Histoires vraies
Mourir libre (9e partie)
Résumé de la 8e partie :Crassus, l’homme le plus riche d’Italie, décide de combattre Spartacus en perte de vitesse…
Il s’entend avec des pirates et leur donne de l’or pour qu’ils les fassent traverser. Ceux-ci gardent les sommes qu’ils ont reçues et disparaissent. Il tente alors d’embarquer ses hommes sur des radeaux, l’opération échoue, il renonce à la Sicile.
Pour passer le reste de l’hiver, Spartacus choisit d’aller dans l’endroit le plus reculé d’Italie, le Bruttium, qui constitue le talon de la botte. Crassus les poursuit et les bloque dans cette impasse. Si l’armée romaine peut être considérée comme la plus puissante de tous les temps, c’est parce qu’elle possédait une force de travail inimaginable. Pour mieux enfermer Spartacus, Crassus fait creuser en une semaine par ses hommes un fossé de quatre mètres cinquante de largeur sur quatre mètres cinquante de profondeur, qui ferme toute la péninsule. Et celle-ci fait à cet endroit quarante kilomètres de long !
Nous sommes en janvier 71. Spartacus et ses hommes sont prisonniers et la situation est grave, car il fait très froid cette année-là, les vivres commencent à manquer et la famine menace. Pour faire attaquer les Romains, le chef rebelle fait crucifier l’un des leurs sous leurs yeux. C’est une provocation terrible, car ce supplice est réservé aux esclaves, mais ils ne bougent pas. Heureusement pour lui, un peu plus tard, à la faveur d’une tempête de neige épouvantable qui empêche toute visibilité, il arrive à faire passer le fossé à son armée, dans des conditions très risquées.
Il est à nouveau maître de ses mouvements, mais il a laissé des forces dans l’aventure. Beaucoup de ses hommes sont morts à cause de la faim et du froid. En outre, des dissensions sont apparues dans la troupe, certains veulent tenter leur chance séparément Spartacus n’est pas en état de s’y opposer. Il se résout à les laisser partir.
Crassus n’attendait que cela. Il attaque, avec toute son armée, les esclaves dissidents, au nombre de douze mille trois cents. Il les défait et les massacre jusqu’au dernier. C’est un coup terrible pour Spartacus. Il sait qu’il ne peut pas aller en Sicile et il n’a plus les forces suffisantes pour espérer quitter l’Italie par le nord. Alors, il retourne en Campanie, où sa situation matérielle devient précaire : les campagnes, qu’il a ravagées les deux années précédentes, n’ont plus de ressources et les villes se ferment à lui. Il sent que l’affrontement suprême est pour bientôt.
Crassus le sent aussi. Il le suit à distance. Alors que Spartacus se trouve dans les montagnes de Petelia, non loin de Thurium, il envoie en avant deux de ses lieutenants, Quinctius et Scrofa, qui commettent l’imprudence de suivre le chef thrace de trop près, alors qu’il est engagé dans un défilé montagneux. Celui-ci fait demi-tour et les écrase. Crassus est trop loin pour leur porter secours et ne peut que constater le désastre. Tous les succès remportés par les Romains pendant l’hiver semblent annulés. De nouveau, c’est l’angoisse dans leurs rangs.
Rien n’est pourtant joué. Ces deux dernières victoires ont donné aux soldats de Spartacus la sensation qu’ils étaient invincibles. Ils pressent leur chef d’affronter Crassus en bataille rangée. Crassus le souhaite également. Pompée, son grand rival en politique, va entrer d’Espagne, et il veut absolument terminer la guerre avant son arrivée. Il déploie son armée non loin de Thurium et offre le combat. Spartacus ne tarde pas à arriver et installe son camp à proximité. Cette fois, c’est bien le dernier acte qui va avoir lieu. La veille de la bataille, Spartacus égorge son cheval. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
14 janvier 2010
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