Seul plutôt qu’en mauvaise compagnie (2e partie et fin)
L’écureuil, meurtri dans son amour-propre ne savait que répondre. Il fit ses adieux et s’apprêtait à partir lorsque le varan le retint :
- Attends ! Ne t’en va pas. Je veux que tu restes avec moi, mais de grâce, sois un peu plus propre ; toutes ces épluchures vont attirer les mouches et les fourmis
L’écureuil ne se fit pas prier pour ramasser les déchets qu’il avait éparpillés, au grand soulagement du reptile. Durant les jours qui suivirent, l’écureuil ne ramena pas de fruits dans le trou, mais ne put s’empêcher de mettre un terme à ses incessants va-et-vient. Et comme la discrétion n’était pas une de ses vertus, des enfants, accompagnés d’un chien, finirent par l’apercevoir dans la forêt et se lancèrent à sa poursuite dans une course effrénée à travers arbres et buissons. L’écureuil n’avait plus qu’une seule idée en tête : se réfugier dans le trou de son ami, le varan. Ce dernier, en voyant son protégé affolé et essoufflé s’enquit de la situation.
- Qu’y a-t-il ? Pourquoi es-tu affolé ?
- Vite, vite, cachons-nous.
- Mais que se passe-t-il ?
- Des humains me pourchassent. Ils ont l’air méchant et ils ont des chiens avec eux.
- Malheureux ! Tu n’aurais pas dû revenir ici ! Maintenant, ils vont nous retrouver et nous ils tueront.
Il n’avait pas fini de parler que déjà des griffes de chien tentaient de happer l’écureuil. Quatre mains s’insinuèrent ensuite dans le refuge et enlevèrent le rongeur. Le lézard voulut en profiter pour se sauver mais mal lui en prit : un des deux enfants lâcha l’écureuil et lui asséna un coup mortel avec une hache. Juste avant de mourir, le reptile pensa à la leçon qu’il venait de recevoir. Une leçon qu’il n’avait jamais eu le temps de mettre à profit, ni de méditer. « Il vaut mieux souffrir de solitude que de vivre en mauvaise compagnie ».
KY ( Fin)
8 janvier 2010 à 10 10 09 01091
Ainsi va la vie
Retour au pays natal (6e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 5e partie n La tante Taos, qui vient d’arriver d’Alger, demande des nouvelles de son frère et de sa famille. Elle vient à Paris pour des soins.
— Nous fermons !
Kenza attendait avec impatience que la patronne de sa boutique annonce la fermeture. Voilà un moment qu’elle vient d’apercevoir son ami, Alain, qui l’attend dans la rue. Il lui a fait signe, mais elle n’a pas osé demander à sa patronne l’autorisation de sortir. Elle enlève rapidement sa blouse, la pend, prend son sac et sort.
Alain l’attend, dehors.
— Tu as mis du temps.
Elle lui tend la joue, il l’embrasse.
— Je ne pouvais pas faire autrement…
— On va prendre un pot ?
— Si tu veux… Mais je dois vite rentrer !
— Pourquoi, on te fait encore des misères ?
Elle hausse les épaules.
C’est ton père ?
— Non…
— Ta mère ?
— Non, non…
— Alors, c’est ton frère…
Elle baisse les yeux.
— Eh, quoi, il ne veut pas comprendre ? Nous ne faisons rien de mal…
— Je sais !
— Alors, pourquoi te persécute-t-il ?
— Je n’en sais rien…
— Si s’était ton père ou ta mère, j’aurais peut-être compris… Mais lui, il est né en France… Il devrait quand même comprendre. Lui aussi, je suis sûr qu’il a une copine !
— Je ne sais pas !
— Il doit en avoir…
Ils arrivent devant un café.
— Allez, on entre… A moins que tu ne préfères qu’on se mette à la terrasse…
— Non, non, à l’intérieur, c’est mieux !
Ils entrent.
— Tu sais, dit Alain, je pourrais parler à ton père ou à ton frère…
— Surtout pas ! dit Kenza.
— Mais pourquoi, quand ils sauront que nous ne faisons rien de mal, ils pourraient nous laisser tranquilles !
— N’y pense pas, oublie… Chez nous, quand un homme se présente chez les parents d’une fille, c’est pour demander sa main !
— Ho ho… Nous n’en sommes pas encore là !
— Alors, abstiens-toi de parler à mes parents.
— Je prends une bière… Et toi ?
— Un café (à suivre…)
K. Y.
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8 janvier 2010 à 10 10 11 01111
Au coin de la cheminée
La sorcière d’Iril-Azereg (7e partie)
Résumé de la 6 partie n La sorcière s’apprête à donner au Français des informations capitales sur le crime, mais elle l’avertit qu’après, elle redeviendra muette…
A près un instant de silence, elle se mit à parler, avec une facilité sur-prenante, sans se reprendre, comme lisant dans le livre ouvert de ses souvenirs, laissant errer ses yeux qui regardaient en haut, éperdus.
— Je suis née dans le village d’Iril-Azereg, mais je l’ai quitté très jeune en compagnie de mon père et de ma mère, femme kabyle des Aït Aïdel, tribu renommée par la beauté de ses filles. Mon père était forgeron et s’établit dans un petit village des environs de Bougie il gagnait bien sa vie, étant adroit et laborieux, mais ma mère mourut bientôt, enlevée par les fièvres et mon père, un an après, fut tué d’un coup de couteau dans une rixe, pendant qu’il séparait les combattants.
«On l’amena tout sanglant dans notre gourbi et je passai la nuit près de son cadavre à me lamenter.
«Dès le lendemain, il vint au village un commandant déjà vieux, avec une figure rouge et tannée par le soleil, les yeux brillants et durs.
«Je comparus tremblante devant lui il me demanda d’où j’étais, comment je m’appelais, ce que nous faisions en dehors de notre tribu, pourquoi mon père était venu se fixer au village.
«Il me semblait qu’il me regardait comme s’il eût voulu me dévorer : je ne pouvais répondre je ne savais rien, du reste, j’avais dix ans à peine et bien que nubile déjà, mon père n’avait pas voulu me marier, me trouvant trop jeune et trop simple. Ne pouvant rien tirer de moi que des pleurs, le Français me fit remettre au Khodja du village.
«Dans la nuit, un spahi frappa à la porte de la maison où nous couchions avec les femmes du marabout. Il exhi-ba un ordre du commandant qui pres-crivait de me remettre au porteur de la lettre, chargé de me conduire à Iril-Azereg, où je pouvais avoir encore quelques parents.
«Je quittai, mourante de peur, le vil-lage où s’était passée mon enfance, et mon guide, m’ayant fait monter sur un mulet, me fit marcher toute la nuit. A l’aurore, il fit ouvrir une mai-son où je fus reçue et soignée toute la journée, que je passai à sommeiller ou à pleurer.
«Dès le coucher du soleil, le spahi me fit reprendre le voyage et, vers le milieu de la nuit, nous entrâmes dans une ville française avec de grandes et hautes maisons bordant les rues c’était Bougie.
«Chemin faisant, le spahi m’avait appris que le commandant que j’avais vu, m’avait trouvée belle et qu’il ferait de moi sa femme si je le voulais, que j’étais bien heureuse d’avoir ainsi atti-ré les regards de cet homme puissant et riche, qu’il remplacerait pour moi les parents qui me manquaient, qu’il me fournirait même le superflu et m’entourerait d’un luxe dont je n’avais pas idée. Il me fit un tableau séduisant du bonheur qui m’atten-dait. J’étais ignorante du monde, mais peu disposée déjà à accepter la vie de souffrance et de travail des femmes kabyles, je n’avais enfin per-sonne pour me soutenir et me conseiller. Que sommes-nous du reste, nous, femmes musulmanes, sinon des jouets dans la main des hommes ? La douleur est courte chez les enfants : j’acceptai avec un enthousiasme irréfléchi la proposi-tion du spahi. «Il m’amena dans une petite maison, près des murs d’enceinte, au sommet de la ville. (à suivre…)
Récit et légendes de la grande Kabylie
par B. Yabès
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8 janvier 2010 à 10 10 12 01121
Histoires vraies
L’avocate (4e partie)
Résumé de la 3e partie n Kenneth Walters est condamné à perpétuité. Sa sœur Anna lui rend visite en prison où il a tenté de se suicider…
Tu n’as pas eu un procès équitable. On peut obtenir que tu sois rejugé. Pour cela, il faudrait prendre un nouvel avocat. Tu sais avec quoi le payer ?
Anna Walters ne répond pas. Son frère a raison. Elle se sent incapable de le convaincre et, pire, c’est lui qui l’a convaincue. Elle comprend très bien qu’après ce qui est arrivé, il n’ait plus envie de vivre et elle est sûre que, placée dans les mêmes conditions, elle ferait comme lui. Tout est perdu. Il n’y a rien à dire, rien à faire.
Et c’est alors qu’il se produit quelque chose d’extraordinaire une idée naît dans son esprit, une idée folle, totalement absurde. Anna, poussée à la fois par l’amour qu’elle a pour son frère et par le refus de cette monstrueuse injustice, refuse de baisser les bras. Elle s’écrie, dans un élan entièrement irréfléchi
— Je serai ton avocate
Kenneth la regarde avec des yeux ronds.
— Qu’est-ce que tu dis ?
Je passerai mon doctorat. Je te défendrai et je prouverai ton innocence
— Tu perds la tête ? Tu n’as même pas ton bac. Tu t’es arrêtée à la troisième.
Je reprendrai mes études. Je passerai mon bac et je m’inscrirai à la faculté. Ce sera long, mais j’y arriverai…
Kenneth Walters regarde sa sœur et, en cet instant précis, il a la certitude qu’elle pense réellement ce qu’elle dit et qu’elle le fera. Anna a toujours eu, depuis qu’elle est toute petite, une volonté incroyable. Mais elle ne se rend pas compte des difficultés, des obstacles qu’elle va rencontrer.
— Tes enfants, tu y as pensé ?
— Je me débrouillerai…
— Des études, cela coûte cher. Où trouveras-tu l’argent
— J’obtiendrai une bourse. Je passerai le concours.
Il y a un long silence. Tous deux se regardent, comme dépassés par les perspectives qui surgissent brusquement devant eux. Anna demande d’une voix émue :
— Kenneth, si je fais cela, est-ce que tu renonceras à te suicider ?
Kenneth Walters met un instant avant de répondre, pour être sûr de ne pas se tromper. Mais, en fait, c’est inutile. La décision de sa sœur a tout changé. Elle vient de se lancer dans une aventure fantastique et il y est engagé avec elle.
— Je ne me suiciderai pas.
— Ce sera très long : des années, peut-être dix ans, peut-être plus…
Cela ne fait rien. Maintenant, j’ai un espoir.
Et Anna Walters tient parole. Elle s’inscrit à des cours du soir pour poursuivre sa sco-larité. Une voisine a accepté de garder ses enfants et, en échange, elle lui fait ses courses. Malheureusement, elle n’est pas douée pour les études, elle redouble sa troisième il lui faut cinq ans pour obtenir son bac.
Elle réussit le concours pour l’obtention d’une bourse, indispensable pour mener ses études supérieures. Aux Etats-Unis, le système scolaire n’est pas comme chez nous : toutes les universités, ou presque, sont privées et leurs tarifs sont prohibitifs. Seul un petit nombre accepte les boursiers. Celle dans laquelle Anna s’inscrit se trouve à New York et elle doit tout quitter, en particulier son emploi, pour s’y rendre avec ses deux enfants. (à suivre…)
D’après pierre Bellemare
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8 janvier 2010 à 10 10 17 01171
Ainsi va la vie
Retour au pays natal (7e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 6e partie n Kenza, une jeune fille émigrée, sort avec un Français. Elle redoute ses parents, notamment son frère, Mohammed.
Ils bavardent quand brusquement, Kenza aperçoit, à travers une vitre, son frère qui l’observe de l’autre côté de la rue.
— je dois rentrer, dit-elle à Alain.
— déjà ? On s’est presque rien dit.
— je regrette…
Elle repousse sa tasse et se lève.
— hé, attends…
Mais elle ne l’écoute pas. Il se lève à son tour, jette un billet sur la table et la suit. Il arrive juste au moment où Mohammed aborde Kenza.
— alors, c’est comme ça, tu entres dans les bars, maintenant ?
— j’avais envie de prendre un café ?
— maman ne sait plus faire le café ?
