Indice de Madjid Bekkouche : Il faut retarder ce qui ne peut être évité
Il est normal que les multinationales investissent massivement dans des pays qu’ils finissent par s’approprier. Certains pays sont même devenus des concessions multinationales pour les consortiums occidentaux. De toutes les façons, les montants engrangés par ces entités au sein des économies qu’elles ont tendance à cannibaliser,
ne sont en rien comparables aux quelques milliards de dollars injectés çà et là, donnant une impression de prospérité, en récupérant dans le vivier local des milliers de compétences qui sont ravies de la valorisation salariale et par un niveau de vie qui tranche avec l’indécence du salaire local. Mais en fabriquant la prospérité d’un petit nombre, et dans des zones qui sont naturellement prospères, la multinationale a déjà sur la conscience –en a-t-elle une d’ailleurs ?- des dizaines de cadavres d’entreprises économiques locales, des dizaines de milliers de chômeurs et un manque à gagner fiscal pour l’Etat qu’il ne compensera jamais et surtout pas à travers les activités des multinationales qui, elles, fonctionnent comme un arbre qui plante ses racines un peu partout, mais avec des branches qui pendent du côté de la maison-mère où sont cueillis les fruits. Auparavant, les multinationales occidentales allaient sur les traces des armées de leurs pays d’origine ou des armées de leurs alliés stratégiques qui leur servaient d’éclaireurs et de nettoyeurs.
Les activités militaires étaient alors menées, dans les pays en question, en parfaite harmonie avec les intérêts des multinationales. Ce procédé, bien qu’encore usités dans certaines zones dites en guerre chronique, ont fini par céder la place, ces dernières années, dans les zones pacifiées ou pacifiques, à des offensives plus fines dont l’OMC détient les instruments. Si vous êtes une réserve de croissance, longtemps laissée en jachère par les artifices de la politique et par l’art de la géostratégie, vous ne pouvez pas ne pas être dans la ligne de mire de la convoitise multinationale. Cela surtout si vous êtes l’un des pays les plus riches d’Afrique et que vous portez le nom Algérie, symbole de résistance et de combattivité. Il suffit qu’on vous présente l’OMC comme un club de privilégiés avec un accès payant et qui ouvre droit à une prospérité sans fin, pour que cette adhésion, qui n’est pas du tout la bienvenue pour notre pays, soit présentée comme une étape d’élévation dans le cadre de la marche de l’Algérie vers l’économie mondialisée. C’est pourtant une manière
de pactiser avec les multinationales auxquelles les règles de l’OMC vont comme un gant, et qui leur permettent d’agir en conquérantes, soumettant toutes les valeurs humaines et sociales au principe de la marchandisation, aliénant des millions de personnes qu’ils peuvent désormais atteindre, à un mode de vie qui finit par devenir indispensable, favorisant une économie à deux vitesses, l’une vive et intégrante d’une minorité, l’autre atone et marginalisante de la majorité. C’est en ayant à l’esprit toute cette réalité qu’on ne peut que penser, sachant que le rendez-vous avec l’OMC et ses multinationales est à venir, qu’il nous faut prendre le temps de nous préparer pour harmoniser notre développement, un développement durable et global, avec les contraintes de la mondialisation.
1 février 2010
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