Histoires vraies
Les évasions du baron de Trenck (4e partie)
Résumé de la 3 e partie : Grâce à l’or que sa bien-aimée lui envoyait en prison, le baron réussit à convaincre le lieutenant Schell de l’aider et de s’enfuir avec lui…
Encore une fois tout comme dans les films, le héros de l’histoire refuse d’abandonner son compagnon.
Courageusement, il le charge sur ses épaules et se met en marche avec son fardeau, dans la nuit de Noël. Elle est sans lune et le brouillard est tombé, ce qui n’est pas inutile car ils peuvent entendre le canon tonner aux remparts de la citadelle leur fuite a été découverte et des patrouilles à cheval s’élancent dans toutes les directions.
Mais la chance est avec eux. Ils tombent sur une barque, qui leur permet de traverser la rivière. De l’autre côté, ils parviennent à s’emparer de deux chevaux dans l’écurie d’une ferme. Ils galopent ainsi toute la nuit en direction de la Bohème. Le lendemain matin, ils franchissent la frontière ils sont sauvés.
A partir de ce moment, c’est une nouvelle vie qui commence pour le baron Frédéric de Trenck, une vie d’homme libre, d’homme comme les autres. L’Autriche et la Prusse sont alors dans les plus mauvais termes. Les démêlés du baron avec Frédéric II sont parvenus aux oreilles de l’impératrice d’Autriche Marie-Thérèse, qui le prend sous sa protection et lui offre un poste de capitaine dans ses armées.
Avec l’énergie et le courage qui sont les siens, Frédéric de Trenck fait une brillante carrière. Il aurait pu ainsi gravir tous les grades de l’armée autrichienne, mais, au bout de sept ans, il veut rentrer en Prusse. C’est qu’il lui est parvenu de Berlin une nouvelle extraordinaire : Amélie a refusé d’épouser le prince suédois que voulait lui imposer son frère. Elle a tenu tête au roi et n’a pas cédé. Elle l’aime toujours, lui, Frédéric, elle n’épousera que lui.
Alors, il n’y tient plus. Au printemps 1753, il quitte l’Autriche, non pas pour la Prusse, ce qui serait trop risqué, mais pour la Pologne. Il s’arrête à Dantzig, non loin de la frontière, et là, il met au point un plan pour s’introduire clandestinement dans le pays de sa belle. Hélas pour lui, c’est d’une tout autre manière qu’il va entrer en Prusse ! Frédéric II ne l’a pas oublié et il est moins bien disposé que jamais envers lui, depuis le refus de sa sœur. Par ses réseaux d’espionnage, qui sont remarquablement organisés, il est au courant de tous ses déplacements et, le sachant à Dantzig, il décide d’agir en toute illégalité.
Un soir que le baron se promène dans les rues de la ville, des agents secrets prussiens se jettent sur lui, le ligotent avant qu’il ait pu faire un geste, l’enroulent dans une couverture et le jettent dans une voiture qui part à fond de train en direction de Berlin. Elle ne s’arrête d’ailleurs pas dans la capitale, elle continue plus loin, jusqu’à Magdebourg, la grande ville sur l’Elbe, dans la partie occidentale du pays.
Vu de loin, le château de Magdebourg est d’aspect plaisant. Sa haute et élégante silhouette domine la cité, ses tours aux toits pentus sont typiques de la fin du Moyen Age et du début de la Renaissance. Une fois à l’intérieur, c’est tout différent. Rien n’est plus sinistre que ses murailles grises, ses toutes petites fenêtres qui laissent à peine passer la lumière.
Le baron de Trenck se retrouve dans l’une des pires cellules de la place : une salle voûtée, humide comme une cave, avec pour seule ouverture un soupirail aux barreaux si serrés qu’on peut à peine voir le jour. Le sol est en briques recouvertes de mousse et de moisis-sure et la lourde porte de chêne est fermée par de multiples serrures. Il est prévu, d’ailleurs, que le prisonnier ne la verra jamais s’ouvrir. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
28 janvier 2010 à 22 10 26 01261
Histoires vraies
Les évasions du baron de Trenck (5e partie)
Résumé de la 4 e partie n Le baron réussit à arriver en Autriche, mais en apprenant que sa bien-aimée avait refusé les alliances proposées par son frère, il décide de retourner en Allemagne où, encore une fois, il est arrêté…
Frédéric II a mis au point pour lui un régime particulier une fois par semaine, on lui passera, par un guichet percé en son milieu, un morceau de pain et une cruche d’eau. C’est tout il n’entendra plus, désormais, le son de la voix humaine.
Mais ces conditions effrayantes de réclusion et de solitude ne le rebutent pas, bien au contraire. Il ne voit qu’une chose : il n’aura de contact avec ses geôliers qu’un jour par semaine, ce qui lui laisse six jours pour agir en toute tranquillité.
Le seul mobilier de son cachot est un lit de planches, rivé au mur par des barres de fer. Il voit aussitôt en elles les outils dont il a besoin. Il les arrache de sa poigne puissante. Il en fait un pic et un levier, il entreprend de desceller les briques du sol, puis de creuser un tunnel qui doit déboucher à l’extérieur de la forteresse.
C’est un travail gigantesque, insensé, mais Frédéric de Trenck n’a jamais douté de rien. Mètre après mètre, son tunnel avance. Le plus difficile est d’évacuer la terre. Il doit le faire pincée après pincée, à travers les interstices étroits du soupirail haut perché. Et, une fois par semaine, il doit tout remettre en place car le geôlier jette un coup d’œil dans sa cellule en même temps qu’il lui apporte sa pitance.
La progression est malgré tout beaucoup plus rapide qu’il ne l’imaginait, quand au bout de onze mois survient l’imprévisible. Des soldats font irruption et l’emmènent. On a décidé, par précaution, de le changer de cellule. Et celle où il est conduit est plus horrible encore que la première : un cul-de-basse-fosse tout au fond de la forteresse, un véritable tombeau où il peut tout juste se tenir debout.
Ce n’est pas tout. Peu après, les soldats reviennent. Son tunnel a été découvert et de nouvelles mesures ont été décidées contre lui. Il se retrouve bientôt enchaîné à la taille par une ceinture de fer reliée au mur ; ses mains et ses pieds sont également chargés de chaînes. L’ensemble ne pèse pas moins de soixante-huit livres, c’est à peine s’il peut faire un geste.
Tout autre aurait sombré dans le désespoir et la folie, mais pas le baron de Trenck. Il se remet courageusement au travail avec l’instrument dont il dispose, car ses geôliers ont commis l’imprudence de lui laisser un couteau. Tout comme à Glatz, il a tôt fait de le transformer en une lime, avec laquelle il s’attaque à ses chaînes. Il ne lui faut pas moins d’un an pour venir à bout de celles-ci.
Une fois qu’il a retrouvé la liberté de ses mouvements, il recommence à creuser. Ce coup-ci, on ne le change pas de cellule. Il a donc tout le temps de mener sa tâche à bien. Et il lui en faut : il mettra dix ans pour achever son tunnel. D’après ses calculs, il doit déboucher à l’extérieur du château. Il est en train de réfléchir au moment le plus propice pour tenter son évasion lorsque la clé tourne dans la serrure. A cette heure tout à fait inhabituelle, il ne s’y attendait pas. Il a juste le temps de remettre ses chaînes sur lui.
Le commandant de la forteresse apparaît, encadré de plusieurs soldats. C’est la première fois qu’il lui rend visite.
— Monsieur, j’ai une nouvelle à vous annoncer.
Frédéric de Trenck se lève, et c’est la catastrophe ! Les chaînes, qu’il a mal réajustées dans sa précipitation, glissent au sol avec un bruit de ferraille. Les soldats se précipitent pour le maîtriser. Le commandant est éberlué.
