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Les Paroles et sagesses, du Cheikh Ahmed al-Alawi

17 janvier 2010

Histoire

Les Paroles et sagesses, du Cheikh Ahmed al-Alawi

Et si Mostaganem m’était contée



Les Paroles et sagesses, du Cheikh Ahmed al-Alawi

Amis, si vous avez compris la vérité de mon état, la voie est là, devant vous. Suivez mes pas, car par Dieu ce ne sont pas choses douteuses ni vagues produits de l’imagination : je connais d’une connaissance à la fois secrète et manifeste, j’ai bu la coupe de l’amour et j’en ai eu la possession, elle est devenue mon bien pour toujours.



          Par ailleurs, sache que l’habitude s’est établie, parmi les gnostiques, de transmettre leurs connaissances dans le choix des paroles composant leurs «Prières sur le Prophète». Elles aident ainsi l’ascension (mi’raj) de leurs disciples, leur permettant d’atteindre à la connaissance de certains aspects de la fonction divine (ullûhya) et aux réalités profondes de la fonction législatrice (risala).

           La Vérite (Dieu) ne peut être saisie par la vue, tandis qu’Elle nous perçoit. Et comment pourrions-nous La saisir alors qu’Elle est plus près de nous que nous-mêmes! Est-il possible à l’oeil de voir son oeil? 

      T’obliger à considérer tes frères, les soufis, comme des membres de la communauté des vrais croyants dont nous sommes tenus, les uns et les autres, de respecter chaque personne. Le Prophète a dit : «Quiconque prie selon notre prière, utilise notre orientation, et mange de nos aliments sacrifiés est un musulman; il est sous la protection d’un pacte entre Dieu et Son envoyé. Ne soyez donc pas cause de la violation du pacte de Dieu. « (Hadith – Bukhari)

            Il ne s’agit pas de savoir si vous êtes dans la miséricorde de Dieu , mais plutôt si la miséricorde de Dieu est en vous.

           Si vous ne trouvez pas Dieu parmi les humains, vous ne le trouverez nulle part. 


Le souvenir de Dieu est la règle la plus grande de la religion … La loi ne nous a pas été imposée, ni les rites ordonnés si ce n’est pour affermir le souvenir de Dieu.

Mieux vaut une prière sans génuflexion qu’une genuflexion sans âme. Le but étant plus loin que le moyen, pleurons sur ceux qui ne s’arrêtent qu’à cette derniere.


Belkacem BELHAMIDECHE

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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Une réponse à “Les Paroles et sagesses, du Cheikh Ahmed al-Alawi”

  1. Artisans de l'ombre Dit :

    Le fondateur de la confrérie al-’Alawiya : Cheikh Ahmed al-Alawi
    Le Cheikh Ahmed al-Alawi fut un de ces rares esprits qui avaient atteint les plus hautes cimes de la connaissance spirituelle et de la sagesse, il y parvint par sa volonté et surtout par ses prédispositions naturelles, contrairement à l’assertion d’A Berque et à l’affirmation de Gardet et d’Anawati, le Cheikh ne fut jamais en Perse et encore moins en Inde, Ce fut à Mostaganem qu’il progressa, qu’il s’éleva dans la voie, car les quelques voyages qu’il fit ne lui permirent guère que de s’occuper surtout de l’implantation de ses zawiyas, de s’entretenir avec ses disciples.

    Le fondateur de la confrérie al-’Alawiya : Cheikh Ahmed al-Alawi
    C’est à Tijditt, faubourg de Mostaganem en 1869 que naquit Ahmed ben ‘Aliwa, plus connu sous le nom d’al-’Alawi, il avait deux sœurs, sa mère Fatima était une femme pieuse, son père Mustapha par fierté ne laissait lire ou deviner sur ses traits les moindres séquelles du besoins dans lesquelles se débattait sa famille. N’ayant jamais envoyé son fils unique au Kûttab (ne fut-ce qu’un seul jour), il s’occupa lui-même de son instruction, à la maison, il lui apprit à lire et surtout le Coran jusqu’à la Sourate ar-Rahman.

