CULTURE |
GLORIFIER LES HÉROS DE L’ÉPOPÉE DE «OMDURMAN»
L’enthousiasme des artistes algériens
28 Janvier 2010 – Page : 21
L’engouement de nos nombreux artistes avec les différentes harmonies musicales dédiées aux Verts, a redonné à nos villes et villages le goût de la fête.
Les disquaires connaissent un flux sans précédent et tournent ces derniers temps à plein régime. Un élan de solidarité se manifeste dans une atmosphère de fête à travers l’engouement de nos nombreux artistes avec les différentes harmonies musicales, dédiées aux Verts, qui a redonné à nos villes et villages le goût de la fête par un mélange de sons et de musique. Même les amateurs ont contribué à leur façon, réussissant ainsi à se faire une place au soleil, même si la cohésion des paroles et le tempo des arrangements laissent quelque peu à désirer. Pour eux, l’essentiel est d’encenser les héros de l’épopée de «Omdurman» et de toucher la corde sensible des citoyens qui, fortement attachés à leur «Onze en or», n’hésitent pas à s’offrir les derniers tubes. Il n’y a pas de doute, Constantine, à l’instar de toutes les villes à travers le territoire national, vit réellement des journées exceptionnelles, rythmées par la passion et la folie que seul le football peut enfanter. Pour preuve, chants aïssaoua, malouf, chaoui, sétifien, raï, mosaïque artistique éminemment algériennes, ont été réunis à l’ancienne Cirta à la gloire de l’Equipe nationale de football.
L’occasion: la sortie du dernier CD du cheikh Zinedine Benabdellah, un des maîtres de la chanson constantinoise. Un enregistrement de huit chansons, entièrement dédiées aux Verts, a consacré un «partenariat», savoureux et hors du commun, entre les différentes résonances musicales du pays. Comme toujours, bien entendu, la magie a opéré grâce au talent et à la «grinta» (punch, mordant) de «Magic» Bougherra et de ses camarades. Pour la circonstance, Zinedine Benabdellah, disciple de cheikh Zouaoui, a troqué ses «naghrat» (petits tambourins) et enlacé le «oûd» (luth) pour mieux accompagner une star locale de la chanson sportive, cheb Simek, dont la ferveur a déferlé pour titiller davantage la fibre nationaliste des artistes présents.
Arraché à sa nature calme et plutôt pondérée, l’autre star du malouf, Hakim Bouaziz, interprète du tube Sara, met son grain de sel pour concocter une sauce qui s’épice de plus en plus à mesure que défilent devant le micro Imed Khiari, pour la chanson chaouie, Cheb Talal (un Khaled en herbe) pour le raï et Faouzi, pour le chant sétifien. Sur des textes concoctés en un temps record par Brahim Rakhoum, la «chute» de ce medley original se confond dans l’incontournable One, two, three, viva l’Algérie. Commentant cette collaboration, cheikh Zinedine Benabdellah, connu pourtant pour être un conservateur du répertoire malouf de Constantine, estime que si «la musique adoucit les moeurs, elle appelle aussi à l’ouverture et à l’acceptation de l’autre». Le CD, ponctué par la voix mélodieuse de Hosnia, une diplômée de l’Ecole de musique andalouse, devrait combler les mordus de la musique par l’originalité, la sensibilité et la maîtrise de tous ces jeunes professionnels réunis pour l’amour des Verts. Ce travail devrait également faire le bonheur des supporters les plus inconditionnels de l’Equipe nationale algérienne qui apprécieront sans doute la mise en musique des «grigris» de Mourad Meghni, les «coups de boule» de Madjid Bougherra, la rage de vaincre de Antar Yahia ou encore l’agilité et le courage de Faouzi Chaouchi. A quelques heures de la réédition souhaitée d’Omdurman, le travail artistique patiemment apprêté par les artistes constantinois, «se veut un hymne, encore un autre, au courage, à l’amour des couleurs et à la classe affichés par les Fennecs au pays des Palancas Negras».
Idir AMMOUR
30 janvier 2010
Non classé