Au coin de la cheminée
La vache noire
Résumé de la 1re partie La mère des deux petits – transformée en vache par leur marâtre – nourrit ses enfants grâce à du miel et des dattes. Leur demi-sœur rapporte ce fait à sa mère…
Le mari lui répondit que c’était impossible, qu’il ne pouvait pas égorger la vache noire sachant qu’elle était la mère de ses enfants. Elle insista tellement qu’il finit par céder. Il alla donc chercher un boucher et fit égorger la vache noire. I.a seconde épouse prit les meilleurs morceaux, les grilla et les mangea avec ses enfants. La fille et le garçon de la vache noire refusèrent de goûter à quoi que ce soit, ramassèrent les os et la viande qui leur était destinée, les enveloppèrent dans un tissu blanc et partirent les enterrer au champ.
Tous les jours ils vinrent pleurer sur cette tombe étrange et, quelque temps après, là où étaient enterrés les os, poussèrent des arbres fruitiers aussi nombreux que les os enfouis. Les enfants les arrosèrent, les soignèrent et se nourrirent de leurs délicieux fruits. Dès qu’ils cueillaient un fruit, un autre poussait immédiatement. Un peu plus tard, la marâtre dit à son mari :
— Pourquoi tes enfants ont-ils toujours le teint rose et épanoui, alors que les miens, malgré tout ce que je leur donne à manger, sont pâles et affaiblis ?
Le lendemain elle envoya son fils mais, comme la première fois, il ne dit rien. Elle envoya alors sa fille qui mangea avec les enfants et vola un fruit de chaque arbre. Elle montra le tout à sa mère.
— Voilà ce qu’ils mangent !
— Par Dieu ! D’ici l’aube j’aurai rendu tous ces arbres secs !
La nuit, elle fit dissoudre du sel dans de l’eau, en remplit une jarre et partit arroser tous les arbres. Le matin, la fille et le garçon découvrent les arbres morts, secs, ils crièrent et pleurèrent en vain, puis ils retournèrent à la maison.
Le jour suivant, la marâtre leur donna une peau de mouton noire et un couscoussier et leur dit d’aller au puits prendre de l’eau pour laver la peau noire jusqu’à la rendre toute blanche. Ils prirent la peau et, toute la journée, ils s’échinèrent à remplir le couscoussier. A peine fut-elle humide que la nuit tomba et qu’ils sentirent la faim et le froid les tenailler. Ils s’en retournèrent alors à la maison et n’y trouvèrent personne. En leur absence, leur belle-mère avait tout déménagé et était partie loin avec son mari et ses enfants. lIs trouvèrent seulement du pain dans le four traditionnel. Le petit garçon, affamé, en réclama, mais sa sœur refusa :
— Attends, je vais d’abord en donner au chien.
A suivre
Bochra Ben Hassen et Thierry Charnay
1 janvier 2010 à 10 10 39 01391
Au coin de la cheminée
L’oiselet vert
K. Yerbi
Il était ce qu’il en était.
— Que la paix et l’abondance soient sur toi !
Notre chambre est en soie, votre chambre est en lin et la chambre de l’ennemi est un nid de souris.
Messieurs et nobles Seigneurs, que nous soyons guidés, que vous soyez guidés sur la voie du bien et de la foi.
Il était un homme qui avait une fille et un garçon. Sa femme mourut, il se remaria. Sa seconde femme détestait les deux enfants. Un jour, elle fit appel à ses voisines pour l’aider à travailler la laine de mouton que son mari lui avait achetée. Elle voulut leur faire un bon couscous pour les remercier, envoya chercher la viande de mouton mais n’en trouva pas.
Elle appela le fils du voisin et lui dit :
— Va me chercher le petit au koutteb, j’ai besoin de lui tout de suite.
Ayant peur de se faire gronder, le gamin vint à toute vitesse. La belle-mère le fit entrer dans un recoin sombre de la cuisine, l’égorgea, se débarrassa de la tête, des entrailles et fit cuire le reste. Elle servit généreusement ses invitées et mangea avec elles de bon appétit. Le mari rentra un peu plus tard, elle le servit également. La fille s’inquiéta, demanda pourquoi son frère ne rentrait toujours pas du koutteb, la marâtre ne lui répondit pas, mais en voyant les grandes quantités de viande que cette dernière distribuait, elle comprit ce qui s’était passé et refusa de manger. Elle ramassa tous les os, creusa un trou au pied du mur situé à l’Est où elle découvrit la tête et les jambes du petit frère déjà enfouies par la marâtre. Elle enterra le tout, mit une pierre du côté de la tête, s’assit sur cette tombe étrange et se mit à pleurer. Tous les jours, elle pleurait avec une telle affliction et si abondamment sur cette tombe improvisée que les os du petit frère, ne pouvant supporter cette douleur, se métamorphosèrent en oiselet vert et s’envolèrent en disant :
— Arrête sœurette ! tu m’as brûlé le cœur, nuit et jour tu pleures, et il chanta : Je suis l’oiselet vert, je suis la beauté de l’ambre,
Ma belle-mère m’a égorgé, mon père a mangé ma chair
Et ma sœurette qui m’est si chère, ô combien elle m’a pleuré !
A enterré mes os dans le cimetière Est.
Elle s’écria : «O petit frère ! ô petit frère !», mais il battit des ailes et s’envola en lui disant qu’il reviendrait.
Il se dirigea vers le marché, entra chez le premier épicier qu’il rencontra, le salua et chanta :
— Je suis l’oiselet vert, je suis la beauté de l’ambre,
Ma belle-mère m’a égorgé, mon père a mangé ma chair
Et ma sœurette qui m’est si chère, ô combien elle m’a pleuré !
A enterré mes os dans le cimetière Est.
Effrayé, le marchand lui demanda : — Qu’est ce que t’as dit ? Répète un peu. Je ne répéterai que si tu me donnes un paquet de grosses aiguilles de bourrelier !
L’épicier obéit, puis tendit l’oreille et l’oiselet chanta de nouveau :
— Je suis l’oiselet vert, je suis la beauté de l’ambre,
Ma belle-mère m’a égorgé, mon, père a mangé ma chair
Et ma sœurette qui m’est si chère, ô combien elle m’a pleuré !
A enterré mes os dans le cimetière Est.
Puis il disparut, alla se poser dans la boutique d’un second épicier et
chanta :
— Je suis l’oiselet vert, je suis la beauté de l’ambre,
Ma belle-mère m’a égorgé, mon, père a mangé ma chair
Et ma sœurette qui m’est si chère, 0 combien elle m’a pleuré !
A enterré mes os dans le cimetière Est.
A suivre
Bochra Ben Hassen et Thierry Charnay
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1 janvier 2010 à 10 10 47 01471
Au coin de la cheminée
L’oiselet vert
Résumé de la 1re partie n Les os du frère que la marâtre a égorgé et servi à ses invités, se métamorphosent en oiseau qui chante toujours la même complainte…
Effrayé, le marchand lui demanda : — Qu’est ce que t’as dit ? Répète un peu.
— Je ne répète que si tu me donnes un paquet d’aiguilles !
L’épicier obéit et l’oiselet chanta de nouveau puis disparut.
Il se posa enfin dans la boutique d’un troisième épicier et chanta :
Je suis l’oiselet vert, je suis la beauté de l’ambre,
Ma belle-mère m’a égorgé, mon père a mangé ma chair
Et ma sœurette qui m’est si chère, ô combien elle m’a pleuré !
A enterré mes os dans le cimetière Est.
Effrayé, le marchand lui demanda : — Qu’est ce que t’as dit ? Répète un peu.
— Je ne répète que si tu me donnes de la halwa. L’épicier obéit et l’oiselet chanta de nouveau puis disparut.
Plus tard, l’oiselet alla voir sa belle-mère et chanta :
Je suis l’oiselet vert, je suis la beauté de l’ambre,
Ma belle-mère m’a égorgé, mon père a mangé ma chair
Et ma sœurette qui m’est si chère, ô combien elle ma pleuré !
A enterré mes os dans le cimetière Est.
Horrifiée, la marâtre s’écria :
— répète ce que tu viens de dire !
— Je ne répète que si tu ouvres la bouche et fermes les yeux.
Dès qu’elle ouvrit la bouche, l’oiselet y vida le paquet d’aiguilles. Elle s’agita désespérément, s’étouffa et tomba raide morte. Il l’abandonna, se dirigea vers son père et chanta :
Je suis l’oiselet vert, je suis la beauté de l’ambre,
Ma belle-mère m’a égorgé, mon père a mangé ma chair
Et ma sœurette qui m’est si chère, ô combien elle m’a pleuré !