    Mais le père mourut en 1886, alors que son fils consommait ses dix septième années. La nécessité se fit plus urgente au sein de l’humble famille, le jeune Ahmed vibrant de tout son être au malheur des siens, dut remplacer le père disparu et exercer divers métiers, ce fut surtout celui de cordonnier qu’il maîtrisa le mieux et qu’il lui permit d’assurer une certaine aisance matérielle.

    Plusieurs années durant, la maroquinerie l’occupa, puis il s’adonna au commerce, déjà une soif ardente de connaissances spirituelles s’était irrésistiblement emparé de lui. Elle était loin d’être assouvie, en raison de ses occupations profanes; « Si je n’avais eu un certain don et une certaine intelligence native, je n’aurai probablement rien appris qui vaille la peine d’en parler… ».

    Il se rattrapait surtout la nuit, aidé en cela par quelques Cheikhs qu’il invitait chez lui, s’adonnant à l’étude avec frénésie, il dévorait livre sur livre et cela l’absorbait des nuits entières, à tel enseigne que son épouse en prit ombrage et finit par demander le divorce, trouvant qu’il n’accomplissait pas ses devoirs conjugaux; « elle avait en vérité, quelques raison de se plaindre de moi… ».

    Cette assiduité aux enseignements (sous les chapelets) des Cheikhs de fortune, permit au jeune Ahmed de cultiver une certaine ascèse mentale, d’appréhender quelques subtilités de doctrine et d’élargir progressivement les horizons de ses connaissances, d’autant plus facilement qu’il était porté sur la science des soufis (‘ilm al-Qawm), à qui désormais il ne faussa presque plus compagnie.

    La nécessité de travailler de jour ne faisait que rendre cette soif de connaissances encore plus lancinante, c’était donc de nuit que, quittant son logis, il allait assistait aux enseignements et participer aux séances de remémorations (Dhikr), sa mère se tourmentait d’autant plus pour lui, que la maison familiale, située hors de la ville, était isolée et périlleux le chemin, aussi se dressait-elle contre son fils, employant tous les moyens pour le détourner, mais en vain.

    Le ‘Issawi virtuose et inspiré (1886 – 1894)

    De 1886 à 1894, il fut incontestablement marqué par la confrérie ‘Issawi, dont l’un des Maîtres, par sa pureté, sa droiture, sa piété sans équivoque, l’avait conquit. S’étant scrupuleusement conformé aux préceptes de la confrérie en question, il acquit très vite une telle adresse dans l’accomplissement des pratiques ‘Issawi, que tous ses confrères en devinrent à l’admirer, une auréole de prestige l’enveloppait, il acquit la réputation d’un ‘Issawi accompli, capable d’exécuter sans défaillir tous les actes prodigieux dont s’en orgueillisaient les membres de la confrérie, « dans mon ignorance, je pensais que les prouesses, les exhibitions, les prodiges (qu’on cherchait à accomplir), était réellement des modes de me rapprocher d’Allah. ».

    Ayant vu un jour, une feuille de papier accrochée à mur, il lu une formule qui y était imprimée et qu’on attribuait au prophète, il ne lui en fallut pas d’avantage pour le détourner des pratiques (hétérodoxes), se contentant désormais de s’adonner au prières libres, aux invocations et aux litanies. Non seulement il se retira de la confrérie, mais il en arriva à pouvoir provoquer la défection des frères et à détourner même toute la confrérie, peine perdue. Il rompit donc, de ces contacts, il ne réussit pas encore à désapprendre la pratique de charmer les serpents et les vipères, seul ou en présence de quelques amis.

