Ramadan
Le mois de tous les excès
Par Samia.B
Ramadan, mois sacré où fut révélé le Saint Coran et où tout musulman est appelé à observer le jeûne, semble, d’année en année,
perdre de sa vocation de mois d’abstinence, de piété et de sagesse pour devenir celui de toutes les folies, des excès et du gaspillage. Il n’y a pas si longtemps encore, le carême ne constituait pas une occasion pour les commerçants de se transformer subitement en prédateurs sans aucun état d’âme, comme nous le constatons aujourd’hui dans les marchés de fruits et légumes. Les consommateurs sont tout aussi blâmables en versant dans un gaspillage excessif, oubliant que l’abstinence est la première des vertus qui accompagnent le mois sacré. Le comble, c’est qu’ils ne consomment pas tout ce qu’ils achètent. Beaucoup de gens ne se rendent pas compte qu’une bonne partie de leurs achats quotidiens finit dans les bennes à ordures de Netcom. Un gaspillage qu’un grand nombre de ménages pourrait sans doute éviter, si seulement le bon sens primait. Ce qui semble loin d’être le cas pour le moment…
S. B.
4 janvier 2010 à 0 12 14 01141
Après le f’tour, les malaises
Affluence n Comme chaque année, durant le ramadan, le service des urgences du CHU d’Alger vit une véritable effervescence.
Afin de saisir l’importance du jeûne à l’ère moderne, il suffit de jeter un regard sur les écrits des plus grands médecins du monde et sur les découvertes concernant les avantages du jeûne, que l’on considère désormais comme un remède efficace contre de nombreuses maladies qui atteignent les êtres humains. Un nombre considérable d’ouvrages démontre les bienfaits du jeûne, entre autres, on peut citer the No-breakfeast plan and the fasting Cure (le jeûne qui guérit) du docteur Dewey. Le jeûne thérapeutique du célèbre savant russe Alexis Souvorine, At-tibb Al-hadith Yatarassamu khutâ al-islâm (La médecine moderne suit les pas de l’islam), Ramadan du professeur Saïd Al-Iryân, ainsi que des dizaines d’autres ouvrages, tous ayant pour thème le jeûne, ses avantages et sa dimension curative. C’est pourquoi furent fondés en Europe et en Amérique des hôpitaux et des cliniques qui ne soignent leurs patients que par le jeûne. La médecine affirme qu’un grand nombre de personnes creusent leur tombe avec leurs dents et leurs mâchoires. Pour preuve, n’y a-t-il pas lieu de s’étonner que certains jeûneurs soient en totale contradiction avec les règles d’hygiène et d’alimentation et risquent gros pour leur santé.
Autrement dit, l’art de bien manger semble être ignoré d’un bon nombre de jeûneurs, puisque juste après l’annonce de la rupture du jeûne, certains mangent trop vite, et en quantité, au point de ne laisser de place ni pour boire ni pour souffler, sachant que chacun de ces deux éléments occupe le tiers de l’estomac.
A ce stade, le déséquilibre et l’excès en matière alimentaire peut mener les jeûneurs vers un état de boulimie, voire un état de santé critique. Comme chaque année durant le ramadan, les urgences du CHU Mustapha d’Alger vivent une véritable effervescence due principalement au grand nombre de malades qui y affluent.
Après le f’tour, le nombre de cas se multiplie, et l’on a ceux qui souffrent de malaises, de troubles digestifs, d’une gastrique, d’un ballonnement… Selon un médecin, le service des urgences réceptionne en moyenne 400 personnes par jour, souffrant de troubles dus à l’excès en matière d’alimentation ou aux rixes entre jeunes.
De son côté, un autre praticien du même service affirme que, parmi les malades qui se présentent au service des urgences, beaucoup sont des personnes âgées, en général diabétiques et hypertendues, le reste sont des jeunes ayant subi une intoxication alimentaire, due aux excès ou bien à la consommation de produits incontrôlés.
S.B.