A enterré mes os dans le cimetière Est.
Terrifié, le père cria :
— Répète ce que tu viens de dire.
— Je ne répète que si tu ouvres la bouche et fermes les yeux.
Le père s’exécuta et l’oiselet lui enfonça le paquet d’aiguilles au fond de la gorge. Il s’étrangla et son âme s’envola. L’oiselet l’abandonna sur place, alla voir sa sœur et chanta :
Je suis l’oiselet vert, je suis la beauté de l’ambre,
Ma belle-mère m’a égorgé, mon père a mangé ma chair
Et ma sœurette qui m’est si chère, ô combien elle m’a pleuré !
A enterré mes os dans le cimetière Est.
La jeune fille s’écria :
— Répète ce que tu viens de dire.
— Je ne répète que si tu ouvres la bouche.
Elle obéit, l’oiselet lui déposa délicatement un morceau de halwa dans la bouche. Elle se mit à rire de bonheur et l’oiselet retrouva sa forme humaine Puis, ensemble, ils enterrèrent les cadavres.
Les voisins apprennent ce qui s’était passé et décidèrent que les parents avaient mérité leur sort et à partir de ce jour, le frère et la sœur vécurent heureux et notre conte traversa la forêt et l’année prochaine, nous aurons deux et une récolte.
Bochra Ben Hassen et Thierry Charnay
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1 janvier 2010 à 11 11 11 01111
Au coin de la cheminée
40 garçons d’un même père et d’une même mère
Résumé de la 1re partie n Après avoir aidé son beau-père aux prises avec ses sujets et ses voisins, M’hammed, le cadet, va retrouver ses frères, leurs femmes et son épouse pétrifiés par le souffle d’un ogre…
M’hammed le fils du sultan ne dit mot et fit comme si cette histoire ne le concernait pas. Il devint ami du berger, celui-ci se confia à lui et avoua que son maître l’ogre était très méchant, qu’il le maltraitait, mais qu’il ne pouvait le quitter sous peine d’être transformé en pierre. Le prince lui demanda s’il voulait bien l’aider à se débarrasser de l’ogre, mais le berger avait trop peur, alors M’hammed, le fils du sultan, lui réclama ses vêtements en échange des siens. Il se déguisa, arracha quelques poils de la queue de son cheval mi-humain mi-djinn, le renvoya ainsi que le berger et s’occupa du troupeau. Le soir l’ogre revint, mit un pied de chaque côté de la porte et entreprit de compter ses moutons : rassuré, il rentra se coucher sans même se rendre compte de la supercherie.
Les jours passaient, M’hammed le fils du sultan ne découvrait rien et ne savait toujours pas où résidait la force de l’ogre. Un soir, alors que l’ogre comptait ses moutons, le prince le flatta tellement qu’il
lâcha :
— Je suis l’ogre le plus fort, personne ne peut m’atteindre, mon âme est une colombe blanche sous un marbre bleu au fond de la septième mer. Qui pourrait y arriver ? et il rugit si fort que la terre trembla.
Le lendemain, M’hammed le fils du sultan mena le troupeau à la mer et commença à égorger les bêtes.
Aussitôt, les animaux marins sortirent jusqu’au rivage et le prince leur dit :
— A qui me mènera à la septième mer en un clin d’œil, je ferai manger de cette chair fraîche et je lui donnerai ce qu’il veut.
L’un dit : «je t’y mène en deux jours.», l’autre : «en un jour», un autre encore : «en une demi-journée», mais le prince n’était pas satisfait. Arriva alors une espèce de mouette géante qui lui proposa :
— Moi, je te conduirai à la septième mer en deux heures, à condition que chaque fois que nous traverserons une mer tu me donnes un mouton à manger.
Le prince remplit un gros sac de viande, grimpa sur le dos de cet animal et se laissa conduire. Ils traversèrent les six mers et arrivèrent à la septième. M’hammed le fils du sultan vit une dalle de marbre bleu, la souleva, trouva la colombe blanche, la prit, remonta sur le dos de la mouette à qui il donna à manger et s’envola. Mais, pressé, il fit tomber plusieurs morceaux de viande, alors le monstre se fâcha et faillit le lâcher, le prince lui assura qu’il en avait suffisamment et le retour s’effectua sans heurt.
Revenons à l’ogre qui pâlit et faiblit dès l’instant où M’hammed le fils du sultan souleva la dalle et prit la colombe. Le prince arriva alors la colombe à la main et dit à l’ogre :
— Ton âme est entre mes mains, souffle tout de suite sur les rochers qui encombrent le chemin, ce sont mes frères, leurs femmes et la mienne, sinon tu périras à l’instant.
L’ogre lui proposa des richesses phénoménales mais le prince serrait tellement le cou de la colombe que l’ogre finit par s’exécuter. Aussitôt les rochers sur le chemin redevinrent des hommes, des femmes et des chevaux et bougèrent dans la direction de leur pays.
A suivre
Bochra Ben Hassen et Thierry Charnay
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1 janvier 2010 à 11 11 26 01261
Merci pour cette rubrique contes! merci infiniment! Nora Aceval
1 janvier 2010 à 11 11 28 01281
Au coin de la cheminée
40 garçons d’un même père et d’une même mère
Résumé de la 2e partie n L’ogre, sous la menace de M’hammed – qui tenait son âme entre les mains –, retransforme les pétrifiés en êtres humains…
Le prince tua alors la colombe, l’ogre mourut et le pays et les gens en furent débarrassés. Puis il tira un poil de la queue de son cheval, le brûla, à l’instant le cheval apparut, il le monta et partit.
Il rejoignit très vite le cortège, raconta à ses frères ce qui s’était passé, comment il les avait sauvés, comment il était descendu à la septième mer et comment il avait tué l’ogre. Ils nièrent ce qui leur était arrivé et lui dirent :
— Rien ne s’est passé, nous n’avons jamais été transformés en statues de pierre, nous avons tout simplement marché plus lentement et nous t’avons attendu. Pour qui te prends-tu à prétendre avoir tué un ogre !
Une fois que M’hammed le fils du sultan, désespéré de les convaincre, est parti rejoindre sa femme, ils se regardèrent et complotèrent :
— Nous devons l’éliminer sinon il va se vanter en rentrant au palais et tout le monde se moquera de nous.
Ils arrivèrent bientôt à un puits et demandèrent :
— Qui descend nous chercher un peu d’eau ?
— Personne ne voulut le faire, alors M’hammed, le fils du sultan, se décida, noua une corde autour de sa taille, prit une poignée de poils de la queue de son cheval et descendit. Une fois au fond, ses frères coupèrent la corde et s’enfuirent. La femme du prince pleura, se lamenta, mais ils la contraignirent à les suivre. Ils arrivèrent enfin chez leur père qui demanda où était son jeune fils, ils lui répondirent qu’il était mort. La jeune princesse continua de pleurer son mari mais n’avoua rien au sultan parce qu’elle avait peur de ne pas être crue et qu’elle craignait la réaction de ses beaux-frères. Le sultan, lui, ne regretta pas longtemps son jeune fils. Pire, trouvant la femme de ce dernier très belle, il se décida à la prendre pour épouse.
Revenons à M’hammed le fils du sultan qui se trouve au fond du puits. Il resta longtemps immobile, déçu par ses frères, il se rappela les poils de son cheval magique, les prit et dit :
— O poils de mon cheval devenez longs ! O puits deviens moins profond !
Il répéta trois fois ces paroles et le puits devint un simple trou, aussitôt il sortit, brûla le dernier poil, son cheval apparut, il le monta et fut, en un clin d’œil, chez lui.
Il apprit que son père lui avait pris sa femme et que ses frères avaient prétendu qu’il était mort. Pris de fureur, il tira son épée et s’écria :
— Est-ce ainsi que vous me récompensez ? puis il les égorgea tous y compris son père.
Il reprit enfin son épouse, devint sultan de ce pays et notre conte traversa la forêt et cette année nous aurons deux et une récolte.
Bochra Ben Hassen et Thierry Charnay
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1 janvier 2010 à 11 11 30 01301
Au coin de la cheminée
Le père Chkonker et le puits
Il était ce qu’il en était.
Que la paix et l’abondance soient; sur toi !
— Notre chambre est en soie, votre chambre est en lin et la chambre de l’ennemi est un nid de souris. Messieurs et nobles Seigneurs, que nous soyons guidés, que vous soyez guidés sur la voie du bien et de la foi.