    Le premier tournant, ou la connaissance du Cheikh Mohammed al-Bûzaydi (1894)

    Désorienté, parce que désormais sans guide spirituel, Ahmed al-’Alawi s’en était ouvert à son ami et associé en matière de commerce, Ben sliman ibn ‘awda, celui-ci lui parla longuement et avec une emphase sincère d’un certain Cheikh, homme pieux, rentré du Maroc, Hammû al Cheikh al-Bûzaydi. Celui-ci vivait certes effacé, mais sa droiture d’âme, ses vastes connaissances sur le plan soufique, sa douceur malgré les adversités, tout semblait le désigner comme seul guide spirituel valable dans Mostaganem, c’est du moins ce que pensait Ben sliman ibn ‘awda, l’ami de Ahmed al-’Alawi.

    Ces propos laissèrent un profond échos chez ce dernier avide d’idéal spirituel, aussi décida-il de faire sa connaissance. Le destin s’en chargea, quelques temps après l’arrêt de cette décision, alors que les deux amis et associés étaient dans leurs boutique, voilà que Hammû Cheikh al-Bûzaydi passait, Ben sliman ibn ‘awda s’avança vers lui, l’invita à entrer dans la boutique et à s’asseoir, le Cheikh ayant accepté l’invitation, ils s’entretinrent un moment, tandis qu’al-’Alawi était absorbé par son travail. Al Cheikh al-Bûzaydi, ayant manifesté le désir de prendre congé, fut prié de retourner auprès des deux amis et de ne plus interrompre ses visites. « Ses propos sont d’une teneur plus élevées que ce qu’on lit dans les livres », fit remarquer Ben sliman ibn ‘awda.

    Le Cheikh revint voir les deux amis assez fréquemment, il avait tout naturellement fini par savoir qu’Ahmed al-’Alawi était passé maître dans l’art de charmer les serpents. « Peux-tu m’apporter une vipère et la charmer ici devant nous ? » lui demanda al-Bûzaydi. Hors des murs de la ville, le jeune charmeur, n’en ayant trouvé qu’une assez petite, longue seulement d’un demi bras, la rapporta et se mit à la charmer, comme il l’avait apprit au contact des ‘Issawi. « Mais peux-tu en charmer une autre plus grande que celle-ci ? » demanda le Cheikh, « elles sont toutes pareilles pour moi » répondit al-’Alawi, « eh bien! Je vais t’en montrer une plus grande, plus dangereuse, si tu arrive à la dompter, alors tu seras vraiment un sage! », « mais ou donc est-elle ? » demanda al-’Alawi, « c’est ton âme (nafsûk) logée entre tes côtes, son venin est plus puissant que celui de la vipère, tu seras réellement un sage, si tu peux faire d’elle ce que tu fais de la gent vipérine…ne répète plus ces expériences… ».

    L’âme pouvait-elle être plus mortelle que le venin d’une vipère ? Cette question de l’âme venimeuse obsédait le jeune homme, très vite, le Cheikh décela chez lui les qualités requises non seulement pour recevoir l’enseignement, mais aussi le diffuser à grande échelle, et il n’hésita pas à lui promettre un rang spirituel très élevé, « s’il vivait assez longtemps et si Allah le voulait ». Peu de temps après, Ahmed al-’Alawi ayant prit le Cheikh al-Bûzaydi pour guide spirituel, fut affilié à la confrérie Darqawi.

    La reprise de l’éducation spirituelle sous le chapelet Darqawi du Cheikh Mohammed al-Bûzaydi (1894 – 1909)

    Deux mois auparavant, Ben sliman ibn ‘awda était déjà reçu dans la confrérie, il n’en souffla pas un mot à son ami, lequel n’apprit la chose qu’après avoir été initié à son tour. Le Cheikh al-Bûzaydi lui révéla alors les types de litanies (al-Awrad) propres à la Darqawiya et lui recommanda de les réciter après la prière du matin et après celle du soir.

