Adulé par certains et fortement critiqué par d’autres, Rabah Saâdane collectionne les succèsLa force tranquille
Rabah Saâdane, le “cheikh” comme ses protégés aiment à l’appeler, a encore une fois prouvé dimanche soir contre la Côte d’Ivoire de Didier Drogba qu’il reste un grand maître dans l’art difficile de battre des équipes mastodontes.
La carrière de Saâdane, avec cette qualification au Mondial venue de cette terre chaude et si accueillante d’Afrique et cette percée inattendue lors de cette CAN, prend une envergure absolument extraordinaire, celle d’un grand entraîneur. Or, durant ces deux dernières années, période où il fut sollicité pour faire le pompier, que d’embûches ! Ses détracteurs ont été même jusqu’à le donner démissionnaire de son poste suite à la débâcle des Verts face aux Malawites. Mais lui, stoic, préférant laisser passer la tempête, suit son chemin. Et quand il assène que l’équipe qu’il dirige est toujours au stade de construction, qu’il lui manque un fond de jeu,
et qu’ »il ne faut pas s’attendre au miracle, on n’hésite pas à le critiquer et le décrire comme le rabat-joie du peuple. Ce que Saâdane, en revanche, a démontré lors du match face aux Eléphants de la Côte d’Ivoire, en incorporant un Bouazza, auteur d’un but historique, est la preuve tangible qu’il venait là de réussir son duel face à Haliloldzic, le coach ivoirien. Ce pur produit de l’Institut des sciences et de la technologie sportive (ISTS) de Ben Aknoun (Alger), aujourd’hui âgé de 63 ans, accumule les succès : il a offert, entre autres, dans cette belle ambiance d’une soirée africaine à Khartoum un si précieux cadeau à la jeunesse algérienne, et continue en terre angolaise, a entretenir la flamme d’un exploit en Coupe d’Afrique.
Et, là où Saâdane met la main, tout devient brillant. Saâdane est de l’or en barre, un fabuleux créateur de succès, même si parfois il a beaucoup souffert de l’incompréhension de son entourage. Est-ce ainsi un hasard si cet homme se verra confier par les structures fédérales de l’époque la sélection nationale en 1999, 1981-82, 1984-86, 2003-2004 et enfin en 2007. L’homme, comme pour donner de la texture, de la consistance à sa carrière, voyage beaucoup. Il est sollicité par plusieurs grands clubs arabes et maghrébins. Homme aux grandes qualités humaines, avec une sensibilité à fleur de peau, il dirigera la sélection nationale du Yémen, puis des clubs en Arabie Saoudite, en Tunisie et au Maroc où il gagne un titre africain avec le Raja de Casablanca. Et puis, l’homme est surtout connu pour avoir été le premier entraîneur algérien à mener une sélection nationale à un Mondial : c’était en 1979 lorsqu’il avait qualifié les juniors à la Coupe du monde au Japon. Cet homme au grand charisme, à qui ses amis comme ses ennemis lui reprochent de rester stoïque sur son banc de touche et ne pas s’énerver quand son équipe se fait malmener, fera partie du staff qui a qualifié l’Algérie au Mondial espagnol (1982). Avant de prendre le commandement du navire Algérien pour le mener à bon port au mondial Mexicain, quatre années après l’odyssée de Gijon.
Celui qu’on a surnommé à cette époque »l’Altitude », réussira en fait à faire atterrir en douceur une équipe algérienne alors aux abois pour la mener gaillardement au pays des Aztèques, où se sont données rendez-vous les grandes nations du football mondial. Rabah Saâdane, l’homme par qui les succès arrivent, est pourtant toujours venu à la tête de la sélection nationale aux pires moments, pour reconstruire ce qui a été détruit par d’autres.
Ferhat Zafane
26 janvier 2010
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