— Comment avez-vous pu réussir une chose pareille ? (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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28 janvier 2010 à 22 10 27 01271
Graves blessures du journaliste qui a lancé ses chaussures sur Bush
Le journaliste irakien qui a lancé ses chaussures sur le président américain George W. Bush à Bagdad a un bras et des côtes cassées et souffre de blessures à l’œil et à la jambe, a affirmé, ce mardi, son frère. «Selon les informations obtenues par des agents de sécurité, Mountazer al-Zaïdi est détenu par les Irakiens dans la zone verte et a été battu par les services irakiens de sécurité», a-t-il déclaré à l’AFP. En pleine conférence de presse, dimanche soir, Mountazer al-Zaïdi, 29 ans, journaliste de la chaîne al-Bagdadia, a lancé ses chaussures – mais sans l’atteindre – sur le Président Bush en visite en Irak, en l’insultant. Le journaliste a été aussitôt arrêté par les services irakiens de sécurité. Des traces de sang étaient visibles ensuite à l’endroit d’où il a été emmené par les agents de sécurité, avait constaté un journaliste de l’AFP. Le journaliste irakien doit être traité comme un «héros», a affirmé le Hezbollah libanais dans un communiqué, ce mardi. «C’est un baiser d’adieu au nom des veuves, des orphelins et des personnes que vous avez tuées en Irak, un baiser courageux qui mérite d’être salué», a déclaré à l’adresse du Président sortant la formation chiite. Par ailleurs, une association caritative présidée par la fille du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, Aïcha, a annoncé, hier, sa décision de décorer le journaliste irakien de «l’ordre du courage». «Le journaliste a dit clairement : non à la violation des droits de l’homme et a exprimé cela en lançant ses chaussures au visage du Président américain, selon l’association.
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28 janvier 2010 à 22 10 29 01291
Mort d’une fillette dans une école à Annaba : le directeur démis de ses fonctions
Le directeur de l’école primaire Amar-Bahlouli, théâtre, dimanche, d’un dramatique accident qui a coûté la vie à une écolière de six ans, a été démis de ses fonctions sur décision de la direction de l’éducation, a indiqué, hier, le responsable du secteur. Cet accident, provoqué par la chute d’un réservoir de 1 000 litres et qui a provoqué, outre le décès de la fillette, des fractures à l’un de ses camarades de 9 ans, a également fait réagir les parents d’élèves de cet établissement, qui ont souligné la responsabilité de la commune et du directeur de l’établissement. Le directeur de l’éducation de la wilaya de Annaba a indiqué à l’APS, que cet accident «constitue un grave précédent en matière de sécurité des élèves dans les établissements scolaires», soulignant que le réservoir, «supporté par des piliers métalliques, serait tombé à terre du fait de son poids». De même qu’il a considéré que les précautions de sécurité «auraient dû amener les concernés à poser une telle installation sur une dalle en béton armé».
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28 janvier 2010 à 22 10 39 01391
Histoires vraies
Les évasions du baron de Trenck (6e partie)
Résumé de la 5 e partie n Après dix ans d’emprisonnement, le baron réussit à limer ses chaînes et à creuser un tunnel, mais, à la dernière minute, il est découvert par un officier qui vient lui rendre visite…
Perdu pour perdu, Frédéric tient à montrer ce dont il est capable. Il désigne un endroit dans le sol.
— J’ai fait bien mieux. Regardez là !
On soulève la dalle et le tunnel apparaît. On découvrira par la suite qu’il ne s’était pas trompé dans son tracé : il débouchait juste à l’extérieur du château. Pour l’instant, cette vision ne déclenche qu’un sourire sur le visage du commandant.
— Vous vous êtes donné une peine bien inutile, monsieur. Je venais vous annoncer que Sa Majesté vous a rendu votre liberté.
L’officier marque un temps et ajoute :
— Evidemment, dans ces conditions, c’est différent. Je dois vous garder et prendre des instructions. Vous allez retourner dans votre ancienne cellule. Mais n’ayez pas de faux espoir : votre tunnel a été rebouché.
Le baron Frédéric de Trenck se retrouve donc dans les lieux où il a passé onze mois, derrière la porte de chêne dont le guichet ne s’ouvrait qu’une fois par semaine. On ne lui a pas remis ses chaînes et, cette fois, son régime est plus libéral. Il est correctement nourri et il peut recevoir des nouvelles de l’extérieur. Mais le temps passe et on ne le libère toujours pas.
Sa seule consolation est d’apprendre les raisons de la grâce royale. Un traité devant être signé entre l’Autriche et la Prusse, Amélie a demandé à l’impératrice Marie-Thérèse que la libération du prisonnier figure dans les clauses de l’accord. Sa princesse ne l’a pas oublié, elle l’aime toujours.
C’est seulement en 1765, après un an de détention supplémentaire et douze ans d’internement en tout, que le baron Frédéric de Trenck quitte la sinistre prison de Magdebourg. Il vient d’avoir quarante ans.
Et tout recommence comme après le séjour à Glatz. Le baron se rend en Autriche, se met au service de l’impératrice et redevient un brillant officier de l’armée. Cette fois, il ne commet pas l’imprudence de vouloir rentrer en Prusse, ni même de s’approcher de ses frontières. Il ne lui vient pas à l’esprit non plus de fonder une famille. Il est fidèle à Amélie, il n’épousera qu’elle, il le lui a promis et il sait que de son côté, elle fera de même. Le jour viendra peut-être où ils pourront se revoir.
Pendant plus de vingt ans, Frédéric de Trenck sert dans les armées autrichiennes et le grand moment arrive enfin. Le 17 août 1786, Frédéric II rend le dernier soupir. Son neveu Frédéric-Guillaume II lui succède. Il n’a pas la moindre raison d’en vouloir au baron de Trenck et il l’autorise à rentrer en Prusse quand il voudra. Quarante ans après, il va pouvoir revoir Amélie
Il court à Berlin et se précipite au palais. Elle est là, qui l’attend. Elle lui a été fidèle, leur amour a su triompher du temps et de tous les obstacles, ce jour devrait être le plus beau de leur vie et, pourtant, il va être le plus triste.
Ils se reconnaissent à peine. Amélie est presque aveugle. Elle a, depuis quelque temps, une maladie qui l’a fait terriblement maigrir. Lui, de son côté, est encore fringant, mais ses années de détention l’ont fait vieillir prématurément. A soixante ans, il en paraît dix de plus.
De se voir ainsi l’un et l’autre les fait trop souffrir. Ils se disent une dernière fois qu’ils s’aiment et décident de ne plus se revoir. Amélie mourra quelques mois plus tard. Frédéric apprendra la nouvelle en France où il a choisi de s’installer. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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28 janvier 2010 à 22 10 40 01401
Le journaliste qui a lancé ses chaussures sur Bush, présenté à la justice
Mountazer al-Zaïdi a été présenté ce mercredi matin à un juge d’instruction, a affirmé à l’AFP un des responsables du bureau à Bagdad de la chaîne Al-Bagdadiya où il travaille. Selon ce journaliste, qui a requis l’anonymat, l’audience a commencé à 10h (07h GMT). Il n’a pas précisé quel juge entendait «Mountazer al-Zaïdi qui a appelé, hier, un de ses frères, Maïtham, pour lui dire qu’il serait présenté mercredi devant le juge d’instruction et qu’il demandait à la chaîne d’envoyer les trois avocats irakiens chargés de le défendre», a ajouté le journaliste irakien. Hier, le président américain George W. Bush a estimé que les autorités irakiennes ne devaient «pas réagir avec excès» à l’égard du journaliste qui a lancé ses chaussures sur lui, en pleine conférence de presse à Bagdad. Interrogé, lors d’une interview sur CNN, sur le sort de Mountazer al-Zaïdi, le président américain a répondu : «Je ne sais pas ce que (les autorités irakiennes) vont faire. Je ne suis même pas sûr de sa situation. Elles ne doivent pas réagir avec excès.» «Au début, je n’ai pas eu vraiment le temps de réfléchir, j’étais occupé à esquiver» les chaussures, a-t-il dit, ajoutant : «Cela a été l’un des moments les plus bizarres de ma présidence !» «C’était une façon intéressante de s’exprimer…», poursuit-il sans sembler manifester de rancune.