    Une semaine s’écoula et voilà que le Cheikh s’entretint avec son disciple du Nom Suprême (Al Ism Al ‘Azam) et de la manière dont il fallait le prononcer, le cultiver, il lui ordonna, à cette fin, de s’y consacrer, mais faute de retraite spirituelle (khalwa), il était malaisé au disciple de pratique l’invocation du Nom Suprême, il chercha vainement un local ou il put s’adonner à cette initiation spéciale, il s’en plaignit à son Cheikh qui jugeât que le meilleur endroit pour s’isoler était assurément le cimetière.

    Mais dans la cité funéraire inquiétante le disciple malgré toute sa bonne volonté, ne put pratiquer son (Dhikr khass), s’en étant de nouveau ouvert au Maître, celui-ci lui fit remarquer qu’il ne l’avait aucunement obligé à se rendre au cimetière de nuit, comme il avait tenté de le faire, il lui ordonna de se contenter, pour le Dhikr, du dernier tiers de la nuit. « Ainsi je pus pratiquer le Dhikr de nuit et rencontrer mon Maître de jour, tantôt chez moi, tantôt chez lui…parallèlement, je continuais à assister à des cours de sciences religieuses qui se donnaient au milieu de la journée et que j’avais déjà suivi auparavant…un jour, il m’interrogea pour connaître la nature des cours auxquels je tenais beaucoup…je lui appris qu’ils portaient sur l’unicité (at-Tawhid). « Sidi un tel , dit-il, avait baptisé ces cours (at-Tawhil) l’enlisement… le mieux pour toi, poursuivit-il, serait que tu te préoccupes maintenant de la purification de ton for interne (batinika) jusqu’à ce qu’il soit irradié de la lumière de ton seigneur, c’est alors seulement que tu connaîtras le sens de l’unicité…quant à la théologie (‘ilmou-l-kalam), seuls en profiteraient en vérité, les doutes et illusions accumulées…tu ferais mieux d’interrompre provisoirement ces cours, jusqu’à ce que tu finisses avec ton initiation du moment, car c’est un devoir que de privilégier l’important par rapport aux choses secondaires »…il m’était très pénible de me dispenser de ces enseignements, j’en fus très attristé, mais ma tristesse se dissipa aussitôt que j’eus troqué mes heures de lectures contre le Dhikr, d’autant plus que les résultats de celui-ci ne tardèrent pas à se manifester… ».

    Durant cette période d’approfondissement de son expérience soufique, Ahmed al-’Alawi, sous l’emprise de puissantes charges spirituelles, « pour endiguer les offensives de ce courant », écrivit (al-Minah al-qûddûssiya) et (Miftah ach-chûhûd fi madhahir al-wûjûd).

    Quand il fut libéré du devoir de s’absorber dans le Nom Suprême, le Cheikh al-Bûzaydi lui permit de guider les hommes vers la voie Darqawiya. Effrayé, Ahmed al-’Alawi demanda au Maître : « mais, m’écouteront-ils ? » il lui répondit : « tu seras semblable à un lion, pour peu que tu mettes la main sur quelques chose, tu le maîtriseras et il sera entièrement à toi » « et il en fut ainsi toute les fois que je parlais avec quelqu’un et que je décidais de le guider vers la voie, je le trouvais docile, obéissant, malléable…de sorte que la confrérie étendit son audience, louange à Allah… ».
    Il est très vraisemblable qu’Ahmed al-’Alawi ne resta pas longtemps effacé, nous pensons en effet qu’en moins d’une année, il s’attira la confiance totale de son Maître, en raison de son aptitude foncière à appréhender les subtilités du soufisme, de la sincérité de ses sentiments, de la solidité de sa foi, de sa réalisation spirituelle précoce « tahaqqaqa ».

    Il ne serait donc pas étonnant de le voir désigner comme Mûqaddam (délégué) du Cheikh al-Bûzaydi à l’age de 25 ans (1894). Ce qui nous confirme dans cette idée, c’est cette phrase du même fragment autobiographique, citée juste après qu’il eut parlé de sa réalisation spirituelle. « Puis je suis resté 15 ans en sa compagnie, faisant tout ce qui était en mon pouvoir, afin que la voie Darqawiya triomphât… ».