— j’avais envie de prendre un café, c’est tout !
— tu étais seule je suppose ?
Avant que la jeune fille ne réponde, Alain intervient.
— elle était avec moi !
Mohammed se retourne, hostile.
— ah oui, et toi, qui es-tu ?
— son copain !
Mohammed est furieux.
— quoi, et tu me le dis comme ça ?
Alain, le voyant menaçant, recule.
— hé, on ne fait rien de mal, on est tout juste copain !
— et moi, je ne veux pas que tu sois le copain de ma sœur !
— puisque je te dis qu’on ne fait rien de mal… On était ensemble au lycée… On a voulu prendre un pot, c’est tout !
— allez, casse-toi, et n’embête plus ma sœur !
Alain se retourne vers Kenza.
— dis quelque chose, bon sang !
— elle n’a rien à dire, casse-toi !
Comme il avance vers lui, Alain serre les poings.
— tu veux que je te démolisse le portrait ? dit Mohammed.
— avance, tu me trouveras !
Kenza prend enfin la parole.
— Assez, je rentre… pas la peine de vous battre comme des chiffonniers !
— mais… ! proteste Alain.
— je rentre !
Elle pousse son frère.
— on rentre !
— t’as de la chance que tu sois intervenue, je lui aurais arrangé sa gueule, à ton copain !
Mais tu ne perds rien pour attendre, salope ! (à suivre…)
K. Y.
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8 janvier 2010 à 10 10 18 01181
Au coin de la cheminée
La sorcière d’Iril-Azereg (8e partie)
Résumé de la 7e partie n La sorcière d’Iril-Azereg raconte son enfance et la mort de ses parents.
Il y avait un petit jardin d’orangers, entouré de hautes murailles avec une seule porte, mais, du haut des terrasses, je pouvais, voilée, regarder la mer infinie, sillonnée de voiles blanches et respirer la brise du large. Personne n’entrait jamais dans la maison, sauf le commandant et une vieille gitane qui me surveillait, me donnait à manger, me soignait, obéissant du reste à tous mes caprices.
«Le spahi qui m’avait guidée, agent dévoué à mon maître, revint bien quelquefois, mais jamais il ne me revit ni m’adressa la parole : il causait seulement avec la vieille gitane, lui communiquant des ordres.
«Le commandant venait me trouver chaque jour, et restait avec moi deux ou trois heures ; il me faisait causer, me couvrant de bijoux, apportant sans cesse de nouveaux cadeaux et de nouvelles friandises : jamais il ne m’adressa un mot de français, car il parlait admirablement l’arabe et le kabyle.
Il voulut m’instruire dans la première de ces langues et, grâce à mes dispositions naturelles, je devins en deux ans une véritable savante. Il m’apporta alors des livres arabes, où se trouvaient de merveilleuses histoires, et la vieille gitane m’enseigna l’art mystérieux de la magie, que pratique son peuple.
«J’étais devenue belle et blanche, mon miroir me le disait assez : le commandant fit alors de moi sa maîtresse et il paraissait m’aimer.
«Je menais une vie oisive, dormant presque tout le jour, me nourrissant de gâteaux ou de fruits, me promenant la nuit sur les terrasses ou dans le jardin. Je me trouvais, en résumé, très heureuse, n’ayant aucun désir, tous mes caprices étant lois pour ceux qui m’entouraient et s’étudiaient à les satisfaire à l’avance.
«Le commandant m’apprit qu’il était marié à une dame française déjà vieille et que la loi chrétienne défendait d’avoir plusieurs femmes : c’est pour cela qu’il me cachait à tous les yeux. Pendant les courts instants qu’il passait auprès de moi, il lui échappait souvent, dans son ivresse, un mot français dont j’ignorais le sens, mais qui me semblait doux à dire :
«Je t’aime !»
«Je voulus un jour savoir ce que signifiait ce mot : il m’apprit qu’il exprimait la tendresse qu’il ressentait pour moi.
Il m’invita bien des fois à le prononcer pour lui ; j’ai toujours refusé ; je le gardais pour le dire à l’élu de mon cœur et tu sais que je m’en suis souvenue, pour te le répéter.
«Un jour, le commandant vint ; sa figure basanée était plus rouge qu’à l’ordinaire ; il était agité et se plaignait d’un grand mal de tête et de souffrir beaucoup. Néanmoins, il me témoigna, comme d’habitude, son amour. Je sommeillais, car il faisait chaud et c’était le moment de la sieste. A mon réveil, le commandant dormait toujours et je m’aperçus tout à coup qu’il ne respirait plus. Je poussai un cri en me levant brusquement. Il était mort. Mes cris firent accourir la gitane : après avoir vu ce dont il s’agissait, elle ferma la porte, me disant qu’elle allait chercher du secours et me laissa seule avec le cadavre. (à suivre…)
Récit et légendes de la grande Kabylie
par B. Yabès
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8 janvier 2010 à 10 10 20 01201
Histoires vraies
L’avocate (5e partie)
Résumé de la 4e partie n La sœur de Kenneth décide de faire des études de droit afin de pouvoir défendre son frère…
Là, elle retrouve une place de serveuse dans un fast-food. Elle suit les cours comme elle peut, dans des conditions épouvantables, tant et si bien qu’elle doit redoubler sa première année. Elle ne voit plus Kenneth, le Massachusetts est trop loin, elle n’a pas le temps de s’y rendre. Tous les deux correspondent et c’est pour Anna le plus merveilleux des réconforts. Non seulement son frère ne perd pas espoir, mais c’est lui qui l’encourage, qui lui dit de tenir bon. Elle n’est pas encore avocate, mais il a repris, grâce à elle, goût à la vie et c’est déjà une grande victoire.
En tout, il faut à Anna Walters deux fois plus de temps que les autres étudiants pour obtenir son doctorat en droit. Pour son sujet de thèse, elle choisit «Les tests ADN comme preuve dans les affaires criminelles». C’est, en effet, grâce à cela qu’elle espère l’emporter. En 1983, les expertises d’ADN n’existaient pas. On ne connaissait que les groupes sanguins. Maintenant, il va être possible de prouver que le sang laissé sur la victime n’est pas celui de Kenneth.
Nous sommes alors en 1998. Elle a quarante-trois ans ; il y a quinze ans qu’ont eu lieu le procès et la condamnation de son frère.
A présent, elle est sûre que tout va aller très vite. Elle écrit aux autorités judiciaires du Massachusetts pour avoir communication du dossier Kenneth Walters, en tant que son avocate officielle. Elle attend, confiante, la réponse, et c’est la catastrophe !
De même que le système éducatif, la justice américaine est très différente de la nôtre. Il n’y a pas, comme chez nous, un Code pénal pour tout le pays, chaque Etat possède sa propre juridiction. Malgré ses connaissances, Anna n’était pas spécialement au fait des lois du Massachusetts et, lorsque la réponse lui parvient, c’est comme si la terre s’ouvrait sous ses pas.
Maître,Nous avons pris bonne note de votre demande. Malheureusement, la réglementation en vigueur au Massachusetts veut que les pièces à conviction soient détruites au bout de dix ans et l’affaire que vous évoquez date de quinze ans. Nous regrettons de ne pouvoir vous satisfaire.
Veuillez agréer… etc.
Alors, encore une fois, Anna Walters refuse de baisser les bras. Cette femme ordinaire, cette petite Américaine moyenne, va se montrer digne de toutes les héroïnes de roman. Contre toute raison, elle décide de se rendre sur place. Qu’espère-t-elle, puisqu’on lui a dit qu’il n’y avait plus rien ? Elle ne saurait le dire elle-même. Elle pense sans doute que tant d’efforts et de souffrances ne peuvent se conclure ainsi.
Elle se retrouve là où le drame a commencé, dans le bâtiment de style néogothique, siège du tribunal du Massachusetts. C’est là que sont entreposés les dossiers des divers procès. Le responsable des archives est un petit homme aux cheveux grisonnants, proche de la retraite. En entendant sa demande, il manifeste son incompréhension.
— Qu’est-ce que vous attendez de moi ?
Le dossier n’existe plus.
Alors elle insiste. Elle raconte toute son histoire. Peut-être y a-t-il eu une erreur. Peut-être a-t-on oublié ce dossier-là. En tout cas, elle veut voir. Même s’il n’y a qu’une chance minuscule, il faut la tenter. L’homme finit par être touché. Il accepte de l’accompagner dans la cave où sont rangées les archives. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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8 janvier 2010 à 10 10 24 01241
Au coin de la cheminée
La sorcière d’Iril-Azereg (9e partie)
Résumé de la 8e partie n La sorcière continue le récit de sa vie notamment la mort du commandant chez qui elle vivait…
«Je pleurai cet homme qui m’avait adorée et avait obéi à toutes mes volontés.
«La vieille femme revint avec le vieux spahi que je connaissais déjà. Il pleura longuement son maître, puis s’étant consulté avec ma gardienne, il sortit et ramena avec lui des Français habillés de vêtements noirs, des officiers, beaucoup de monde qui envahit notre petite maison à grand bruit. Je m’étais voilée et je sanglotais dans un coin. Un des hommes noirs, que l’on nommait l’oukil el rey fit un signe à un Européen qui, s’approchant du corps, l’ouvrit, lui scia la tête, causant et écrivant sur un papier.
«J’ai su plus tard que c’était un médecin et qu’il avait retrouvé dans ce corps les traces de la maladie qui avait tué le commandant. L’oukil me fit interroger par un interprète : je répondis de mon mieux, donnant des détails sur ce qui s’était passé avant et après mon sommeil. On écrivit mes réponses, puis on me demanda de les signer en arabe, ce que je fis. Après un interrogatoire très court de la gitane, on nous laissa seules dans la maison dont nous fermâmes les portes.
«Nous nous préparions à nous coucher, lorsqu’on frappa doucement. Un colloque très long s’engagea entre la vieille qui était descendue et un homme ; puis j’entendis ouvrir la porte, le bruit de pièces d’argent qui tombaient dans les mains de ma gardienne et l’homme monta vers ma chambre. Je l’attendis sans frayeur, rien de plus malheureux que la mort du commandant ne pouvait m’arriver.
«C’était l’interprète de l’oukil, un Kabyle comme moi.
«Il me dit que j’étais accusée de la mort du commandant, que j’allais être mise en prison, condamnée peut-être au dernier supplice : je protestai de mon innocence, suppliant cet homme de me venir en aide.
«Après m’avoir bien tourmentée, il m’offrit de me faire évader et de me cacher chez lui parmi ses femmes, à condition que je devienne son épouse. Je t’ai dit que j’ignorais tout de la vie, ayant vécu en dehors du monde : dans mon effroi, je consentis et cet homme est le deuxième qui m’a possédée. Que la malédiction de Dieu soit sur lui !
«Le lendemain matin, il s’éloigna en me disant qu’il allait revenir pour m’enlever, mais je ne le revis plus. Sa passion satisfaite, il ne pensa plus à moi, mais, moi, j’avais juré de me souvenir et de me venger !
«Vers le milieu du jour, le vieux spahi revint, me fit revêtir de voiles épais et m’intima l’ordre de le suivre. Je descendis plusieurs rues et on me fit monter dans une belle maison où m’attendait une femme chrétienne vêtue de noir. C’était la femme du commandant, me dit mon guide, qui se retira discrètement.
«J’avais grand peur de sa vengeance, mais la vieille dame m’enleva mon voile et me contempla longtemps en pleurant silencieusement. Puis me prenant la tête à deux mains, elle me baisa longuement au front, murmurant des paroles tristes en français ; je sanglotais.. durant ces instants nos larmes se confondirent.
«La dame ayant remis mon voile, appela le spahi ; elle me remplit les mains de pièces d’or et se retira ; je ne la revis plus.
«Je restai quelque temps dans la maison, une servante m’apportait la nourriture. Un jour, enfin, le spahi vint me reprendre et me faisant monter sur un mulet, m’amena à petites journées jusqu’à Iril-Azereg, lieu de ma naissance. (à suivre…)
Récit et légendes de la grande Kabylie
par B. Yabès
Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup
8 janvier 2010 à 10 10 27 01271
Histoires vraies
L’avocate (6e partie et fin)
Résumé de la 5e partie n Anna Walters est devenue avocate et elle commence à réunir les preuves concernant l’affaire de son frère, mais on lui apprend que les documents pourraient être détruits …
Anna se retrouve dans une sorte de labyrinthe qui sent le moisi. Il y a là tout un fatras de liasses de papiers attachées par des sangles et des objets sinistres dans des sacs en plastique transparent : armes à feu, couteaux, marteaux, vêtements tachés de sang, os humains.