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28 janvier 2010 à 22 10 54 01541
Histoires vraies
Les évasions du baron de Trenck (7e partie et fin)
Résumé de la 6 e partie n Après 12 ans en prison et plus de 20 ans au service de l’armée autrichienne, le baron retrouve sa bien-aimée presque aveugle et amaigrie par la maladie…
De se voir ainsi l’un et l’autre les fait trop souffrir. Ils se disent une dernière fois qu’ils s’aiment et décident de ne plus se revoir. Amélie mourra quelques mois plus tard. Frédéric apprendra la nouvelle en France où il a choisi de s’installer.
C’est là que l’attend le dernier épisode de son étonnante destinée. Trois ans plus tard, il est dans la foule parisienne qui prend la Bastille. On imagine l’émotion que peut ressentir l’ancien prisonnier devant la destruction de ce lieu de détention, de surcroît symbole de l’arbitraire royal, dont il a souffert lui-même plus que quiconque.
Du coup, bien que sexagénaire, il se lance dans la politique. Il retrouve tout l’enthousiasme de ses vingt ans. Il participe activement à la Révolution. Il milite dans les clubs patriotiques et écrit dans les journaux. Il raconte sa propre histoire de victime de la tyrannie.
Le baron de Trenck ne rencontre que de la sympathie autour de lui. Il a malheureusement oublié deux choses : il est noble et prussien. Tant que ce sont des révolutionnaires modérés qui sont au pouvoir, on ne lui en tient pas rigueur, mais lorsque commence la Terreur et lorsque la France entre en guerre contre la Prusse, il est rangé au nombre des suspects.
Arrêté au printemps 1794, il passe en jugement sous l’inculpation d’entretenir des relations secrètes avec son pays d’origine et, malgré ses protestations d’innocence, il est condamné à la guillotine.
Après Glatz et Magdebourg, les portes d’une troisième prison s’ouvrent devant le baron Frédéric de Trenck, celles de la Conciergerie. Parmi ses compagnons de détention, plusieurs le connaissent de réputation, ce qui suscite chez eux un fol espoir. Ils l’entourent.
— Monsieur de Trenck, vous vous êtes évadé de partout où vous étiez. Vous allez nous sauver, n’est-ce pas ?
Mais l’intéressé secoue sa tête aux cheveux blancs.
— J’ai près de soixante-dix ans, ce temps-là est révolu. Si je m’évade, ce sera de la vie.
A partir de ce moment, Frédéric de Trenck emploie le plus clair de son temps à discuter astronomie et mathématiques avec l’un de ses compagnons de cellule, le savant Bochart de Saron. Les jours passent, les charrettes se succèdent, et ils parlent tous deux de planètes, de courbes et d’équations.
Enfin, les soldats viennent le chercher pour l’emmener à la guillotine. Une chaude journée d’été se termine, celle du 8 thermidor. Le lendemain, ce sera la chute de Robespierre. La charrette de Frédéric de Trenck a été la dernière de la Terreur, comme si son destin avait voulu jusqu’au bout en faire un homme hors du commun.
D’après Pierre Bellemare
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28 janvier 2010 à 22 10 55 01551
Le lancer de chaussures, on en parle encore
Les internautes sont invités à s’essayer au lancer de chaussures virtuel sur George W. Bush grâce à un jeu en ligne lancé par un jeune Britannique dans la foulée de l’incident qui a vu dimanche le président américain esquiver les chaussures d’un journaliste irakien à Bagdad. L’objectif du jeu en ligne «Sock and awe» (www.sockandawe.com) consiste à parvenir à frapper avec des chaussures la tête d’une figurine en mouvement représentant George W. Bush. Plus d’1,4 million de chaussures ont déjà réussi à atteindre le président sur le web, selon le compteur du site, qui ajoute «bien fait!».L’internaute a 30 secondes pour jeter ses chaussures bateau à la tête du président américain qui cherche à les esquiver en se déplaçant depuis la tribune d’une conférence de presse.»Sock and awe» -littéralement « chaussette et effroi »- est un jeu de mots qui fait référence à l’opération militaire américaine «Shock and awe» («choc et effroi») lancée en 2003 sur l’Irak de Saddam Hussein. Le jeu a été lancé par Alex Tew, 24 ans, qui s’était déjà fait remarquer en 2006 en devenant riche grâce à la vente des pixels de sa page d’accueil internet, baptisée « la page à un million de dollars». Alors que le principal avocat du journaliste irakien qui avait lancé ses chaussures sur le président américain George W. Bush devait demander, ce jeudi matin, au tribunal chargé de le juger de pouvoir rencontrer son client et présenter une demande de liberté provisoire, le geste de Montazer Al-Zaidi continue à faire des émules et des réactions en Irak et ailleurs. A Falloujah, des Marines ont été accueillis, hier, mercredi, par des jets de chaussures dans une université où se déroulait une manifestation de soutien au journaliste. Les manifestants ont redoublé d’agressivité, forçant les Marines à quitter les lieux. Hier aussi, le Premier ministre Gordon Brown a demandé en plaisantant aux soldats britanniques déployés en Irak d’enlever leurs chaussures pour lui éviter d’être victime, comme le président américain George W. Bush, du nouveau «jeu préféré» des Irakiens. «J’allais vous dire, avant de commencer, que vous devriez enlever vos chaussures parce que le jeu préféré (des Irakiens, ndlr) ces derniers jours, c’est de jeter des chaussures sur les gens», a déclaré Gordon Brown à des soldats à Bassorah (sud),. Pour sa part, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a plaisanté, en s’adressant aux journaliste, à l’issue d’un sommet Amérique latine- Caraïbes : «Ne lancez pas de chaussures.» Un autre responsable a dit : «Il fait vraiment chaud ici et si vous retirez vos chaussures on s’en apercevra avant que vous les lanciez à cause… de l’odeur.»
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28 janvier 2010 à 23 11 02 01021
Histoires vraies
La muette du téléphone (1re partie)
SOS Amitié. Je vous écoute…
Chacun d’entre nous connaît cette organisation formée de bénévoles, hommes et femmes, qui répondent par téléphone aux messages de détresse. Depuis une pièce et un film célèbres des années 1980, on aurait même tendance à en rire. Pourtant, s’il y a effectivement des plaisantins qui appellent SOS Amitié et même, ainsi qu’il est montré dans le film et la pièce, un bon nombre de détraqués sexuels, il y a, bien sûr, aussi des cas graves et souvent dramatiques. Et certains sortent vraiment de l’ordinaire.
Nous sommes en octobre 1971, il est 23 heures. Madeleine Béraud est de permanence au standard. Le téléphone sonne. Elle décroche.