    La boutique des deux amis revêtait plus le cachet d’une zawiya que celui d’un lieu de commerce, de nuit le Cheikh al-Bûzaydi prodiguait des enseignements aux disciples qui affluaient de plus en plus nombreux. De jour, on s’y adonnait au dhikr, « durant cette période, je négligeais mes intérêts tant et si bien que, n’eût été mon frère sidi Ben sliman ibn ‘awda, qui en avait prit grand soin, j’eusse à coup sûr fais faillite, le contraire se produisit et notre capital ne diminua guère… ».

    La vacance de la maîtrise spirituelle et le choix du successeur (10/1909)

    Le Cheikh al-Bûzaydi n’avait jamais désigné expressément quelqu’un pour lui succéder à la tête de la confrérie, à l’un de ses disciples assez infatué de lui-même, qui s’imaginait être qualifié pour guider les frères, après le Maître, celui-ci avait dit (car la question avait été plus d’une fois évoquée par le présomptueux) qu’il été pareil à quelqu’un qui habitait une maison, avec la permission du propriétaire, que c’était à lui donc qu’il se devait d’en remettre les clefs, une fois qu’il se verrait appeler à quitter la demeure et que lui seul été habilité à les remettre à qui il voulait… ».

    Les Fûqaras ne savaient plus à quel saint se vouer, pour résorber le désarroi dans lequel les avait jeté la disparition du Maître. Certes un très grand nombre d’entre eux, étaient tous disposés à prêter serment d’allégeance à Ahmed al-’Alawi du fait qu’il avait remplacé son Cheikh de son vivant jusqu’à encadrer des disciples au terme de leur réalisation spirituelle, il avait été donc plus qu’un Mûqaddam ordinaire, mais on le savait décidé à émigrer au Proche orient (la France préparait la conquête du Maroc, pour échapper à la conscription éventuelle, beaucoup d’Algériens pieux préférèrent émigrer au Mashriq, c’était l’exode de Tlemcen ou les émigrants de la foi, Mohammed ben Yelles et Mohammed ben al-Hashemi en faisaient partie).

    Les divergences d’opinions étaient trop prononcées pour que l’assemblée des Fûqaras prenne une décision quant au successeur éventuel de leur Cheikh. Enfin, sur l’avis du Mûqaddam Ben sliman ibn ‘awda, les délibérations furent reportées à la semaine suivante, dans l’espoir évident que des visions viendraient, entre-temps, guider les frères dans le choix du nouveau Mûrshid (guide).

    Mais voilà que, bien avant le délai fixé, de nombreuses visions se produisirent, qui ne laissèrent plus aucun doute sur la personne qui devrait présider à la destinée de la confrérie, notées à chaud, ces visions indiquaient clairement que la fonction du Maître devrait être dévolue à Ahmed al-’Alawi. (Lui même avait vu avant la mort de son Maître quelques jours avant, le Prophète « pssl », lui annoncer qu’il serait le succésseur du Roi de l’Orient « Sultan al-Machriq » et qu’il serait son principal soutiens). Plus que jamais, Ahmed al-Alawi s’était mit en tête de partir pour le Mashriq, il avait déjà liquidé presque tous ses biens, meubles et hypothéqué ceux qu’il n’avait pu vendre, à charge pour ses amis de les liquider à son absence.

    Certains frères le supplièrent de les prendre en charge, au moins pendant qu’il attendait que l’administration lui délivrât l’autorisation de voyager, leur dessein était de faire en sorte qu’il fût détourné de ce voyage, son ami Ahmed ibn Thûraya, pour parvenir à cette fin, usa d’un stratagème ; il lui proposa de le marier à sa fille sans condition aucune ; ce qu’il accepta.