Le père Chkonker marche et picore, marche et picore, trouva une branche de figuier, la ramassa, s’en fut la planter dans son champ et, tous les jours, il l’arrosa jusqu’à ce qu’elle devînt un beau figuier lourd de fruits. Tous les matins, il cueillait des figues et s’installait pour les manger sur l’aile du puits. Un jour, alors qu’il se régalait, une moitié de figue lui échappa des mains et tomba dans le puits, il se dit : «Ce n’est rien, il y en a encore plein sur l’arbre», et il continua à venir tous les jours se délecter de délicieux fruits jusqu’à ce qu’il n’en restât plus aucun. Il s’adressa alors au puits :
— O puits, donne-moi la moitié de ma figue ! O puits, donne-moi la moitié de ma figue ! O puits, donne-moi la moitié de ma figue !
Le djinn du puits en fut agacé et lui répondit :
— Prends ce plat, tais-toi et ne nous importune plus. Rentre à la maison, dépose-le devant toi et dis-lui : «Fais tel repas, mon bien-
aimé !», et il se remplira de tout ce que tu auras souhaité.
Le père Chkonker prit le plat et s’en fut chez lui, il fit ce que lui avait recommandé le djinn, demanda un savoureux couscous et le plat en fut tout de suite rempli. Il mangea de bon appétit, nettoya le plat et le rangea, et chaque fois qu’il avait une envie, il s’adressait au plat magique.
Le père Chkonker avait une voisine, une vieille femme qui, montant un jour sur la terrasse, vit notre homme parler à son plat et vit ce dernier se remplir immédiatement de mets succulents. Elle vint frapper à sa porte :
— Père Chkonker, que Dieu te garde en vie ! Prête-moi ton plat, j’en ai besoin pour faire provision de couscous. Je te le rendrai dès que j’aurai fini.
Il le lui donna, elle l’échangea contre un autre plat tout à fait identique, laissa passer un temps puis vint le lui rendre. Le père Chkonker déposa le plat devant lui et ordonna :
— Fais du couscous, mon bien-aimé !
Le plat resta vide alors le père Chkonker s’en fut de nouveau au puits, s’assit sur l’aile et réclama :
— O puits, donne-moi ma moitié de figue ! O puits, donne-moi ma moitié de figue ! O puits, donne-moi ma moitié de figue !
Au troisième appel, le djinn, agacé, apparut :
— Tiens, prends cette marmite en cuivre et cette cuillère en bois, rentre chez toi, fais tourner la cuillère et dis : «Fais-moi de l’assida», et tu en auras autant que tu voudras, mais ne reviens plus nous importuner !
Le père Chkonker suivit les recommandations du djinn, eut plein d’assida qu’il mangea avec un grand plaisir puis s’endormit repu et heureux. Tous les jours, il fit ainsi.
Mais un matin, sa voisine monta sur la terrasse, le vit remuer une cuillère, parler à la marmite qui se remplissait tout de suite d’assida.
A suivre
Bochra Ben Hassen et Thierry Charnay
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1 janvier 2010 à 11 11 45 01451
Au coin de la cheminée
Le père Chkonker et le puits
Résumé de la 1re partie n pour le faire taire quant à sa moitié de figue tombée au fond du puits, le djinn de ce lieu donne à père Chkonker un plat puis une marmite en cuivre magiques…
Elle vint frapper à la porte :
—Père Chkonker ! Par Dieu, prête-moi ta marmite, je désire préparer un peu d’assida, je te la rendrai tout de suite.
Il la lui donna. Elle l’échangea contre une autre tout à fait semblable qu’elle lui remit. Quand il voulut manger, il s’adressa à la marmite :
— Fais de l’assida, ma bien-
aimée ! Fais de l’assida, ma bien-aimée ! Fais de l’assida, ma bien-aimée !
La marmite resta vide, il la jeta au loin et retourna au puits :
— O puits, donne-moi ma moitié de figue ! O puits, donne-moi ma moitié de figue ! O puits, donne-moi ma moitié de figue !
Le djinn s’énerva : «Il nous embête vraiment celui-là ! je vais lui régler son compte !» et, tout furieux, il sortit du puits, un gros gourdin à la main :
— Tiens, prends ce gourdin, rentre chez toi, déshabille-toi et
dis : «Matraque mon bien-aimé, matraque !»
Le père Chkonker prit le gourdin et s’en fut chez lui, il s’enferma, se mit tout nu et dit :
— Matraque mon bien-aimé, matraque !
Le gourdin se jeta sur lui et le roua de coups. Il chercha à lui échapper, mais l’autre le poursuivait et le battait sans relâche. Epuisé et meurtri, il tenta :
— Arrête mon bien-aimé,
arrête !
Le gourdin s’arrêta comme par enchantement et il pensa à ses deux voisines qui lui avaient volé ses ustensiles magiques. Il se releva non sans peine, se dirigea vers sa première voisine, frappa à la porte et dès qu’elle lui ouvrit, il brandit le gourdin et dit :
— Matraque mon bien-aimé, matraque !
Et le gourdin s’élança sur la femme et se mit à la battre, elle criait et suppliait le père Chkonker d’arrêter cet engin diabolique mais il lui répondit : je ne le fais que si tu me rends mon plat.
Ce qu’elle s’empressa de faire sous une pluie de coups cruels. Une fois qu’il eut son plat, le père Chkonker ordonna à son gourdin d’arrêter et s’en fut chez la deuxième voisine avec qui il procéda de la même façon.
Il récupéra ainsi ses affaires, rentra chez lui et vécut heureux et comblé, et notre conte traversa la forêt et l’année prochaine nous aurons deux et une récolte.
Bochra Ben Hassen et Thierry Charnay
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1 janvier 2010 à 16 04 35 01351
Au coin de la cheminée
Le père Chkonker et le petit pois chiche
Résumé de la 1re partie n Par ruse et à partir d’un pois chiche, le père chkonker se retrouve propriétaire d’un coq, puis d’une vache …
C’est l’heure du déjeuner, entre d’abord manger.
Il accepta. Au moment de partir, il réclama sa vache.
— C’est ma fille qui en a eu envie, je la lui ai égorgée et tu viens toi-même d’en manger.
Il s’écria :
— Ou la vache ou la vierge ! Ou la vache ou la vierge !
— Non ! c’est impossible ! Donner ma fille en échange d’une vache !
Elle le chassa. Il s’assit sur le seuil et, nuit et jour, il ne cessait de
crier :
— Ou la vache ou la vierge ! Ou la vache ou la vierge ! La femme en fut écœurée, plaça sa fille dans un gros sac et la lui donna. Il la prit sur le dos et s’en alla.
Il arriva à un moulin, déposa le sac dans un coin et demanda au meunier de le lui garder jusqu’à son retour du souk. Celui-ci accepta. Un moment plus tard, il voulut se reposer et alla s’asseoir sur le sac. Quelque chose lui gratta les fesses, il se releva effrayé et s’écria :
— Humain ou djinn ?
— Humain de la meilleure race, je crois en Dieu et en son prophète Mohammed.
Il défit le nœud du sac et demanda à la fille ce qu’elle faisait là dedans. Elle lui raconta son histoire. Il voulut savoir alors si elle était capable de retrouver son chemin.
Elle lui répondit que oui et il la libéra. Le meunier alla chercher une chienne et ses chiots, une branche épineuse et mit le tout dans le sac.
Un temps après, l’homme fut de retour, prit son sac sur le dos et s’en alla. Les épines commencèrent à le piquer, la chienne à le mordre et lui, disait, indifférent : «Pique ma bien-aimée, pique ! Mords ma bien-aimée, mords», jusqu’à ce qu’il atteignît la mer. Il prit le sac, en défit le nœud et s’apprêta à le jeter à l’eau, lorsque la chienne, enragée, lui sauta aux parties et le mordit cruellement. Blessé à mort et agonisant, il se mit à chanter :
— Paix sur le pois chiche qui me ramena le coq !
Paix sur le coq qui me ramena la vache !
Paix sur la vache qui me ramena la vierge !
Paix sur la vierge qui me ramena la chienne. Qui me mordit … !
Son âme s’envola et il mourut et notre conte traversa la forêt et l’année prochaine nous aurons deux et une récolte.
Bochra Ben Hassen et Thierry Charnay
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1 janvier 2010 à 16 04 54 01541
Au coin de la cheminée
Le père Chronker et l’ogresse
Il était ce qu’il en était.
