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A Tala Bouzrou (Tizi Ouzou) Le deuxième âge de la pierre

8 janvier 2010

Non classé

A Tala Bouzrou (Tizi Ouzou)
Le deuxième âge de la pierre
Par Mohamed Fedoul

A Tala Bouzrou (Tizi Ouzou) Le deuxième âge de la pierre 2zwxaj

Richesse : Caractérisé par ses grands rochers qui couvrent de larges espaces, le village de Tala Bouzrou est un gisement important de pierre taillée.

Tala Bouzrou (la fontaine rocheuse), comme son nom l’indique, est une région montagneuse et rocheuse qui compte plus de 13 000 âmes. Ce grand village se trouve à cinq km du chef-lieu de la commune de Makouda (à quelque 17 km au nord du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou, sur la route de Tigzirt). Le relief rocheux de la région ne permet pas le travail de la terre.
Même l’olivier peine à s’accrocher à ces gigantesques rochers. De ce fait, seule l’agriculture vivrière est pratiquée par les villageois. Dans les sept bourgades éparpillées çà et là, pour travailler la terre, il faudrait disposer de moyens financiers conséquents pour procéder au défrichement des terrains et les débarrasser de toutes sortes de pierres qui forment un obstacle majeur pour les labours et autres tâches. Les rares habitants qui ont tenté l’aventure dans l’investissement agricole ont échoué.
Ce qui signifie qu’un simple paysan ne pourra jamais se lancer dans cette activité. Cependant, si cette pierre naturelle est indésirable pour les agriculteurs, elle est, en revanche, une source de revenus pour plusieurs familles. Beaucoup de jeunes qui ont quitté les bancs de l’école très tôt et se trouvent au chômage, ont fait de cette matière un moyen pour gagner leur vie et aider leur famille.
Bien plus, ils parviennent à exprimer leurs dons en travaillant la pierre pour en faire de la pierre taillée. Cette pierre taillée décorative qui orne les façades des villas dans plusieurs villes comme Alger, Blida ou Tizi Ouzou est le produit du travail manuel effectué par ces jeunes qui trouvent un plaisir à façonner cette pierre comme il se doit pour en faire presque des œuvres d’art. Tala Bouzrou est parmi les rares régions dans la wilaya de Tizi Ouzou où l’on travaille la pierre. A travers toute la wilaya, seules trois communes sont connues par ce genre d’activité : Yakouren et Azazga à l’est de la wilaya et, bien entendu, Makouda.
Ces régions recèlent, en effet, des gisements importants de pierre. De nombreuses personnes viennent d’Alger, de Blida ou des autres régions du pays pour acheter cette pierre destinée à la décoration des habitations. Cependant, il faut savoir que ce travail est très difficile. Il nécessite beaucoup d’efforts physiques et une grande maîtrise des techniques d’extraction et de taille. Pour obtenir la forme finale, il faut passer par plusieurs étapes : extraire et casser la pierre, la tailler puis la couper suivant la forme voulue. «C’est pour cette raison que la pierre taillée coûte très cher.
Celui qui ne dispose pas de moyens financiers importants ne pourra jamais espérer décorer son habitation de cette précieuse pierre surtout celle qui est destinée à la décoration des balcons, des piliers et des cheminées», explique un jeune qui a fait de la taille de pierre son métier.
Diverses formes sont, en effet, données à la pierre par ces artisans : on y trouve des gorges, des corniches et mêmes des chaînes. Sur place, la pierre taillée est cédée de 4 500 à 5 000 DA/m2 et celle dite la «mosaïque» (autre forme de pierre, moins piquée) est cédée à près de 4 000 DA. Le prix varie également selon la qualité de la matière utilisée. La pierre de Tala Bouzrou est, par exemple, plus chère que celle qui provient de certaines régions d’Azazga.

M.F.