    Entre-temps, les Fûqaras résolurent de tenir une assemblée générale, dans la zawiya du Maître défunt. Tous firent serment d’allégeance à Ahmed al-’Alawi, les membres de la confrérie Darqawiya, qui habitaient hors de Mostaganem, ne tardèrent pas à affluer par petits groupes pour témoigner au nouveau Maître leur rattachement et le reconnaître comme tel. « J’avais interprété cette union spontanée des Fûqara autour de ma personne comme un prodige (Karama), car je n’avais aucun moyen extérieur de soumettre à mon influence des hommes si différents, c’était leurs conviction absolue de ma conformité aux enseignements du maître qui les détermina à venir à moi…seuls deux ou trois ne vinrent pas… », il agréa leur serment d’allégeance.

    L’émigration, ou la veine recherche d’une seconde patrie (mi-novembre / fin décembre 1909)

    Le désir d’émigrer était tenace, il le tenaillait bien avant la mort du Cheikh Mohammed al-Bûzaydi, l’Orient l’attirait, d’autant que « je voyais la patrie sombrer dans la corruption morale, un groupe de mes amis avaient également l’intention d’émigrer… ». Ses deux cousins, Abdalqadir et Mohammed ibn ‘Aliwa étaient déjà partis pour Tripoli, quelques semaines avant le décès du Cheikh Mohammed al-Bûzaydi. Quant à lui, il était perplexe, tiraillé entre la nécessité de partir et le devoir de guider dans le dhikr. L’hésitation ne dura pas longtemps, visiter le siège du Khalifat Ottoman était trop impérieux pour qu’il y opposât quelque résistance que ce fût.

    Accompagné d’un disciple, Mohammed ibn Qasim al-Badissi, il rendit des visites à des Fûqaras de Relizane ou son séjour ne dura guère plus de deux jours, puis les deux compagnons se dirigèrent vers Alger dans l’intention de faire imprimer (al-Minah al-qûdûssiya), mais aucun éditeur Algérois n’étant disposer à imprimer le manuscrit, ils poussèrent jusqu’à Tunis. « Nous avions loué un logement et je pris le parti de ne le quitter que lorsque viendrait chez nous l’une des personnes pratiquant la remémoration ou le (dhikr) (ahad mina ad-dakirin) avec laquelle nous pourrions sortir, cette décision s’expliquait par la vision que j’avais eue, un groupe de frères venaient chez nous et me conduisirent à leur lieu de réunion… ».

    Alors que son compagnon allait faire diverses courses, Ahmed al-’Alawi restait à réviser son manuscrit, cela dura quatre jours, puis « vint ce même groupe de frères que j’avais vus dans ma vision, ils étaient les disciples du Cheikh sidi Sadiq as-Sahrawi (sa lignée spirituelle remonte par Mohammed Zafir, le père de ce dernier Mohammed al-Madani, jusqu’à al-’Arbi ad-Darqawi) décédé seulement quelques mois auparavant».

    Les Fûqaras Madani insistèrent auprès des deux compagnons tant et si bien qu’ils finirent par les accompagner, ils les logèrent chez l’un d’entre eux, leurs visites « pleines d’amour fraternel » et de courtoisie étaient fréquentes. Celles de jurisconsultes (fûqahas), de spécialistes de hadith (mûhadithûns), ne l’étaient pas moins, « sidi al-Akhdar ibn Hassin, sidi ‘Abdarrahman al-Bannani…le grand professeur sidi Salih khalifa al-Qûssaybi de (qûssaybat al-madiyûni)… ».

    Enfin plusieurs groupes d’étudiants de la Zaytûna ne se faisaient pas faute d’accompagner leurs professeurs ou de venir séparément discuter avec « celui qu’on disait très versé dans la science des sûfis (‘ilm al-Qawm), certains parmi eux (le jeune Mohammed ibn Khalifa al-Madani était justement parmi ces groupes d’étudiants) lui proposèrent de les entretenir du ( al-Mûrshid al-mû’iin ). « Mes propos les conquirent et certains étudiant commencèrent à s’affilier à la confrérie ».

