Au coin de la cheminée
Pourquoi les animaux ont une queue (6e partie et fin)
Résumé de la 5e partie : Tous les animaux sauf le lapin qui a préféré dormir, sont dotés d’une belle queue, c’est alors que celui-ci envoie le renard lui en choisir une…
Hum, dit-il. Un reste de la bousculade. Pas terrible, pour chasser les mouches, mais c’est tout ce qui reste, si je comprends bien. Bah, après tout, puisqu’une longue queue fait si bel effet avec de petites oreilles, peut-être qu’une petite queue en fera tout autant avec de longues oreilles ?
Il prit la touffe de poils et redescendit au trot.
Depuis sa toile dans les hautes branches, l’araignée vit le renard s’approcher – on en voyait surtout la queue, désormais. Quant à la queue qu’il devait rapporter, elle n’avait pas l’air bien grosse. L’araignée alla se poser sur la mousse près du lapin.
— Et où est ta queue, frère Lapin ?
— Elle arrive, ne t’inquiète pas.
A ce moment-là le renard vint déposer aux pieds du lapin le ridicule pompon de fourrure.
— Voilà ta queue, frère Lapin, dit-il. Je sais, elle ne vaut pas la mienne, mais c’est tout ce qu’il restait. Et c’est toujours mieux que rien. La dernière mode, à ce qu’il paraît.
Le lapin cligna des yeux.
— Tourne-toi un peu, lui dit le renard, que je t’aide à te la mettre..
Le lapin restait coi. Le renard le prit par les oreilles et d’un coup de patte bien appliqué lui cala la queue en place. Là-dessus, pouffant de rire, il tourna les talons et s’en fut.
L’araignée regagna sa toile en chantonnant à mi-voix :
Si tu veux être bien servi,
Sers-toi toi-même
Ou ce sera tant pis !
Mais ce petit brin de morale ne fit que davantage enrager le lapin :
— Ce sacré renard ! Le filou ! D’abord, pourquoi lui a-t-il fallu tout ce temps ? Une attente si longue pour une queue si courte ! C’est sa faute à lui si je n’ai qu’un bout de queue. Mais il ne perd rien pour attendre, c’est moi qui aurai le mot de la fin…
Entre le lapin et le renard, cela n’est donc que le début de l’histoire, de quantités d’autres histoires. Mais longues ou courtes – ou entre les deux – les histoires sont comme les queues : on arrive toujours au bout.
Et celle-ci est terminée.
Contes d’Afrique noire Ashley Bryan
29 janvier 2010
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