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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4 Réponses à “A Tala Bouzrou (Tizi Ouzou) Le deuxième âge de la pierre”

  1. Artisans de l'ombre Dit :

    Mains fragiles s’abstenir

    Nordine, 23 ans, est étudiant à l’université de Tizi Ouzou. Il profite de ses vacances pour travailler. Ce travail exercé momentanément lui permet de gagner de l’argent pour financer ses études, mais aussi pour aider sa famille. «Je sais bien que cette activité cause de graves problèmes de santé, mais je ne le fais que durant les vacances et les week-ends et je ne coupe pas la pierre puisque je la pique seulement», nous dit le jeune étudiant qui ne compte pas beaucoup sur l’aide de sa famille pour la poursuite de ses études. «C’est grâce à ce travail temporaire que j’ai pu m’acheter pas mal d’accessoires comme un micro-ordinateur, des livres et autres objets dont j’ai besoin. Et puis, moi, mon objectif est clair : je compte ramasser le plus possible d’argent pour quitter le pays», ajoute-t-il. Le cas de nordine n’est pas unique puisque au village de Tala Bouzrou on indique qu’il existe plusieurs jeunes scolarisés qui profitent de leurs vacances pour travailler la pierre.
    Outre l’aspect financier et matériel que leur offre ce travail, ces jeunes y trouvent un moyen pour fuir l’oisiveté. «Dans notre village, les lieux de loisirs sont quasi inexistants et les seuls endroits où l’on peut se rencontrer avec les amis sont les cafés. Et comme je n’aime pas fréquenter ces endroits, je me fais, en exerçant cette activité, une occupation. Elle me permet aussi de gagner un peu d’argent», affirme un autre jeune d’une vingtaine d’années. Cependant, ces «artisans instruits», qui ne travaillent la pierre qu’occasionnellement, trouvent des difficultés à s’imposer devant ceux qui ont déjà des années d’expérience dans le domaine. Ils sont même raillés parfois.
    «Ce travail manuel demande beaucoup d’efforts et de patience. Avec de belles mains fragiles, il est difficile de façonner bien et piquer la pierre. Regarde, mes mains sont tellement solides pour ce genre de travail», lance fièrement Kamel devant son associé, qui se trouve être un étudiant.

    M. F.

    Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup

  2. Artisans de l'ombre Dit :

    Un métier lucratif…

    Patience n Avant que la pierre brute ne soit exposée aux acheteurs, elle doit passer par plusieurs étapes essentielles et plusieurs mains qui la façonnent avec de simples outils.

    En effet, ce travail demande beaucoup de patience mais aussi de précision. Il passe par plusieurs étapes pour arriver à la phase de décoration. Chaque étape est assurée par une personne ou une équipe spécialisée. Pour commencer, les casseurs de pierre brisent de gros rochers et vendent la pierre ainsi extraite aux décorateurs à raison de 2 700 DA la benne de tracteur.
    Vient, par la suite, le rôle des décorateurs appelés dans la région «les tailleurs de pierre». C’est à eux d’exécuter les dessins et toutes les formes souhaités ou demandées avant de revendre la marchandise 4 500 à 5 000 DA le mètre carré.
    La pierre peut prendre plusieurs formes (ronde, triangulaire, carrée…). Son usage diffère également, puisqu’elle est utilisée dans la décoration des piliers, des balcons, des cheminées et même des comptoirs pour hôtels et bars.
    D’autres formes plus simples, destinées généralement à la décoration des façades, sont également exécutées par les artisans. «La mosaïque» est une autre forme de la pierre, moins piquée et moins chère. Elle coûte entre 2 500 et 4 000 DA le mètre carré. Les entrepreneurs et décorateurs achètent ces pierres et se chargent ensuite, avec leurs maçons et ouvriers, de leur construction qui revient également très cher : de 5 000 à 7 000 DA le mètre linéaire. Cela dit, et comme l’indiquent plusieurs jeunes travaillant dans ce domaine, les bâtisseurs ou les maçons – et sans le moindre risque pour leur santé – se taillent la part du lion dans les bénéfices de ce travail de galériens.
    On compte parmi eux de nombreux nouveaux riches du village. Outre l’aspect lucratif du travail, le manque de perspectives pour les jeunes les pousse à s’investir dans cette activité particulière. Tous ceux que nous avons approchés ne nient pas qu’ils gagnent de l’argent, mais ils mettent aussi en exergue les grands dangers qu’ils encourent. «Beaucoup de gens pensent que nous gagnons beaucoup d’argent. Néanmoins, il faut savoir que nous n’avons pas opté pour ce travail volontairement. Nous n’avons vraiment pas le choix.
    La plupart d’entre nous font cela juste pour mettre un peu d’argent de côté pour pouvoir se lancer dans d’autres activités, comme le commerce par exemple», dira Djamel, un jeune de 28 ans qui exerce cette activité depuis presque sept ans. «J’ai beaucoup aidé ma famille en exerçant ce travail. J’ai travaillé pour plusieurs particuliers à Blida et Alger», ajoute-t-il.
    Outre les risques que cela représente pour sa santé, le jeune homme souligne que, parfois, il rencontre des difficultés avec des particuliers qui font appel à ses services. «Certains apprécient cette matière et s’engagent à acheter des quantités pour décorer leurs maisons, mais d’autres rechignent à nous payer la totalité de notre dû, puisque cela s’élève parfois à plusieurs millions. Ils préfèrent payer par tranches. Une fois, par exemple, un client a refusé de me payer 60 millions de centimes. C’est pour cette raison que j’exige le versement de sommes à l’avance, avant même d’entreprendre les travaux», affirme notre interlocuteur.