— SOS Amitié. Je vous écoute…
Au bout du fil, il n’y a rien, seulement le silence. Madeleine Béraud n’en est pas autrement surprise : cela se produit assez souvent. Il y a d’abord des curieux, qui forment le numéro pour voir ce qui se passera. Il y a aussi ceux que les gens de SOS appellent dans leur jargon les «muets». Ceux-là ont vraiment besoin d’aide. Ils ont appelé, souvent au prix d’un grand effort. Et une fois qu’on leur répond, ils n’osent pas parler. Ils ont honte ou, tout simplement, ils se rendent compte brusquement que leur problème est inexprimable, qu’ils ne possèdent pas les mots pour le dire.
Ces correspondants-là, Madeleine Béraud le sait, ont peut-être plus encore que les autres besoin de paroles. Il faut meubler leur silence, les inviter avec douceur et persuasion à s’exprimer.
— Vous pouvez parler, nous sommes des amis…
Pas de réponse. Madeleine entend distinctement dans l’écouteur, la respiration de son correspondant ou de sa correspondante. Elle poursuit :
— Ecoutez, je vais vous raconter ce que j’ai fait aujourd’hui. Vous voulez bien ?
Il n’y a toujours pas de réponse, mais la respiration s’est modifiée : elle est à la fois plus rapide et plus forte. Cela ressemble à un assentiment.
Alors Madeleine Béraud raconte sa journée. Le matin elle a conduit les enfants à l’école, ensuite elle est allée à son bureau : elle travaille dans une administration. Le soir elle est allée reprendre les enfants, etc.
Tandis qu’elle débite ces banalités, Madeleine s’interroge. L’inconnu est toujours muré dans son silence, ce n’est pas bon signe. Pourtant, en lui parlant d’elle-même, elle devrait le mettre à l’aise. L’autre doit se rendre compte qu’elle est une femme comme les autres, avec des problèmes qu’ont tous les êtres humains.
Pendant les silences qu’elle ménage volontairement, Madeleine Béraud écoute. Il n’y a pas de doute, l’inconnu est attentif. Sa respiration est toute proche, il a la bouche collée contre le récepteur, mais il ne parle pas et puis, brusquement, au bout de dix minutes, il raccroche.
Madeleine s’adresse des reproches : elle n’a pas su trouver les mots qu’il fallait, elle aurait dû être plus chaleureuse, et puis il y a cette angoisse qu’elle a chaque fois que les coups de téléphone ne se sont pas bien terminés : pourvu que l’autre n’ait pas fait une bêtise !
Le lendemain, à 11 heures du soir, Madeleine Béraud est de garde. Le téléphone sonne.
— SOS Amitié. Je vous écoute…
Pas de réponse. Madeleine se tait. Il n’y a pas de doute, c’est la même respiration, elle la reconnaît. Intérieurement, elle est soulagée. L’inconnu n’a pas commis l’irréparable. Elle ne doit pas laisser s’éterniser le silence.
— J’ai vu un bon film, cette semaine. Voulez-vous que je vous le raconte ? (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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28 janvier 2010 à 23 11 11 01111
Histoires vraies
La muette du téléphone (2e partie)
Résumé de la 1re partie n Madeleine Béraud, bénévole à SOS-Amitié, essaie, à deux reprises, mais en vain, de faire parler son interlocuteur…
Toujours pas de réponse, mais la même accélération et le même renforcement de la respiration, qui ressemble à un assentiment. Alors Madeleine raconte. Entre deux phrases, elle tend l’oreille. La respiration est là, toujours présente.
Et, quand elle a fini, son correspondant raccroche.
Cette fois, Madeleine Béraud ne s’adresse pas de reproche. Elle a fait son devoir. Elle est même un peu irritée. Elle craint qu’il ne s’agisse d’un jeu, que le muet de 11 heures du soir ne fasse partie de ces plaisantins qui encombrent la ligne et empêchent les êtres qui souffrent vraiment de s’exprimer.
Aussi, le lendemain, Madeleine décroche sans surprise le téléphone à 11 heures précises. Ne pouvant être absolument certaine qu’il s’agit du même correspondant, elle répond comme à l’habitude :
— SOS Amitié. Je vous écoute…
Mais oui, c’est bien cela. Au bout du fil il y a le même silence et la même respiration qu’elle reconnaît parfaitement. Alors brusquement, elle s’emporte :
— Vous ne pouvez pas parler comme tout le monde, non ! Vous êtes muet ?
Et cette fois, il y a une, réaction. Un coup est frappé contre le combiné. Madeleine Béraud s’énerve franchement.
— Vous vous êtes assez payé ma tête comme cela. Je raccroche et, demain, si vous remettez cela, je raccrocherai aussi.
Madeleine s’apprête à mettre sa menace à exécution, mais on frappe encore un coup, avec force, avec violence, une violence presque désespérée. Elle arrête sa main qui s’apprêtait à reposer le combiné. Elle hésite. Elle a l’impression que ce coup a une signification. Brusquement, elle a une idée. Elle pense aux tables tournantes. Elle demande :
— Un coup, ça veut dire oui ?
De nouveau un coup est frappé. C’est donc une réponse, pourtant elle ne se souvient pas d’avoir posé une question. Mais si, elle en a posé une ! Elle répète :
— Vous êtes muet ?
Un coup.
— Vous voulez dire vraiment muet ?
Un coup.
— Vous êtes un homme ?
Deux coups. C’est non.
— Quel âge avez-vous ?
Dix-huit coups. Et le dialogue se poursuit. Un dialogue tâtonnant où un seul des correspondants parle, mais où les deux s’expriment.
— Vous êtes muette de naissance ?
Deux coups.
— A la suite d’un accident ?
Deux coups.
— D’une maladie ?
Un coup.
Madeleine Béraud n’est pas médecin. Elle n’a pas une idée bien claire des maladies qui peuvent rendre muette. Après bien des détours, elle finit par apprendre que sa jeune correspondante a perdu la voix à la suite d’une méningite. Elle demande :
— C’est grave ?
Un coup plus fort que les autres, et la correspondante raccroche.
Mais le lendemain elle rappelle. Et les mois suivants, tous les trois ou quatre jours, Madeleine Béraud reçoit, à 11 heures du soir, un coup de fil de sa petite muette. Le plus souvent, c’est elle qui parle seule, racontant sa vie quotidienne, les problèmes de ses enfants, leurs résultats scolaires. De temps en temps, au contraire, elles entament leur étrange et émouvant dialogue à la manière des tables tournantes. Madeleine apprend ainsi que sa correspondante faisait des études pour être secrétaire trilingue et que, malheureusement… C’est à peu près tout ce qu’elle peut apprendre d’elle. Car, à toutes les autres questions, elle se heurte à un silence obstiné. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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28 janvier 2010 à 23 11 24 01241
Histoires vraies
La muette du téléphone (3 e partie et fin)
Résumé de la 2 e partie n Madeleine Béraud réussit à faire «parler» son interlocuteur qui lui fait comprendre qu’elle est une femme muette…
Bien entendu, entre-temps, Madeleine s’est renseignée sur la méningite et elle sait que cette grave affection du cerveau peut entraîner un mutisme définitif, ainsi que toutes sortes de troubles mentaux et nerveux. Elle n’en est que d’autant plus attentive et affectueuse avec sa jeune malade. Sans négliger les autres correspondants qu’elle a quotidiennement, elle pense d’abord à elle.
C’est dire l’émotion qu’elle ressent en février 1971 une semaine se passe sans l’appel traditionnel, puis une autre, puis le mois entier…
Madeleine Béraud essaie de se rassurer. La jeune muette est peut-être en vacances de neige, vu la saison. Car, même si elle se refuse à s’exprimer sur ce sujet, elle ne doit pas être seule. Elle doit avoir des parents, des gens qui s’occupent d’elle. Mais au fond d’elle-même, Madeleine est morte d’inquiétude. Est-ce que l’irréparable se serait produit, est-ce que la jeune fille n’aurait pas supporté son infirmité, est-ce qu’elle aurait commis un geste désespéré ? Comment le savoir ? Elle ne sait ni son nom ni son adresse.
