison qu’il ne triomphe pas.
L’Egypte n’a pas toujours été à son aise surtout sur deux matches, face à des équipes dont la caractéristique était la relative jeunesse de leur effectif, la relative fraîcheur de leur équipe. Il s’agit de la Zambie avec qui les Pharaons ont fait un but partout; et l’Angola qu’ils ont battus 2 buts à 1, laborieusement d’ailleurs.
C’est arrivé pendant les phases de poules, que l’Egypte ait une prestation moyenne. Il ne faut pas quand même exagérer. Vous ne pouvez pas être parfait à toutes les rencontres. C’est vrai qu’il y a des matches où ils ont de temps en temps repris la dimension humaine, mais dans les matches décisifs, l’Egypte a survolé. J’ai la conviction qu’ils avaient quelque chose en plus par rapport aux autres. Vous n’allez pas me demander d’apporter tous les éléments de preuves, parce que je n’ai pas. C’est l’ancien footballeur, l’observateur je crois averti qui vous parle. Je persiste et je signe, je dis il y avait quelque chose, je ne dirais pas de nauséabond mais d’inexplicable dans la facilité avec laquelle les Egyptiens se son imposés dans les moments difficiles. Parce que nous l’avons rappelé, jouer contre des équipes comme la Mauritanie, le Burundi, le Botswana, et peiné, je crois que c’est bizarre.
C’est vrai qu’on se pose la question de savoir que ferait-elle si la Caf ne lui avait pas facilité la tâche en la mettant dans ce groupe, où il n’y avait en face presque personne? Voilà, ce sont des interrogations, mais je dirais. Au niveau de la Daf, nous allons assumer en interpellant la Caf, en interpellant la Fifa. J’espère que ça va lancer le débat et à la prochaine Can, toutes les dispositions seront prises pour qu’il n’y ait le moindre doute sur la réalité de la prestation des équipes.
Cette Can a révélé de jeunes joueurs camerounais qui ouvrent des perspectives pour l’avenir. Quels sont les leviers sur lesquels on peut jouer au niveau de l’encadrement technique, administratif pour que dans deux ans le Cameroun présente l’équipe la plus compétitive possible et qu’elle puisse réinstaller ce pays sur le toit de l’Afrique?
Sur ce point je serai relativement bref parce qu’on a suffisamment débattu sur les raisons de l’inefficacité du Cameroun au niveau de l’organisation, sur les raisons de l’insuffisance de l’encadrement technique, du choix de ceux qui sont appelés à gérée cet encadrement technique. Je crois qu’il y a une chose à faire tout de suite. Et ça je me permets d’interpeller le chef de l’Etat parce qu’il est le seul à le faire. Et d’instruire une révision des textes qui régissent les élections des membres de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot). Les textes ont été tellement tripatouillés que personne n’est capable de vous dire à ce jour quels sont les textes en vigueur. Donc d’instruire la mise en place d’un groupe de travail qui devra revisiter ces textes, de manière à permettre à tous les concurrents d’avoir leur chance dans cette compétition. Pare que tant que la Fécafoot n’est pas crédible, tant que nous évoluons dans cette situation, je vous assure, faites tous les forums, tous les états généraux que vous souhaiterez, vraiment ça ne servira à rien. Et après que ces textes aient été améliorés, qu’on lance des élections crédibles dès la base pour que toutes les associations qui souhaitent s’intégrer dans ce processus le fassent.
Le Chef de l’Etat a accepté de procéder à une révision de la constitution au Cameroun. C’est parce que la crédibilité de tout le processus démocratique vient du fait qu’on privilégie la dimension populaire dans le choix des hommes. Ce n’est pas par des stratégies administratives qu’on instaure une démocratie. Et c’est pour ça qu’au lieu de penser à dissoudre la fédération, ce dont je suis contre, il faudrait donner la possibilité de rendre les textes transparents, crédibles, de manière à ce que des hommes véritablement honnêtes et soucieux de l’intérêt général du football prennent en main la gestion de ce football au niveau de la fédération.
Est-ce que tout ceci n’est pas à la périphérie? Avec la nouvelle pépinière qu’on a vue à la Can 2008 et la cuvée de l’équipe olympique, est-ce qu’il n’y a pas lieu plutôt de mettre sur pied un programme de travail pour donner au Cameroun l’occasion d’être en 2010 la première équipe africaine à accéder en finale d’une coupe du monde, et pourquoi pas l’emporter?
Nous avons une opportunité unique de gagner une Coupe du monde. Et ce qui m’a séduit dans le dossier de motivation d’Otto Pfister que j’ai vu avant que le ministre des sports ne le choisisse, c’était une phrase. Elle disait: » je pense que l’équipe du Cameroun est la seule équipe africaine en mesure de gagner la Coupe du monde « . Et c’est pour ça que j’ai accédé au choix d’Otto Pfister en tant qu’observateur. Parce que les Camerounais ont quelque chose de particulier qui fait qu’ils ont le potentiel pour gagner la Coupe du monde. Il leur manque une seule chose. Ce ne sont pas les programmes. Jules Nyongha m’a montré des tas de programmes qu’il a élaborés depuis des années, mais rien n’a été appliqué. Tant que la Fécafoot et le ministère ne travailleront pas main dans la main, vous pourrez faire tous les programmes que vous souhaitez, vous arriverez à faire des prestations honorables comme celle que le Cameroun vient de faire, mais vous ne gagnerez jamais la Coupe du monde, parce que c’est une compétition de très haut niveau. Et c’est ces petits détails à tous les niveaux qui feront que vous n’accéderez jamais au podium final.
Je crois que sans une véritable réforme, on ne parviendra à aucun résultat. Ce n’est pas normal que ce soit l’Etat qui paie les joueurs, les chambres d’hôtels, les frais de transport; et que la fédération encaisse des milliards venant de la caf, de la Fifa, des sponsors, et se limite à faire venir des dizaines de personnes. Je les ai vus au Novotel à Accra et j’ai tremblé en ma disant: qu’est-ce qu’ils font ici? C’est des anciens ministres, des anciens députés, tout sauf des gens qui sont concernés par la chose footballistique.
par Superpipo
3 février 2010
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