Le père Chkonker et le petit pois chiche Il était ce qu’il en était.
Que la paix l’abondance soient sur toi !
Notre chambre est en soie, votre chambre est en lin et la chambre de l’ennemi est un nid de souris. Messieurs et nobles Seigneurs, que nous soyons guidés, que vous soyez guidés sur la voie du bien et de la foi.
Le père Chkonker marche et picore, marche et picore. Il vit un pois chiche par terre, se baissa et le ramassa. Il frappa à une porte :
— Que Dieu te protège mère ! Garde-moi ce pois chiche, je dois aller au souk et je reviendrai le prendre bientôt.
La femme accepta, alla moudre son blé et déposa le pois chiche à côté d’elle. Elle avait un coq, il vint, picora la graine et l’avala. Un peu plus tard, l’homme revint du souk, frappa à la porte :
— Mère, donne-moi le pois
chiche !
— Mon fils, je suis désolée, le coq l’a mangé.
L’homme s’assit sur le seuil et réclama :
— Ou le pois chiche ou le coq ! ou le pois chiche ou le coq !
— Mon fils, comment te donneraije un coq pour un malheureux pois chiche ?
Elle eut beau répéter que cela ne se faisait pas, rien n’y fit. Elle se résigna, attrapa le coq et le lui donna.
Il prit le coq et alla frapper à une autre porte :
— Mère, que Dieu te garde en vie ! Surveille-moi ce coq jusqu’à mon retour. La femme avait une vache. Le coq alla près d’elle fouiller dans le tas de foin, la vache, furieuse de cette intrusion, lui donna un coup de cornes et l’étendit raide mort.
L’homme revint plus tard, frappa à la porte :
— Donne-moi le coq.
— Mon fils, la vache lui a donné un coup de cornes et il est mort.
— Ou le coq ou la vache ! ou le coq ou la vache !
— Cela est impossible, mon fils !
— Comment te donnerai-je une vache pour un malheureux coq ?
L’homme se lamenta de plus belle et sa litanie agaça tellement la femme qu’elle attacha la vache à une corde et la lui donna en le maudissant.
Il prit la vache et frappa à une porte plus loin :
— Mère, garde-moi cette vache, je dois aller au souk et je reviendrai bientôt.
La femme fit entrer l’animal et l’attacha au milieu de la cour. Elle avait une jeune fille qui, surprise, s’exclama :
— Oh ! Qu’elle est belle, cette
vache ! et que sa chair doit être délicieuse !
La mère, sachant que les envies d’une vierge doivent être satisfaites quel qu’en soit le prix, n’hésita pas à égorger la vache. Elle prépara un couscous, prit un grand plat, y superposa des couches de viande et de semoule et le mit de côté. Quelque temps plus tard, l’homme rentra du souk :
— Donne-moi la vache.
A suivre
Bochra Ben Hassen et Thierry Charnay
1 janvier 2010
1.Contes