Littérature
Sur les traces de la reine de Saba
Soixante-quinze ans après André Malraux, l’écrivain français Marek Halter s’est lancé en Ethiopie sur les traces de la reine de Saba, personnage fondateur de l’histoire éthiopienne et héroïne de son dernier roman.
«Ce personnage m’intéresse parce que c’est une femme qui met au défi le roi Salomon, non pas sur le champ de bataille mais sur le champ de l’intelligence», explique le romancier. «Pour ceux qui se battent comme moi contre le racisme, la reine de Saba est aussi la première personne de couleur qui rejoint par la grande porte le paysage mythique du monde blanc», commente-t-il. Lors de son périple abyssin, l’écrivain s’est rendu dans les hauts lieux de la royauté éthiopienne, là où se rencontrent mythes et Histoire : Gondar, Axoum, Lalibela. Récemment des archéologues allemands ont affirmé avoir «découvert» les vestiges du palais de cette reine légendaire à Axoum (nord). Les ruines, datant du Xe siècle avant Jésus-Christ, ont été retrouvées sous d’autres vestiges, ceux du palais d’un roi chrétien, selon l’Université de Hambourg qui dirige ces recherches. Mais les archéologues ne s’accordent pas tous à reconnaître dans ces ruines le palais de la souveraine. «Rien ne permet d’affirmer qu’il s’agit de son palais. Il n’y a aucune preuve établie pour le moment», explique François Xavier Fauvelle, directeur du Centre français des études éthiopiennes à Addis Abeba. «Jusqu’à présent les recherches archéologiques et épigraphiques montrent que la légende de la reine de Saba a pris corps en Arabie du Sud et du reste un royaume de Saba est très bien documenté au Yémen dans l’Antiquité», note-t-il. Marek Halter, lui, ne fait œuvre ni de journaliste, ni d’archéologue : «je suis un conteur», confie-t-il à l’AFP: «je veux faire rêver les gens et partager avec eux quelques connaissances. Mais je pense que ceux qui auront lu ce livre ne regarderons plus leurs voisins noirs de la même façon».
R. C. / AFP
8 janvier 2010
LITTERATURE