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4 janvier 2010 à 0 12 15 01151
Les trottoirs, source de danger
l Tout se vend sur les trottoirs dans des conditions d’hygiène pour le moins
déplorables : le «cherbet» ambulant, les tartes venues d’on ne sait où, les sucreries, les brioches de circonstance multiformes et multidimensionnelles fourrées de chocolat, les boîtes de flan pour tous les goûts, les extraits à base d’acide et bien d’autres produits tels que la mayonnaise, la moutarde, les boîtes de thon exposées au soleil à longueur de journée. En attendant que nos autorités prennent des mesures plus efficaces afin de combattre ce fléau, ces produits alimentaires de qualité douteuse continuent de mettre en péril la vie des consommateurs.
S. B.
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4 janvier 2010 à 0 12 15 01151
A chacun son s’hor
Pour diverses raisons, bon nombre de jeûneurs boudent complètement le s’hor, même s’ils savent pertinemment que ce repas est le meilleur moyen d’emmagasiner de l’énergie pour la journée. Karim, cadre aux impôts, affirme qu’il est obligé de dormir avant minuit pour se lever de bonne heure. «je suis obligé de manger avant», dit-il. Farida, mère de 4 enfants, parle de la grande responsabilité qu’elle assume, à commencer par les tâches ménagères, les achats pour la préparation de l’unique repas, la chaleur qui règne dans la cuisine, le jeûne… «Je ne vous cache pas qu’avant d’aller me coucher, je laisse tout sur la table pour mon mari et mes enfants qui n’auront qu’à se servir à l’heure qu’ils veulent», avoue-t-elle.
Rebiha, une vieille dame enchaîne : «On mange dans le noir – sans électricité –, pas une goutte d’eau depuis trois jours… et sans eau comment voulez-vous préparer le s’hor ? Et sa fille Zineb d’ajouter : «C’est un ramadan difficile que nous passons cette année. Outre la flambée des prix, il y a cette chaleur torride et les incendies de ces derniers jours en plusieurs points du pays.»
Un père de famille affirme qu’il n’est pas de l’avis de ceux qui favorisent le s’hor pour le maintien de l’équilibre : «Mon petit café au lait avec un gâteau que je prends quotidiennement avant de dormir, me suffit.»
Amin, étudiant à la faculté de médecine, gros fumeur, affirme : «Je ne mange pas assez en ce mois de carême, ce qui fait que je ne me lève même pas au s’hor.» Ammi Rabah – c’est comme cela que les habitants de son quartier l’appellent – parle de la prière des tarawih, de ses vertus spirituelles et physiques et assure que le s’hor est un repas bénéfique qui apporte la «baraka».
S. B.
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4 janvier 2010 à 0 12 15 01151
Le coup de grâce
Insouciance n Si à longueur d’année, on agresse son estomac avec des excès qui se répercutent inévitablement sur la santé, le coup de grâce lui est porté pendant le ramadan.
Dans sa dimension purement physique et dénuée de l’aspect spirituel, jeûner c’est arrêter volontairement de se nourrir une journée entière. Soit de l’aube au coucher du soleil. Malheureusement, beaucoup de jeûneurs ne respectent pas le principe et l’art de bien manger en bafouant les principales règles d’un bon jeûne. Pourtant, beaucoup de conseils sont maintes fois prodigués par des médecins quant à la meilleure manière de s’alimenter à la rupture du jeûne.
Le bon aliment, en bonne quantité et au bon moment c’est ce qu’il y a de mieux pour l’organisme. Hélas, la triste réalité veut qu’on se prive le jour pour s’empiffrer le soir à l’heure de la rupture du jeûne. Au-delà du mois de carême, se nourrir est une nécessité.
