Quand le soleil algérien brille dans la nuit française
J’ai beaucoup pensé à l’Algérie, à ce pays qui peut étonner le reste du monde, dans tous les domaines, comme notre équipe nationale de football étonne en ce moment.
Il est des communions heureuses qui ne se présentent pas chaque jour. Le football, malgré lui, sait, parfois, réunir les gens et leur donner du grand bonheur. Dimanche soir, dans un grand café parisien, spécialiste des retransmissions sportives, près d’un millier d’Algériens s’y sont retrouvés dans le IXe arrondissement de Paris, devant une centaine d’écrans de télévision. Majoritairement jeunes, filles et garçons, ont chanté, dansé, bu et fait la fête après la rencontre de football entre les Algériens et les Ivoiriens. Le patron du café a préféré donner la parole à Hafid Derradji sur El Jazeera Sport, mais les propos du speaker sportif étaient souvent inaudibles, tellement le son de la derbouka et des chants, en kabyle et en arabe, avaient pris le dessus. Des chants qui donnent la chair de poule quand l’équipe algérienne réussit un match de haut niveau, probablement son meilleur match depuis quinze ans. Et du coup, le soleil algérien a longtemps brillé dans la nuit française. Ces jeunes Algériens à Paris viennent des quatre coins du pays de Kateb Yacine, certains boivent de la bière, quelques filles fument, d’autres arborent une barbe visiblement en rapport avec la foi religieuse : tous cohabitent en paix et dans la joie, en souhaitant la victoire des Verts. C’est dans cette grande salle parisienne que l’Algérie se réconcilie véritablement avec elle-même, c’est dans ce café parisien et sur le terrain de jeu en Angola qu’on s’aperçoit que nous pouvons, en tant qu’Algériens, faire cent fois mieux à tous les niveaux. Oui, j’ai vécu, ce soir-là, un moment agréable et exaltant. J’ai beaucoup pensé à l’Algérie, à ce pays qui peut étonner le reste du monde, dans tous les domaines, comme notre équipe nationale de football étonne en ce moment. «Véritable match dans le match, le duel entre «Coach Vahid» et Rabah Saâdane aura été l’une des clés de la rencontre. Et celui qui s’est montré le plus futé à ce petit jeu est le sélectionneur algérien », écrit le quotidien français Le Figaro. Bel hommage pour cet homme, timide et compétent, que j’ai toujours respecté. Et pourtant, l’enfant de Batna a été souvent raillé et traité comme un moins que rien dans son propre pays. Des Rabah Saâdane, il y en plein dans les autres secteurs d’activités en Algérie. Il y en a beaucoup qui apportent leur savoir, leur labeur, leur intelligence sans qu’on leur rende le moindre hommage, sans qu’on ne les traite à leur juste valeur. La victoire de l’Algérie en football peut servir d’exemple. Elle peut constituer un déclic pour que notre pays se rapproche rapidement des rivages de la justice sociale, du développement, des libertés, de l’harmonie. Il est peutêtre temps que les Algériens établissent une société civile autonome en dehors des partis et du pouvoir… Cette société civile serait capable d’apporter de vraies solutions aux problèmes du pays… Oui, ce n’est pas impossible… Les Algériens ont, de tout temps, été capables de miracles… Y. Z.
Par Youcef Zirem, écrivain
1 février 2010
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