Ce bric-à-brac lui donne de l’espoir. Le désordre qui règne est évident. Un tel manque de rigueur peut laisser espérer une erreur quelconque, il faut chercher. Tout est grossièrement classé par année. Il n’y a, bien sûr, pas d’année 1983, mais, à genoux, à quatre pattes, aidée par l’homme aux cheveux grisonnants, qui s’est pris au jeu et qui cherche avec elle, elle remue des kilos et des kilos de poussière.
Et le miracle a lieu ! Là, sur cette boîte en carton, un nom et un prénom ont été tracés au feutre noir : «Walters Kenneth». Elle ouvre le couvercle en tremblant et la première chose sur laquelle elle tombe est un corsage maculé de taches brunes. Elle l’avait vu, quinze ans plus tôt, brandi par le procureur sous les yeux des jurés. C’est le corsage de Deborah Pinkerton, celui sur lequel se trouve le sang prétendument de son frère.
— Laissez-moi l’emporter. Je vais le faire analyser.
— Je ne peux pas. Je n’ai pas le droit.
— Ecoutez, ce dossier ne devrait pas exister. Qu’est-ce que cela peut vous faire ?
— Si les résultats de l’analyse sont rendus publics, tout le monde va le savoir. Je risque des ennuis.
— Si les conclusions confirment que c’est le sang de mon frère, je les garderai pour moi. Si elles démontrent l’inverse, cela permettra de sauver un innocent. Vous ne trouvez pas que cela vaut quelques ennuis ?
Le responsable des archives la laisse partir avec la pièce à conviction. L’analyse a lieu, et c’est la victoire ! L’expertise ADN démontre que le sang du meurtrier n’est pas celui de Kenneth Walters. Enfin, la victoire, pas encore, car tout s’est fait dans l’illégalité et, quand Anna Walters adresse sa demande de révision aux autorités du Massachusetts, elle se voit opposer un refus catégorique.
Mais elle a suffisamment prouvé depuis le début que rien ne la décourage. Après les montagnes qu’elle a soulevées, ce n’est pas un obstacle de ce genre qui peut l’arrêter. Elle va trouver les journalistes et il lui suffit de raconter sa fantastique histoire pour faire sensation. Immédiatement, tous les médias s’emparent de l’affaire. L’opinion exige la libération de Kenneth Walters et la pression est telle que la justice doit s’incliner. Kenneth Walters est libéré le 18 novembre 1998, après plus de quinze ans passés en prison.
Aux Etats-Unis, tout va très vite. La célébrité d’Anna Walters fait que son cabinet d’avocate connaît aussitôt la prospérité. Mais elle ne se laisse pas tourner la tête. Si elle accepte quelques causes rentables, elle n’oublie pas la motivation qui a été la sienne depuis le début. Elle déclare aux journalistes :
— J’ai décidé de me consacrer à la lutte contre l’erreur judiciaire. Ces dernières années, quatre-vingt-cinq condamnés ont été libérés grâce au test ADN, dont dix se trouvaient dans le couloir de la mort. Il y en a encore beaucoup à sauver. Je vais me battre à leurs côtés.
On ne peut qu’approuver et dire, en conclusion de cette aventure humaine dont il y a peu d’exemples «Bonne chance, Anna !»
D’après Pierre Bellemare
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8 janvier 2010 à 10 10 29 01291
Ainsi va la vie
Retour au pays natal (9e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 8e partie n Mohammed poursuit sa sœur et veut la punir. Selon lui, elle déshonore la famille, en sortant avec un homme… De surcroît, un Français !
Kenza s’est enfermée dans une chambre et refuse de sortir.
— je ne te ferai rien, dit Fadhéla, mais tu ne vas pas rester là, enfermée !
— je n’ai rien fait de mal…
— on parlera de ça, plus tard !
— je veux parler à papa…
— tu sais bien qu’il ne rentre pas maintenant !
— alors, j’attendrai !
— et ta tante ? Tu refuses de voir ta tante ?
Kenza ne répond pas.
— elle n’arrête pas de te demander !
— bon, je sors, mais tu ne dis rien !
— tu ne voudrais pas que je dise nos secrets aux autres, le linge sale, nous le laverons en famille ! Alors, dépêche-toi de sortir !
Quelques minutes après, Kenza, qui a revêtu une robe d’intérieur et lâché ses cheveux, sort. Elle est d’une beauté à couper le souffle.
— ma tante !
La tante, qui regardait la télévision, se retourne.
— c’est moi, ma tante !
La tante sourit.
— ah, Kenza, ma petite, dans mes bras !
Kenza va vers elle. Taos l’enlace.
— ah, comme tu as grandi !
Et elle ajoute.
— et comme tu es jolie !
Fadhéla entre au salon. Taos hoche la tête.
— ah, ma chère amie, tu as une fille merveilleuse !
— tu exagères…
— si, si, c’est une véritable princesse !
Taos tique aussitôt.
— dis, on n’a pas encore demandé sa main ?
Fadhéla rit.
— non, non, elle est jeune ! Elle n’a que dix-huit ans !
— et alors, à cet âge, j’avais déjà trois enfants !
— les temps ont évolué !
Taos se retourne vers Kenza.
— qu’est-ce tu dirais, si on demandais ta main… Je veux dire quelqu’un du pays, bien sûr !
Kenza secoue la tête.
— non, ma tante, non !
— pourquoi pas si le prétendant a une bonne situation ?
— je veux d’abord faire la mienne, ma tante !
— elle a encore le temps de penser au mariage, dit Fadhéla. (à suivre…)
K. Y.
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8 janvier 2010 à 10 10 31 01311
Au coin de la cheminée
La sorcière d’Iril-Azereg (10e partie)
Résumé de la 9e partie n La sorcière raconte au Français que la femme du commandant lui a remis des pièces d’or et que le spahi l’a ensuite conduite à son village natal d’Iril-Azereg…
«Tous mes parents étaient morts ou disparus : on me remit au Cheik du village qui me garda auprès de lui pendant un an environ, puis me déclara que je deviendrais sa femme après le Ramadan.
«J’étais effrayée par cette perspective : la vie des femmes kabyles, que je voyais de près, n’était pas faite pour me séduire ; ce que je savais des passions des hommes m’en avait dégoûtée ; je résolus d’échapper à l’amour du Cheik en faisant la folle et, dès le lendemain, je me mis à tenir des discours insensés, à raconter des histoires merveilleuses, à faire des signes cabalistiques, utilisant ce que m’avaient enseigné le commandant et la vieille gitane. Je passai promptement pour derwiche, mais l’amour du Cheik ne se refroidit point ; il déclara devant moi que, malgré ma folie, je l’épouserais. Ma jeunesse, ma beauté et, il faut le dire aussi, les riches bijoux que je possédais et l’or de la commandante, avaient ensorcelé le vieux.
«La fin du Ramadan approchait : je résolus de m’enfuir, mais je fus vite lassée de marcher ; les pieds en sang, je fus rattrapée par mon vieil amoureux.
«Enfin, un jour à la Djemâa où je m’étais rendue en faisant la folle, j’accablai le Cheik d’invectives, entremêlées de menaces et je lui annonçai sa mort prochaine, puisqu’il persistait à vouloir m’épouser, moi, l’élue de Dieu.
«Le résultat de mon escapade fut d’abord de me faire enfermer et surveiller attentivement, mais au bout de trois jours, je fus délivrée par les anciens du village qui m’entourèrent avec respect et me baisèrent les mains et les pans de mes haïks. Derrière eux, venait le cadavre du Cheik, la cervelle sortant de son crâne fracassé. En montant sur un frêne pour cueillir des feuilles, il s’était laissé tomber et était mort sur le coup.
«N’y avait-il là que du hasard, ou bien suis-je vraiment douée du don de prophétie ? Je l’ignore. Mais à partir de cette époque, je devins sacrée pour la tribu tout entière. Je continuai mes prédictions qui souvent se réalisèrent et nul n’osa penser à moi dès que la main de Dieu eut frappé le vieux Cheik.
«On me consulte dans toutes les questions obscures et dans les circonstances graves.
«La tribu me nourrit, chacun m’apporte des œufs, du lait, le couscous le plus blanc que l’on puisse se procurer.
«Avant toi, je n’aimais rien que ma liberté, ne désirais rien que le repos. Maintenant je suis heureuse, car j’ai pu te dire le mot sacré des Français «je t’aime !» et j’ai aussi ensorcelé ton cœur.»
Un silence s’ensuivit et la belle Kabyle reprit son récit :
«De ma vie de recluse à Bougie, je n’ai gardé qu’une habitude, celle des bains fréquents et des ablutions quotidiennes. Comme il m’est impossible de m’y livrer dans cette petite chambre, chaque nuit je m’évade et je me rends à une cascade voisine, située au milieu des grands arbres que dominent d’énormes rochers. Là, nue, je me livre à mon plaisir favori, jouant dans le bassin naturel, recevant les eaux sur mes épaules. C’est cette habitude qui a causé la mort de Si Ali ou Toufik.
«Depuis quelque temps, je m’étais aperçue que j’étais suivie dans mes courses nocturnes, un pas furtif se glissait derrière moi ; je n’y fis d’abord aucune attention, croyant que c’étaient les chiens du village, auxquels je donne chaque jour la pâture et qui me suivaient quelquefois. (à suivre…)
Récit et légendes de la grande Kabylie
par B. Yabès
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8 janvier 2010 à 10 10 37 01371
Histoires vraies
Le mur de l’Atlantique (1re partie)
Avec sa petite moustache, sa quarantaine replète et son éternel béret basque sur la tête, Gérard Duchez est le Français moyen caricatural. Il a, de plus, presque en permanence l’air jovial, un peu bébête parfois, bref il inspire spontanément la sympathie et il ne viendrait à personne l’idée de se méfier de lui.
Cette apparence insignifiante, Gérard Duchez la cultive soigneusement. Elle est indispensable pour mener le combat qui est le sien. Oui, le combat, car nous sommes en 1942, à Caen, dans la France occupée et Gérard Duchez appartient au réseau de résistance Malherbe, dont la spécialité est le renseignement.
Au sein du groupe, Duchez a un rôle bien défini. Il possède une petite entreprise de peinture et il lui est déjà arrivé de faire des travaux pour les Allemands. Jusqu’à présent, cela ne lui a pas permis de tomber sur quelque chose d’intéressant, mais il persévère et, en attendant, il feint d’avoir pour l’occupant les sentiments les plus cordiaux.
Ce jeudi 7 mai 1942, comme il en a l’habitude, Gérard Duchez va voir au tableau d’affichage de la mairie de Caen s’il n’y aurait pas des offres de chantiers. Or, justement, on invite les peintres en bâtiment à soumissionner pour un marché de réparations mineures au quartier général de l’organisation Todt.
Malheureusement, l’avis est périmé et il aurait dû être retiré, car les candidatures devaient être déposées avant 17 heures le mercredi 6.
Gérard Duchez pousse un juron de contrariété : approcher l’organisation Todt est, en effet, la priorité de son réseau. Cette bien mystérieuse organisation, qui porte le nom du ministre de l’Armement du Reich, décédé récemment dans un accident d’avion, est spécialisée dans les constructions militaires. Elle vient d’installer des bureaux dans les principales villes côtières de France. Pour l’instant, on ne sait rien de précis, mais il semblerait que les Allemands aient décidé l’édification de fortifications sur une grande échelle le long du littoral.
Gérard Duchez décide de tenter quand même le coup. Il a toujours été débrouillard et il fait confiance à la chance. Il se dirige sans plus tarder vers les locaux de l’organisation Todt, qui occupe un luxueux hôtel particulier du centre-ville, réquisitionné par l’occupant. A cinquante mètres de l’entrée principale, la voie est bloquée par une barrière de fils barbelés. Une sentinelle monte la garde. Celle-ci braque son canon vers lui :
— Halte ! Ausweis !
Gérard Duchez ôte son béret basque et fait son plus beau sourire.
— Moi pas ausweis. Moi venir pour peinture.