    Après avoir mit au point les modalités d’édition de (al-Minah al-qûddûssiya), Ahmed al-’Alawi décida d’aller trouver ses cousins à Tripoli. Il projetait d’aller visiter la maison sacrée d’Allah et la noble tombe du prophète. Mais une lettre de Mostaganem le prévint que cette année là, le pèlerinage (qui coïncidait avec le 22 décembre 1909), était interdit par les autorités françaises et que toutes infractions était sanctionnée par une forte pénalité pécuniaire, sans doute y avait-il eu épidémie, comme il s’en déclarait souvent dans des rassemblement pareils et l’administration coloniale voulait-elle en limitait la propagation.

    Toujours est-il qu’Ahmed al-’Alawi s’embarqua pour Tripoli, sachant qu’il n’irait pas au hauts lieux de l’Islam. « Quant au pays (la Libye échappait encore à la domination étrangère), il me sembla, autant que je pouvais m’en rendre compte, un bon endroit pour immigrer, puisque la population était aussi semblable que possible à celle de notre pays, tant par la langue que par les mœurs. ».

    Au bout de la troisième journée passée à Tripoli, il s’embarqua pour Istanbûl. Mais là, il fut amèrement déçu par les grands bouleversements qui secouaient le Khalifat. Il retourna aussitôt en Algérie… « En vérité, je n’eus l’âme en paix que le jour où je mis le pied sur le sol Algérien. ».

    Le retour au bercail ; les premières difficultés du nouveau Cheikh Darqawi (1909 / 1914)

    Depuis Mostaganem, al-’Alawi résolu de combattre pour sa foi, mais il était démuni, ayan,t vendu presque ses biens pour payer son voyage, et le peu qu’il lui en restait, il le dépensait dans voie Darqawiya, car il avait résolu de ne pas se ménager pour faire triompher le parti d’Allah. Il se rebiffa contre certaines pratiques qui constituaient pour ses disciples à vouloir seulement se réunir, chaque jeudi, autour de la tombe du Cheikh al-Bûzaydi, brûlant du parfum, récitant des prières en chantant.

    Les semaines passaient semblables les unes aux autres. N’y tenant plus, Ah. Al-’Alawi assura que ces réunion ressemblaient à celles que tenaient les vielles femmes. « Je ne crois pas que sidi Hammû Cheikh al-Bûzaydi nous ait donné de sa science pour que nous restions à le remplacer. Au contraire, il nous a laissés comme les rejetons d’un vieil arbre ; l’arbre a fini son temps, mais les rejetons sont la pour donner leurs fruits. Et si les fruits ne se vendent pas au pied de l’arbre, on doit aller les porter au marché…nous devons faire connaître ce que nous avons et non pas le tenir caché, car c’est utile à nos frères, les hommes. ».

    Se dépensant dans une activité prosélytique débordante, il finit par dépenser le reliquat de ses biens meubles, aux disciples, il ne demandait jamais rien, « car, je ne me suis jamais senti à l’aise pour demander de l’argent ».

    Ces difficultés pécuniaires passèrent le cap critique. Ahmed al-’Alawi dut hypothéquer sa maison, la seule solution qui lui restait était donc la mise en gages du seul bien immeuble qui lui resta.