— Que la paix et l’abondance soient sur toi !
— Notre chambre est en soie, votre chambre est en lin et la chambre de l’ennemi est un nid de souris. Messieurs et nobles Seigneurs, que nous soyons guidés, que vous soyez guidés sur la voie du bien et de la foi.
Un jour, le père Chkonker était sur son figuier en train de manger des fruits délicieux, passa alors l’ogresse qui lui demanda une figue. Il en cueillit une et, la lui lança. Elle lui dit :
— Donne-m’en une autre, celle-ci est tombée dans les buissons.
Il en cueillit une deuxième et la lança.
— Non, encore une, celle-ci est tombée dans la poussière. Donne-la moi de main à main.
Il cueillit une troisième figue, tendit la main, et l’ogresse le saisit, le jeta sur son dos, la terre se fendit et ils disparurent. Elle arriva chez elle, laissa tomber le père Chkonker dans une fosse profonde et l’y enferma.
Cette ogresse avait une fille aveugle qui, toute la journée, était assise devant la meule et broyait du blé pendant que sa mère partait chasser et ne rentrait que la nuit. L’ogresse s’adressa alors à sa fille :
— Messaouda, continue à moudre ton blé, mais l’après-midi, sors le père Chkonker de la fosse, égorge-le et prépare-moi un bon couscous avec sa chair.
Et elle partit chasser. Le père Chkonker l’entendit. Du fond de sa fosse, il se mit à chanter, la jeune ogresse, occupée à sa tâche, dit :
— Qu’est ce que tu chantes bien, père Chkonker !
— Oh ! Ce n’est rien encore ! Si tu ouvres la fosse, tu verras comme je sais chanter !
Elle se leva, ouvrit la fosse et il chanta de plus belle. L’ogresse en fut tout heureuse et s’exclama :
— Qu’est-ce que tu chantes bien, père Chkonker !
— Ce n’est rien encore ! Si tu me sors de la fosse, tu verras comme je sais chanter !
Elle se dirigea vers lui, tendit la main et l’aida à sortir du trou. Il l’attrapa, l’égorgea, mit ses vêtements et alla préparer un grand couscous. Il prit un énorme plat dans le fond duquel il disposa les seins de la jeune ogresse, les recouvrit de semoule et de viande, puis le rangea dans un coin.
Il y avait un très haut palmier au milieu de la cour. Le père Chkonker creusa une profonde fosse au pied de l’arbre, la remplit de bois et y alluma un grand feu puis la recouvrit avec une plaque de fer usée. Il s’installa ensuite à la place de l’ogresse aveugle et commença à moudre le blé.
L’ogresse rentra la nuit :
— Comment vas-tu Messaouda, ma fille ? As-tu fait ce que je t’ai demandé ?
— Oui, et le dîner est prêt.
L’ogresse s’installa et commença à manger. Je vais te chercher de l’eau, lui dit-il.
Il courut grimper au palmier où il se cacha et attendit. L’ogresse atteignit bientôt le fond du plat et découvrit les seins de sa fille : «Ah ! tu l’as fait, père Chkonker !» hurla-t-elle, et elle se dirigea vers le palmier. Agitée et furieuse, elle ne s’aperçut de rien et tomba en plein milieu de la fosse embrasée, elle cria :
— Sors-moi d’ici, père Chkonker et je te rendrai riche ! Sors-moi et je te donnerai tout l’or que renferment mes chambres !
Le père Chkonker fit la sourde oreille jusqu’à ce que l’ogresse se consumât entièrement et se transformât en cendres.
Plus tard, il descendit du palmier, alla ouvrir toutes les chambres de l’ogresse et découvrit ses trésors. Il vécut roi de son temps, riche et heureux, et notre conte traversa la forêt et l’année prochaine nous aurons deux et une récolte.
Bochra Ben Hassen et Thierry Charnay
Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup
1 janvier 2010 à 17 05 02 01021
Au coin de la cheminée
La chatte de la cendre
Il était ce qu’il en était.
— Que la paix et l’abondance soient sur toi !
— Notre chambre est en soie, votre chambre est en lin et la chambre de l’ennemi est un nid de souris. Messieurs et nobles Seigneurs, que nous soyons guidés, que vous soyez guidés sur la voie du bien et de la foi.
Un veuf avait sept filles. Il prit une nouvelle femme qui ne les aima pas et voulut s’en débarrasser. Un jour, le père apporta sept poissons et demanda à sa femme de les lui préparer pour son dîner et il sortit passer la soirée avec ses amis.
Quand les filles se furent couchées, la belle-mère se leva et alla frire les poissons. La fille aînée se leva pour aller uriner et sentit l’odeur du poisson frit. Elle entra dans la cuisine et en demanda à sa belle-mère. Celle-ci lui donna un poisson mais garda la tête et la rangea dans une assiette. La jeune fille mangea son poisson et alla réveiller sa sœur cadette en lui disant :
— Notre belle-mère fait frire du poisson, va lui en demander.
Elle ne se fit pas prier. Ainsi, les sept sœurs se succédèrent à la cuisine et mangèrent les sept poissons.
En fin de soirée, le père rentra et dit à sa femme :
— Femme, donne-moi le poisson, je sens que j’ai faim.
Elle lui apporta l’assiette pleine de têtes de poissons et lui dit que ses filles avaient tout mangé. Il devint furieux et s’écria :
— Je vais m’en débarrasser, elles ont osé manger ce qui m’est destiné !
Le lendemain, il acheta du poisson et demanda à sa femme de le faire frire en y mettant beaucoup de sel. Elle le fit frire et le sala comme il le lui demanda. Le père monta alors sur son âne, appela ses filles et leur dit :
— Venez avec moi, nous allons couper du bois.
Il prit les poissons salés, ne prit pas d’eau et partit sous la protection de Dieu.
Les sept filles marchèrent longtemps derrière leur père jusqu’à ce qu’elles n’en purent plus de fatigue et de faim. Il leur donna alors les poissons salés qu’elles mangèrent. Quelque temps après, elles eurent très soif et leur père dit :
— Cherchons un puits.
Elles recommencèrent à marcher et arrivèrent à un puits en ruine. Le père se pencha, laissa tomber sa chéchia et leur dit :
— Qui aime son père va chercher sa chéchia.
Chacune disait : «Moi ! moi !» et se jetait dans le puits à sec. En un rien de temps elles s’y retrouvèrent toutes les sept.
Le père fit un collier avec des coquilles d’escargots vides puis le suspendit au-dessus du puits et leur dit :
— Je rentre maintenant chercher de l’aide, je reviendrai quand bougera le collier de coquilles, attendez-moi.
Il monta ensuite sur son âne et partit. Les sept filles attendirent longtemps, le collier bougea mille et une fois et leur père ne revint pas. Elles comprirent qu’il ne viendrait plus, pleurèrent amèrement puis s’endormirent affamées et assoiffées.
La benjamine ne dormit pas et se mit à gratter le mur jusqu’à ce qu’elle le perça. Elle sortit, trouva une grande maison, y entra, vit une femme aveugle en train de moudre des céréales grillées. Elle s’en approcha sans bruit, prit un récipient et le remplit de céréales, alla les mélanger avec de l’huile puis s’en retourna par le trou qu’elle boucha derrière elle. Elle réveilla enfin ses sœurs et leur donna à manger.
A suivre
Bochra Ben Hassen et Thierry Charnay
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1 janvier 2010 à 17 05 11 01111
Au coin de la cheminée
La chatte de la cendre
Résumé de la 1re partie n La benjamine des sept sœurs que leur père a abandonnées au fond d’un puits, réussit à creuser un trou dans le mur pour ramener de la nourriture…
La nuit, l’ogresse mère rentra et demanda à sa fille aveugle où étaient les céréales et pourquoi elle en avait moulu si peu. Sa fille lui répondit qu’elle avait entendu des bruits de pas et qu’il était possible que quelqu’un fût rentré et lui eût volé les céréales. Sa mère lui donna un gros mokhtaf (Bâton utilisé pour la cueillette des olives) et lui dit :
— Si tu entends un bruit, attrape le voleur avec ce mokhtaf.
Le lendemain, alors que ses six sœurs dormaient, la benjamine se leva, ouvrit le trou et se glissa dans la maison de l’ogresse. Dès qu’elle s’approcha de la peau de mouton sur laquelle s’entassaient les céréales pilées, l’ogresse aveugle brandit son mokhtaf et l’attrapa par le cou. La jeune fille se débattit, réussit à se libérer et courut se cacher dans le puits en refermant soigneusement le trou derrière elle.