Comme le factionnaire ne comprend pas un mot de français et s’énerve de plus en plus, Gérard Duchez, pour s’expliquer, fait semblant de manier le pinceau le long de sa guérite. Cette fois, la réaction est immédiate : un violent coup de crosse le jette à terre. L’Allemand s’acharne sur lui à coups de botte, puis le fait relever et le conduit dans l’immeuble en lui enfonçant le fusil dans les reins. Là, d’autres Allemands surgissent et se mettent à l’injurier. Enfin, arrive un officier qui s’adresse à lui d’une voix glaciale.
— Est-ce que vous connaissez les punitions prévues pour les Français qui se moquent du Führer ?
Du coup, Gérard Duchez comprend la réaction de la sentinelle. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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8 janvier 2010 à 10 10 40 01401
Il tue son ami et le cuisine à l’huile d’olive
l Un cuisinier britannique a comparu hier, mardi, devant un tribunal à Leeds, au nord de l’Angleterre, accusé d’avoir poignardé son ami à plusieurs reprises avant de découper des morceaux de sa chair et de les faire cuire. Anthony Morley, un résident de Leeds âgé de 36 ans, a mâché le morceau de chair de la victime, Damian Oldfield, qu’il avait cuisiné, avant de sortir et d’entrer dans une boutique de plats à emporter pour dire au personnel qu’il avait tué quelqu’un, selon l’accusation. Le Britannique, qui était cuisinier, a aussi découpé un morceau du torse et un téton de sa victime de 33 ans. «Six morceaux de chair cuisinée, assaisonnée et frite à l’huile d’olive, ont été retrouvés sur une planche à découper sur un élément de cuisine. La chair était d’origine humaine», a indiqué le représentant de l’accusation. «Un autre morceau de chair cuisinée, qui avait été mâchée, a été retrouvée dans un sac poubelle dans la cuisine», a-t-il poursuivi. Anthony Morley a nié avoir tué la victime le 23 avril. Son ex-compagnon pendant six ans a, cependant, témoigné devant le tribunal de Leeds, affirmant avoir été attaqué par l’accusé muni d’un hachoir à viande après une dispute à propos d’argent.
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8 janvier 2010 à 22 10 03 01031
Ainsi va la vie
Retour au pays natal (10e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 9e partie n La tante Taos, en visite chez son frère à Paris, trouve Kenza très jolie. Elle voudrait la voir mariée, avec quelqu’un du pays…
Après le dîner, Mohammed va retrouver sa mère.
— tu vas te décider à en parler à papa ?
— pas avant que je parle avec elle !
Le jeune homme fronce les sourcils.
— tu vas la sermonner, elle va te promettre de ne plus le revoir et à la moindre occasion, elle va encore sortir avec lui !
— que veux-tu que je fasse alors ?
— que tu révèles tout à papa !
— pour qu’il se mette en colère et que sa tension prenne un coup ?
— et alors, tu vas la laisser impunie ?
— je vais la sermonner et la menacer !
— tu as intérêt à être dure… En tout cas, dis-lui que si je la revois encore avec ce type, je les bute tous les deux !
— tu dérailles !
— moi, je te le dis !
— bon, maintenant, laisse-moi lui parler.
Kenza est dans la chambre des garçons. Elle les aide à faire leurs devoirs.
— Tahar, Samy, sortez !
— nous avons nos devoirs !
— ça ne prendra qu’un moment.
— on va dans ma chambre, les garçons, dit Kenza.
— non, toi, tu restes !
Les garçons sortent. Kenza a froncé les sourcils. Elle a compris que c’est à sa mère qu’elle va avoir affaire. Elle ne voudrait pas qu’elle la trouve affaiblie.
— ton frère m’a tout raconté !
— et alors ?
— quoi, tu entres dans un bar et avec un homme !
— c’est un ancien copain du lycée, il m’a invité à prendre un pot !
— tu sors avec un homme ? Et de surcroît un Français !
— je n’ai rien fait de mal !
— mais le fait de sortir avec un homme pour une jeune fille célibataire et de bonne famille, est déjà un mal !
— c’est un copain !
— il n’y a pas de copain pour une fille !
Fadhéla a haussé le ton, Kenza baissé la tête.
— je t’avertis, si ça continue, les choses vont mal se passer…Tu connais ton frère, c’est un impulsif, nul ne peut prévoir ses réactions. Il y a aussi ton père : il te retirera du travail et t’enfermera à la maison ! Tu as compris ?
Kenza, la tête toujours baissée, répond :
— oui… j’ai compris.
— alors, ne revois plus cet homme et l’incident sera clos ! (à suivre…)
K. Y.
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8 janvier 2010 à 22 10 05 01051
Au coin de la cheminée
La sorcière d’Iril-Azereg (11e partie)
Résumé de la 10e partie n La sorcière ne voulant pas se marier au cheik, a simulé la folie et, dans son jeu, elle a prédit la mort du cheik. Depuis tout le monde la respecte et la craint…
«Mais il y a huit jours, au clair de lune, alors que j’étais nue dans le bassin, un homme sortit d’une touffe de lauriers roses et m’appela d’une voix basse : «Fatma, Fatma.»
«Je reconnus le jeune marabout et je lui ordonnai de se retirer, lui faisant honte de sa conduite.
— «Non, dit-il, je ne me retirerai point, car voilà bien longtemps que je te suis et que je t’admire. Sois à moi, je te ferai la plus heureuse des femmes : si tu es touchée par l’esprit de Dieu, ne suis-je pas, moi, de la plus haute noblesse religieuse, descendant de Fatima, la fille du Prophète. Mon père est riche, il te donnera autant d’or que tu le désireras ; il ne fait que mes volontés, car je suis son fils unique. Il est interprète de l’oukil el rey de Bougie et sa haute situation nous permettra de vivre dans le luxe.»
«Je frémis de dégoût et de haine en entendant ces paroles : le fils, animé pour moi de la même passion infâme que le père et prêt à l’assouvir ! Je refusai avec énergie, menaçant d’appeler.
«Il n’hésita plus alors, sauta dans la fontaine. D’un bond, j’essayai de m’enfuir, en appelant : mais le jeune homme me saisit au bras, me renversa à terre et me serra la gorge pour étouffer mes cris….
«A mes cris de plus en plus faibles, tous les chiens du village étaient accourus : ils arrivaient de toutes parts, glapissant comme des chacals en chasse et lorsqu’ils virent celle qui était si bonne pour eux, terrassée par un misérable, ils se ruèrent sur lui et le forcèrent à lâcher prise.
«Bientôt je dus le défendre moi-même et écarter les chiens, car son sang coulait déjà et il aurait été écharpé.
— «Ton jour, Si Ali, en lui crachant au visage, n’est pas encore venu, mais prépare-toi, car l’heure du grand voyage ne tardera pas à sonner. Préviens ton père, que je hais plus que toi encore, qu’il n’aura bientôt plus de fils.»
«Je rentrai chez moi escortée par la meute de mes libérateurs et de bon matin je fis appeler les frères Hiadaden.
«Je leur racontai l’outrage que j’avais dû subir de la part du père et de celle du fils ; je leur dis que j’avais résolu la mort de Si Ali, fils unique et adoré, afin de me venger ; je leur offris tous mes bijoux, pour m’aider à accomplir mon projet. Ils refusèrent mes présents, me déclarant que Si Ali ne passerait pas la semaine ; ils voulaient, eux aussi, punir les misérables qui avaient outragé Leïla Fatma la prophétesse.
«Le mardi, ils me prévinrent que le lendemain Si Ali serait mort et qu’ils m’apporteraient la tête. Ils partirent pour le marché de la Smala.
«Le matin du mercredi, je rencontrai Si Ali à la Djemaâ où il priait, et devant tous, je lui dis :
— «Ô marabout, toi qui as osé outrager Fatma, es-tu prêt ?»
— «Oui, répondit-il, sans pâlir.
— «Eh bien, dis-je, tu ne verras pas l’aurore de demain !»
«Il s’inclina sans répondre, s’absorbant dans sa pieuse occupation.
«A la tombée de la nuit, les frères Hiadaden frappèrent à ma porte : ils m’apportaient la tête de Si Ali, à laquelle je fis arracher l’oreille en signe de mépris. (à suivre…)
Récit et légendes de la grande Kabylie
par B. Yabès
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8 janvier 2010 à 22 10 06 01061
Histoires vraies
Le mur de l’Atlantique (2e partie)
Résumé de la 1re partie n Gérard Duchez ne parlant pas allemand se fait tabasser par un militaire qui pensait, en le voyant faire sa gestuelle, qu’il se moquait du führer..
Il explique à l’officier qu’il n’a pas voulu se moquer de la première profession exercée par Adolf Hitler, ni des peintres en bâtiment en général, mais qu’il a tenté de dire qu’il est lui-même entrepreneur en peinture et qu’il vient pour l’annonce de la mairie.
Du coup, l’officier éclate de rire. L’incident a créé un climat de sympathie.
— Je suis désolé, monsieur… Il s’agit de remplacer le papier peint dans deux bureaux du premier étage. Normalement les offres sont finies, mais dites-moi quand même votre prix.
Gérard Duchez n’hésite pas. Il annonce :
— Six mille francs.
C’est 30% au-dessous du marché. Il y sera de sa poche, mais une telle occasion méritait un sacrifice financier. En tout cas, la somme a produit un effet instantané. L’officier a un hochement de tête.
— C’est bien. Suivez-moi. Les travaux ont lieu dans le bureau du commandant Schnedderer.
Le commandant Schnedderer est un gros homme chauve, au visage barré d’une cicatrice. Lui aussi parle correctement français.
— J’ai des goûts très précis pour le papier peint. Je veux des cavaliers bleus portant des fanions sur un fond jaune clair ou bien des canons argent sur fond bleu marine. Vous avez cela ?
Gérard Duchez n’a jamais vu de sa vie des papiers semblables, mais il répond sans se démonter :
— Bien entendu, commandant. Je les aurai demain…
Gérard Duchez passe le reste de la journée à courir les maisons de papiers peints de Caen pour trouver le modèle demandé. Il finit par découvrir un motif qui n’est pas dans les tons voulus mais où il y a des canons, des soldats et des fanions. Il décide que cela fera l’affaire. Il compte sur son bagout pour convaincre l’Allemand.
Le lendemain, le voilà donc avec ses rouleaux sous les bras dans le bureau du commandant Schnedderer. Comme prévu, sa faconde emporte l’adhésion de son interlocuteur.
— Bon, cela ira. Vous pouvez commencer.
Le travail de Gérard Duchez consiste d’abord à prendre des mesures. Il s’affaire avec son mètre pliant et son escabeau lorsqu’un autre officier entre et dépose sur le bureau une pile de documents, après avoir claqué des talons. Tout en affectant d’être plongé dans son travail, Gérard Duchez observe du coin de l’œil et s’aperçoit qu’il s’agit de cartes. Le commandant Schnedderer, qui l’a maintenant tout à fait oublié, s’absorbe dans la contemplation de l’une d’entre elles ou du moins d’une partie de celle-ci, car elle est trop longue pour être dépliée en entier.
Le soleil brille intensément en ce jour de mai et Gérard Duchez peut découvrir par transparence le contenu du document. Il représente la côte normande depuis l’embouchure de la Seine jusqu’au Cotentin. Il est à une très grande échelle, et des éléments de très petite taille doivent y figurer.
Après l’avoir examiné, le commandant le repose sur son bureau et décroche son téléphone. A partir de ce moment, d’autres Allemands, des militaires et des civils, entrent dans la pièce et échangent avec lui des propos que, malheureusement, il est incapable de comprendre. Et puis, soudain, tous sortent en même temps, il se retrouve seul. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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8 janvier 2010 à 22 10 20 01201
Ainsi va la vie
Retour au pays natal (11e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 10e partie n C’est au tour de Fadhéla de faire la morale à sa fille et de la menacer. Si elle ne cesse pas de fréquenter l’homme avec qui elle sort, elle avertirait son père.
Dans la nuit, son copain l’a appelée, mais elle a préféré lui répondre par un message : «ne m’appelle pas. Mes parents me surveillent.» Il a aussitôt répondu : «demain, essaye de sortir un peu avant l’heure.»
Demain… Mohammed, il n’y a pas de doute, va l’avoir à l’œil. Il faudra qu’elle explique à Alain, qu’ils doivent espacer leurs rendez-vous, une fois la surveillance de son frère relâchée, elle pourra reprendre contact avec lui.
Le lendemain, elle part plus tôt au travail. Mohammed dort encore. Elle a fait rapidement sa toilette, avalé son café au lait sans tartine et elle est partie. Sa mère a renouvelé les menaces de la veille : elle doit se tenir à carreau !
