Hassiba ben Bouali |
Jeudi, 18 Septembre 2008 10:56 |
Mon nom est révolution Plus que quiconque, elle incarne l’engagement réfléchi et mesuré de la révolution algérienne. Issue d’une famille bourgeoise de Chlef, Hassiba est instruite et aisée. Née le 20 janvier 1938 à Orléanville (Chlef), elle fut recrutée en 1956 par Ben Sadok Abdelaziz, qui fut d’ailleurs condamné en 1957 dans le procès des médecins.
Activement recherchée, Hassiba fut condamnée par contumace à la peine de mort. L’Echo d’Alger rapportait qu’elle assurait les contacts entre son chef Mourad, qui avait la haute main sur l’équipe des bombes dans la ZAA et les laboratoires, amenant aux techniciens la matière première et les explosifs préparés. Zohra Drif Bitat, que l’émotion rend quelques minutes pensive et muette, accepte de se souvenir de Hassiba. Pas sous la seule image de la combattante d’une guerre effroyable mais comme d’une toute jeune fille que le destin a choisi de faire mourir dans son combat pour libérer son pays. « L’atmosphère était âpre et soutenue pas les incessants contrôles des bérets verts, rouges, noirs mais également des chasseurs alpins, des zouaves et des services de police en tout genre », raconte Zohra Drif. Le 2 février 1957 « Les femmes étaient dans le patio à l’impasse de la Grenade. J’étais avec Djamila Bouhired, Fatima et d’autres lorsque les paras sont entrés et ont mis les femmes dans la chambre et les hommes au milieu du patio. Lorsqu’ils sont arrivés, Hassiba a eu le temps de se faufiler dans la cache en compagnie de Ali La Pointe et de Yacef Saâdi. Mais comme la cache n’avait pas fini d’être aménagée, on a disposé à la va-vite un sni (un grand plateau). La cache se trouvait derrière un lit en fer forgé. Lorsque tous les hommes ont été rassemblés dans le patio, j’ai compris et j’ai dit : ‘‘Je crois qu’ils vont les torturer.’’ Effectivement, ils ont commencé à les torturer dont le jeune Lyès Bouhired, âgé à l’époque d’à peine 14 ans. » Hassiba avait eu la chance de poursuivre un cursus scolaire normal, ce qui donnait davantage de poids à son engagement. Elle ne s’est pas engagée à cause de la misère ou par ce qu’elle avait faim, mais parce qu’elle savait ce que le peuple algérien était devenu depuis l’occupation… un génocide », commente Zohra Drif. « Physiquement, Hassiba n’avait pas le type mauresque. Elle avait les yeux bleus, très belle fille, bien roulée. Elle avait les cheveux très clairs qu’on a teints en roux avec du henné. Elle s’est transformée en une « fatma » de la casbah avec le pantalon bouffant. Elle était à la Casbah le temps que la filière s’organise pour peut-être ensuite rejoindre la Tunisie. Mais est intervenue la bataille d’Alger… », poursuit Zohra Drif. « Elle était mince mais avait beaucoup d’endurance, car ce n’est pas évident de vivre pendant un an enfermé dans une maison, portant le haïk pour se déplacer. Le danger… Elle avait une capacité d’adaptation incroyable malgré sa provenance d’un milieu bourgeois. Mais cela prouve que nous étions un peuple sans barrière sociale ni différence. Elle avait de la suite dans les idées. ça restait une très jeune fille, très romanesque et idéaliste. » par Zineb A. Maiche |
20 janvier 2010
Colonisation