Edem Awumey
Raconte la saga maudite des pieds sales
«La plume d’Edem dégage déjà une telle assurance, une telle maturité, que l’on peut la dire décidée à s’inscrire dans la durée», écrivait le romancier togolais Sami Tchak en 2006, présentant son jeune compatriote dans un ancien numéro de la défunte revue de littérature africaine Notre Librairie.
Ce jeune compatriote était alors sur le point de publier son premier roman, Port-Mélo, qui a eu un succès d’estime considérable et a valu à son auteur le Grand prix littéraire de l’Afrique noire. Auteur de nouvelles, de romans et d’une thèse sur les écritures de l’exil, Edem Awumey vit depuis 2005 au Québec où il enseigne le français et la communication à l’université d’Ottawa. «La plume d’Edem dégage déjà une telle assurance, une telle maturité, que l’on peut la dire décidée à s’inscrire dans la durée», écrivait le romancier togolais Sami Tchak en 2006, présentant son jeune compatriote dans un ancien numéro de la défunte revue de littérature africaine Notre Librairie. Ce jeune compatriote était alors sur le point de publier son premier roman, Port-Mélo, qui a eu un succès d’estime considérable et a valu à son auteur le Grand prix littéraire de l’Afrique noire. Auteur de nouvelles, de romans et d’une thèse sur les écritures de l’exil, Edem Awumey vit depuis 2005 au Québec où il enseigne le français et la communication à l’université d’Ottawa. Sami Tchak avait donc vu juste : sa prophétie vient de se réaliser avec la parution d’un nouveau roman sous la plume de ce jeune auteur talentueux. Les pieds sales, qui a figuré dans la première liste des « Goncourt-ables », atteste de la maturité ancrée d’Edem Awumey qui explore un univers poétique et tragique pour mieux en révéler ses richesses et ses profondeurs obscures. Fuyant son passé de tueur à gages d’un régime meurtrier Au cour de ce nouveau roman, il y a l’énigmatique Askia. Grand frère de Manuel (héros du premier roman), il est aussi le double de l’auteur car il est exilé comme lui dans le froid d’un Nord inhospitalier – et pourtant rêvé par tous les fuyards politiques et économiques du Sud. Fuyant son pays et son passé de tueur à gages au service d’un régime meurtrier, Askia s’est réfugié à Paris où il gagne sa vie en faisant le taxi. C’est au volant de son taxi qu’il remonte les traces perdues d’un père qui, lui aussi, avait émigré, fuyant famille et pays natal. Lors d’une de ses virées nocturnes à travers les rues tristes de la ville lumière, Askia fait la connaissance d’Olia qui, elle aussi, a rompu avec un passé de privations et d’exactions et s’est installée à Paris comme photographe de mode. Olia a rencontré le père d’Askia qu’elle a photographié avec son Leica qui peut capter les traces d’une vie condamnée à l’impermanence et la fuite en avant. Pourra-t-elle aider Askia à renouer avec son histoire et son pays ? A cette quête identitaire du protagoniste, viennent se greffer des thèmes historiques (esclavages, empires songhaï, Harlem) et des récits d’un présent grevé par la désespérance et la solitude des vivants. Des douleurs que le romancier a su évoquer dans des chapitres brefs et percutants. Ces violences sont bien sûr celles des candidats à l’émigration, des nomades aux « pieds sales » qui échouent dans les déserts et océans, ne pouvant rejoindre l’eldorado européen. « Je me suis souvenu de ces Cubains qui tentaient de rejoindre les Etats-Unis et qui échouaient. On les surnommait, je crois, les « pieds mouillés » », a expliqué l’auteur dans un entretien à L’Humanité. Les pieds sales, par Edem Awumey. Editions du Seuil, 158 pages T. C.
26-01-2010
26 janvier 2010
LITTERATURE