EvocationJean El Mouhoub Amrouche : “l’éternel Jughurta”
Dans son roman autobiographique “la statue de sel” Albert Memmi qui était l’élève de Jean Amrouche au lycée Carnot de Tunis, en parle ainsi “Il vivait au lycée, orgueilleux et ambitieux, dans une complète solitude. C’était pour ses collèges, un impardonnable scandale spirituel de voir ce métèque mieux manier le français que les ayants droit. L’ironie, la calomnie et la méchanceté qu’il suscitait maladroitement par ses remarques et ses réparties cassantes, le lui faisait bien voir…”
De s’être entièrement investi pour que l’Algérie revienne au monde, sans rien attendre en retour, Jean Amrouche en est mort d’épuisement : “Je me moque, quant à moi, de la gloire. Je m’en suis toujours moqué. Je ne changerai pas. Je n’y vois pas mérite. L’absence de toute ambition terrestre fait partie de moi comme on a les cheveux noirs ou blonds”, écrivait-il dans une lettre adressée à sa sœur Taous le 23 février 1959. Jean Amrouche est là où règnent “un silence étrange, la paix d’une solitude que nul bruit ne ride, nul chant, nul brise”, en tout cas bien loin de ceux dont la nature n’est faite que de la propension quasi maladive d’attendre à la lumière. Censeurs zélés et impénitents, ils s’attellent avec une rare férocité à l’effroyable holocauste culturel.
Dans son roman autobiographique “la statue de sel” Albert Memmi qui était l’élève de Jean Amrouche au lycée Carnot de Tunis, en parle ainsi “Il vivait au lycée, orgueilleux et ambitieux, dans une complète solitude. C’était pour ses collèges, un impardonnable scandale spirituel de voir ce métèque mieux manier le français que les ayants droit. L’ironie, la calomnie et la méchanceté qu’il suscitait maladroitement par ses remarques et ses réparties cassantes, le lui faisait bien voir…”
L’auteur de l’éternel Jughurta” était à la fois essayiste, critique littéraire et surtout poète. L’oubli proche de la mort n’aura pas raison de l’entêtement de ceux qui savent reconnaître entre mille senteurs “l’ardeur du printemps”, à avancer et éviter le no man’s land de l’exclusivisme chauvin, notre pays n’a pas su (ou voulu) rendre à Jean Amrouche l’hommage qu’il mérite.
“On ne nous trahira plus on ne nous fera plus prendre des vessies peintes de bleu de blanc et de rouge pour les lanternes de la liberté. Nous ne voulons pas d’un festin et ses riches reliefs. Nous voulons la partition complète de ses chants sur nos berceaux.
Nous ne voulons plus erret en exil dans le présent sans mémoire et sans avenir…” (Le combat Algérie 1959).
Peu avant la mort de Jean Amrouche, un porte-parole du ministère de l’information du GPRA déclarait à l’APD : “Cet homme de lettres profondément marqué par la culture fraçaise et la formation catholique, a pris conscience en 1954, des racines profondes qui l’attachaient à son peuple. Depuis, Jean Amrouche n’a cessé de militer avec ses moyens propres pour la cause algérienne”. Il aura été proposé au poste de conseiller technique à la culture du GPRA, puis représentant de l’Algérie au Vatican.
A sa mort le 17 avril 1962, il était question de rapatrier son corps et de l’inhumer dans les jardins de la fac centrale. Que de vœux pieux ! que le promesses non tenues !
N. Maouche
26 janvier 2010
LITTERATURE