    M. F.

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  3. Artisans de l'ombre Dit :

    …mais dangereux

    Danger n En dépit des risques de la taille de pierre, des jeunes sans perspectives, continuent à exercer ce métier.

    Bien que cette activité permette à ces jeunes d’engranger des sommes colossales, s’élevant parfois à plusieurs millions de dinars, elle demeure, toutefois, une activité qui constitue un réel danger pour leur santé. Plusieurs artisans qui ont travaillé la pierre pendant de longues années, luttent aujourd’hui contre des maladies engendrées par la poussière.
    Ils sont nombreux à souffrir de maladies respiratoires graves, telles la pneumoconiose et la fibrose. Dans ce travail très particulier, l’argent et la maladie sont intimement liés. Au village de Tala Bouzrou, par exemple, on déplore le décès de cinq jeunes ayant exercé cette activité.
    Selon des témoins, amis des «victimes», aucun n’avait plus de 35 ans. Ils sont tous morts de maladies incurables causées par la poussière qui se dégage au moment où on procède au cisèlement de la pierre à la tronçonneuse. La première victime selon certaines personnes interrogées, a été signalée en 1997. Elle était parmi les premières au village à débuter dans cette activité. C’était un père des famille. «C’est lui qui a décoré la maison du défunt Matoub Lounès.
    Le chanteur a, d’ailleurs, assisté à son enterrement», raconte l’un d’eux. Si certains travailleurs mettent des masques pour se protéger de cette poussière, d’autres exercent sans protection ou presque, à longueur de journée, au milieu des nuages de poussière. «De fines particules s’incrustent dans les masques de protection et bloquent la circulation de l’oxygène.
    Aussi, travailler avec un masque nous étouffe», explique un ouvrier coupeur de pierre. Ils se contentent, donc, de porter un simple torchon autour de la bouche et du nez. Et bien que tout le monde soit conscient des dangers et des problèmes de santé engendrés par cette activité, ils sont encore nombreux à la pratiquer. Aujourd’hui encore, d’autres personnes, prises en tenailles entre le chômage et le besoin, ont suivi le même chemin périlleux. Ce qui fait que de nombreux malades souffrent sans couverture médicale ni sociale.
    A la fin de la journée, les alvéoles pulmonaires des travailleurs emmagasinent les grains et particules microscopiques qui, à leur tour, déclenchent progressivement le processus de la silicose et de la fibrose. Un mal cynique qui ne se manifeste douloureusement que s’il a atteint un stade avancé. Et la médecine ne pourra, dès lors, plus réparer les dégâts, voire les limiter…

    M. F.

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