Chez vos libraires
Chihab en force
Liban, de Yamilé Ghebalou-Haraoui ; Yasser Arafat m’a regardé et m’a souri de Yussef Bazzi ; La brèche et le rempart de Badr ‘Eddine Mili, ce sont là les titres de trois pérégrinations romanesques qu’on vous propose cette semaine.
Tous édités aux éditions Chihab, ces livres nous permettent tout au long des chapitres d’entrer dans des univers romanesques en rapport étroit avec des vies, des personnes de tous les jours et, peut-être aussi, avec des rêves ou souvent l’humanité en souffrances trouve refuge… Liban en 180 pages, un roman où coexistent deux pays tourmentés par des histoires sanglantes. Le Liban pour raconter l’Algérie : d’emblée la photographie de la première de couverture a une forte portée symbolique, une vue sur une ville libanaise, la Méditerranée un témoin géographique qui encore une fois rapprochent deux peuples ; deux peuples en mal avec leur Histoire non commune … Inévitablement, les deux peuples des deux pays se rapprochent par une histoire ou des histoires communes, peut-être aussi des histoires qui divergent. Les êtres anonymes de ce roman à l’image d’Esmet-Nour, dont le nom revêt deux identités, à la fois féminine et masculine… Un roman subtilement raconté avec une sensibilité féminine mais aussi humaniste, la plume de Ghebalou nous le permet… Pourtant tout au début du roman «la balle siffla…», et à la fin «les yeux de cette autre se sont ouverts en lui…» En 325 pages, la Brèche et le Rempart de Badr’Eddine Mili, là aussi l’Histoire qui hante refait surface, cette fois c’est l’Histoire de l’Algérie, plus précisément à Constantine et pas n’importe où, c’est à Aouinet El Foul, pendant la seconde guerre mondiale ,l’Indépendance …la rencontre de deux modes d’être, l’un traditionnel et l’autre moderne … Une rencontre qui n’est pas sans conséquences sur la vie des gens. Avec le premier mode d’être on est dans la culture de la survivance sans lendemains ; avec l’autre nous sommes dans une école culturellement et linguistiquement occidentale… « …Un homme libre, ça doit sonner fort et résonner loin », c’est ainsi que s’achève le roman de Mili qui ,en quatorze chapitres, nous raconte l’histoire d’une famille constantinoise située dans une époque historique critique… Le roman de Yussef Bazzi, un auteur libanais d’expression arabe, sous le titre Yasser Arafat m’a regardé et m’a souri, est traduit de l’arabe au Liban. Aux éditons Chihab, il est paru en français. Le roman est un journal écrit par un combattant durant la guerre civile libanaise. Mais là encore, il ne s’agit pas de n’importe quel combattant, c’est un combattant très jeune qui réalise la guerre sous son aspect réel, au point de le percer et d’arriver à un certain irréalisme ! Ce journal poétisé est à l’image de la photographie de la première de couverture où coexistent un chaton tout frêle entre un pied et un clash d’un soldat assis… « Chaque lecture est un acte de résistance. Une lecture bien menée sauve de tout, y compris de soi.» de Daniel Pennac. Nos choix livresques de la semaine valent cet acte de résistance car toute lecture est un voyage et le plaisir de lire n’est finalement qu’un aboutissement ! Hamida Mechai
1 février 2010
Non classé