Le Carrefour D’algérie
date();Mercredi 20 Janvier 2010
SOUG ENN’SSA
Par M. Mahdia
Les Meddahates en voie d’extinction
Autrefois, pour un bon mariage, il fallait une citerne d’eau, deux moutons, un drapeau accroché en haut du toit, beaucoup d’enfants turbulents, des disputes, une intoxication possible et une grande guitoune collective pour les hommes. Mais un mariage ne pouvait se faire sans les fameuses Meddahates,
ces groupes de chant, qui travaillent en clandestins entre femmes, avec beaucoup d’argent, un petit répertoire et des bendirs. Aujourd’hui, les mariages sont tout autre : il y faut une salle de fêtes, des invités triés, pas d’enfants, deux heures d’amabilité et puis au revoir tout le monde. Pour cuisiner, on a les traiteurs et les femmes spécialisées ; pour danser, on a le DJ. Mais le charme y est-il encore ? A peine. Les Meddahates algériennes manquent et elles sont sur la voie de l’extinction. Aucune jeune femme ne veut aujourd’hui chanter, sauf dans un studio et contre un gros contrat d’argent. Les Meddahates s’en vont et avec elles, les tournois de danse entre femmes, les Tebra’h avec l’argent du mari, les chansons entrecoupées d’effet d’annonces en billets de banque et les petites jalousies entre bonnes danseuses et mauvaises acrobates et les petits filles en apprentissage. Tout cela va donc être tué par le CD, le DJ et les MP3 à 60 DA. Aujourd’hui, pour se marier, les problèmes sont grands, les dépenses sont immenses mais la fête est toute petite. Et c’est normal : il y manque les ingrédients de nos grands-mères, leurs façons d’être heureuses avec des youyous et les Meddahates.
20 janvier 2010
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