MARCHÉ INFORMEL : 200 milliards de dinars de fraude fiscale annuelle?
“90% de la fraude fiscale dans notre pays vient du marché informel. Il ne s’agit pas, comme le prétendent les pouvoirs publics, de 70 milliards de dinars, mais de 200 milliards de dinars, soit à peu près le budget de 5 à 600 communes moyennes.” C’est ce qu’a affirmé, hier, M. Bounour Hadj Tahar, porte-parole officiel de l’UGCAA, en marge des travaux de l’union qui a regroupé à Oran les représentants des wilayas d’Oran, de Saïda, de Tiaret, de Sidi Bel-Abbès et d’Aïn Témouchent. En fait, cette sortie sur le terrain de la direction centrale avait un double objectif : préparer les assises du prochain conseil national avant la fin du mois de juin et débattre de la dernière loi concernant la préservation du droit du consommateur.
L’enjeu est de taille comme on le voit puisque ces assises fixeront la date du prochain congrès.
Le regroupement d’hier s’inscrit donc dans cette perspective, comme ceux qui ont eu lieu mercredi à Relizane et à Aïn Defla.
Et c’est donc à partir de ce congrès que les choses sérieuses commenceront dans la mesure où l’UGCAA devra mettre en conformité son statut avec la loi 90/14 — ce qui n’est pas le cas actuellement — élire une nouvelle direction crédible, capable de sortir certains bureaux des crises qu’ils connaissent et enfin tracer un programme de travail clair et ambitieux pour les quatre ou cinq années à venir où il faudra faire face aux exigences de l’OMC, s’attaquer aux racines du marché informel et revoir les charges trop élevées qui pèsent sur les commerçants.
Ils sont en nombre de 1 220 000, selon M. Bounour, qui estime que “95% des produits frelatés, périmés et contrefaits du marché proviennent de l’informel, un secteur où même l’argent sale est blanchi.”
Pour lutter contre ce mal qui ronge l’économie nationale, le porte-parole de l’UGCAA préconise deux solutions.
La première à court terme, consiste à revoir à la baisse des charges imposées aux commerçants légaux c’est-à-dire qui ont pignon sur rue et la seconde à long terme serait l’installation d’une commission nationale qui assainirait le marché en mettant fin au commerce informel à charge pour elle de trouver les moyens “le remède n’est pas technique”, nous dit-il, “il est politique et nous dépasse pour l’instant”.
Du reste si l’État n’extirpe pas ce fléau, la nouvelle loi sur les droits des consommateurs serait vidée de sens et ne servirait à rien. “De plus, nous n’avons pas été associés à son élaboration”.
D’autres points de l’ordre du jour on été débattus au cours de cette rencontre comme la campagne de sensibilisation à partir de la semaine prochaine, sur les risques d’intoxication en période de grandes chaleurs, opération à laquelle l’UGCAA souscrit totalement.
Mustapha Mohammedi
2 février 2010
M. MOHAMMEDI