Culture : DE POMARIA AU JARDIN DE FRANCE DU Pr.MERAD
Une mémoire pour se reconstruire…
C’est un regard différent que nous offre donc le professeur Merad Boudia Kheir- Eddine, et c’est parce qu’il n’est pas historien comme il insiste à l’écrire qui fait que le livre se lit facilement, l’écriture y est simple et sobre, ce qui n’enlève en rien à la maturité du texte et au témoignage rapporté.
Les livres, mémoires, souvenirs, témoignages se suivent et se distinguent souvent les uns des autres, soit par leurs actualités, vérités ou simplement styles. C’est le cas du livre du professeur Merad Boudia Kheir- Eddine De Pomaria au jardin de France où le besoin de raconter son parcours, son histoire et surtout la bravoure et le courage de tous ces jeunes qui se sont sacrifiés pour que vive l’Algérie libre et indépendante est ressenti par l’auteur comme vital avec une envie de partage. Comme il l’indique dans son avant-propos, ce livre est venu suite à la demande explicite de ses enfants qui désiraient nouer avec le passé de leur père, le passé de leur ville et de leur terre. C’est un regard différent que nous offre donc le professeur Merad Boudia Kheir-Eddine, et c’est parce qu’il n’est pas historien comme il insiste à l’écrire qui fait que le livre se lit facilement, l’écriture y est simple et sobre, ce qui n’enlève en rien à la maturité du texte et au témoignage rapporté. Il raconte à sa manière cette histoire commune avec l’envie de rétablir non pas des vérités mais par obligation de mémoire, de rétablir la mémoire justement de tous ces hommes morts dans l’anonymat, dans des conditions atroces, enterrés en groupes dans des charniers ou jetés dans des tombes solitaires. Méthodiquement, l’auteur a commencé, chose naturelle, par le commencement donc par son arbre généalogique qui remonterait donc à plusieurs générations, de descendance turque. Mais l’auteur revendique son algérianité berbère, musulmane et arabe. Il raconte ses ancêtres, sa famille puis sa naissance, le choix de son prénom, son premier chemin de l’école et son exil. Puis tous les bouleversement qui vont se déchaîner dans sa ville, la guerre de Libération, les conflits des leaders, des partis, les tortures, les exécutions mais aussi la révolte et le sursaut de conscience. Tout cela par touches successives, phrases parfois courtes, parfois longues, tentant de ressortir l’émotion qui l’anima en écrivant ce récit. Son regard, ou sa plume, se pose sur l’histoire de Tlemcen (sources en berbère), sur cette Pomaria de l’antiquité, qui a vu arriver les Romains, les Vandales, les Arabes puis les Français. L’auteur revient sur des dates et des faits historiques, sur tout ce qui a construit Tlemcen, son méchouar, sa mémoire arabo-berbère, arabo-andalouse, arabo-juive aussi. Par sa fonction de médecin, l’auteur n’oubliera pas de s’attarder sur l’aspect sanitaire de la ville, donnant des éclairages certains sur cette discipline, de ce qu’elle fut et sur ceux qui l’ont porté haut. La période coloniale, cruciale par l’importance que l’auteur lui accorde, car c’est sur cela que vont reposer en définitive ses mémoires, car c’est une manière pour lui de restituer ses souvenirs pour que la ville n’oublie point ses enfants morts pour une cause des plus nobles.
Nassira Belloula
De Pomaria au jardin de France par Merad Boudia Kheir-Eddine Editions Thalla/278p
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/01/14/article.php?sid=94214&cid=16
14 janvier 2010
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