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Pourquoi Yasmina Khadra a dit «non» aux studios hollywoodiens

19 janvier 2010

Non classé

Bachir Derais, producteur, à Algérie News-Week Pourquoi Yasmina Khadra a dit «non» aux studios hollywoodiens

Bachir Derais qui sortira au printemps prochain son film inspiré des aventures du commissaire Llob revient ici sur sa relation de travail et d’amitié avec Yasmina Khadra. Il nous révèle, entre autres, la raison pour laquelle l’écrivain a refusé que son roman “l’Attentat” soit porté à l’écran par des studios à Hollywood

Algérie News-Week : Votre première collaboration avec Yasmina Khadra, si on se souvient bien, remonte à l’année 2000. C’était pour l’adaptation au cinéma de son roman “Morituri” par Okacha Touita… Bachir Derais : Oui, je l’avais rencontré en tant que producteur mais pas seulement d’ailleurs. Je préparais le tournage de mon premier film dix millions de centimes avec Abdelkrim Bahloul et je l’avais appelé pour un coup de main sur le scénario et le dialogue du film. Il a tout de suite accepté et, fait très touchant, m’a reçu chez lui au milieu de ses enfants pendant quatre ou cinq jours. Nous avons discuté et travaillé ensemble sur un projet qui m’a fait découvrir pour la première fois une personne qui ne demandait rien, qui est très exigeante mais d’une ouverture et d’une générosité extrême, qui écoute vos arguments mais défend les siens. Depuis ce moment, une relation d’amitié et de fraternité me lie à cet écrivain que je considère comme l’un des plus importants que nous ayons eu en Algérie. A propos de “Morituri”, il semblerait que Yasmina Khadra ait été déçu par le film de Touita. Est-ce vrai ? Oui, il l’a été. Mais ce n’est pas la faute à Okacha Touita. Le cinéaste a pris la trilogie entière pour faire son Morituri. Ce choix n’est pas blâmable en soi. Le vrai problème est qu’il a fait le long métrage avec des moyens dérisoires – quelque six milliards de centimes pour un projet de vingt à vingt-cinq milliards. Ce manque de ressources l’a obligé à supprimer des scènes, à faire des raccourcis qui n’ont sans doute pas plu à Yasmina Khadra. Avec un budget conséquent, le film aurait été certainement meilleur. Prochainement, grâce à vous, on verra à la télé et au cinéma l’adaptation des aventures du commissaire Llob, personnage mythique des premiers polars de Yasmina Khadra. Quand cette idée a-t-elle germé et qui en fut l’initiateur ? L’idée a germé en 2005 pendant le tournage de “Morituri”, le long métrage de Touita. Qui en a eu l’idée ? Je crois que nous l’avons eue ensemble. Nous souhaitions tous les deux faire quelque chose à partir du commissaire Llob, personnage puissant et aux caractéristiques emblématiques d’une certaine Algérie vue en son temps par Yasmina Khadra. Nous devions faire le projet avec une chaîne arabe mais les négociations, très laborieuses, n’ont pas abouti. Nous sommes alors allés voir le patron de l’ENTV de l’époque, Hamraoui Habib Chawki, qui nous a aussitôt donné son accord pour le financement du film. Nous avons commencé à travailler dessus en 2007, le scénario était fin prêt en 2009 et nous avons commencé le tournage à Alger en 2009. Comment avez-vous travaillé avec Yasmina Khadra ? Yasmina Khadra est cinéphile. Il connaît et adore le cinéma. Il n’ignore pas non plus ses contraintes. Chacun travaille de son côté, ensuite nous prenons le temps de nous rencontrer pour améliorer ou rectifier certains aspects du scénario.Yasmina Khadra mêle la confiance à l’exigence. Il écoute beaucoup mais ne transige pas sur ce qui semble important à ses yeux. Il peut vous manifester son désaccord sur certains aspects tels la production, le casting par exemple, mais ne fait jamais en sorte d’ignorer votre point de vue ou votre argument. C’est une qualité que je retrouve à chaque fois que je travaille avec lui. Pour que les personnages ne paraissent pas trop datés, Yasmina Khadra a réactualisé les thèmes abordés dans les années 1990 en leur injectant de nouveaux sujets qui sont davantage en relation