Rongée de remords, Madeleine essaie de se souvenir de ce qu’elle lui a dit la dernière fois. Aurait-elle dit quelque chose qui lui aurait déplu ? Elle a beau chercher, elle ne voit pas.
Elle continue sa permanence à SOS Amitié. Chaque fois qu’un correspondant tarde à prendre la parole, elle espère… Mais non, ils parlent au bout d’un moment et, même s’ils restent silencieux, ce n’est pas la respiration qu’elle connaît bien.
Un mois a passé. Nous sommes au début mars. Il est 11 heures du soir. Le téléphone sonne à SOS Amitié. C’est l’heure de la petite muette. Madeleine Béraud a, comme chaque fois, un vague espoir, bien qu’il s’amenuise au fil du temps.
— SOS Amitié. Je vous écoute…
L’attente de Madeleine est aussitôt déçue. C’est une jeune femme qui prend la parole :
— Je m’appelle Michèle.
— Je vous écoute, Michèle. Quel est votre problème ? Vous pouvez parler sans crainte. Je suis une amie.
— Je sais que vous êtes mon amie, Madeleine.
— Vous connaissez mon nom ?
Au bout du fil, il y a un rire léger.
— Pas seulement le vôtre. Je connais celui de vos enfants, leurs résultats à l’école, tous les films que vous avez vus.
— C’est vous ? Mais comment… ?
— Je reviens de l’hôpital où on m’a opérée du cerveau. C’est pour cela que je ne vous ai pas appelée pendant un mois. L’opération était délicate, elle avait même très peu de chances de réussir, mais elle a été un succès complet.
Il y a un silence. Le premier silence volontaire de la part de la jeune Michèle.
— Maintenant, il faut que je vous fasse une confidence. Lorsque je vous ai appelée la première fois, je ne savais pas encore que l’opération serait possible. Je pensais vraiment que je serais muette pour la vie et j’allais faire une bêtise. Machinalement, j’ai décroché le téléphone pour demander du secours. Je me suis rendu compte aussitôt de l’absurdité de mon geste. Et puis je me suis souvenue de SOS Amitié dont j’avais lu le numéro quelque part. Je suis tombée sur vous et j’ai eu de la chance… Elles ont conversé encore un moment et puis Madeleine, pour la première et la dernière fois de sa vie, a dérogé au règlement : elle lui a donné son numéro personnel. Pour ne pas encombrer plus longtemps le standard, elle a demandé à Michèle de la rappeler chez elle. Et là, elles ont parlé enfin toutes les deux aussi longtemps qu’elles voulaient. Madeleine a dû répondre à toutes les questions que lui posait la jeune fille. C’est inimaginable ce qu’elle pouvait être bavarde ! Il est vrai qu’elle avait du retard à rattraper.
D’après Pierre Bellemare
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28 janvier 2010 à 23 11 33 01331
Histoires vraies
Un savant à la dérive (1re partie)
Alfred Wegener contemple les côtes du Groenland, qui se rapprochent lentement. Nous sommes en juin 1930. A cette époque de l’année, les conditions climatiques sont encore supportables et quelques rares touffes de verdure sont visibles ici et là. Il n’empêche qu’il ne fait pas 10°C et que, dès le mois de septembre, les températures passeront au-dessous de zéro.
Malgré ses cinquante ans et sa constitution pas spécialement robuste, Alfred Wegener s’est lancé dans cette expédition, qui doit se poursuivre une année entière. On lui a dit que ce n’était pas raisonnable, mais rien n’y a fait. Il voulait effectuer ces observations qui lui paraissaient capitales. La curiosité scientifique était la plus forte.
Car Alfred Wegener est un savant, un grand savant. Docteur en astronomie et en météorologie à l’université de Marburg, puis professeur extraordinaire à l’université de Hambourg, il est l’un des plus éminents esprits de son siècle. Il est surtout l’auteur d’une théorie révolutionnaire : la dérive des continents. Selon lui, à l’origine, toutes les terres ne formaient qu’une seule masse. Elles se sont séparées et, depuis, elles ne cessent de s’éloigner les unes des autres. Cette théorie a, entre autres, le mérite d’expliquer les tremblements de terre, qui sont causés par le déplacement des plaques continentales, ainsi que la formation des chaînes de montagnes. Mais elle est beaucoup trop novatrice et, à cette époque, la majeure partie du corps scientifique la rejette avec véhémence. Elle sera pourtant prouvée de manière irréfutable quelques dizaines d’années plus tard.
Le capitaine Hansen s’approche d’Alfred Wegener, toujours absorbé dans sa contemplation du Groenland. La barbe poivre et sel, le teint buriné, le capitaine a tout du vieux loup de mer. Pendant toute la traversée, il a observé avec curiosité cet être original, la plupart du temps perdu dans sa rêverie scientifique et il s’est pris de sympathie pour lui. Il lui montre le paysage désolé où ils vont accoster.
— Voici le théâtre de vos exploits, professeur. Vous n’êtes pas inquiet ?
Alfred Wegener le considère avec surprise :
— Inquiet, pourquoi ? Mon procédé de sondage de la calotte glaciaire par le son est parfaitement au point. Grâce à lui, je pourrai déterminer son épaisseur, ce qui sera décisif pour comprendre les évolutions du climat. Bien sûr, pour cela il faut se rendre à l’endroit où la glace est la plus épaisse, c’est-à-dire au centre du Groenland.
— Et c’est loin de la côte ?
— Trois cent cinquante kilomètres. A cet endroit, l’altitude est de trois mille mètres, c’est vous dire l’importance de la couche glaciaire !
— Et qui va y aller ? Vous-même ?
— Non, je resterai sur la station côtière, pour coordonner les opérations. Ce seront les docteurs Georgi et Sorge qui se chargeront de cette mission.
Alfred Wegener désigne à son interlocuteur deux personnages d’une cinquantaine d’années comme lui, qui sont en ce moment lancés dans une discussion véhémente. Le capitaine Hansen les considère avec quelque scepticisme.
— Vous pensez qu’ils vont s’en sortir ?
— Comment pouvez-vous me poser la question ? Ce sont les plus éminents dans cette spécialité. Leurs travaux font autorité. Ils sont docteurs honoris causa de nombreuses universités.
— Ce n’est pas cela que je voulais dire. Je parlais sur le plan physique.
Alfred Wegener réfléchit un instant, comme si c’était la première fois qu’il se posait ce problème, et conclut :
— Il faudra bien (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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28 janvier 2010 à 23 11 34 01341
Où sont réellement fabriquées les chaussures lancées sur W. Bush ?
