Histoires vraies
L’avocate (4e partie)
Résumé de la 3e partie : Kenneth Walters est condamné à perpétuité. Sa sœur Anna lui rend visite en prison où il a tenté de se suicider…
Tu n’as pas eu un procès équitable. On peut obtenir que tu sois rejugé. Pour cela, il faudrait prendre un nouvel avocat. Tu sais avec quoi le payer ?
Anna Walters ne répond pas. Son frère a raison. Elle se sent incapable de le convaincre et, pire, c’est lui qui l’a convaincue. Elle comprend très bien qu’après ce qui est arrivé, il n’ait plus envie de vivre et elle est sûre que, placée dans les mêmes conditions, elle ferait comme lui. Tout est perdu. Il n’y a rien à dire, rien à faire.
Et c’est alors qu’il se produit quelque chose d’extraordinaire une idée naît dans son esprit, une idée folle, totalement absurde. Anna, poussée à la fois par l’amour qu’elle a pour son frère et par le refus de cette monstrueuse injustice, refuse de baisser les bras. Elle s’écrie, dans un élan entièrement irréfléchi
— Je serai ton avocate
Kenneth la regarde avec des yeux ronds.
— Qu’est-ce que tu dis ?
Je passerai mon doctorat. Je te défendrai et je prouverai ton innocence
— Tu perds la tête ? Tu n’as même pas ton bac. Tu t’es arrêtée à la troisième.
Je reprendrai mes études. Je passerai mon bac et je m’inscrirai à la faculté. Ce sera long, mais j’y arriverai…
Kenneth Walters regarde sa sœur et, en cet instant précis, il a la certitude qu’elle pense réellement ce qu’elle dit et qu’elle le fera. Anna a toujours eu, depuis qu’elle est toute petite, une volonté incroyable. Mais elle ne se rend pas compte des difficultés, des obstacles qu’elle va rencontrer.
— Tes enfants, tu y as pensé ?
— Je me débrouillerai…
— Des études, cela coûte cher. Où trouveras-tu l’argent
— J’obtiendrai une bourse. Je passerai le concours.
Il y a un long silence. Tous deux se regardent, comme dépassés par les perspectives qui surgissent brusquement devant eux. Anna demande d’une voix émue :
— Kenneth, si je fais cela, est-ce que tu renonceras à te suicider ?
Kenneth Walters met un instant avant de répondre, pour être sûr de ne pas se tromper. Mais, en fait, c’est inutile. La décision de sa sœur a tout changé. Elle vient de se lancer dans une aventure fantastique et il y est engagé avec elle.
— Je ne me suiciderai pas.
— Ce sera très long : des années, peut-être dix ans, peut-être plus…
Cela ne fait rien. Maintenant, j’ai un espoir.
Et Anna Walters tient parole. Elle s’inscrit à des cours du soir pour poursuivre sa sco-larité. Une voisine a accepté de garder ses enfants et, en échange, elle lui fait ses courses. Malheureusement, elle n’est pas douée pour les études, elle redouble sa troisième il lui faut cinq ans pour obtenir son bac.
Elle réussit le concours pour l’obtention d’une bourse, indispensable pour mener ses études supérieures. Aux Etats-Unis, le système scolaire n’est pas comme chez nous : toutes les universités, ou presque, sont privées et leurs tarifs sont prohibitifs. Seul un petit nombre accepte les boursiers. Celle dans laquelle Anna s’inscrit se trouve à New York et elle doit tout quitter, en particulier son emploi, pour s’y rendre avec ses deux enfants. (à suivre…)
D’après pierre Bellemare
8 janvier 2010
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