Ventre affamé n’a pas d’oreille
Celui qui a déjà vraiment eu faim, sait combien le souci de la survie quotidienne occupe et oriente tout le champ de la conscience et de l’activité. Se soucier des valeurs, prendre le temps de s’informer sur la vie des autres, devient secondaire lorsque l’on est entièrement tendu vers l’unique objectif de sa survie immédiate.
De manière plus distante, celui qui est habité, voire possédé par un puissant désir est sourd à tout autre chose qui l’éloignerait de cet objectif.
Les conséquences de ces remarques sont simples. La vie associative, la vie politique, le travail à l’éducation des enfants, … ne sont des activités possibles que dans un contexte de relatif confort. Ainsi, dans toute problématique de développement on apprend assez vite que le début de tout progrès social commence par un apport de nourriture suffisant.
Admirables sont les personnes qui, dans des conditions aussi extrêmes que les camps de concentration nazis de la seconde guerre mondiale, ont su garder dignité et sens de la solidarité. Ils nous révèlent par là que l’essentiel de la nature humaine ne se dit pas d’abord à travers sa biologie et sa dimension corporelle mais avant tout dans sa capacité à donner du sens à ses actes, quitte à renoncer à sa propre survie immédiate au profit d’actes qui disent l’homme au-delà leur singulière humanité, d’actes spirituels, en somme.
31 décembre 2009
Non classé