Un frère du journaliste irakien devenu célèbre pour avoir lancé ses chaussures sur le président américain George W. Bush s’est déclaré excédé, hier, lundi, par ceux qui, à travers le monde, voulaient tirer profit du geste de Mountazer Al-Zaïdi. «C’est du n’importe quoi. Ces gens qui cherchent à se faire de la publicité sur le dos de mon frère sont des pêcheurs en eaux troubles», a-t-il dit. «Les Syriens clament qu’elles sont fabriquées en Syrie, les Turcs font pareil. Certains disent qu’il les a achetées en Egypte. Autant que je sache, il les a achetées à Bagdad et elles ont été fabriquées en Irak», a-t-il expliqué. A Istanbul, le directeur des ventes des chaussures Baydan, a affirmé qu’entre «le jour de l’incident et aujourd’hui, il avait reçu au total des commandes pour 370 000 paires» des fameuses chaussures. Il a ajouté que sa compagnie vendait d’habitude 15 000 paires de ce modèle par an. Ce responsable n’a pas caché son bonheur quant à l’impact commercial «très positif et exceptionnel» qu’a engendré le lancer de chaussures, mardi dernier en Irak, sur le président américain George W Bush par le journaliste irakien Mountazer Al-Zaïdi, lors d’une conférence de presse. Ce responsable d’usine sise à Istanbul (Turquie) dit ouvertement : «Merci Bush !». Dans le secteur de la chaussure, a-t-il dit, il faut savoir réagir vite (…) « Nous avons embauché 100 ouvriers de plus pour répondre à la demande. Au début les commandes venaient surtout d’Irak, du Proche-Orient. Mais maintenant, elles sont devenues mondiales. Une entreprise américaine a commandé à elle seule 19 000 paires du fameux «modèle 271» qui a été rebaptisé «Bush Shoes» par la société. Le fabricant se dit ravi et précise qu’il n’a pas augmenté le prix de ce modèle soit 27 dollars à la sortie de l’usine.
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28 janvier 2010 à 23 11 35 01351
Blida, trois identités pour un même individu
l La 2e Sûreté Urbaine de Blida vient de mettre fin aux activités d’un escroc qui vivait et activait avec trois identités différentes. Il proposait et vendait du matériel médical, des produits de parapharmacie avec un timbre en caoutchouc subtilisé à une entreprise privée où il avait travaillé durant une année comme délégué commercial, également sous une fausse identité. La plainte du propriétaire débouchera le 13 décembre dernier sur l’arrestation du faussaire. B. M., 35 ans, travaillait avec les pharmacies au nom de la société ; l’enquête l’avait identifié du nom de H. M., né à Alger et la fouille d’une valise qu’il portait fera découvrir deux autres CNI dont les véritables titulaires avaient déposé plainte par le passé. Quatre puces de téléphone étaient achetées avec ces identités et une fouille minutieuse d’un entrepôt sis à Gdyel, près d’Oran, où les policiers avaient dû se déplacer permettra de récupérer plus de cinq millions de dinars de matériel et équipement médical, un micro portable et même une K7 vidéo filmant nue une connaissance à lui. L’investigation permettra également de découvrir plusieurs affaires d’escroquerie le concernant et un mandat d’amener par les services judiciaires pour non-paiement d’une pension alimentaire puisqu’il s’avérera également qu’il était divorcé. Présenté le 21 décembre devant le procureur de la République près le tribunal de Blida, le mis en cause a été placé sous mandat de dépôt pour escroquerie.
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28 janvier 2010 à 23 11 41 01411
Histoires vraies
Un savant à la dérive (2e partie)
Résumé de la 1re partie n Alfred Wegener n’est pas pris au sérieux pour sa théorie de la dérive des continents….
Le capitaine Hansen tire une bouffée de sa pipe.
— Voyez-vous, professeur, ce qu’il aurait fallu dans votre expédition, c’est un ouvrier, un brave ouvrier totalement ignorant en science mais ayant l’esprit pratique.
Et, comme l’inventeur de la dérive des continents fait une moue dubitative, il ajoute :
— J’espère que tout se terminera bien.
Le bateau a accosté depuis déjà quelque temps. C’est maintenant le débarquement de l’énorme matériel de l’expédition : plus de cent vingt tonnes d’équipements divers. Alfred Wegener surveille les opérations. Outre les professeurs Georgi et Sorge, il y a avec lui le docteur Loewe, médecin de l’expédition, et une dizaine de techniciens. Ceux-ci donnent un coup de main aux porteurs esquimaux qui ont été recrutés sur place et qui, c’est le moins qu’on puisse dire, ne font guère preuve d’énergie. Tout cela s’effectue dans la pagaille, chacun tenant visiblement à en faire le moins possible.
Le capitaine Hansen, qui assiste au manège avec quelque irritation, se permet d’intervenir auprès d’Alfred Wegener :
— Vous voyez bien qu’ils se traînent. Secouez-les un peu !
Mais faire preuve d’autorité n’est pas dans le caractère d’Alfred Wegener. Il s’adresse au contraire aux deux professeurs et au médecin
— Venez, mes amis ! Nous allons les aider.
Le capitaine Hansen voit les trois savants et le médecin se mettre à coltiner de lourdes charges au risque de s’épuiser et, bien que cela ne fasse pas partie de ses attributions, il va les aider à son tour.
Le débarquement se poursuit. Alfred Wegener montre avec fierté au capitaine les deux véhicules à moteur de son expédition. Il faut dire que ce sont des engins totalement révolutionnaires, propulsés sur skis par une hélice d’avion située à l’arrière.
— Ils peuvent atteindre la vitesse de 30 km/h et les moteurs sont conçus pour résister à une température de -40° C.
— Et s’ils tombent en panne quand même ?
Le savant lui désigne les passagers à quatre pattes qui sont en train de sortir de la cale.
— Tout est prévu : nous avons de nombreux attelages avec chiens et vingt-cinq poneys islandais. Ce sont des bêtes spécialement entraînées à marcher sur les glaciers.
Le capitaine voit passer devant lui des petites bêtes robustes au poil très long, certainement adaptées à ces climats.
— Et le fourrage, vous y avez pensé ?
Il voit son interlocuteur pâlir.
— Le fourrage, vous dites ?… Non, je crois bien qu’on l’a oublié.
Wegener a juste terminé sa phrase qu’un des membres de l’expédition vient le trouver :
— Tout a été débarqué, professeur, mais il manque l’installation téléphonique…
Il s’agit de la ligne qui devait relier la station centrale où les professeurs Georgi et Sorge vont faire leurs observations à la station côtière, avec Alfred Wegener lui-même. Son absence multiplie les risques, mais il est trop tard, il faudra s’en passer.
Ce dont on ne peut pas se passer, en revanche, c’est le fourrage pour les poneys. Voilà donc Alfred Wegener obligé d’aller visiter les quelques villages esquimaux disséminés le long de la côte pour leur acheter le foin indispensable. Cela prend plus d’une semaine et ce sont des jours précieux qui sont perdus, car il faut absolument être prêts avant l’arrivée du froid. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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28 janvier 2010 à 23 11 46 01461
Histoires vraies
Un savant à la dérive (3e partie)
Résumé de la 2e partie n Le professeur et ses deux collègues arrivent au Groenland, mais ils ont oublié le fourrage pour les poneys qui vont tirer les traîneaux et cela va les retarder…
Il y a d’autant moins de temps à perdre que les efforts restant à faire sont considérables. Le Groenland se présente comme une sorte de plateau de mille mètres d’altitude, dont le début se situe tout près des côtes. Il va donc falloir hisser les cent vingt tonnes de matériel à cette hauteur et y installer la station côtière. Ensuite, on ira mettre en place la station centrale, à trois cent cinquante kilomètres de là.
Pour ce trajet, les différents moyens de transport ne servent à rien et, le plus souvent, ils sont même un fardeau supplémentaire. Si les chiens peuvent se débrouiller par eux-mêmes sur ces pentes très abruptes, il faut porter les traîneaux. Les poneys, eux aussi, ont les plus grandes difficultés à faire l’escalade et, par endroits, il faut les hisser avec des sangles.
Quant aux deux véhicules à moteur, on doit les tirer avec des treuils. Les jours où tout va bien, on parvient à progresser d’à peine cinquante mètres et il faut six semaines d’efforts inouïs pour accomplir le trajet.
Devant l’importance du travail à fournir, les savants doivent porter et tirer avec les autres, et c’est épuisés qu’ils parviennent en haut.