La nuit, l’ogresse revint et s’énerva et constatant que sa fille n’avait pas attrapé le voleur. Elle lui donna alors un mokhtaf en fer et quelques conseils.
Le jour suivant, la jeune fille sortit comme d’habitude par le trou, vint sans bruit derrière l’ogresse aveugle et la tua. Elle alla ensuite creuser une fosse derrière la porte, la remplit de bois, alluma le feu puis la recouvrit d’une vieille plaque de tôle. Elle mit les vêtements de l’ogresse morte, prit sa place et commença à moudre les céréales. I.a nuit, l’ogresse arriva, poussa la porte et tomba dans le brasier. Elle se mit à crier :
— Sors-moi d’ici, je te donnerai ce que tu veux ! Sors-moi d’ici et je te rendrai très riche !
La jeune fille resta sourde à ses cris et l’ogresse se transforma en cendres devant ses yeux. Elle se leva alors, fit le tour de la maison, trouva sept pièces pleines d’or et d’argent et dans la septième, elle découvrit le trésor de l’ogresse : deux anneaux pour les chevilles dont l’un chante et l’autre pousse des youyous, ainsi qu’une chaise magique en or. Elle choisit les meilleurs bijoux, les meilleurs habits, les mit de côté avec la chaise et les anneaux, creusa une fosse et les y enfouit. Puis, elle retourna voir ses sœurs et leur demanda de la suivre.
Les six sœurs trouvèrent les sept biens de l’ogresse, s’en emparèrent et ne voulurent rien donner à la benjamine. Elles commencèrent même à la frapper et à l’insulter, lui enlevèrent ses vêtements, la couvrirent de haillons et lui dirent :
— Tu n’es qu’une chatte de la cendre, va vivre près du four ! et elles s’installèrent chacune dans une pièce après l’avoir jetée dans la cuisine.
Les six sœurs commençaient à être connues et les gens de la ville les invitaient à toutes les fêtes, mais elles n’y emmenaient jamais la plus jeune qui restait souvent à pleurer au coin du four. Un jour, ses sœurs parties à un mariage, la benjamine quitta la cuisine, ouvrit la fosse, sortit tous ses trésors, s’habilla, mit les anneaux autour de ses chevilles, s’assit sur la chaise magique et lui dit :
— O ma chaise, vole, emporte-moi et à côté de la mariée installe-moi !
Elle fut aussitôt à côté de la mariée et l’éclipsa totalement. Les gens n’avaient d’yeux que pour elle. Quand elle vit ses sœurs se préparer à partir, elle dit :
— O ma chaise vole, emporte-moi et dans la maison installe-moi !
A suivre
Bochra Ben Hassen et Thierry Charnay
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1 janvier 2010 à 17 05 42 01421
Au coin de la cheminée
La chatte de la cendre
Résumé de la 2e partie n Après avoir été sauvées et installées par leur benjamine chez l’ogresse les six sœurs ingrates profitent des richesses qui s’y trouvent et se retournent contre elle…
Elle arriva avant ses sœurs, enleva ses vêtements, ses bijoux, les enfouit à nouveau dans la fosse et retourna se tapir dans son coin.
Quand ses sœurs arrivèrent, elle leur posa des questions sur le mariage et la mariée. Elles lui répondirent :
— Qu’est-ce que tu en sais, toi, tu ne comptes pas, tu n’es qu’une chatte de la cendre ! Si tu vois cette femme qui descend du ciel avec sa chaise d’or et qui s’installe à côté de la mariée, tu te tueras d’envie et de jalousie Tais-toi, tais-toi et ne pose plus de questions !
Elle se rit d’elles en son for intérieur et se tut.
Un jour, rentrant d’un mariage, elle fit tomber l’anneau qui pousse des youyous. Le fils du sultan, qui rentrait de chasse, entendit ces cris de joie provenant d’un trou au milieu du chemin, il se baissa, ramassa l’anneau et rentra chez lui.
lI dit à sa mère : j’épouserai la femme à qui ira cet anneau.
Puis il appela une vieille femme qui était à la fois marchande ambulante et marieuse, et lui ordonna :
— Va faire le tour de la ville jusqu’à ce que tu me trouves la femme à qui ira cet anneau.
La vieille alla voir les notables, les gens de condition moyenne. Elle tourna, tourna, mais ne trouva aucune femme à qui l’anneau pouvait aller. Pour certaines c’était trop grand, pour d’autres trop petit. La vieille revint informer le fils du sultan, il se mit en colère et lui dit :
— Tu dois me la trouver par n’importe quel moyen ! Réfléchis, as-tu oublié quelqu’un ?
Elle lui répondit :
— Ah ! Il reste la maison des sept filles, je vais aller les voir immédiatement.
Elle s’y rendit, les six filles l’accueillirent chaleureusement et chacune tenta à son tour de glisser l’anneau à sa cheville. Il y en a même une qui s’enduisit le pied de savon, mais rien n’y fit, c’était trop étroit. Désespérée, la vieille demanda alors :
— Où est votre septième sœur ? Appelez-la, qu’elle essaye à son tour.
Elles répondirent toutes ensemble :
— Celle-là n’est qu’une chatte de la cendre, il ne manquerait plus qu’elle pour essayer l’anneau et devenir la femme de M’hammed le fils du sultan !
La vieille insista et dit :
— Je vais aller la voir toute seule, où est-elle ?
Elles répondirent :
— Où voulez-vous qu’elle soit ? Une chatte de la cendre ! Elle est dans la cuisine près du four !
Elle s’empressa d’aller la trouver, lui donna l’anneau qui glissa sans problème à sa cheville. Soulagée d’avoir enfin trouvé, la vieille courut annoncer la bonne nouvelle au prince qui donna immédiatement l’ordre d’organiser une grande fête et se prépara à attendre la mariée.
La jeune fille mit ses plus beaux habits, se para de tous ses bijoux, s’installa sur sa chaise magique et s’envola pour rejoindre le prince. Elle surprit tout le monde, y compris le prince, et suscita la plus vive admiration par sa merveilleuse beauté et sa grande élégance.
Plus tard, elle raconta au prince son histoire avec sa belle-mère, avec l’ogresse et avec ses sœurs et tout ce qu’elles lui avaient fait subir depuis le jour où elle les avait installées dans la maison et les biens de l’ogresse.
Il lui demanda ce qu’elle voulait leur infliger comme châtiment. Elle lui répondit : «Celui qui pardonne est généreux ! Ce sont mes sœurs, je voudrais qu’elles viennent ici et qu’elles vivent avec nous au château, peut-être que Dieu les guidera un jour sur la voie du bien.»
C’est ainsi que ça se passa et notre conte traversa la forêt, cette année fut une disette et l’année prochaine nous aurons deux et une récolte.
Bochra Ben Hassen et Thierry Charnay
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1 janvier 2010 à 17 05 57 01571
Au coin de la cheminée
Le cygne
Il était ce qu’il en était.
— Que la paix et l’abondance soient sur toi !
— Notre chambre est en soie, votre chambre est en lin et la chambre de l’ennemi est un nid de souris. Messieurs et nobles Seigneurs, que nous soyons guidés, que vous soyez guidés sur la voie du bien et de la foi.
Il y avait une femme stérile qui pria Dieu :
— Ô Dieu ! donne-moi même un petit cygne !
Elle tomba enceinte, accoucha d’un cygne, pleura longtemps puis se consola :
— C’est ce que Dieu m’a donné, je dois l’accepter.
Le cygne courut se réfugier dans le poulailler et dormit avec les poules.
Le temps passa, la saison de la cueillette des olives arriva et la femme reprit ses activités habituelles.
Chaque jour, elle allait au champ, dès qu’elle sortait, le cygne ôtait son enveloppe de plumes, apparaissait alors une ravissante jeune fille, aux cheveux d’or. Elle se mettait à ranger la maison, à tout nettoyer puis, elle préparait le repas, faisait cuire du pain et vers le soir, avant que la mère ne rentrât, elle courait remettre sa peau de plumes et se réfugier auprès des poules.
La nuit, la femme rentrait épuisée, rompue, découvrait la maison propre, le dîner prêt et s’exclamait :
— Dieu, garde en vie mes chers voisins ! Ils m’aident sachant que je n’ai pas de fille.
Et tous les jours ainsi, dès qu’elle sortait, le cygne se débarrassait de son enveloppe et se mettait à faire le ménage et à cuisiner.