Elle prend le bus au vol : pas de Mohammed à l’horizon ! C’est maintenant qu’Alain devait l’attendre, mais il doit, lui aussi, faire la grasse matinée !
Sa patronne s’étonne.
— Tiens, tu viens avant l’heure !
— C’est pour demander à être libérée un peu plus tôt…
La patronne ne promet rien.
— Ce sera en fonction de l’affluence des clients !
Un peu plus tard, les collègues de Kenza arrivent. Elles aussi s’étonnent de la trouver sur place. Son amie Jeannine la charrie.
— Tu es tombée du lit ce matin !
— Non, c’est pour pouvoir sortir plus tôt !
— Tu as un rancard ?
— Oui… Mais je dois t’expliquer.
Elle lui raconte tout.
— Mais ton frère n’a pas le droit de t’interdire d’avoir un copain !
— Je sais, mais chez moi, les hommes s’arrogent tous les droits !
— Tu devrais porter plainte !
— Pour que mon père me mette à la porte ?
— Et alors, tu seras avec ton copain…
— Non, non…
— Alors, tu dois te soumettre !
— Je tiens à Alain…
— Et comment vas-tu faire pour continuer à le voir ?
— Je vais sortir plus tôt que d’habitude… Mon frère ne vient qu’à la fermeture !
— Alors, il faut appeler ton copain !
— C’est ce que je vais faire !
Elle l’appelle et lui demande de passer une heure avant sa sortie habituelle.
La patronne tique, mais elle laisse la jeune fille sortir.
«Je reviendrai à la fermeture», dit-elle.
Alain l’attend. Kenza regarde à droite et à gauche.
— Il n’est pas là, on peut partir ! (à suivre…)
K. Y.
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8 janvier 2010 à 22 10 22 01221
Au coin de la cheminée
La sorcière d’Iril-Azereg (12e partie)
Résumé de la 11e partie n la sorcière avoue au Français que c’est elle qui, par vengeance, a demandé aux frères Hiadaden de tuer le fils du cheik…
«La vieille mère de Si Ali, terrorisée, promit de se taire elle avait tout vu sans pouvoir appeler du secours, car un des assassins lui tenait le couteau sur la gorge, tandis que l’autre accomplissait sa lugubre besogne.
«Le matin, je fis appeler les notables, je leur donnai connaissance de l’outrage qui m’avait été fait et du châtiment ; tous déclarèrent ma vengeance légitime et me jurèrent de se taire.
«J’ai pleine confiance en leur parole et en mon pouvoir : tu peux les interroger, les tuer même, ils ne diront rien, pas plus que la mère de la victime.» Elle se tut puis, elle me demanda ma chaîne à gros anneaux de métal. Elle s’en para sur l’heure et se montra joyeuse de ce que je trouvais que ce collier lui allait bien : elle me promit de le garder éternellement en souvenir.
Je réfléchissais à ce que la maraboutine venait de me dire, mon esprit oscillait entre la fascination qu’elle m’inspirait et le sentiment de mes devoirs. Malgré le charme qu’elle exerçait encore, je repris peu à peu possession de moi-même, et, comprenant qu’il fallait avant tout me soustraire à sa mystérieuse influence, je lui ordonnai brusquement de m’ouvrir. Ce n’est pas sans peine que je parvenais à sortir, détournant la tête pour éviter ses yeux charmeurs. Elle s’affaissa dans la chambre obscure. Titubant comme un homme ivre, j’arrivais à grand-peine à la Djemaâ où je trouvai les notables et Rabah. A ma grande surprise, ils ne furent point étonnés de ma longue absence : il faisait nuit déjà. Il me parut même qu’ils montraient pour l’élu de la prophétesse une plus grande déférence que pour le fonctionnaire.
Je m’endormis sur les pierres de la Djemaâ, d’un sommeil lourd et agité, plein de cauchemars. Poursuivi sans cesse par l’ombre de Si Ali, je ne trouvais de répit qu’auprès de la belle meurtrière, mais celle-ci se transformait en vampire hideux qui aspirait mon sang. Après un pareil sommeil, je me levai, le corps brisé, sans idées nettes, sauf celle de ma chute. Je ne crus pas devoir continuer l’information, et, faisant à tout hasard arrêter les deux frères Hiadaden, je repris le chemin de ma résidence.
La chaleur était intense ; dévorés par la soif, nos chevaux marchaient lentement, et ce ne fut que vers une heure de l’après-midi que nous rentrâmes au bordj. Le vieux Rabah saignait du nez, mes tempes bourdonnaient sans cesse et je tombai demi-mort sur le lit de camp qui me servait de couche. (à suivre…)
Récit et légendes de la grande Kabylie
par B. Yabès
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8 janvier 2010 à 22 10 24 01241
Histoires vraies
Le mur de l’Atlantique (3e partie)
Résumé de la 2e partie n Gérard Duchez, ayant proposé des prix alléchants, est recruté par les Allemands pour placer du papier peint dans les bureaux des officiers…
Le cœur battant, Gérard Duchez s’approche de la pile de cartes. Il déplie un peu la première. Il s’agit bien de la côte normande et il peut lire distinctement la mention «Très secret». Que faire ? Jamais une telle occasion ne se représentera. Mais s’il vole la carte, le commandant va forcément le découvrir et c’en sera fait de lui. Ce sera le peloton d’exécution et pire encore : la torture. Sera-t-il capable de ne pas dénoncer le réseau ?
A cet instant précis, Gérard Duchez voit son visage reflété dans le miroir en face de lui : il se trouve bien pâle, mais ce n’est pas à la pâleur de son teint qu’il pense. Le miroir ! Il a la place de cacher la carte derrière. Sans réfléchir davantage, il se précipite. L’instant d’après, il a dissimulé l’objet. Il était temps : le commandant Schnedderer fait son entrée.
— Vous avez pris vos mesures ?
— Oui, commandant.
— Alors vous pouvez partir. Vous reviendrez lundi. Gérard Duchez prend congé C’est vrai, on est vendredi et il va devoir attendre deux jours avant de revenir. Mais que faire d’autre ? Il passe donc le week-end dans l’angoisse, s’efforçant d’avoir l’air naturel avec sa femme et ses enfants, mais s’attendant à tout instant à voir s’arrêter une traction avant occupée par des hommes en imperméable.
Enfin, le lundi arrive. C’est miraculeux, mais c’est ainsi : personne à l’organisation Todt ne s’est aperçu de la disparition d’un document de cette importance, revêtu de la mention «Très secret». Dans l’hôtel particulier grouillant d’uniformes, Gérard Duchez retrouve l’officier qui lui avait accordé le marché. Il le salue avec la plus profonde déférence.
— A quelle heure le commandant souhaite-t-il que je commence mon travail ?
L’officier n’a plus sa bonne humeur de la fois précédente. Il lui répond sèchement
— C’est annulé. Le commandant Schnedderer a été muté. Il n’y a plus de travaux.
Gérard Duchez s’efforce de garder son calme, mais c’est la catastrophe. S’il ne peut plus accéder au bureau, non seulement il ne pourra pas s’emparer de la carte, mais celle-ci finira par être découverte un jour ou l’autre et il ne donne pas cher de sa peau. Il parvient quand même à sourire.
— Le commandant Schnedderer a bien un remplaçant.
— Oui, le commandant Keller. Mais il a autre chose à faire que de s’occuper de papier peint.
— Me permettez-vous de lui poser la question en allant reprendre mon matériel qui est resté sur place ?
L’officier hausse les épaules.
— Si vous voulez…
L’instant d’après, Gérard Duchez est dans le bureau. Le commandant Keller est un petit homme sec aux cheveux coupés en brosse. Il n’a pas l’air commode du tout. Cela n’empêche pas l’entrepreneur en peinture de lui tenir le petit discours qu’il a préparé. Le commandant Schnedderer avait fait appel à lui pour décorer son bureau. Il est prêt à lui offrir ses services à son tour. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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8 janvier 2010 à 22 10 25 01251
Il reste une semaine aux côtés de sa mère morte
l Un garçonnet âgé de quatre ans a passé une semaine aux côtés de sa mère décédée d’une overdose avant d’être secouru dans leur appartement à Vienne, a révélé hier la télévision nationale ORF. L’enfant, qui ne s’était pas manifesté plus tôt, a fini par crier par la fenêtre «Au secours, ma maman ne bouge plus», selon l’émission Wien Heute. Dans l’intervalle, il s’était nourri de bonbons et de glaces en regardant la télévision depuis le lit où gisait sa mère, âgée de 33 ans, selon les enquêteurs. Les services sociaux, qui ont recueilli le bambin après la découverte de ce drame survenu le mois dernier dans un quartier populaire de la capitale autrichienne, sont désormais à la recherche de membres de la famille de l’enfant, son père étant également décédé récemment.
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8 janvier 2010 à 22 10 29 01291
Hemdani out à la dernière minute
l Le milieu de terrain des Glasgow Rangers, Brahim Hemdani, était porté sur la liste des joueurs qui devaient débuter le match. Il s’est même, échauffé avec ses coéquipiers avant de se blesser. Cela l’a contraint de déclarer forfait au tout dernier moment après avoir ressenti une douleur au niveau du tendon d’Achille. Rabah Saâdane était contraint de faire appel aux services du Sétifien, Laâmouri Djediat.
«Je n’ai pas voulu prendre des risques» l «A l’échauffement, j’ai ressenti une douleur au mollet et c’est pour cette raison que je n’ai pas voulu prendre de risques. Croyez-moi, je n’étais pas bien après cette petite blessure qui m’a empêché de jouer la rencontre avec mes camarades. J’espère que ce n’est pas grave, mais j’ai oublié tout cela afin de savourer cette qualification méritée. Je suis très content et en même temps fier d’être parmi ce groupe».
Dj. O.
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8 janvier 2010 à 22 10 49 01491
Ainsi va la vie
Retour au pays natal (12e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 11e partie n En dépit des menaces de son frère et de sa mère, Kenza revoit Alain. Pour déjouer la surveillance de son frère, elle a quitté plus tôt son travail.
Elle est restée une heure avec lui, puis elle l’a quitté. Elle a eu à peine le temps de retourner à la boutique pour saluer ses copines, que Mohammed est arrivé.
Elle fait semblant de ne pas le voir et prend le bus. Il prend le même bus qu’elle et se met au fond.
Elle l’ignore et monte directement à la maison.
— tu es sortie de bonne heure, lui dit sa mère.
— c’est à cette heure que je sors toujours…
— c’est vrai, tu n’es pas allée avec cet homme !
La jeune fille hausse les épaules. Fadhéla fronce les sourcils.
— tu n’es pas allée avec lui, n’est-ce pas ?
— mais non !
— qui peut me le prouver ?
La jeune fille ne se retient pas.
— tu m’as envoyé ton garde-chiourme, non ?
— mon garde quoi ? demande Fadhéla.
— ton fils, tu l’as envoyé pour me surveiller ?
— pas du tout !
— alors, il fait son travail sans que tu le lui demandes !
Fadhéla sourit.
— c’est une bonne chose de savoir que tu es surveillée !
— ça va continuer longtemps ce petit jeu ?
— aussi longtemps que tu ne reviendras pas à la raison !
La tante Taos, qui a entendu la voix de Kenza l’appelle.
— kenza, viens un peu ici !
Comme elle ne répond pas, sa mère la rappelle à l’ordre.
— ta tante t’appelle !
— qu’est-ce qu’elle me veut, celle-là ?
— elle veut discuter avec toi !
— je n’ai rien à lui dire !
— sois au moins polie, n’oublie pas que c’est ta tante !
Kenza de mauvaise grâce entre au salon.
— oui, ma tante ? Tu as besoin de quelque chose ?
— non, non…
— tu veux que je te fasse du café ?
— non, c’est mauvais pour ma tension… Je veux seulement que tu restes auprès de moi et qu’on bavarde un peu !
Kenza doit s’exécuter.
— comme tu es jolie !
La jeune fille ne trouve rien à dire.
