Dommage pour l’Algérie

Le Carrefour D’algérie

Point de vue Par Ahmed Meskine Dommage pour l’Algérie En  même temps qu’il nourrit l’espoir de trouver enfin un travail, ou que ses maigres revenus lui permettent de faire face aux nombreux problèmes du quotidien, l’algérien vit mal l’actualité nationale dominée par les détournements de sommes qu’il faut mettre des jours à compter. Des millions de dinars seraient détournés chaque jour et qui vont de la caisse d’une poste de campagne, aux marchés internationaux les plus juteux en passant par le trésor public. Des millions de dinars qui pourraient servir à redresser un pays fait pour réussir et qui sombre dans la prédation érigée en système où il est judicieusement permis de se demander qui va y échapper. A l’origine de ce qui est devenu la succession des scandales financiers, il y a la presse nationale privée pour ne pas dire indépendante et quelques privilégiés de l’information qui offrent la possibilité d’annoncer le scoop au point de douter du professionnalisme. Si les relations et les réseaux sont devenus une source d’enrichissement mêlant affairisme belliqueux et sens des affaires, elles sont aussi devenues dans le milieu de la presse une façon d’être l’élu du moment pour transmettre le message qu’il faut au moment où il faut. Où cela nous mène-t-il? A une dérive de l’éthique professionnelle et à une presse libre en apparence et en apparence seulement. Par ailleurs cela n’empêchera pas les millions de s’évaporer sous des formes diverses au point de mettre le pays à genoux. Ce sont moins les individus qui importent, mais plutôt la manière dont ils évoluent dans un système pour peu que ce système soit orienté vers l’intérêt public ou non. L’individu s’acclimate de toutes les situations, c’est son propre. Tant que les objectifs du pays étaient de lutter contre le sous-développement et de donner à chacun ses chances de réussite, la concurrence se jouait au niveau de la compétence et de la qualification. Tout le monde y a adhéré. Maintenant que les dés sont pipés et que seul compte l’individualisme à n’importe quel prix, la réussite n’est plus perçue comme une réalisation de soi pour le bien commun, mais comme le pouvoir qu’offre l’argent pour écraser l’autre, le mépriser et le soumettre. C’est ce qui explique que l’argent n’a plus l’odeur du succès honnêtement et que seul le plaisir d’en disposer compte. Sale ou propre, l’argent envahit tous les espaces au point d’étouffer toute morale. Quand notre rétroviseur social nous renvoie l’image d’un peuple pauvre mais digne avant l’indépendance, d’un peuple qui souhaitait seulement la libération de son territoire et la fin de la guerre, il y a de quoi se demander ce qui nous a pris au point où certains dépècent la chair de ce peuple pour se goinfrer. L’Algérien, face à la masse d’affaires inculpant des responsables pour avoir mis la main dans le sac ne sait plus où donner de la tête, ni qui croire. Pendant ce temps la tripartite joue des augmentations au compte-gouttes comme on joue à l’âne et à la carotte. Pendant ce temps l’argent se déplace de mains en mains produisant profits malsains et richesses visibles sans le moindre effort.