    En réalité, la charge assez lourde des disciples dont le nombre croissait rapidement, l’avait empêcher de résorber ses dettes. Par ailleurs, certains Cheikhs Mûqadams Darqawis, tant à Mostaganem que dans la région Oranaise, jaloux de l’audience grandissante du nouveau Maître, ne ménagèrent pas leurs efforts pour l’entraver dans son prosélytisme, par leurs intrigues, leurs calomnies, leurs provocations. Les autorités coloniales ne restaient pas passives, en raison des fréquentes résistances que les Darqawis avaient à leur actif dans un passé encore récent, aussi malmenaient-elles tout particulièrement les adeptes du nouveau Cheikh, en qui ces même autorités voyait un ennemi en puissance. Un groupe de Fûqaras de Tlemcen, après avoir rendu visite au Cheikh Ahmed al-’Alawi, à peine descendu du train, était cueilli par une brigade de policiers, à la question : « es-tu Darqawi ? » posée aux Fûqaras séparément, (on savait que quiconque se reconnaissait comme tel, risquait d’être arrêté et mit en prison) tous nièrent leur rattachement à la Tariqa, à l’exception du Mûqaddam sidi al-’Arbi as-Sawwar…qui, non seulement reconnut être affilié à la confrérie, mais encore affirma aux agents de police que pour elle, il vivait et que pour elle il mourrait, conduit aux locaux de force de l’ordre public, il y fut détenu mais aussitôt, il ne tarda pas à être relâché.

    L’autonomie, ou la fondation de la confrérie ‘Alawiya

    L’animosité des chefs Darqawis voisins se mesurait à l’extension de l’aire géographique de l’influence de Ahmed al-’Alawi, or celui-ci atteignait même des douars (petits villages) réputés jusque-là réfractaires à tout prosélytisme religieux. Bientôt l’animosité se mua en haine implacable, lorsque le Cheikh se décida à prendre son autonomie vis-à-vis de la zawiya mère des Darqawis de Béni-Zarwal au Maroc, en 1914 la confrérie prends le nom de at-Tariqa al-’Alawiya ad-Darqawiya ach-Chadhûliya.

    Le Cheikh sentait la nécessité de faire de la pratique de la retraite spirituelle (khalwa) un axe de sa méthode. D’occasionnelle chez les Chadhûlis qui la pratiquaient, du reste, des solitudes naturelles, la khalwa allait faire partie intégrante de la méthode ‘Alawi. Cette nécessité était rendue d’autant plus urgente que le Cheikh en avait tiré grand profit, alors qu’il n’avait même pas de local approprié pour s’y adonner.

    La rage de ses rivaux ne fit qu’augmenter, pour eux, l’introduction systématique de la retraite était une innovation blâmable (bid’a). leur hostilité atteignit son paroxysme, tous les moyens furent utilisés pour détourner du Cheikh les anciens disciples du Cheikh al-Bûzaydi, ils réussirent certes à détacher de lui quelques-uns d’entre eux, mais par centaines de nouveaux aspirants (Mûridûn) affluaient de tous les la propagation de la horizons. « Il y eut même un ou deux chefs de zawiya avec tous leurs disciples ». Le rattachement de Mohammed ibn Tayyib ad-Darqawi, l’arrière petit fils de Mawlay al-’Arbi ad-Darqawi lui-même, jeta le désarroi parmi les rangs des adversaires du Cheikh, tous furent déconcertés.

    Dans la lettre de Mohammed ibn Tayyib ad-Darqawi, l’arrière petit fils de Mawlay al-’Arbi ad-Darqawi, citée dans le livre de Mohammed ibn ‘abdalbâri al-Hûsni, (al-Chahâïd wal-fatawi fima sahha ladl-oulama min amr al-Cheikh al-’Alawi) on peut lire: « Ce que je constatais chez le Cheikh…me poussa à m’attacher à lui, dans le désir brûlant de réussir à ouvrir mon œil intérieur, je lui demandais la permission d’invoquer le Nom Suprême (al-Ism al-’Azam). Jusqu’alors je n’avais été qu’un membre commun de la confrérie, mais j’avais entendu dire que mes ancêtres considéraient la voie plus comme un moyen de réalisation directe que comme un simple rattachement à une chaîne spirituelle. Quand j’eus pratiqué l’invocation du Nom Suprême, selon les directives du Cheikh, peu de temps après, j’obtins la connaissance directe de Dieu (al-’ilm al-laddûni)… »

    Salah Khelifa, in Alawisme et Madanisme, des origines imméd

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