Littérature / Prix Goncourt
Le Franco-Afghan Atiq Rahimi consacré
Le Goncourt, le plus prestigieux prix littéraire en France, a été attribué hier au franco-afghan Atiq Rahimi pour Syngué sabour. Pierre de patience, tandis que le Renaudot, autre prix important, était attribué au Guinéen
Tierno Monénembo pour Le roi de Kahel. Les deux prix, dont la proclamation marque le point d’orgue de la saison des distinctions littéraires, vont donc à deux romanciers qui ont pour points communs leur origine étrangère et le fait qu’ils ont fui leurs pays respectifs et leurs violences politiques. Atiq Rahimi est l’auteur de quatre romans depuis le début des années 2000. Syngué sabour. Pierre de patience est son premier livre écrit en français. Après des études à Kaboul, Atiq Rahimi quitte son pays en guerre au milieu des années 1980 pour émigrer au Pakistan. Il demande ensuite l’asile politique en France et obtient un doctorat en audiovisuel à la Sorbonne. Dans la tradition afghane, Syngué sabour est le nom d’une pierre magique à laquelle les gens confient leur détresse. Dans le livre de Rahimi, une femme veille sur son mari réduit à l’état végétatif depuis qu’une balle s’est logée dans sa nuque. La femme parle et se libère de l’oppression conjugale et religieuse. quant à Tierno Monénembo, 61 ans, il est un écrivain africain francophone de réputation internationale. Il a quitté son pays, la Guinée, à la fin des années 1960 pour fuir la dictature de Sekou Touré. Monénembo est l’auteur d’une dizaine de romans, dans lesquels il évoque notamment l’impuissance des intellectuels en Afrique et les difficultés de vie des Africains en France, parmi lesquels Les crapauds-brousse (1979) et Peuls (2004). Il raconte dans Le roi de Kahel l’épopée d’Olivier de Sanderval, précurseur de la colonisation de l’Afrique de l’Ouest à la fin du XIXe siècle. Sanderval parvient à gagner la confiance du chef du pays peul et va tenter de se tailler un royaume contre la volonté de son propre pays. Le prix Renaudot du meilleur essai a enfin été remis au psychiatre et neurologue Boris Cyrulnik pour Autobiographie d’un épouvantail. Le dernier prix qui reste à attribuer est l’Interallié, dont le lauréat sera connu le 18 novembre.
R. C. / AFP
12 janvier 2010
LITTERATURE