Un jour, M’hammed le fils du sultan, qui habitait à côté, monta sur la terrasse arroser ses plants de basilic. Il surprit le cygne qui, sortant du poulailler, enlevait ses plumes et laissait apparaître une fille d’une beauté exceptionnelle, aux cheveux d’or étincelants. Le prince en fut subjugué et resta pétrifié à l’admirer sous le soleil brûlant. Sa mère ne cessait de l’appeler d’en bas :
— Mon fils ! descends, tu vas être malade.
Il se taisait, ne répondait pas et continuait à regarder le cygne, étonné de ce mystère divin. Le soir ne tarda pas à venir et il la vit remettre ses plumes et rentrer dans le poulailler. Il descendit de la terrasse tout tremblant, malade. Sa mère accourut, lui frictionna le crâne à l’eau de fleurs d’oranger et le gronda :
— Je t’ai dit de pas trop t’exposer au soleil, maintenant t’es malade !
Elle l’aida à s’allonger, le couvrit chaudement et s’apprêta à sortir quand il l’arrêta :
— Mère ! s’il te plaît, va voir notre voisine, tante Fatma, demande-lui le cygne que je puisse jouer avec lui et me distraire un peu.
— Je ne peux pas mon fils, cette femme est très sensible, ce cygne avec lequel tu veux t’amuser, elle l’a porté en elle et l’a mis au monde. Non, non je ne peux pas la blesser et la rendre malheureuse.
— Mère ! que Dieu te garde en vie, vas-y. Dis-lui que moi, ton fils chéri, suis malade et que je veux ce cygne pour me divertir un peu.
La mère eut pitié de son fils et alla voir sa voisine qui lui répondit :
— Va le prendre, chère sœur, il est au milieu des poules là-bas.
La mère du prince prit le cygne et le donna à son fils qui se mit à l’examiner sous toutes les coutures, essayant, en vain, de lui retirer sa peau de plumes. Trois jours durant, il ne cessait de l’observer et de renouveler ses tentatives infructueuses.
A suivre
Bochra Ben Hassen et Thierry Charnay
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1 janvier 2010 à 18 06 33 01331
Au coin de la cheminée
Le cygne (2e partie et fin)
Résumé de la 1re partie n Dès que sa mère est au champ, le cygne devient une belle jeune-fille qui accomplit toutes les tâches ménagères. Un jour, M’hammed, le fils du sultan, assiste à cette transformation…
La voisine, quant à elle, au retour de l’oliveraie, retrouvait une maison sale et désordonnée où ne l’attendaient ni repas ni pain chauds. Elle se disait en pleurant amèrement : «Mes voisins m’ont oubliée !» et, tant bien que mal, rangeait un peu et se faisait à manger.
Le troisième jour, les sœurs de M’hammed le fils du sultan annoncèrent qu’elles se rendaient à un mariage et le petit cygne les entendit. Elles s’habillèrent élégamment, se maquillèrent et partirent. Quelque temps après, le cygne ôta ses plumes, entra dans la chambre de l’une des sœurs, mit une robe élégante, se para de quelques bijoux et sortit les rejoindre.
Le prince, qui la surveillait, attendit son départ puis s’empara de la peau de plumes et la brûla.
La belle jeune fille rejoignit les sœurs de M’hammed le fils du sultan à la fête et s’assit à côté d’elles. Ces dernières furent éblouies par sa grande beauté et ne cessèrent d’admirer ses cheveux d’or. Quand elles se préparèrent à partir, elle les devança et courut vers la maison. M’hammed le fils du sultan se cacha derrière la porte, dès qu’elle entra, il s’écria :
— Je t’ai attrapée et ta peau de plumes, je l’ai brûlée ! Puis, il la fit entrer dans une chambre et l’y enferma. Ses sœurs ne tardèrent pas à venir, il leur demanda :
— Y a-t-il une fille qui vous a plu dans la fête ? Je désire me marier.
— Oh ! oui ! il y en a une tellement belle qu’on ne peut te la décrire ! Ses cheveux en cascades dorées lui tombaient dans le dos, elle est vraiment magnifique ! Mais nous ne la connaissons pas et ne l’avons jamais vue.
Le prince les entraîna jusqu’à la chambre, l’ouvrit et interrogea :
— Est-ce celle-ci ?
Les sœurs furent saisies d’étonnement et répondirent :
— Oui, c’est bien elle ! Mais comment est-elle arrivée jusqu’ici.
Le prince leur raconta tout et leur demanda d’aller chez la voisine Fatma et de lui demander la main de sa fille qui était cygne. Elles y allèrent et présentèrent leur requête. La femme se mit à pleurer et leur dit :
— Pourquoi vous moquez-vous de moi ? Moi, j’ai une fille ? Je n’ai qu’un petit cygne et vous l’avez pris chez vous !
— Justement, ce petit cygne est, en réalité, une fille splendide cachée sous une enveloppe de plumes. Nous avons percé son mystère et brûlé cette enveloppe et nous te demandons sa main.
La femme fut très heureuse et le mariage grandiose. Elle vécut avec sa fille et M’hammed le fils du sultan et notre conte traversa la forêt et l’année prochaine nous aurons deux et une récolte.
Bochra Ben Hassen et Thierry Charnay
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1 janvier 2010 à 18 06 41 01411
Au coin de la cheminée
Demi-poussin (1re partie)
Il était ce qu’il en était.
— Que la paix et l’abondance soient sur toi !
— Notre chambre est en soie, votre chambre est en lin et la chambre de l’ennemi est un nid de souris. Messieurs et nobles Seigneurs, que nous soyons guidés, que vous soyez guidés sur la voie du bien et de la foi.
Un homme avait sept femmes. Un jour, il acheta sept pommes, en donna six aux premières épouses et partagea la dernière avec sa septième femme. Un peu plus tard, elles tombèrent toutes enceintes. Les six premières femmes eurent six beaux garçons en bonne santé et la septième n’eut qu’une moitié d’être humain avec la moitié d’une tête, un seul œil, une seule oreille, une moitié de nez, une moitié de bouche, un seul bras, une seule jambe. Que Dieu nous protège ! Elle pleura longtemps sa malchance puis eut pitié de cette petite créature, l’enveloppa de ses bras et dit : «C’est ce que Dieu m’a donné, je dois l’accepter et en prendre soin.»
L’étrange petit être grandit avec ses six frères qui se moquaient de lui et l’appelaient Demi-poussin. Un jour, ils dirent à leur père :
— Nous voulons voyager pour nous instruire.
Il accepta leur idée et acheta à chacun un cheval.
Chacune des six mères prépara des provisions pour son fils. A son tour, Demi-poussin dit à sa mère :
— Moi aussi, je veux partir avec eux.
— Non ! tu ne peux pas ! reste avec moi, lui dit-elle.
Il s’entêta :
— Impossible ! je dois partir !
Elle pleura, le supplia puis se résigna et lui demanda :
— Qu’est ce que tu vas monter ?
Il lui répondit :
— Je vais prendre le bélier de mon grand-père.
Il alla le chercher, monta dessus en s’agrippant aux cornes et partit rejoindre ses frères.
Il les trouva sous un grand palmier, affamés, mais ne pouvant grimper pour cueillir les dattes. Dès qu’ils le virent, ils s’exclamèrent :
— Ah ! le voilà ! l’un de nous va monter sur son cheval et te porter sur ses épaules jusqu’à ce que tu atteignes le cœur du palmier et que tu puisses nous cueillir quelques dattes.
Il accepta et, une fois en haut, cueillit les meilleures dattes, les mangea et, les moins mûres, il les jeta à ses frères. Ces derniers, écœurés et furieux, décidèrent de partir et de le laisser coincé au faîte du palmier. Se retrouvant seul, Demi-poussin se dit : «Je vais cracher, et si mon crachat tombe sur le dos du bélier de grand-père, cela veut dire que je peux sauter du haut de l’arbre sans risque, si mon crachat tombe à côté, je me casserai le cou.» Il cracha et ce fut pile sur le dos du bélier, il se laissa donc tomber et se retrouva assis convenablement. Il s’accrocha à ses cornes et le fit courir.
Il rejoignit très vite ses frères qui étaient épuisés et assoiffés près d’un puits. Ils lui dirent :
— Demi-poussin, viens, nous allons t’attacher avec cette corde et te descendre au fond du puits où tu iras nous chercher de l’eau.
Il leur dit :
— Oui, à condition que vous donniez le premier seau à mon bélier.