Mais il n’est pas question de s’arrêter, du moins pour les professeurs Georgi et Sorge : ils doivent immédiatement se rendre au centre de l’île pour y installer leur station d’observation. C’est à ce moment que, en ouvrant les caisses, on se rend compte que l’habitation qui leur était destinée est manquante. Ils devront se débrouiller sans elle. Tout comme Alfred Wegener lui-même, ils ont l’enthousiasme des savants et ils assurent que ce n’est pas grave.
Les voici donc partis, à la tête d’un convoi de plusieurs traîneaux qui emportent, outre la sonde perfectionnée pour explorer la calotte glaciaire, de la nourriture pour plusieurs mois. Il y a également plusieurs Esquimaux, avec l’outillage approprié, car ceux-ci vont creuser un logement dans la glace pour remplacer le baraquement manquant.
La progression est très lente, non seulement en raison de l’état du terrain, parsemé de nombreuses crevasses, mais du fait qu’on s’arrête à intervalles réguliers pour planter de petits piquets destinés à baliser le chemin. C’est indispensable pour le retour et pour d’éventuelles expéditions de secours plus tard. Enfin, les deux savants parviennent à la station centrale, au cœur du Groenland, à trois mille mètres d’altitude. Bien qu’on soit au mois d’août, il gèle.
Les Esquimaux qui les ont accompagnés, montrent tout leur savoir-faire. Le sol est parsemé d’énormes blocs de glace hauts comme des maisons, qui ne dégèlent jamais. Dans le plus grand d’entre eux, ils creusent une habitation spacieuse, un igloo, comme ils ont l’habitude d’en faire pour eux-mêmes, mais de grandes dimensions. Il se compose d’une pièce de cinq mètres de long sur trois de large, qui sert à la fois de salle à manger, de chambre à coucher et de cabinet de travail, plus deux magasins de plus petites dimensions, pour la nourriture et le matériel.
Dans la pièce principale, la température est de -14° C au sol et de 0° C au plafond. Les deux professeurs ne disposent, pour se chauffer, que d’un peu plus d’un litre de pétrole par jour, ce qui risque de faire peu en hiver, lorsque le thermomètre descend jusqu’à -65 °C. Pour l’instant ils n’y pensent pas et, tandis que les Esquimaux repartent sur leurs traîneaux en direction de la station côtière, ils installent leur sonde et se mettent au travail. Ils ont oublié le froid, la fatigue et toutes les contrariétés. C’est la première fois qu’on va faire ces mesures et leur intérêt scientifique mérite bien d’endurer ces petits désagréments. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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28 janvier 2010 à 23 11 48 01481
Il gagne à l’Euro Millions et se transforme en père Noël
l Vainqueur du dernier tirage de l’Euro Millions, un Belge a fait cadeau pour Noël de 3,75 millions d’euros -la moitié de sa nouvelle fortune- à répartir entre les familles en difficulté de sa ville, ont rapporté, hier mercredi, plusieurs médias belges. «Le père Noël habite à Riemst», une commune flamande du Limbourg, à la frontière avec les Pays-Bas, titre le quotidien néerlandophone Het Laatste Nieuws, plus gros tirage de la presse belge. A quelques heures du réveillon, le journal de la première chaîne de télévision francophone Rtbf a aussi consacré un long sujet à ce «cadeau de Noël» aussi généreux qu’inattendu. Gagnant de la somme mirobolante de 7,5 millions d’euros au tirage du 12 décembre de l’Euro Millions, le «père Noël» de Riemst a fait savoir qu’il donnerait la moitié de ses gains aux pauvres de la commune qui compte 16 000 habitants. Son premier geste : des chèques d’une valeur de 1 000 litres de mazout pour cent familles en difficulté», a raconté Hubert Cleuren, président du Centre public d’aide sociale de Riemst. Le généreux donateur a demandé à conserver l’anonymat. Mais selon les premières indications, il aurait une cinquantaine d’années et serait père de 2 enfants. «Il a lui-même connu le froid», a précisé le libraire qui a vendu le billet gagnant.
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28 janvier 2010 à 23 11 49 01491
Elle reprend vie après trois jours sous la neige
l Une Canadienne âgée de 55 ans a été ramenée, ce jeudi, à la vie après avoir passé trois jours sous la neige. Partie vendredi pour faire ses courses, elle a été prise dans la tempête de neige qui s’est abattue sur la région et n’a plus donné signe de vie. C’est seulement lundi qu’un secouriste volontaire parti avec un chien à sa recherche l’a retrouvée. Souffrant d’hypothermie, elle se rétablit de manière satisfaisante à l’hôpital, a annoncé la radio télévision canadienne nationale CBC. «J’ai dit aux gens que j’étais convaincu que Dieu était allé vers elle et l’avait protégée dans son berceau jusqu’à ce qu’on la retrouve», a déclaré à CBC son époux. Il avait appelé la police lorsqu’il avait constaté qu’elle n’était pas rentrée pour dîner. La miraculée a été retrouvée sous soixante centimètres de neige. Elle y avait passé 72 heures. On ne sait toujours pas ce qui peut l’avoir poussée à sortir de sa voiture pour aller dans le champ où elle a été retrouvée mais le secouriste pense qu’elle a dû être désorientée par la tempête.
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28 janvier 2010 à 23 11 59 01591
Histoires vraies
Un savant à la dérive (5e partie)
Résumé de la 4e partie n Le Dr Loewe est dans un état critique. Pour cela, Alfred Wegener est pressé de rejoindre Sorge et Georgi, mais sans les approvisionnements qu’il a dû abandonner…
Mais c’est seulement le 30 octobre 1930 que les trois hommes parviennent à la station centrale, après quarante jours de traversée dans des conditions inhumaines. Aux deux savants, ils n’apportent strictement aucune aide, bien au contraire. Ils sont pour eux un fardeau supplémentaire.
Une fois dans l’igloo, le docteur Loewe examine ses pieds gelés et conclut qu’il faut amputer sur-le-champ tous les orteils. Il n’y a ni anesthésique ni matériel chirurgical, et c’est Rasmus qui doit se charger de l’opération avec un canif. Seulement, dans l’état où il est, le médecin ne peut plus partir. Il est obligé de rester avec les deux savants, et cela fera une bouche de plus à nourrir sur leurs maigres provisions.
Alfred Wegener décide alors de repartir dès le lendemain, pour ne pas aggraver la pénurie de vivres. Ses deux collègues tentent de l’en dissuader :
— Ce n’est pas prudent. Vous devez d’abord prendre un peu de repos. Nous avons largement de quoi nous nourrir.
— N’insistez pas. Ma décision est prise. Parlez-moi plutôt de vos expériences.
Du coup, Georgi et Sorge oublient la situation présente, si dramatique qu’elle soit, pour faire part de leurs découvertes.
— Les résultats dépassent les espérances. D’après les premières constatations, la couche de glace atteindrait deux mille sept cents mètres !
— Deux mille sept cents mètres ? C’est extraordinaire !
— Ce n’est pas tout. Les prélèvements ont apporté des résultats remarquables.
Et, dans cette maison de glace au cœur du Groenland et de l’hiver austral, les trois savants discutent avec passion. Leur fatigue et leurs craintes ont disparu. Seule compte pour eux la science, même s’ils doivent en être les victimes.
Le lendemain, 31 octobre, Alfred Wegener repart en traîneau, avec Rasmus, après un dernier salut à ses collègues. La tempête s’est arrêtée. Il fait très froid, mais le temps est superbe et ils peuvent parcourir une assez longue distance jusqu’à la nuit.
Là, comme il a l’habitude de le faire, Rasmus bricole un igloo de fortune pour les abriter. Mais le lendemain matin, lorsqu’il se lève, il découvre que le chef de l’expédition ne bouge plus. Il n’y a rien à faire pour le ranimer. Alfred Wegener est mort, sans doute d’une crise cardiaque consécutive aux trop grands efforts qu’il a fournis. Il avait juste cinquante ans.
