Au coin de la cheminée
Pourquoi Grenouille et Serpent ne jouent jamais ensemble (2e partie)
Résumé de la 1re partie : Grenouillot et Serpenteau avertis par leur mère de ne pas s’approcher de tout ce qui est «Grifédan» ou «Bécoudan», sont en train de s’amuser ensemble…
A mon tour, disait Serpenteau.
Il se coulait au sommet de la souche, se hissait sur la pointe de la queue, et hop ! s’élançait en l’air… Pour retomber piteusement, plus entortillé qu’un écheveau. Il riait et recommençait, sans guère plus de succès.
Plus drôle encore, ils se perchaient tous deux, sautaient en même temps et hop ! s’emboutissaient dans les airs. Mais ils ne se faisaient pas mal ; ils étaient aussi lisses et mous l’un que l’autre.
— Et maintenant regarde ! disait Serpenteau en regagnant la souche. Je vais ramper. Attention, uuun, deeeuuux, troooiiis, zouitch !
Et sur son ventre lisse et blanc, il se coulait jusqu’au sol.
— A mon tour, disait Grenouillot.
Il se mettait à plat ventre, gesticulait comme un pantin, commençait à glisser, terminait en roulé-boulé. On les entendait rire du fin fond de la brousse. Une partie n’attendait pas l’autre. Ils s’amusaient comme des fous et ne sentaient pas le temps passer. Avant la fin de la journée, ils étaient amis jurés.
Le soleil allait se coucher quand tout à coup Serpenteau s’est souvenu de sa mère.
— Oh, il faut que je m’en aille. J’ai promis à maman de rentrer avant la nuit.
— Moi aussi, a dit Grenouillot. Au revoir ! Peut-être à demain ?
Là-dessus, ils ont voulu s’embrasser, et Serpenteau était si heureux qu’il a serré Grenouillot très fort en l’enlaçant de plusieurs boucles. Que c’était bon d’étreindre un ami !
— Hé là, doucement ! a dit Grenouillot. Pas si fort, tu m’étouffes.
— Oh, pardon, a dit Serpenteau en desserrant un peu ses anneaux. Mais si tu savais comme je t’aime ! Je te trouve adorable, adorable à croquer ! Ils sont partis d’un grand fou rire, et se sont encore embrassés, un peu moins fort que la première fois.
— Moi aussi je t’aime bien, a dit Grenouillot. Tu es mon meilleur copain.
Et tous deux ont conclu en chœur :
— Allez, salut, à demain.
Fais un vœu,
J’en fais un aussi,
Et que les deux
Soient accomplis !
Et les voilà partis chacun de son côté, saute et saute, glisse et glisse, chacun vers sa chacunière.
Arrivé devant son trou, Grenouillot a frappé trois coups, et Maman Grenouille a ouvert.
— Mais d’où sors-tu donc, galapiat ? Tu es couvert d’herbe et de terre, regarde-moi ça, tu crois que c’est propre ?
— Bah, ça partira au lavage. Je me suis rudement bien amusé !
— Bien amusé, et avec qui ? Sûrement pas dans le marigot, avec tes amis grenouillots. A te voir, on dirait que tu as traîné toute la journée en brousse !
— Mais je n’y suis pas allé tout seul, M’man. J’y suis allé avec un copain. Si tu le voyais, il te plairait bien.
— Il me plairait, ah, tu crois ? Un gaillard qui traîne dans la brousse ?
— Regarde ce qu’il m’a appris à faire.
Et Grenouillot s’est jeté à plat ventre pour montrer à sa mère comme il savait bien ramper. La feuille de nénuphar qui servait de tapis a pris de vilains plis.
— Et tu trouves ça élégant ! s’est fâchée Maman Grenouille. Veux-tu bien te redresser tout de suite ! (à suivre…)
Contes d’Afrique noire Ashley Bryan
29 janvier 2010
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