— si, si, tu es très belle ! Plus d’un, au pays, rêverait de faire de toi sa femme… Parle-moi un peu de toi, de tes études, de ton travail (à suivre…)
K. Y.
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8 janvier 2010 à 22 10 51 01511
Au coin de la cheminée
La sorcière d’Iril-Azereg
Résumé de la 12e partie n Après un long moment aux côtés de la sorcière, le Français revient à la djemaâ où il passe une nuit agitée puis retourne à sa résidence après avoir arrêté les frères Hiadaden…
La nuit, je fus pris par les terribles fièvres pernicieuses de la vallée : il fallut la vigueur de ma constitution pour résister, mais je fus deux jours sans connaissance, froid comme un cadavre. Sans médecin, les cavaliers essayèrent sur moi les remèdes arabes, le piment broyé dans l’huile, le poivre de Cayenne, en sinapismes, rien n’y faisait. Enfin, Rabah, en qualité de vieux spahi, prétendit connaître un remède héroïque : puisque j’étais froid il fallait, d’après lui, me réchauffer. Il me fit donc avaler un verre d’absinthe pure.
L’atroce drogue, qui devait m’achever, me galvanisa : j’ouvris les yeux et, comme en rêve, je vis autour de moi tout le maghzen en burnous blanc, récitant le Coran, sur un cadavre, pensait-on.
Mon premier cri fut : à boire ! Puis, ayant repris mes sens, je demandai de la quinine : j’étais sauvé. Mais la maladie me cloua encore un long mois dans mon lit, avec des alternatives de raison et de folie furieuse.
Dès les premiers jours de ma convalescence, je rendis compte à mon chef, qui était revenu au plus tôt, des événements passés en son absence. Il me dit s’être chargé lui-même de l’instruction et n’avoir pu, malgré ses efforts, arriver à prouver la culpabilité des frères Hiadaden ; pas un témoin n’avait déposé contre eux : il les avait relaxés et il lui paraissait inutile de recommencer l’instruction, même après mes aveux.
Lorsque je pus monter à cheval, je me fis conduire à Alger où je demandai et obtins mon changement. Je ne voulais plus rester dans ce pays où tout me rappelait ma faute, où, à chaque instant, je pouvais retomber sous le charme de la prophétesse dont les philtres puissants brûlaient encore tout mon être.
Je perdis donc de vue les acteurs de cette histoire : j’appris toutefois, par les journaux, que les frères Hiadaden avaient été enfin condamnés à mort pour un nouveau meurtre, puis, graciés par le président de la République, envoyés à Cayenne d’où ils s’étaient promptement évadés.
Un soir que les nécessités du service m’avaient appelé, bien des années après, dans la forêt de l’Akfadou, je rentrais, accompagné d’un seul cavalier et sans armes. A un détour du chemin, j’aperçus, mollement couchés dans la fougère, sous d’énormes chênes zéens, deux indigènes bien armés dont la figure ne m’était pas inconnue.
J’arrêtai mon cheval et je leur demandai ce qu’ils faisaient là.
— Nous t’attendons, répondirent-ils en riant.
— Vous me connaissez donc, dis-je ; vous devez savoir aussi qu’il est interdit de porter des armes à feu : pourquoi êtes-vous armés ?
— Parce que nous sommes Ahmed et Mohamed Hiadaden, dirent-ils, tu te souviens bien ? les amis de Leïla Fatma, la prophétesse.
C’étaient bien eux, en effet, je les reconnus, un peu vieillis, mais toujours plus sinistres. Le nom de la belle Kabyle, qu’ils avaient prononcé, avait éveillé des souvenirs bien doux et un amour mal éteint dans mon cœur. (à suivre…)
Récit et légendes de la grande Kabylie
par B. Yabès
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8 janvier 2010 à 22 10 51 01511
Histoires vraies
Le mur de l’Atlantique (4e partie)
Résumé de la 3e partie n G. Duchez a caché la carte avec la mention «très secret», mais, il apprend que le commandant schnedderer a été muté et que l’on ne veut plus de ses services. Il demande quand même à entrer pour récupérer son matériel…
Le commandant Keller réplique avec, semble-t-il, un peu de regret dans la voix :
— On ne m’a pas parlé de cette dépense. Je suis désolé.
Duchez s’empresse de répliquer :
— Qui vous parle de dépense ? J’ai proposé au commandant Schnedderer de tapisser gratuitement son bureau pour lui montrer ma volonté de collaboration. Si vous vouliez me faire le même honneur…
Un sourire illumine le visage de l’officier allemand.
— Vous êtes un bon Français ! Dans ce cas c’est différent. Vous pourrez commencer demain. Je vais donner l’ordre de retirer les meubles.
De nouveau, la catastrophe se profile. L’entrepreneur en peinture s’entend répondre.
— Ce n’est pas la peine, commandant, il suffit de les placer au centre de la pièce. J’ai toujours travaillé comme cela.
— Très bien. A demain, monsieur.
Et le lendemain, c’est le grand jour. Lorsque Gérard Duchez pénètre dans le bureau, il découvre tous les meubles sagement groupés en son milieu. Il aurait été logique de décrocher la glace, mais la chance extraordinaire qui l’a accompagné depuis le début de son aventure continue à lui sourire : elle est restée à sa place.
Toute la journée, Duchez accomplit son travail. Il est seul, personne ne le dérange. Il a, bien sûr, vérifié tout de suite que la carte était bien là. C’était le cas. Il a retiré le miroir et a glissé le document dans un rouleau de papier. Et le soir, sa tâche achevée, il sort le plus naturellement du monde. Il a mis la carte dans son seau, entre ses pinceaux et ses chutes de papier peint. Personne ne le fouille, ne lui demande quoi que ce soit et il quitte le siège de l’organisation Todt sans être inquiété.
Il faut maintenant faire passer le document à Londres et c’est la seconde partie de l’opération, tout aussi difficile et dangereuse, qui commence. Le lieu de réunion du réseau Malherbe est le café des Touristes, au centre de la ville. Normalement, les contacts sont décidés par le chef, René Girard, dit Malherbe, mais dans les cas d’urgence, les membres peuvent demander une réunion exceptionnelle. C’est ce que fait Gérard Duchez. Le patron du café, qui sert de plaque tournante, lui dit qu’il va transmettre sa demande, et il apprend peu après que c’est d’accord pour le 13 mai.
Au jour et à l’heure dits, Gérard Duchez sort la carte, pliée dans une grosse enveloppe, qu’il avait cachée sommairement dans son jardin. Lorsqu’il arrive au café des Touristes, il est surpris par une animation inhabituelle. Des Allemands en civil fouillent les passants. Avec le document, qui fait une grosse bosse dans sa veste, il n’a aucune chance d’échapper à la fouille. Mais encore une fois, la réussite est avec lui, car le barrage reste un peu plus loin. Il parvient à entrer dans le café sans être inquiété.
Il aperçoit René Girard absorbé avec deux autres responsables du réseau dans une partie de dominos. C’est en jouant à ce jeu, paisible entre tous, que se réunissent les membres du réseau Malherbe. Ce n’est pas vers ses camarades que Gérard Duchez se dirige. Il va vers une table où un sous-officier allemand est seul devant une bière. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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8 janvier 2010 à 22 10 54 01541
Ainsi va la vie
Retour au pays natal (13e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 12e partie n La tante Taos s’intéresse à Kenza, qu’elle trouve très jolie. Elle lui demande de lui parler d’elle et de son travail…
Après le dîner, la tante a encore voulu discuter avec elle, mais elle s’est défilée. Pourquoi cet intérêt soudain pour elle alors que généralement, les personnes de son âge s’intéressent plutôt aux garçons ?
Mohammed est sorti, Fadhéla fait la vaisselle, Omar discute avec sa sœur. Il lui a pris rendez-vous, le lendemain, pour une série d’analyses. Avec la tante Taos, pas de problèmes à se faire : veuve d’un ancien émigré, elle a des économies consistantes en France…
Kenza est allée dans la chambre des garçons, Tahar et Sami. Ils devraient faire leurs devoirs, mais ils sont accaparés par un jeu vidéo.
— c’est comme ça que vous faites vos devoirs ?
— on compte sur toi pour nous les faire !
La jeune fille est outrée.
— vous en avez du toupet !
— tu les fais et tu ne dis rien, dit Sami.
— tu cherches une gifle, toi !
Les deux garçons s’arrêtent.
— toi, tu as intérêt à nous obéir… sinon…
La jeune fille bout de colère.
— sinon, quoi ?
— On te dénonce !
— me dénoncer ? Qu’est-ce que j’ai fait ?
— tout à l’heure, quand nous sommes sortis de l’école, nous t’avons vue avec ton mec !
Kenza blêmit.
— vous mentez !
— si ! On peut même te donner l’heure…
— vous êtes des petites fripouilles !
Tahar rit.
— si tu ne nous aides pas, nous dirons tout à Mohammed et à papa !
Kenza se reprend rapidement.
— bon, je vais faire vos devoirs !
Et elle ajoute.
— ce n’est pas parce que je crois ce que vous dites, mais c’est juste pour vous aider… ça ferait de la peine à maman si vous deviez redoubler !
— mon œil, dit Tahar.
— comme tu es sympa…
— bon, donnez-moi vos cahiers…
— minute, dit Tahar.
Kenza, à la merci de ses frères, les regarde avec effroi.
— tu dois nous refiler dix euros chacun !
— quoi, mais c’est du chantage !
— c’est ainsi, ma chère… Tu as intérêt à filer tout doux avec nous… sinon, nous dévoilerons tout !
— vous êtes minables ! (à suivre…)
K. Y.
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8 janvier 2010 à 22 10 56 01561
Au coin de la cheminée
La sorcière d’Iril-Azereg (14e partie)
Résumé de la 13e partie n Acquittés pour le meurtre du fils du cheik, mais condamnés pour un autre meurtre, les frères Hiadaden sont envoyés à Cayenne d’où ils s’échappent…
Je descendis de cheval. Les bandits m’invitèrent à approcher sans crainte ; ils intimèrent seulement au cavalier l’ordre d’aller m’attendre à deux cents mètres de là avec mon cheval : mon compagnon, peu rassuré, ne se le fit pas dire deux fois.
— Nous avons à te rapporter, dit l’aîné, les dernières paroles de la maraboutine.
— Elle est donc morte, m’écriai-je, la pauvre enfant ! et comment, dis-le moi, je t’en prie.
— Attends un peu, sois patient, tu sauras tout, nous l’avons juré.
J’écoutai, les larmes aux yeux, le récit suivant :
— «Depuis longtemps, dit Ahmed, nous cherchions à t’aborder sans danger, mais tu es toujours armé et nous pensons que tes balles frappent aussi juste que jadis. Nous avions à te causer, mais la place des pauvres bandits n’est pas à côté de ceux qui les poursuivent.
«Quelques mois après ton départ, Fatma, qui passait ses jours et ses nuits à pleurer, tomba subitement malade. Pendant deux jours elle souffrit d’atroces douleurs, et, sentant venir la mort, elle nous fit appeler. Elle nous légua toute sa fortune, nous donna tous ses bijoux, mais nous fit jurer sur la tête de nos enfants et l’honneur de nos femmes que nous te trouverions un jour et que nous prononcerions de sa part à ton oreille un mot français dont nous ignorons le sens. Elle nous le fit répéter plusieurs fois, puis mourut, dans d’épouvantables convulsions.
— Et ce mot, quel est-il ? murmurai-je, étranglé d’émotions.
— Je t’aime, articula lentement le Kabyle.
Et ce mot qui me rappelait ma maîtresse et les si doux et si courts instants d’ineffable bonheur qu’elle m’avait donnés, ce mot, dans la bouche du bandit, me parut rauque comme un sanglot d’outre-tombe.
Je fondis en larmes, me roulant à terre, arrachant les touffes de fougère, poussant des cris inarticulés entremêlés du doux nom de Leïla Fatma. Les deux bandits me regardaient, impassibles, laissant passer la crise pour finir leur récit.
Lorsque je fus un peu calmé et que mes larmes silencieuses me permirent d’entendre, Ahmed continua, comme s’il n’avait rien vu :
«Le lendemain de la mort de Fatma, le juge de paix (car il y a maintenant un juge de paix chez nous, et des colons), vint avec un tebib. Ils ouvrirent le corps de la prophétesse, car on pensait qu’elle avait été empoisonnée. Ils n’y trou-vèrent pas traces de drogues, mais les intestins, le foie, l’estomac étaient transpercés en mille endroits, par des débris de gros fils d’argent que nous reconnûmes tous pour les anneaux brisés d’une chaîne qu’elle portait au cou. La malheureuse avait voulu se donner la mort, et elle avait choisi une mort atroce en avalant cette chaîne coupée en morceaux ! (à suivre…)
Récit et légendes de la grande Kabylie
par B. Yabès
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8 janvier 2010 à 22 10 58 01581
Histoires vraies
Le mur de l’Atlantique (5e partie)
Résumé de la 4e partie n G. Duchez dérobe la carte, avec beaucoup d’astuces et se rend à la réunion convenue avec ses amis résistants attablés dans un café…
C’est Albert, un habitué du café, un brave sergent bavarois qui ne comprend pas un mot de français et qui vient tous les jours boire son demi. Tout le monde l’aime bien, il ne représente aucun danger et des réunions se sont déjà tenues en sa présence. Duchez lui donne une tape amicale dans le dos.