Cependant, il faut comprendre que manger n’est pas synonyme de se remplir l’estomac, particulièrement après une journée de jeûne. Il faut dire aussi qu’il ne sert à rien de tenter de rattraper le retard alimentaire occasionné par une journée d’abstinence. Les lipides, le glucose et les glucides, pour ne citer que ces éléments, certes vitaux pour le corps humain, ne doivent pas être consommés avec excès. Le ramadan a ses propres règles, mais, malheureusement, elles ne sont souvent pas respectées, et ainsi beaucoup de gens préfèrent se «gaver» à l’heure du f’tour avec l’idée d’éviter le s’hour, ce qui n’est fait pour faciliter la tâche de l’appareil digestif. La surcharge alimentaire, chamboule tout l’appareil digestif du jeûneur en entraînant des lourdeurs et des complications parfois graves. Cela pourrait même donner lieu à des infections sérieuses… En outre, il ne faut pas oublier que les diabétiques et bien d’autres personnes atteintes de maladies respiratoires ou chroniques doivent consulter leurs médecins. Les spécialistes de la santé publique sont appelés à conseiller leurs patients sur leur aptitude à jeûner.
De nombreux cas de malaises et de complications sont enregistrés au niveau des services et des structures hospitalières en ce mois de ramadan. Sur ce point, un médecin de service au sein du CHU Mustapha d’Alger, se dit «très peiné de voir ces malades, dont une majorité de personnes âgées, souffrir doublement». Il saisit l’occasion pour inciter les parents et les proches des ces malades à veiller sur eux tout en respectant les instructions dictées par leur médecin. En précisant, toutefois, que malgré les conseils des médecins, certains préfèrent souffrir et prendre des risques plutôt que de cesser de faire carême.
S. B.
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4 janvier 2010 à 0 12 16 01161
Stopper la cigarette : une bonne occasion
Rencontré à la sortie d’un hôpital à Alger, un homme d’un âge certain dira que son seul problème en ce mois sacré du ramadan est le tabac dont il se dit esclave depuis des années. «Je suis prêt à payer pour pouvoir cesser de fumer», dit-il. Il profite de l’occasion pour conseiller aux jeunes d’éviter de tomber dans les filets du tabagisme, car, selon lui, c’est vraiment difficile de s’en sortir. De son côté, Mohamed, un gros fumeur dira : «Je regrette le jour ou j’ai allumé la première cigarette. Je suis devenu beaucoup plus nerveux, je m’emporte trop vite, surtout en ce mois de ramadan…» Rima, étudiante en droit, ne cache pas qu’elle fume un paquet et même plus parfois en une seule journée : «C’est dur pour moi, le mois de carême.
Mais je crois que je vais profiter de cette occasion pour, au moins, diminuer ma consommation.» Son ami, Salah, affirme que «tout est possible, il suffit d’avoir un peu de volonté pour arrêter carrément la cigarette».
Enfin, un importateur témoigne : «Depuis que j’exerce ce métier, étant tout le temps angoissé, je grille cigarette sur cigarette durant toute la journée sans m’en rendre compte… Et il m’arrive de rompre le jeûne avec une cigarette.»
S. B.
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4 janvier 2010 à 0 12 17 01171
Les bagarres aussi
l Un infirmier du service des urgences du CHU Mustapha fait part de la difficulté de gérer tous les malades surtout après le f’tour. «on perd parfois notre sang-froid devant cet afflux terrible… il y a des gens qui ne savent pas manger. Vous imaginez quelqu’un qui rompt le jeûne en buvant plusieurs verres d’eau. C’est incroyable !» Revenant du même service, Aïcha explique qu’elle vient d’être soulagée d’une boulimie après avoir donné libre cours à sa gourmandise à l’heure du f’tour. Karim, jeune adolescent, reconnaît avoir étanché sa soif de manière brutale à l’heure du f’tour, et c’est l’excès de la boisson gazeuse qui l’a conduit à l’hôpital.
Ce flux important vers les hôpitaux s’explique également par une forte augmentation des accidents de voitures, des accidents domestiques, des bagarres, des agressions physiques, blessures à l’arme blanche très fréquents en ce mois de carême…
S. B.
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