Sports : «Nous ne vous abandonnons pas quand vous sombrez !»
Par Maâmar Farah
Plus que quelques minutes avant la fin d’une rencontre à mettre vite aux oubliettes. Il y avait cet arbitre «acheté», mais il y avait aussi une vérité incontournable : la sélection nationale
venait d’atteindre ses limites. Physiques, tactiques, techniques, psychologiques… Les «Verts» ne sont pas encore la meilleure formation du continent. Il leur faut évoluer davantage, acquérir cohésion et solidité… L’objectif des quarts de finale n’était pas une lubie de l’entraîneur : c’était une perspective réaliste et honorable.
Partis de rien, incapables même de se qualifier aux précédentes CAN, ces joueurs et leur staff technique nous ont offert le plus important : une qualification en Coupe du monde et une présence dans le carré d’or de la CAN. Que demander de plus, écrivions-nous jeudi… Plus que quelques minutes avant le coup de sifflet final… Nous quittons le café. Les rues sont tristement vides. Il fait un froid glacial qui ajoute à la désolation de cette nuit noire… «Il faut éviter le centre-ville…» Ma recommandation est accueillie par la moue de Salah et Nacer : «Qui va sortir maintenant que l’Égypte nous a écrasés ?» Nous avançons dans les rues désertées.
La radio de la voiture nous apprend qu’un troisième carton rouge a été sorti…C’est la fin de la partie… Une voiture passe en klaxonnant. Une autre. Une troisième. Un cortège se forme. Les mômes agitent les drapeaux et hurlent «One, two, three, viva l’Algérie…» Plus loin, des dizaines de jeunes avancent dans le froid, chantant la gloire des «Verts»… Un autre groupe. D’autres rassemblements. De la fierté dans l’air. De la solidarité aussi. Incompréhensible scénario ! Ce sévère «4 à 0» aurait provoqué colère et déception partout dans le monde. On aurait brûlé les effigies des joueurs ! On les aurait insultés ainsi que leur encadrement ! Non, au lieu de cela, nous avons vu un portrait géant de Halliche (quel symbole !) porté par les enfants de Cirta ; nous avons vu les jeunes de tout le pays sortir spontanément pour dire : «Merci pour votre bravoure !» et répéter : «Avec Saâdane jusqu’au bout…» Quel autre team national peut se targuer d’avoir de tels supporters ? Il n’y en a pas un seul à travers la planète ! Alors, concluons cette CAN par une belle victoire contre le Nigeria pour arracher cette troisième place continentale dont nous ne rêvions même pas ! Et soyons dignes du sacrifice de ces onze gladiateurs et du message lancé par les jeunes de notre pays : «Nous vous aimons quand vous gagnez mais nous ne vous abandonnons pas quand vous perdez !»
Maâmar Farah
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/01/30/article.php?sid=94967&cid=5
30 janvier 2010
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