Ainsi va la vie
Retour au pays natal (3e partie)
Par K. Yerbi
Résumé de la 2e partie : Mohammed, le fils aîné d’une famille d’émigrés, est outré par la tenue et le maquillage de sa sœur.
Tu devrais partir, dit Fadhéla.
— Il n’est que huit heures !
— Tu dois descendre jusqu’à l’Opéra pour prendre le bus !
— Et alors ? Ce n’est pas loin…
— Ta tante est illettrée et elle ne parle pas le français, s’il n’y a personne pour l’accueillir, elle sera perdue !
— Maman, l’avion arrive à dix heures, il y a en plus les formalités de douanes… et ta tante est malade !
— Je préfère que ce soit toi qui attende, pas elle ! Si je n’avais pas le repas à préparer je t’aurais accompagné !
— Pour quoi faire ? On ne va pas débarquer en famille pour accueillir ma tante ?
— Alors, vas-y, toi !
— Bon, bon, je pars !
Il met son blouson. Fadhéla cherche son portefeuille.
— Voilà trente euros…Tu prends le bus, à l’aller, mais au retour, tu prends un taxi…
— On peut prendre le bus aussi, pour le retour !
— Non, ta tante est malade. N’oublie pas qu’elle vient pour se faire soigner !
Mohammed empoche l’argent et avant de partir, il lance :
— N’oublie pas d’appeler ta fille !
— Pourquoi ?
— Pour t’assurer qu’elle est bien à son travail !
— Tu exagères !
— Non… On m’a rapporté qu’on l’a vue avec quelqu’un… Un Français !
— Ne crois pas ce qu’on te dit !
— Ma source est sûre !
Mohammed parti, Fadhéla se pose des questions. Son fils dit-il vrai ? Kenza sort-elle réellement avec un homme et, de surcroît, un Français. Elle n’est pas contre le fait que sa fille sorte avec un homme, pour le connaître, puis l’épouser… Mais un Français, un chrétien… ça, elle ne peut l’accepter ! Ni son père ni sa famille, restée au pays !
Elle va au téléphone. Elle n’appelle pas sa fille sur son portable, mais au numéro du travail.
— Allô, salon Le Prestigieux ?
— Oui, à votre service.
— Pouvez-vous me passer Kenza B.
— Qui la demande ?
— Sa mère…
— Ne coupez pas !
Un instant après, Kenza est à l’appareil.
— Allô…
— ça va ? Tu es bien arrivée ? Tu travailles ?
— C’est pour cela que tu m’appelles ?
— Je voulais juste prendre de tes nouvelles ! (à suivre…)
K. Y.
6 janvier 2010
Histoire