— Ça va, Albert ? Belle journée, n’est-ce pas !
Albert réplique quelques mots aimables en allemand, Gérard s’attarde quelques instants auprès de lui, puis va prendre place auprès des joueurs de dominos. Tous le saluent à haute voix puis, Girard dit Malherbe s’adresse à lui, en baissant le ton :
— La Gestapo est dans la rue. Tu n’aurais pas dû entrer, c’est de la folie.
— J’ai pris mes précautions. On ne risque rien.
— Bien, je te fais confiance. De quoi s’agit-il ?
— D’une carte à grande échelle de la côte normande. Il y a des constructions représentées. Je ne parle pas l’allemand, mais j’ai compris un mot : «blockhaus».
— Effectivement. Cela valait le coup que tu me déranges.
Duchez, Girard et les deux autres responsables du réseau reprennent leurs dominos. De temps en temps, ils ponctuent de leurs exclamations les péripéties de la partie, dont ils se moquent bien. En réalité, ils ont l’oreille tendue vers les bruits de dehors. Les Allemands sont toujours là, ils interpellent les passants. Est-ce un contrôle de routine ou sont-ils au courant de quelque chose ?
Au bout d’un quart d’heure environ, ceux-ci finissent pourtant par disparaître. Ils ne sont pas entrés dans le café. Le danger est passé. Malherbe fait un signe au peintre en bâtiment.
— Donne-moi la carte, maintenant !
— Je ne peux pas. Quand le moment sera venu…
La partie de dominos reprend donc. Enfin, Gérard Duchez se lève. Comme il l’avait fait en entrant, il se dirige vers la table d’Albert. Il l’aide à remettre sa veste qu’il avait enlevée à cause de la chaleur :
— Salut, Albert ! A la prochaine !
Lorsque l’Allemand a quitté l’établissement, Gérard Duchez revient vers ses compagnons. Il sort une grosse enveloppe de sa veste et la tend à son chef.
— Tiens ! Je l’avais mise dans la poche de sa veste.
Si les Allemands étaient venus, on avait une petite chance de s’en sortir…
René Girard ne perd pas de temps. Il a compris que le document est d’une telle importance qu’il exige une priorité absolue. Sans prévenir personne, ni sa famille ni les autres membres du réseau, il décide de se rendre immédiatement à Paris. C’est là que se trouve un haut responsable de la Résistance avec lequel il ne doit communiquer que dans les cas exceptionnels. Il ne connaît que son nom, Rémy, ainsi qu’une adresse où il peut le rencontrer.
Rémy n’est bien sûr qu’un faux nom. Celui qui s’appelle en réalité Gilbert Renault et qui pour l’histoire sera le colonel Rémy fait fréquemment la liaison entre Londres et la France, chargé par le général de Gaulle de missions importantes. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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8 janvier 2010 à 22 10 59 01591
Une reine aux funérailles d’une manifestante
l Fait rarissime, la reine Sirikit de Thaïlande a assisté ce lundi aux funérailles d’une jeune manifestante tuée lors des violents affrontements de la semaine dernière entre la police et des milliers d’opposants à Bangkok. Sirikit, âgée de 76 ans, est l’épouse du roi Bhumibol Adulyadej, 80 ans, le plus ancien monarque en exercice dans le monde, qui est sur le trône de Thaïlande depuis 1946. La reine est arrivée peu après 16h 00 (09h 00 GMT) pour la cérémonie de crémation de la manifestante, qui se déroulait dans un temple bouddhiste au nord de Bangkok, en présence de milliers de partisans de «l’Alliance du peuple pour la démocratie» (PAD), dont l’objectif est de renverser le gouvernement. Deux personnes avaient été tuées et 478 blessées dans les violences de la semaine dernière, les pires depuis 16 ans. Les manifestants de la PAD, qui occupent le siège du gouvernement depuis le 26 août, avaient organisé un blocus du Parlement le 7 octobre, ce qui avait entraîné plusieurs charges de la police qui avait fait abondamment usage de gaz lacrymogènes. Sirikit a fait de nombreux dons en espèces pour venir en aide aux blessés dans les affrontements. Lors des funérailles, des milliers de partisans de la PAD agitaient des drapeaux bleus, la couleur fétiche de Sirikit.
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8 janvier 2010 à 23 11 12 01121
Ainsi va la vie
Retour au pays natal (14e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 13e partie n Kenza est l’objet de chantage de ses jeunes frères : elle doit faire leurs devoirs et leur donner de l’argent, autrement, ils diront qu’ils l’ont vue avec son copain.
La tante a fait ses examens, mais elle doit en faire d’autres. Cette fois, on doit l’hospitaliser. La famille est perturbée : il faut aller la voir tous les jours, pour la réconforter. Comme Omar travaille, c’est Mohammed qui conduit sa mère. Kenza est allée la voir une seule fois. Pour elle, c’est l’occasion de rencontrer Alain.
Ce jour-là, justement, elle a rendez-vous avec lui. Le jeune homme est quelque peu gêné par ces rendez-vous clandestins.
— tu n’arrives pas à convaincre tes parents que tu es adulte et que tu peux disposer de ta vie comme tu l’entends ?
— tu sais que c’est difficile !
— tu as essayé ?
— oui…
Elle hausse les épaules.
— plutôt non !
— et pourquoi ?
— parce que ça ne sert à rien !
— et nous allons continuer à nous cacher ?
Elle ne dit rien.
— imagine que ton frère nous surprenne ?
— on essayera de l’éviter !
— tu pourras toujours l’éviter ?
— je ne sais pas…
— il faudra trouver une solution !
Kenza garde encore le silence.
— peut-être que si je parlais à ton père ou à ton frère…
— pour lui dire quoi ?
— eh bien, que nous sommes copains et qu’il n’y a pas de mal qu’on se voie !
— et après ?
— après, il comprendra !
La jeune fille ricane.
— c’est plus compliqué que cela !
— il y a autre chose à lui dire ?
— oui, que tu promettes de m’épouser !
Alain se gratte la tête.
— ce n’est pas dans mes projets… du moins pour le moment !
— eh bien, ni mon père ni mon frère ne te laisseront sortir avec moi !
— on peut faire semblant…
— je ne veux pas leur mentir !
Alain est embarrassé.
— je ne sais plus quoi faire !
— c’est simple : continuons à nous voir clandestinement… A moins que tu ne veuilles plus sortir avec moi !
— Si, bien sûr ; je tiens à toi ! (à suivre…)
K. Y.
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8 janvier 2010 à 23 11 13 01131
Au coin de la cheminée
La sorcière d’Iril-Azereg (15e partie et fin)
Résumé de la 14e partie n Les frères Hiadaden apprennent à l’officier français que la sorcière est morte dans d’atroces souffrances en avalant la chaîne en argent qu’il lui avait offerte…
«Nous résolûmes d’aller te trouver après cet événement, mais tu étais dans le Sud, et il nous fallut longtemps avant de connaître le nom de ta résidence.
«Au moment où nous allions partir pour te rejoindre, nous fûmes arrêtés. La vieille mère de Si Ali ou Toufik, dont tu dois te souvenir, connaissait les meurtriers de son fils, profanateur de la derwiche : n’étant plus retenue par la crainte de Leïla Fatma, elle nous menaçait de révélations. Nous l’attendîmes un beau soir, au retour des champs, nous l’étranglâmes et nous cachâmes son corps sous des branches sèches pour l’enterrer à loisir.
«Malheureusement pour nous, cette vieille sorcière avait la vie chevillée au corps. La fraîcheur du soir la ranima et elle eut la force d’aller trouver ton successeur au bordj, d’une seule traite. Avant de mourir, elle nous accusa du meurtre de son fils et de celui de quantité d’autres personnes. Ma foi, nous en avions tant expédié que nous ne nous en souvenions plus ! On nous condamna donc à mort et la commission de Leïla Fatma risquait fort de ne jamais être faite, si ton grand chef n’avait été assez naïf pour se contenter de nous envoyer à Cayenne.
«Arrivés là, où cependant nous nous trouvions très bien, nous pensâmes à notre serment. Nous voulions te revoir, c’était juré : l’âme de la prophétesse nous guida ; nous partîmes à la merci des flots, sur une petite barque. Recueillis par un bateau anglais, nous avons parcouru les pays les plus divers, soutenus par l’idée fixe de te revoir, et à travers des privations inouïes, nous parvînmes au Maroc et de là, à pied, jusqu’ici.
«Nous avons pu t’aborder enfin aujourd’hui, notre serment a été tenu. Dieu soit loué. Adieu, continue ta route avec l’aide du Tout-Puissant. Nous espérons bien ne plus jamais te rencontrer, car nous ne voulons pas te faire du mal, ni en recevoir de toi. Nous sommes tes amis, puisque Leïla Fatma t’aimait.»
Absorbé par ma douleur, je ne m’aperçus même pas de leur fuite silencieuse. J’avais sans cesse devant les yeux cet adorable corps tordu par la souffrance : ma maîtresse inoubliable, mourant puisque je n’étais plus à elle, et mourant de ma main, pour ainsi dire, l’instrument de son supplice ayant été le seul objet qu’elle avait de moi. Depuis ce temps, la barbe noire où Leïla Fatma passait ses mains fines ne compte plus que des fils blancs et, vieillard avant l’âge, je m’incline avec joie vers la tombe.
J’attends en soupirant l’instant de délivrance où mon âme pourra enfin s’unir éternellement à la sienne.
Récit et légendes de la grande Kabylie
par B. Yabès
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8 janvier 2010 à 23 11 15 01151
Histoires vraies
Le mur de l’Atlantique (6e partie)
Résumé de la 5e partie n G. Duchez apporte la carte aux résistants qui vont l’envoyer à Paris pour la remettre au colonel Rémy…
René Girard se rend dans un petit appartement de l’avenue Carnot. Rémy y passe régulièrement : il n’a plus qu’à l’attendre. Il a ainsi tout loisir d’étudier la fameuse carte qu’il n’avait pas osé ouvrir jusque-là. C’est prodigieux !
Il s’agit du plan établi au 1/50 000 des fortifications allemandes sur la côte normande, du Havre à Cherbourg. Tout y est : les blockhaus ainsi que les tunnels qui les relient entre eux, les dépôts de munitions, les champs de mines. Jamais peut-être la Résistance n’avait fourni un pareil renseignement !
Enfin, fourni, pas tout à fait encore. Il faut faire sortir la carte de France et la porter à Londres, et la chose est loin d’être gagnée d’avance. C’est de la responsabilité de Rémy, qui ne tarde pas à se présenter. L’entrevue entre les deux hommes est brève. Rémy prend connaissance des documents sans manifester de sentiment particulier. René Girard s’en va. Le rôle du réseau Malherbe est terminé. La suite ne le regarde pas. Il reprend le jour même le train pour Caen.
Le colonel Rémy, de son côté, décide de ne rien précipiter. Ce n’est pas que l’importance de la carte lui échappe, mais il juge qu’il n’y a pas urgence. Ce qui est décrit, en effet, ce ne sont pas des ouvrages existants, mais à construire. Ces renseignements capitaux ne seront utiles que dans un an au moins, pour effectuer des bombardements ou même en vue d’un éventuel débarquement. Il vaut donc mieux prendre son temps et faire la livraison à Londres dans les meilleures conditions de sécurité.
Malheureusement, les choses ne vont pas se dérouler selon ce scénario. Peu de temps après, le 12 juin, Gilbert Renault a rendez-vous avec Georgina Dufour à la station de métro Muette. Georgina, la soixantaine soignée, est la vieille domestique de ses sœurs. Régulièrement, elle lui donne des nouvelles de sa famille, notamment de sa femme et de ses quatre enfants qui sont à l’abri à Pont-Aven. Georgina annonce sans élever la voix :
— Vos sœurs ont été arrêtées par la Gestapo.