Pieusement, Rasmus ensevelit son corps dans la glace. Pour qu’on puisse le retrouver, il plante au-dessus une croix faite de deux piquets entrelacés, puis il reprend sa route en traîneau, tandis que le blizzard se déchaîne de nouveau. On ne le retrouvera jamais. Il disparaîtra quelque part dans les terres gelées du Groenland. Par dévouement à un homme qu’il admirait, il avait fait ce que ni ses pères ni les pères de ses pères n’avaient fait, et il l’avait payé de sa vie. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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29 janvier 2010 à 0 12 04 01041
Histoires vraies
Un savant à la dérive (6e partie et fin)
Résumé de la 5e partie n Dr loewe et Alfred Wegener sont un poids pour les autres, c’est là que Wegener décide de repartir mais, au petit matin, il est retrouvé sans vie…
On ne le retrouvera jamais. Il disparaîtra quelque part dans les terres gelées du Groenland. Par dévouement à un homme qu’il admirait, il avait fait ce que ni ses pères ni les pères de ses pères n’avaient fait, et il l’avait payé de sa vie.
Le temps passe. Dans les deux stations de l’expédition, les occupants n’éprouvent pas d’inquiétude particulière. Ceux de la station côtière pensent que Wegener est allé apporter le ravitaillement aux deux professeurs et qu’il est resté avec eux. Ceux-ci, de leur côté, s’imaginent qu’il est rentré à bon port. De toute manière, ni les uns ni les autres n’ont la possibilité de sortir. C’est l’hiver, avec des températures inférieures à – 60 °C et des vents soufflant à plus de 100 km/h.
Ce n’est qu’au printemps que les membres de l’expédition peuvent parcourir le chemin emprunté par le savant, et ils découvrent la croix sommaire faite de deux piquets. Plutôt que de rapatrier son corps, ils décident de le laisser sur place. Au-dessus, ils installent une haute croix aux formes très pures, qui domine le paysage désert et uniformément plat à cet endroit.
Lorsque l’expédition rentre en Allemagne, le monde apprend à la fois la disparition du grand météorologue et les résultats remarquables des expériences effectuées par les professeurs Georgi et Sorge. Car, si elle a été un désastre sur le plan humain, l’expédition a été une réussite scientifique incontestable. On a découvert que les glaces des pôles apportaient une quantité de renseignements sur les événements climatiques et météorologiques des siècles passés.
La veuve d’Alfred Wegener n’a pas souhaité qu’on ramène son corps. Elle a jugé qu’il était plus noble pour lui qu’il repose là où sa passion scientifique l’avait fait s’aventurer au mépris de la prudence.
Et le capitaine Hansen, le vieux loup de mer qui avait tenté de le mettre en garde au début de l’expédition, n’a pas dit autre chose, lorsqu’il a fait à un journaliste cette déclaration, qui est en même temps un bel éloge funèbre
«Il existe deux espèces de vagabonds : les malheureux qui errent par les chemins et finissent par succomber sous le poids de la misère, puis les explorateurs. Ceux-ci pourraient mener une vie heureuse dans une douce quiétude si, entraînés par leur passion, ils ne se lançaient dans des entreprises périlleuses où ils tombent victimes de leur idéal.»
D’après Pierre Bellemare
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29 janvier 2010 à 0 12 09 01091
Histoires vraies
Mademoiselle Phileas Fogg (1re partie)
Elizabeth Cochrane repose avec rage l’exemplaire du Dispatch, le plus grand quotidien de Pittsburgh, qu’elle était en train de lire.
— Ce n’est pas possible d’écrire des choses pareilles !
Sa mère, une femme d’une cinquantaine d’années, à l’austère robe noire et aux allures effacées, lui répond, sans quitter des yeux sa couture :
— Eh bien, tu n’as qu’à ne pas les lire. Quelle idée, pour une jeune fille, d’être abonnée à un journal !
Il faut préciser que nous sommes en 1887 et qu’à cette époque, aux Etats-Unis comme en Europe, la condition féminine est au plus bas. En fait, il existe deux sortes de femmes : celles du peuple qui sont envoyées allègrement à la manufacture où elles s’épuisent à la tâche douze heures par jour et les bourgeoises, qui n’ont pas le droit, moralement s’entend, de travailler ; seuls les métiers d’institutrice et d’infirmière sont tolérés. Le destin d’une jeune fille de bonne famille est de se marier et de fonder un foyer.
Mais cela, Elizabeth Cochrane ne veut pas en entendre parler. Elle est jolie pourtant, avec sa haute taille, ses cheveux bruns et ses yeux bleus, et ce ne sont pas les prétendants qui lui ont manqué, mais elle les a tous repoussés et elle est toujours célibataire. Elle a préféré rester auprès de sa mère. Elle est la dernière de sept enfants, tous des garçons, qui sont à présent mariés. Son père, magistrat à la cour d’assises, est mort il y a dix ans. Mme Cochrane vit de sa pension de veuve et Elizabeth l’aide en donnant des leçons d’anglais. Ce n’est pas la misère, mais c’est la gêne. Elles habitent un tout petit appartement, dans un quartier pauvre de Pittsburgh.
Mme Cochrane soupire :
— Ma pauvre Elizabeth, quand seras-tu comme les autres ? Quand songeras-tu enfin à te marier ?
— Je ne suis pas comme les autres, maman, et, quand je lis des choses pareilles, j’ai honte d’être une femme !
La chose en question est un article du Dispatch intitulé : «A quoi servent les filles ?» et qui fait preuve de l’antiféminisme le plus primaire. Elizabeth le lit à sa mère, qui n’a pas de réaction particulière, et elle conclut :
— Cela ne se passera pas comme cela ! Je vais écrire au journal. Ils vont m’entendre !
Et, tandis que sa mère soupire de plus belle, Elizabeth prend sa plume et se met à la tâche. Ce qu’elle écrit n’est pas une lettre, c’est un véritable contre-article, un petit pamphlet, violent, et plein d’esprit. Et elle envoie le tout au rédacteur en chef.
La réponse ne tarde pas. Trois jours seulement plus tard, elle reçoit un courrier signé de George Madden, rédacteur en chef du Dispatch :
Monsieur,
J’ai beaucoup apprécié le style de votre article. L’idée de signer d’un pseudonyme féminin était amusante. Je serais ravi de vous rencontrer au journal. Vous n’aurez qu’à vous annoncer sous le nom d’Elizabeth Cochrane…
A la lecture de cette lettre, Elizabeth ne peut s’empêcher d’éclater de rire. Le rédacteur en chef la prend pour un homme. Les préjugés sont tels que, pas un instant, il n’a pu supposer qu’une femme écrive un article. Et pourtant, il ne s’agit pas d’un arriéré, bien au contraire. Le Dispatch est un journal libéral et intellectuel dont elle apprécie beaucoup de contenu. Elle n’ose imaginer ce que doit être la mentalité des classes conservatrices de la société. Il y a de quoi frémir !
Mais Elizabeth Cochrane ne frémit pas. Le courage est sa qualité dominante. Elle n’a même absolument peur de rien. Elle décide de se rendre le jour même au journal. Et elle ne veut pas avoir l’air d’un garçon manqué. Elle s’habille de sa seule jolie robe, celle que sa mère lui a offerte dans l’espoir qu’elle attire les prétendants. Elle lui demande aussi de lui prêter sa broche en or, car elle-même n’a aucun bijou, et c’est dans cette toilette qu’elle se rend au Dispatch. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup