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On demande le même débit entre Internet et le pétrole

10 janvier 2010

Contributions

On demande le même débit entre Internet et le pétrole

par Kamel Daoud

L’idée première était d’écrire sur l’empire en plastique de l’Internet en Algérie. C’est-à-dire s’interroger pourquoi cet outil universel, dont dispose les élites algériennes en virtuel, n’a pas encore provoqué des émeutes en Algérie à cause des arnaques, escroqueries sur le débit et pannes diverses.



Comme remarqué par certains, en principe ce sont presque tous des cadres, des hauts dirigeants du parti unique ambiant, des PDG, des universitaires qui se plaignent du débit national à pied et de la connexion par transmission orale. Et pourtant, il s’agit de remarquer que le peuple obtient par l’émeute ce que la «Nokhba», l’élite, n’arrive pas à obtenir par ses relations et ses analyses, en attendant la marche nationale contre le débit trompeur. Internet en Algérie est une misère. Comme le tourisme, l’investissement étranger au profit de l’Algérie ou la relance de la fabrication des voiture DZ à Tiaret.

Une décennie après le passage de l’humanité de la galaxie Gutenberg à la galaxie WWW, nous en sommes encore à l’âge de pierre numérique, à payer des débits menteurs et des tarifs incroyables pour un service très manuel, lorsqu’on a le choix d’être servi. De quoi vous faire rire lorsqu’on vous oblige à lire, dans les journaux, des effets d’annonce sur la e-gouvernance, le paiement électronique, la e-banking et le paiement des factures ou le retraits des extraits de naissance par Internent. De quoi faire aussi crever de jalousie lorsque vous débarquez dans des pays voisins pour constater qu’ils «téléchargent» aussi vite que nous téléchargeons les Chinois chez nous pour nous remplacer dans la corvée de l’Indépendance.

Au début donc, l’idée était d’écrire sur le retard Internet en Algérie, sur ces fameuses 3 G cycliquement promises par le ministre du «Allo» national et de se demander pourquoi les élites les plus connectées sont celles les moins actives pour fonder un parti politique, demandant le même débit entre Internet et la vente du pétrole par pipeline. Puis il y eut une évidence : c’est voulu, peut-être. Le web est aujourd’hui une kasma du peuple qui sait lire et écrire, impossible à contrôler, difficile à identifier et «ficher» ou à redresser. Le web peut être un vrai ministère du peuple, un vrai rêve de gouvernance par le chaos ou par la liberté. Sur le web, vous pouvez communiquer dans la langue qui vous plaît, dire ce que vous pensez, dénoncer avec des images, ce que l’ENTV ne voudra jamais filmer et diffuser, rencontrer l’homme ou la femme qui a marché sur votre lune avant le reste de l’humanité et faire des marches, des émeutes sans rien casser, des déclarations, des pétitions, des gâteaux et des avenirs et copier, tricher, se présenter comme pilote alors que vous êtes agent dans une APC.

Conclusion ? Le web est un espace public et, comme tout espace public, il devient tentant pour les régimes policiers dès qu’il dépasse la capacité de deux bancs et d’un lampadaire. L’Algérie est l’un des rares pays où la liberté numérique est encore valable plus ou moins, échappe à la surveillance policière et à la censure technique systématique, comme en Tunisie, en Chine et en Iran, et où l’Internet s’est fait dans le dos de la gestion par les agréments et les DRAG.

Il fallait remédier à cela et très vite. Pour ce faire, deux méthodes : la première est de lutter contre la cybercriminalité en mettant dans la case «cybercriminalité» tout ce qui n’arrange pas (d’où ces nouveaux cyber-dissidents, des Che avec une barbe virtuelle et une souris optique en guise d’AK47) ; la seconde, ne pas développer ce réseau et laisser le e-peuple rager contre le débit et la connexion avec un seul opérateur public qui ne dépend de personne et qui vous vend ce qu’il veut et pas ce que vous payez. C’est peut-être ce qui se passe chez nous.

Car sans cette hypothèse paranoïaque, on ne s’explique pas pourquoi nous en sommes encore à épeler dix fois «www» plus vite que ne s’affiche une page sur l’écran et pourquoi on continue de nous promettre le e-avenir alors qu’on a mis sous monopole indirect l’accès à Internet et ses services et qu’on met des sacs de sable sur le dos de tout privé tenté par ce créneau.

Le Quotidien d’Oran du 10 décembre 2010

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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