Qui a dit que les savants algériens n’ont rien apporté à la civilisation musulmane ?
Conférence sur cheikh Abi Errouh El Menguellati et cheikh Yahia Echaoui
Le
Palais des Raïs, connu anciennement sous le nom de « Bastion 23 », a
abrité mardi après-midi une intéressante conférence sur les cheikhs Abi
Errouh El Menguellati Ezzouaoui et Yahia Abou Zakaria Echaoui, deux
illustres savants algériens méconnus et qui ont contribué à l’essor et
au rayonnement de la civilisation musulmane en Algérie et au
Moyen-Orient, durant les 13e et 17e siècles (7e et 11e siècles de
l’Hégire)
Animée par le moudjahed et universitaire Mohamed
Seghir Belaâlem, la rencontre organisée par l’association culturelle
Mohamed Lamine Lamoudi, en collaboration avec la direction de la
culture de la wilaya d’Alger, a été une belle occasion pour
l’assistance présente de se pencher sur la vie et l’œuvre de ces deux
hommes de science et de religion, qui ont contribué à la propagation et
à l’essor de la science et du savoir dans le monde arabo-musulman, non
seulement en sciences religieuses mais en langue arabe, philosophie,
mathématiques et autres domaines. Outre le savant Mohamed Bencheneb qui
en a fait mention dans ses ouvrages, a souligné M. Belaâlem, le mérite
tout le mérite revient au cheikh El Mahdi Bouabdelli, qui a su attirer
l’attention des savants et chercheurs sur nombre de personnalités
algériennes de premier plan dans l’histoire du monde arabo-musulman et
que peu de gens connaissent aujourd’hui. Dans ce cadre, il a évoqué le
cas de Cheikh Abi Errouh El Menguellati (1266-1343), un natif d’Ait
Menguellat, près d’Aïn El Hammam, qui a fait ses premières classes à
Bejaia avant de poursuivre ses études supérieures à Alexandrie et à El
Azhar (Egypte). Après quoi, cheikh El Menguellati a occupé les
fonctions de cadi à Damas et au Caire avant de se consacrer corps et
âme à l’enseignement et à l’édition d’ouvrages de référence en matière
de sciences religieuses, la géométrie, l’histoire et autres domaines.
L’histoire a retenu de ce savant qu’il a été utilisé comme
contradicteur de l’éminent cheikh Ibn Taymia dans son procès et qu’il
a été un critique acerbe du savant Mohieddine Ibn Arabi. Cheikh El
Mengellati est mort en 1343 au Caire et enterré dans le cimetière
Echafai.
Quant à cheikh Yahia Abou Zakaria Echaoui (1621-1687), a
indiqué M. Belaâlem, il était qualifié par ses contemporains de «
fierté de l’Algérie », tant l’homme réunissait beaucoup de qualités,
sans oublier sa précieuse contribution aux sciences religieuses, dans
les domaines de l’interprétation des textes, l’exégèse et la
jurisprudence, en matière de langue arabe, de philosophie et autres. Né
en à Miliana en 1621, Cheikh Yahia a appris le Coran, quelques
fondements des sciences religieuses avant de poursuivre ses études à
Alger puis à Ténès. Il s’est, ensuite, consacré à l’enseignement dans
beaucoup de villes algériennes avant de se rendre aux Lieux saints de
l’islam, via le Caire où il a enseigné à Djamaâ El Azhar, notamment.
Ensuite, il s’est rendu à Damas aux mêmes fins, puis à Istanbul où il a
été reçu avec les honneurs, a rapporté le conférencier en ajoutant que
l’illustre cheikh s’est distingué à son retour en Egypte par une
critique virulente des philosophes moutazilites. A sa mort en 1687, il
a laissé un grand nombre d’ouvrages de référence en langue arabe et en
sciences religieuses pour son fils qui lui a succédé, mais ceci est une
autre histoire.
Mourad A.
20 janvier 2010
Religion