avec l’actualité d’aujourd’hui. A la place de l’antiterrorisme, qui était le cheval de bataille du héros Llob dans les années rouges, il a davantage insisté sur le grand banditisme, le détournement et le blanchiment d’argent, la mafia de l’import-import… Et comment s’est déroulé le tournage ? Il a duré plus de deux semaines et il a été très difficile. Pas pour une raison d’argent – qui de toutes les façons et avec huit milliards de centimes de budget ne suffisait pas pour ce type de production – mais faute de moyens matériels et techniques. Un polar, c’est d’abord du spectacle ! C’est l’usage des armes, de matériaux explosifs, les cascades, tous les ingrédients qui crédibilisent une scène de polar. Or, il est très difficile de s’en procurer en raison des mesures de sécurité en vigueur. Cette difficulté de trouver les accessoires (pour une fois le mot n’est pas très juste) adéquats nous a compliqué la tâche. Quand est-ce que le public pourra voir le film et le téléfilm ? Le film est en cours de montage. Je pense que le film et le téléfilm seront livrés dans à peu près trois mois. La version long métrage du film sera montrée en avant-première à Alger à la même période, donc au printemps. La version téléfilm, c’est l’ENTV qui décidera du moment et de la date de sa diffusion. Qu’en est-t-il de l’adaptation de “Ce que le jour doit à la nuit” et quand commencera le tournage ? Nous n’avons pas encore de date fixe. Daniel Saint-Hamont continue de travailler sur le scénario. Il sera probablement prêt dans quelques semaines, au début du printemps sans doute. Ce qui correspond à nos prévisions, car après les repérages de l’an dernier nous nous sommes donnés rendez-vous pour le mois de mars. Arcady aura eu le temps de finir le film qu’il tourne actuellement, le mien sera terminé également, ce qui nous permettra de nous engager pleinement dans le tournage du long métrage. Il reste à espérer que les autorités de notre pays nous donnent le feu vert au moment voulu et que tous les moyens et toutes les garanties nous soient donnés pour que ce tournage se déroule dans les meilleures conditions possibles. D’autant qu’une grosse partie de l’histoire sera filmée en extérieur avec reconstitution de certains décors, ce qui implique le soutien et l’aide des collectivités locales, les services de sécurité etc. “L’attentat”, après tous les rebondissements que le projet a connus, ne sera finalement pas adapté à Hollywood. Pourquoi ? Yasmina Khadra craint que son roman ne lui échappe et je le comprends fort bien. Au début, les producteurs hollywoodiens qui voulaient adapter le roman au cinéma ont recruté l’américano- libanais Ziad Doueiri, connu pour avoir fait West Beirut et pour être un des cadreurs de Quentin Tarantino. Il devait se charger de l’adaptation mais il semblerait que son scénario n’a pas enthousiasmé les producteurs qui ont ensuite chargé Jeremy Brook, le frère de Peter Brook, de travailler sur une nouvelle version. Jeremy Brook, qui a écrit “Le dernier roi d’Ecosse”, grand film sur Idi Amin Dada, était parti pour faire un bon scénario mais là aussi il semblerait qu’il n’y a pas eu accord Yasmina Khadra, qui n’a pas le temps de superviser l’écriture du film ni de suivre son tournage, a eu peur que l’histoire lui échappe et ne soit détournée de son propos originel. Il a préféré dire non aux studios. Yasmina vient de sortir chez Julliard un nouveau livre, “l’Olympe des infortunes”. L’avezvous lu ? Non, pas encore. L’oeuvre de Khadra m’enthousiasme. Elle m’enthousiasme d’autant plus que, contrairement à ce que disent ses détracteurs, c’est un homme et un écrivain qui a souffert avant de s’imposer dans le paysage de l’édition parisienne qui est un milieu très fermé. Les médias ne l’ont pas épargné non plus. Certains ont même été discourtois avec lui pour utiliser un euphémisme. Sa notoriété, il ne la doit à personne mais à son talent seul. Entretien réalisé par Nordine Azzouz

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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