par El-Houari Dilmi
Un gros nuage a éclatét ard dans la soirée de mercredi sous le ciel faussement serein de la ville de Tiaret après que le magistrat instructeur près le tribunal de Theniet El-Had eut décidé de placer sous mandat de dépôt l’ex-chef de daïra F. Rabie et le maire de Tiaret B. Omar, poursuivis pour les chefs d’inculpation de «détournement de fonds publics, mauvaise gestion et complicité».
Cinq autres élus de la commune de Tiaret, dont l’actuel vice-président chargé du social et un vice-président chargé des travaux, ont également été mis sous les verrous tandis que les dix-sept autres membres de l’APC de diverses obédiences politiques ont tous été placés sous contrôle judiciaire jusqu’à la fin du procès qui doit durer plusieurs semaines. Le magistrat instructeur en charge de ce lourd dossier a placé sous mandat de dépôt treize personnes en tout dont des fonctionnaires et cadres de l’administration locale parmi lesquels figurent le directeur des travaux et un ingénieur en travaux publics, tous deux employés de l’APC de Tiaret. Après l’audition de plus de cent soixante personnes entre inculpés et témoins, le subdivisionnaire de la construction et l’habitat, le subdivisionnaire des travaux publics à la daïra de Tiaret, un entrepreneur et un fournisseur de pièces détachées ont également été placés sous mandat de dépôt.
La genèse de cette grosse affaire remonte à l’année dernière lorsque à l’issue d’un long conflit entre le maire (entre-temps suspendu par le wali) et des membres de son exécutif a débouché sur une action judiciaire enclenchée à la demande du premier responsable de la wilaya. Plusieurs enquêtes s’ensuivirent dont celle menée par une commission dépêchée par l’inspection générale de la wilaya et une deuxième un mois plus tard par l’Inspection générale des finances.
L’instruction judiciaire qui a commencé le 17 janvier dernier au niveau du tribunal de Theniet El-Had, relevant de la compétence territoriale de la cour de justice de la wilaya de Tiaret, doit encore se poursuivre dans les prochains jours pour s’élargir à l’audition d’autres cadres de l’administration locale, entrepreneurs et employés de la daïra et la commune de Tiaret, le tout pour tenter de démêler l’écheveau d’une scabreuse affaire de détournement de biens publics, représentés dans la «volatilisation» de plus de soixante-dix milliards de centimes dont 18 milliards destinés à préparer une visite du président de la République dans la wilaya en 2004, une visite qui n’a jamais eu lieu.
Les comptes de l’APC de Tiaret avaient été passés au peigne fin en octobre dernier par l’Inspection générale des finances (IGF), une mission de contrôle de plus deux semaines qui avait conclu à un détournement dépassant les soixante-dix milliards dont des factures fictives payées rubis sur l’ongle à des tiers, des lots de pièces détachées payés mais jamais arrivés au parc de la commune, des marchés publics liés à des opérations d’amélioration et de requalification urbaines conclus en violation du code des marchés publics, payement de frais de missions fictives, détournement à des fins privées de lots de terrains initialement destinés à accueillir des espaces verts, etc.
23 janvier 2010
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