Gilbert Renault a l’impression que le temps s’arrête. Mais elle poursuit avec le même calme.
— Tout s’est bien passé. Ils les ont emmenées rue des Saussaies pour les interroger et ils les ont relâchées. C’est vous qui êtes en danger, pas elles.
— Pourquoi moi ?
— Ils savent tout sur vous : votre nom et tous vos faux noms, Rémy, Morin, Watteau, Raymond. Et ils ont même dit à vos sœurs : «Nous savons qu’il a une femme et quatre enfants, qui se cachent en Bretagne près de la côte.»
Gilbert Renault remercie Georgina Dufour et monte dans la rame de métro qui arrivait à cet instant. Tout est changé ! Son arrestation est une question de jours, peut-être d’heures. Il doit immédiatement partir pour Londres avec les documents les plus importants. Et il faut qu’il fasse traverser la Manche à sa femme et à ses enfants, qui sont en danger également. Tout cela va s’effectuer dans la précipitation et même l’improvisation, mais il n’a pas le choix. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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8 janvier 2010 à 23 11 17 01171
85% des fillettes maliennes sont excisées
l L’excision est pratiquée sur 85% des fillettes au Mali où aucune loi ne l’interdit expressément alors que plusieurs de ses voisins ont adopté des lois très répressives, a indiqué hier un officiel malien, avant une conférence sur ce thème à Ouagadougou. «Après la Guinée, le Mali a le taux de pratique de l’excision le plus élevé en Afrique», a déclaré cet officiel.L’excision est pratiquée dans 28 pays africains, selon le Fonds des nations unies pour les femmes (Unifem). Le taux de prévalence est de 49,55% au Burkina Faso, 45% en Côte d’Ivoire, 17% au Bénin et 5% au Niger. Le taux «très élevé» au Mali s’explique par l’absence d’une loi spécifique pour réprimer cette pratique. «Il y a des conventions, des textes internationaux que le Mali a ratifiés qui l’obligent à faire une loi, mais cela n’est pas fait», a expliqué cet officiel. Les mauvaises interprétations de lIslam ( 95% des Maliens sont musulmans ) justifient également la pratique répandue de l’excision. «Beaucoup de gens continuent de penser que l’Islam autorise l’excision.» «Il faut aussi du courage politique pour braver les traditions. De plus, l’anaphabétisme qui touche 80% de la population ne favorise pas la lutte.»
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8 janvier 2010 à 23 11 20 01201
Ainsi va la vie
Retour au pays natal (15e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 14e partie n Kenza revoit son ami. Elle lui explique que pour régulariser leur relation, il doit venir demander sa main. Mais le jeune homme a l’air de tergiverser pour des raisons encore obscures.
Les jours suivants, elle continue à le voir. Mais il y a désormais entre eux comme une sorte de méfiance.
— ton frère ne t’a pas suivie ?
— non, dit-elle.
— ah bon, je croyais qu’il te suivait partout !
— il a aussi ses affaires !
— ah bon, je croyais qu’il était chargé de te surveiller.
C’est alors que Kenza s’aperçoit qu’il parle avec ironie.
— tu es ironique !
— pas du tout !
— tu te moques de moi !
— tu sais bien que je t’aime !
Elle réfléchit.
— je crois que ça ne rime plus à rien !
— quoi ?
— notre relation…
Il la regarde.
— tu voudrais qu’on rompe ?
Elle détourne la tête.
— moi ? non, bien sûr… Mais tu vois dans quelles conditions nous nous voyons…
— tes parents vont lâcher !
— je ne pense pas…
— alors, on continue à se voir comme avant…
— clandestinement ?
— oui…
— je croyais que tu en avais marre de la clandestinité !
— j’ai dit ça comme ça, mais on n’a pas le choix !
Elle le regarde dans les yeux.
— moi, je n’ai pas le choix, mais toi si…
Il hausse les épaules.
— tu sais bien que je tiens à toi !
— alors fais un effort !
Il la regarde.
— que je demande ta main ?
— pourquoi pas ?
— J’ai vingt-deux ans, j’ai une situation professionnelle précaire… Fonder un foyer ? Non, ce n’est pas mon genre !
Kenza baisse la tête.
— mais je te le répète… On continue à se voir !
— ce sera difficile ! (à suivre…)
K. Y.
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8 janvier 2010 à 23 11 21 01211
Au coin de la cheminée
Musique kabyle (1re partie)
Lorsque j’essaye de persuader des amis français que la musique kabyle est pleine de poésie, ils sourient ou ricanent, se bouchent les oreilles, comme si leur tympan était déchiré par la seule souvenance des notes criardes et des coups de tambour, frappés à tour de bras et entendus à bout portant. Ils ne peuvent en effet me comprendre ; ils n’ont pu apprécier cette musique qu’en «chambre» pour ainsi dire, lors d’une fête arabe ou bien dans les rues d’une ville : elle est alors insupportable. Il faut à ces mélopées barbares et bruyantes un cadre approprié : un cirque de montagnes raides et pelées ou une plaine rousse sans limites et il faut, surtout, les entendre de loin. Elles ont alors un charme étrange, mais réel ; on s’explique que, malgré leur rythme monotone et triste, elles aient le privilège d’exalter les passions belliqueuses des Algériens ; elles pleurent avec eux leurs grandeurs passées et la perte de leur indépendance.
Lors qu’après une longue étape, on aperçoit, se détachant sur le soleil couchant, le minaret du village où vous attend l’hospitalité, que, tout à coup dominant les youyous des femmes, éclatent les notes sautillantes de la clarinette, que l’on entend de ravin en ravin, gronder les coups graves des lourds tambours, alors seulement on apprécie la saveur de ces chants primitifs : ils se fondent dans la grandeur un peu morne des paysages d’Afrique et s’harmonisent avec le caractère des races qui peuplent ce vieux sol où l’on s’est tant battu, où l’on a tant souffert.
Un soir d’été, perché sur un grand roc de grès, je contemplais le ciel sans brumes et l’Occident violet où de petits nuages cuivrés et frangés d’or pâle montaient tumultueuse-ment de l’horizon. Après une journée de courses, je jouissais à la fois dans le silence absolu de la campagne, du repos du corps lassé et de l’anéantissement délicieux de l’esprit. Soudain, à un coude brusque du sentier qui serpentait au fond d’un ravin, tout le cortège bruyant d’une noce kabyle apparut, rapetissé par l’éloignement et la hauteur.
En apercevant la vallée qui, toute jaune des chaumes, s’étendait flamboyante devant eux, les musiciens la saluèrent d’une aubade dont les échos, affaiblis par la distance, m’arrivaient cependant, nets et scandés, lorsque la noce franchis-sait une crête, plus doux et plus tristes du creux des ravins.
Après maintes roulades, les clarinettes entonnèrent à l’unisson la marche des Aït-Mokrane d’El-Kalaâ. Le rythme m’en transporta, ainsi qu’en un songe, bien des siècles en arrière : les nuages de cuivre resplendirent comme des cuirasses et dans la lueur violette du couchant, je vis se heurter les guerriers et flamboyer les yataghans.
Avec l’air belliqueux, porté par le vent du soir, tout un souffle de guerre monta vers moi et, dans la plaine nue, se déroula l’épopée de la conquête du Maghreb et de l’Espagne.
A l’appel des notes criardes, se leva de l’Orient, comme le soleil, le chamelier illettré du Hadjaz, armé de la seule foi qui sauve. La croyance nouvelle, semblable à un météore, grandit en décrivant son orbe immense au-dessous de la vieille Ifrikia. (à suivre…)
Récit et légendes de la grande Kabylie par B. Yabès
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8 janvier 2010 à 23 11 23 01231
Histoires vraies
Le mur de l’Atlantique (7e partie)
Résumé de la 6e partie n Gilbert Renault, alias Remy, détenteur de la précieuse carte, apprend que sa vie est en danger, il décide alors de rejoindre, accommpagné de toute sa famille, l’Angleterre…
Rentré dans son appartement parisien, le colonel Rémy prend les contacts prévus en cas d’urgence. Il fait annoncer sa venue à Londres par l’émetteur radio clandestin. Il donne instruction à tous les membres de son réseau de se disperser jusqu’à nouvel ordre et il se rend à la gare Montparnasse, avec deux valises pleines : l’une contient ses effets personnels, l’autre est bourrée de documents secrets, dont les plans du mur de l’Atlantique en Normandie.
Son arrivée à Pont-Aven, qu’il n’avait pas annoncée, est un intense moment d’émotion. Sa femme Edith était en train de donner le biberon à leur petit dernier, âgé de six mois, tandis que les trois autres jouaient dans le jardin. Elle se précipite vers lui, l’air plus angoissé qu’heureux de sa venue:
— Qu’est-ce qui se passe ? Il est arrivé quelque chose ?
— Oui. Nous devons passer en Angleterre le plus tôt possible. Je vais aller sur le port. Prépare-toi. Si tout va bien, nous partirons à l’aube.
Peu après, Gilbert Renault est sur les quais de Pont-Aven. Le temps est radieux. Les maisons pimpantes et les bateaux peints de couleurs vives composent un spectacle charmant ; seuls quelques uniformes vert-de-gris rappellent qu’on est en guerre. Gilbert Renault va directement sur le «Deux Anges», un petit homardier avec trois hommes d’équipage.
Le patron, Alex le Quérec, est sur le pont. Rémy sait qu’il fait partie de la Résistance locale et qu’il peut s’adresser à lui en cas de besoin.
— J’aurais besoin de passer en Angleterre demain, mais je ne serai pas seul.
— Qui sera avec vous ?
— Ma femme et mes quatre enfants. C’est possible ?
Alex le Quérec ouvre l’écoutille de la petite cale où on jette les homards.
— Il faudra vous serrer, mais il n’y a pas de problème.
— Il y a aussi une grosse valise.
— Ça ira…
Le patron des «Deux Anges» réfléchit un instant et ajoute :
— Soyez ici demain, à 6 heures. Cela nous permettra de nous présenter à l’embouchure de la rivière en même temps que les pêcheurs des autres petits ports. Si nous arrivons avec eux à Port-Manech, nous aurons de meilleures chances de passer. C’est là que les Allemands inspectent les bateaux de pêche.
— Comment pratiquent-ils ?
— Ils sont une quinzaine. Ils montent à bord d’un bateau sur deux.
— Et s’ils viennent sur le «Deux Anges», ils nous trouveront ?
— Pas forcément. Quelquefois, ils ne demandent que les papiers. De toute façon, nous serons entre les mains de la Providence…
Le lendemain à 6 heures, Edith, avec le bébé dans les bras, les trois autres enfants et le colonel Rémy, portant la valise renfermant les plans du mur de l’Atlantique, se présentent devant le «Deux Anges». La jeune femme a un mouvement de recul en voyant l’exiguïté de la cale.
— C’est trop petit. Nous ne tiendrons jamais.
— Mais si, pressez-vous ! Il ne faut pas vous faire remarquer. (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
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8 janvier 2010 à 23 11 24 01241
G-B : une grand-mère rattrape le voleur de son sac
l De jeunes Britanniques qui avaient arraché le sac d’une grande-mère ont eu la peur de leur vie quand celle-ci, une ancienne championne de cross-country, s’est mise à leur poursuite et a pu récupérer son bien, a rapporté hier mercredi la presse britannique. Janet Lane, âgée de 68 ans, attendait un ami sur un banc à Torquay, dans le Devon (sud-ouest de l’Angleterre), quand l’un des jeunes lui a saisi son sac contenant le montant de sa retraite en liquide. «Je pense, a-t-elle déclaré, que ces garçons ont vu une petite vieille et ont dû croire que j’étais une proie facile mais je n’allais pas rester assise sans rien faire et les laisser se tirer avec mon sac.» Après une course-poursuite, Janet Lane, qui représentait les couleurs de son pays dans les années 1950, a réussi à rattraper l’un des jeunes et l’a saisi par le col. «Il était si effrayé qu’il a laissé tomber mon sac et a réussi à se dégager.» Janet Lane, aujourd’hui infirmière à la retraite, se maintient en forme en nageant et en pratiquant la marche à pied. «J’ai été enchantée de me remettre dans le bain. Je n’avais pas couru comme cela depuis que j’étais jeune.» La police britannique a toutefois recommandé de ne pas suivre l’exemple de Janet Lane.
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