TIZI OUZOU
Les écrivains se cachent pour mourir
Kamel BOUDJADI - Dimanche 31 Janvier 2010 – Page : 20
Du temps où il faisait bon vivre. Qui s’en souvient? Pas la dernière génération, en tout cas.
Ceux-là, pour qui ces années-là ne sont qu’un doux souvenir, se les rappellent, le coeur serré. Où se cachent les artistes, mais surtout où se terrent les écrivains, les anciens? De Tahar Oussedik, mort dans l’anonymat total, à Chabane Ouahioune et Boukhelfa Bitam qu’on feint d’oublier, même les noms sont dissimulés dans l’actuelle amnésie ambiante.
Ces lieux où les écrivains se retrouvaient jadis sont aujourd’hui englués dans une perverse métamorphose.
Dans les librairies, on ne sent plus l’odeur du papier. Enfin si, mais, c’est le papier pour emballer les sandwichs.
Des gargotes en lieu et place du livre. Du temps de l’inquisition on le brûlait et les temps modernes, serait-on tenté de dire, ne sont plus cléments.
On le fait disparaître, à coups de casse-croûte. Une pizza rapporte plus qu’un livre et tant pis pour les gueules des nostalgiques récalcitrants. Aujourd’hui, à Tizi Ouzou, il y a beaucoup d’écrivains. Mais, on les oublie.
La Maison de la culture, pourtant saupoudrée de journées en hommage aux artistes, fait mine d’ignorer ces écrivains.
De nos temps, ces cafés habituels où l’on pouvait discuter avec un écrivain ont changé de fréquentations.
Aujourd’hui, la vie culturelle est morne ou plutôt elle a changé d’adresse. Il faut aller à Paris pour avoir une petite conversation avec les écrivains et les artistes. Faute de moyens, il faut manger une pizza en pensant aux livres.
Toutefois, ne nous décourageons pas, ils reviendront cet été comme d’habitude pour nous voir et nous apporter quelques bonbons et quelques chemises de France.
Nos artistes ne penseront certainement pas à changer les choses.
Et nous retrouverons, l’automne venu, notre quotidien morne, nos pizzerias et nos cafés et les souvenirs d’un passé, à jamais révolu.
Et les écrivains demeureront toujours oubliés et absents.
Et les jeunes continueront à partir comme le temps qui passe…irréversiblement.
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31 janvier 2010
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