Ils acceptèrent, le firent descendre, il remplit le premier seau, ses frères le retirèrent et, comme convenu, le donnèrent au bélier qui le but en entier. lIs renvoyèrent le seau vide à Demi-poussin qui le remplit à nouveau, but, se lava puis urina dedans, et leur fit signe de le retirer. Ils le remontèrent et sentirent une odeur d’urine, ils se mirent en colère, coupèrent la corde qui tenait Demi-poussin, enfourchèrent leurs chevaux et s’enfuirent.
Resté au fond du puits, Demi-poussin réfléchit un moment puis dit :
— O cornes du bélier de grand-père soyez plus longues, ô puits sois moins profond ! (à suivre…)
Bochra Ben Hassen et Thierry Charnay
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1 janvier 2010 à 18 06 48 01481
Au coin de la cheminée
Demi-poussin (2e partie et fin)
Résumé de la 1re partie n Demi-poussin est un demi-être, mais qui veut suivre ses 6 frères normaux dans leur voyage et, à chaque fois qu’ils ont besoin de lui, feignant de les aider, il les roule…
A la troisième fois, le puits commença à devenir moins profond et les cornes du bélier s’allongèrent au point qu’il put les attraper, s’y accrocher et sauter sur le dos du bélier. Il dit alors :
— Ô puits redeviens plus profond, ô cornes du bélier de mon grand-père redevenez courtes.
A la troisième fois, le puits redevint comme il était et les cornes du bélier aussi.
Demi-poussin se remit à courir et rejoignit ses frères qu’il trouva installés dans une très grande maison autour d’une très grande table sur laquelle étaient disposés les sept biens (expression signifiant qu’on ne manque de rien). Les six frères n’arrêtaient pas de s’empiffrer et Messaouda, la fille de l’ogresse, allait et venait entre la cuisine et la table pour les servir. Dans un coin, l’ogresse disait :
— Cette nuit sera la vôtre ! Tombe la nuit et je vous mangerai !
Et s’adressant à Demi-poussin :
— Et toi, Demi-poussin, que veux-tu manger ?
— Moi, je veux seulement que tu me fasses griller des fèves.
Elle les lui prépara, il les mit dans sa poche et se coucha. Tous ses frères s’endormirent d’un coup. L’ogresse se leva et s’approcha de l’aîné. Demi-poussin l’entendit, sortit quelques fèves de sa poche et commença à les croquer. Elle demanda :
— Qui est en train de grignoter ? Est-ce ma fille Messaouda ou Demi-poussin ?
Il lui répondit :
— C’est moi, Demi-poussin.
Elle retourna alors à sa place, se recoucha, attendit un peu, puis se releva. Il l’entendit et se remit à croquer ses fèves. Cela dura toute la nuit. Le matin, l’ogresse furieuse, demanda aux garçons d’aller chercher de l’eau à la mer. Elle donna à chacun d’eux un couscoussier, menaça de les manger s’ils revenaient les mains vides, et s’en alla chasser. Les six garçons partirent, s’acharnèrent à remplir leurs couscoussiers mais, comprenant enfin qu’ils n’y arriveraient pas, retournèrent à la maison et se cachèrent. L’ogresse rentra, commença à les chercher, les trouva l’un après l’autre et les mangea tous.
Demi-poussin, lui, se cacha dans une chambre ayant une porte en fer que l’ogresse poussa de toutes ses forces sans réussir à l’ouvrir. Tout en la narguant, il lui dit :
— Va chercher ta fille et tes amis les ogres, allumez un grand feu devant la porte jusqu’à ce qu’elle devienne tout embrasée. A ce moment-là, éloignez-vous de quelques pas, tournez le dos à la porte, puis courez de toutes vos forces et poussez-la : elle s’ouvrira.
Les ogres formèrent une rangée, se lancèrent de toutes leurs forces contre la porte, alors ils s’y collèrent et furent entièrement brûlés. Demi-poussin laissa passer un moment puis ouvrit la porte et, retrouvant son bélier, monta sur son dos et rentra chez ses parents.
Sa mère l’accueillit avec une immense joie. Les six autres femmes de son père vinrent aux nouvelles et, apprenant le triste sort de leurs enfants, se mirent à se lamenter et à pleurer.
Demi-poussin emmena sa mère et partit vivre dans la maison de l’ogresse et jouir de tous ses biens, et notre conte traversa la forêt et l’année prochaine nous aurons deux et une récolte.
Bochra Ben Hassen et Thierry Charnay
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1 janvier 2010 à 18 06 57 01571
Au coin de la cheminée
La fille du paon (1re partie)
Il était ce qu’il en était.
— Que la paix et l’abondance soient sur toi !
— Notre chambre est en soie, votre chambre est en lin et la chambre de l’ennemi est un nid de souris.
Messieurs et nobles Seigneurs, que nous soyons guidés, que vous soyez guidés sur la voie du bien et de la foi.
Il y avait une femme stérile qui désirait plus que tout au monde avoir un enfant, fille ou garçon. Un jour parmi les jours, alors qu’elle était assise dans la cour, elle entendit un homme crier :
— Voilà des pommes de grossesse ! Voilà les pommes de grossesse ! Voilà les pommes de grossesse !
Elle sortit et lui demanda :
— Hé ! mon frère! A combien tu les vends ? Donne m’en deux !
Il lui tendit deux pommes :
— C’est garanti, t’en manges maintenant, t’es enceinte l’instant d’après !
Elle lui répéta sa question :
— Combien ça coûte ?
— Ce que Dieu apporte : blé, orge, n’importe quoi est toujours bienvenu.
Elle rentra, remplit un tamis de blé et le lui apporta, puis mangea une pomme et posa l’autre sur une table.
Son mari mangea la deuxième pomme, le soir à son retour.
La femme fut enceinte et l’homme eut la jambe qui enflait de jour en jour. La femme eut des douleurs et accoucha d’un garçon. Le lendemain, lui aussi eut des douleurs à la jambe : où aller ? où se cacher ? Il se dirigea vers le jardin de M’hammed le fils du sultan et, s’assit au bord d’un bassin. Les douleurs augmentèrent, son mollet se fendit et il en sortit une petite fille qu’il abandonna sur le bord du bassin puis il partit sans se retourner. Un paon, ayant élu domicile au cœur d’un haut palmier, vint la prendre et la déposer dans son nid. Il la fit manger et s’en occupa jusqu’à ce qu’elle devint une jeune fille d’une extraordinaire beauté.
Un jour, M’hammed le fils du sultan vint au bord du bassin et voulut faire boire son cheval mais celui-ci recula, effrayé. Le prince appela alors son valet et lui dit de voir ce qu’il y avait dans le bassin car le cheval avait refusé d’y boire. Le valet trouva un cheveu étrange dans le fond, un cheveu moitié émeraude, moitié diamant. Le prince s’en empara, alla voir la Vieille des vieilles et lui dit :
— Ou tu m’amènes celle à qui apparient ce cheveu ou je décore les remparts avec ta tête !
— Où as-tu trouvé ce cheveu ?
— Dans le bassin à côté du grand palmier.
Elle se rendit sous le palmier, alluma un feu, mit son plat à l’envers et jeta de l’orge par poignées dans le feu. La fumée monta et une voix s’écria :
— Mère, mes yeux sont aveuglés, retourne le plat et mets-y les céréales à griller !
— Je suis vieille et mes yeux me font mal, descends et viens m’aider à mettre mon plat à l’endroit.
Elle descendit et M’hammed le fils du sultan, qui guetta, l’enveloppa de ses bras, la fit monter derrière lui sur son cheval et rentra chez lui. Il ne la montra pas à ses deux femmes mais l’installa dans une pièce magnifique qu’il ferma à clé puis leur dit :
— J’ai un hôte qui ne veut voir personne, préparez-lui à manger et déposez le tout sur le seuil de la porte, je le servirai moi-même. Elles obéirent sans discuter.
Le temps passa, approcha le moment du pèlerinage, M’hammed le fils du sultan se prépara et dit à ses femmes :
— Continuez à vous occuper comme d’habitude de mon invité et n’essayez surtout pas d’ouvrir la porte de sa chambre. Elles respectèrent ses ordres jusqu’au jour où débarqua chez elles la Vieille des vieilles qui leur dit :
— Peut-être que le prince a pris une autre femme qu’il cache dans cette chambre ! Elles forcèrent la porte et découvrirent la jeune femme à la beauté extraordinaire, aux cheveux d’or et de diamant. Elles en furent très jalouses, lui arrachèrent ses beaux cheveux et commencèrent à la piquer avec des aiguilles et des épingles jusqu’à ce qu’elle n’en pût plus de douleur et qu’elle s’envolât vers le palmier où elle avait été élevée. (à suivre…)
Bochra Ben Hassen et Thierry Charnay
Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup
1 janvier 2010 à 19 07 13 01131
Au coin de la cheminée
La sœur des sept garçons (1re partie)
Il était ce qu’il en était.
