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ENTRETIEN AVEC BARKAHOUM FERHATI : «Le costume traditionnel revient, autrement» Propos recueillis

14 janvier 2010

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Le Soir des Livres : ENTRETIEN AVEC BARKAHOUM FERHATI :
«Le costume traditionnel revient, autrement»
Propos recueillis
par Bachir Agour



Le Soir d’Algérie : Pourquoi avoir consacré un livre aux parures et costumes féminins de Bou-Saâda ?
B. Ferhati :
Ce travail s’est imposé à moi. Alors que j’entamais un travail sur Etienne Dinet dans le cadre de la création du musée national de Bou-Saâda, je fus surprise par l’importante iconographie sur les femmes dans laquelle celles-ci arboraient des costumes et des parures, parfois bien étranges.
Il m’est donc paru intéressant et utile d’en faire l’inventaire, d’autant que ce costume n’avait jamais fait l’objet d’études.
Dans quel cadre s’est effectuée cette recherche ?

Ce travail a été réalisé dans le cadre d’un Diplôme d’études approfondies (DEA) à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), à Paris.
Qu’avez-vous rapporté comme moisson de cette plongée dans l’histoire et la sociologie du costume ?
Ce costume m’est apparu un indicateur des changements sociaux. Dans l’apparence, un tel travail peut paraître bien neutre mais, en fait, il nous renseigne sur la société, ses mutations et notamment sur les changements de mentalité. Par exemple, la coiffure haute et lourde, qui fut longtemps la référence de la beauté pour les femmes, s’est peu à peu allégée pour devenir la chedda, coiffure légère qui a, elle-même, disparu auprès des femmes de ma génération, qui se sont débarrassées de tous les poids pesant sur leur tête pour avoir la tête dégagée. Mais ce poids-là revient aujourd’hui, de manière différente, avec le foulard, la burqa, le hijab, etc.
Les costumes que vous avez étudiés sont-ils encore portés et à quelles occasions ?

Ce qui est intéressant, c’est qu’après avoir été marginalisé, ce costume revient comme une revendication identitaire. Aujourd’hui, la mariée de Bou-Saâda doit avoir une rouba naïlie, comme pour défier la robe blanche occidentale, même si celle-ci est toujours là, mais aussi, pour se différencier des autres régions. A chacune sa robe, naïli, qbaïli (kabyle), chaoui (Aurès), caftan (Alger), gandoura (Constantine), etc.
Observe-t-on un bouleversement dans le port du costume avec la mondialisation ?

Indéniablement, le costume ne peut rester en marge. Il va emprunter tout ce qu’il peut à l’extérieur. On modifie, on ajuste, on accommode tout à nos besoins, mais on reste jaloux de ce que l’on a, pour marquer notre différence. N’est-ce pas cela la culture ?
Le costume féminin traditionnel, en particulier, est-il en voie de disparition ?

A mon avis non, puisqu’il se transforme, jusqu’à épuisement, puis retrouve un nouveau souffle avec d’autres éléments qui vont devenir, à leur tour, la tradition et ainsi de suite. Philosophiquement parlant, c’est là la définition même de ce qu’est la tradition. Qui se souvient que notre robe kabyle n’est autre que la chemise française du XVIIIe siècle ?
Vous retracez, à travers l’histoire du costume, celle de la cité. Quand a été créée Bou-Saâda et quelles sont les grandes étapes de cette histoire ?

La cité et ses environs ont été traversés par toutes sortes de cultures. En remontant dans le temps, aussi loin que possible, on trouve encore aujourd’hui une archéologie intacte. Berbère sûrement, juive sans conteste, romaine un temps, Bou-Saâda est aussi l’archétype de la ville arabo-musulmane : la cité que nous connaissons aujourd’hui est une fondation du XIe siècle, comme l’atteste sa mosquée Sidi-Thameur, du nom du saint éponyme, fondateur de la cité, venu, selon la légende, de la Sakyat el Hamra. C’est une cité où se côtoyaient Juifs, Mozabites, Kabyles, Arabes et Européens (militaires surtout). Sa colonisation, en 1845, a apporté des changements au paysage de la ville. Considérée comme impropre à la colonisation, elle garda pendant longtemps son cachet local. Garnison militaire, puis commune mixte, elle va connaître quelques constructions nouvelles, comme le fort Cavaignac (Bordj Essaâ), l’hôpital militaire, l’école des garçons et celle des filles, qui présentent une architecture dite de style colonial avec un cachet néomauresque réussi. C’est à partir des années 1920, avec l’émergence de l’industrie du tourisme qui devint la première ressource économique de l’Algérie coloniale, que la folklorisation des mœurs et des coutumes et, en particulier, des fameuses danseuses dites «Ouled Naïl», va tristement faire sa renommée. Des hôtels (pas moins de 5), allant du haut de gamme, comme le Caïd et le Transatlantique, aux plus modestes, Le Sahara, le Beauséjour, etc., vont êtres construits pour répondre à cette demande. Il faut dire que la cité s’y prêtait formidablement avec son oasis, sa palmeraie, son oued Bou-Saâda, … L’Algérie indépendante tenta d’assurer cette continuité, avec l’établissement d’une école hôtelière par l’architecte Fernand Pouillon, puis le projet Bou-Saâda éco-musée par Georges Henri Rivière (qui n’a pas abouti), mais les rêves des Boussaâdis étaient ailleurs. Aujourd’hui, la cité et sa jeunesse désœuvrée tentent de survivre, avec une revendication arborée à chaque occasion, celle de devenir un chef-lieu de wilaya, ce qui lui permettra, peut-être, de bénéficier d’une relance économique à même de la sortir de sa léthargie.
Propos recueillis par Bachir Agour

Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/01/14/article.php?sid=94218&cid=31

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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