— Que la paix et l’abondance soient sur toi !
— Notre chambre est en soie, votre chambre est en lin et la chambre de l’ennemi est un nid de souris. Messieurs et nobles Seigneurs, que nous soyons guidés, que vous soyez guidés sur la voie du bien et de la foi.
Une jeune fille avait sept frères et vivait enfermée dans un château. Un jour parmi les jours, passa M’hammed le fils du sultan qui la vit à son balcon : elle était très belle.
Il alla voir la Vieille des veilles et lui dit :
— Amène-la moi !
Elle lui répliqua :
— Mon fils, elle est sœur de sept garçons, ils me tueront, me couperont en mille morceaux !
Il insista, elle finit par se résigner et partit frapper à la porte de la jeune fille qui lui répondit :
— Je n’ouvre pas, mes frères m’enferment et je n’ai personne qui me rende visite.
La Vieille des veilles la pressa :
— Mon enfant, je suis ta tante et ma fille se marie ce soir, viens la voir et je te ramènerai chez toi avant le retour de tes frères.
La jeune fille lui ouvrit. Dans un coin, elle avait de la chaux, elle en remplit un seau et, tout au long du chemin, sans que la vieille s’en rendît compte, elle en versa.
Elles arrivèrent chez le prince, la vieille la fit entrer et dit à M’hammed :
— Je t’ai ramené ce que tu m’as demandé, bonne nuit.
La jeune fille demanda :
— Où est la fête ? Où est ma cousine, la mariée ? La Vieille des vieilles m’a trompée !
Il lui dit :
— La veille, c’est moi qui lui ai demandé de t’emmener ici, reste avec moi, puis demain matin nous signerons notre contrat de mariage et nous ferons une grande fête.
Elle lui dit :
— D’accord, mais auparavant, je voudrais me laver les pieds, où puis je le faire ?
Il lui indiqua un puits et un seau mais lui attacha une ficelle à la cheville. Elle sortit, trouva un pigeon, libéra sa cheville, attacha le pigeon, le mit dans le seau et s’enfuit du château. Elle suivit les traces de chaux sur la route, rentra chez elle et ferma la porte. Le prince attendit un moment puis tira sur la ficelle et reçut le pigeon qui battit un peu des ailes avant de tomber raide mort.
Le lendemain, il ne quitta pas son lit et demanda qu’on lançât un appel dans la ville :
— Voici une devinette : le pigeon à l’agonie m’a laissé surpris. A celui qui la trouvera, je donnerai la moitié de mon royaume et j’épouserai sa sœur. (à suivre…)
Bochra Ben Hassen et Thierry Charnay
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1 janvier 2010 à 19 07 23 01231
Au coin de la cheminée
La sœur des sept garçons (2e partie et fin)
Résumé de la 1re partie n La jeune fille aux sept frères, enlevée par M’hammed le fils du sultan, réussit à s’échapper. Alors ce dernier promet de partager sa fortune avec celui qui répondra à sa devinette et d’épouser la sœur du gagnant…
Tous les jours, un crieur public parcourait la ville et lançait l’appel. Un matin, la jeune fille l’entendit, ses six frères étant partis à la chasse, il ne restait plus avec elle que le benjamin qu’elle adorait. Il voulut partir au Kouteb (école coranique), mais elle le retint auprès d’elle et lui dit :
— C’est toi qui résoudras la devinette du prince, on appellera tes six frères mais ils ne sauront pas répondre et, toi, tu diras au prince, quand il te posera la question : Par Dieu, M’hammed fils du sultan, tu veux prendre par le vol et noircir sept turbans d’une même maison !
On interrogea les six frères qui ne surent pas répondre, on fit de même avec le petit et le prince lui dit :
— Toi, si tu trouves la solution, tu gouverneras un jour sur deux et j’épouserai ta sœur.
On appela les notaires, le contrat fut signé et le prince donna au jeune garçon la moitié de son royaume. On demanda :
— C’est pour quand le mariage ?
— La semaine prochaine.
La jeune fille alla trouver son jeune frère et lui dit :
— Va voir le confiseur, demande-lui de me faire une poupée en sucre avec une tête articulée.
La nuit de noces, elle habilla la poupée, l’installa sur le sofa au milieu de la pièce et alla se cacher derrière les rideaux du lit à baldaquin.
— Pourquoi m’as-tu fait ça, Fatma ? dit le prince en entrant et en s’adressant à la poupée. De derrière les rideaux, la jeune fille tirait sur une ficelle nouée autour du cou de la poupée et celle-ci faisait un signe négatif à tout ce que lui demandait le prince. A la fin, il se mit en colère, tira son épée et trancha le cou de la poupée. Un morceau de sucre vola et tomba dans la bouche du prince, il en fut étonné et s’écria :
— Vivante tu es sucrée, morte tu l’es aussi, que l’épée qui t’a tranché le cou, tranche le mien aussi !
Elle s’écria :
— Suspends ton geste, je suis là !
Il la rejoignit, la salua et s’installa auprès d’elle.
Le lendemain, ils découpèrent la poupée en morceaux, en distribuèrent aux voisins et sept jours et sept nuits ils firent la fête et notre conte traversa la forêt, cette année fut mauvaise, mais la prochaine nous aurons deux et une récolte.
Bochra Ben Hassen et Thierry Charnay
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1 janvier 2010 à 19 07 30 01301
Au coin de la cheminée
La doucette qui fit perdre les sept
Il était ce qu’il en était.
— Que la paix et l’abondance soient sur toi !
— Notre chambre est en soie, votre chambre est en lin et la chambre de l’ennemi est un nid de souris.
Messieurs et nobles Seigneurs, que nos soyons guidés, que vous soyez guidés sur la voie du bien et de la foi.
Il était une femme qui avait sept garçons et n’avait pas de fille. Lorsqu’elle fut enceinte, ses fils lui dirent :
— Si tu ne nous donnes pas une fille, nous quitterons la ville.
Quand les premières douleurs commencèrent, avant de s’éloigner, les garçons lui dirent :
— Si tu accouches d’une fille, fais-nous signe avec un tissu rouge, si tu accouches d’un garçon, fais-nous signe avec une faucille.
Elle accoucha d’une fille, mais sa belle-sœur qui la détestait et en était jalouse, s’empressa de faire signe avec une faucille. Dès que les sept garçons virent la faucille, ils s’enfuirent et quittèrent la ville. Leur mère en fut malheureuse et ne cessa de les pleurer jusqu’à ce que la petite fille grandît. Mais tous ceux qui la voyaient lui disaient :
— O toi la Doucette qui fit perdre les sept ! Un jour, la Doucette rentra et demanda à sa mère de lui préparer une marmite de soupe. Elle la prépara et la lui apporta, alors la fille lui dit :
— Ou tu m’expliques tout de suite ce que signifie ô toi la Doucette qui fit perdre les sept, ou je me verse cette marmite de soupe sur la tête !
Effrayée, la mère la supplia de n’en rien faire et lui dit :
— Tu avais sept frères et quand j’étais enceinte de toi, ils m’avaient assuré que si j’accouchais d’un autre garçon, ils quitteraient la ville. Nous avons alors convenu que si c’était une fille, je leur ferais signe avec un tissu rouge, et que si c’était un garçon, je leur ferais signe avec une faucille. Or, ta tante, venue m’aider à accoucher, s’est précipitée et leur a fait signe avec la faucille. Voilà ma fille pourquoi tes frères ont quitté la ville et voilà pourquoi on te dit toujours : O toi la Doucette qui fit perdre les sept !
La jeune fille lui répondit :
— Par Dieu, je vais quitter la ville et partir à leur recherche et je ne m’arrêterai pas avant de les avoir trouvés !
La mère se mit à pleurer, remplit de ses larmes des coquilles d’escargots qu’elle attacha en collier et noua autour du cou de sa fille, puis lui recommanda de le garder sur elle et de ne pas le perdre. Ensuite, se tournant vers un domestique noir, elle lui dit :
— Fais-la monter à cheval, tu tiendras les rênes et marcheras toujours devant, ta femme suivra derrière, mais gardez-vous bien de la faire descendre de cheval ni de la faire marcher même un seul pas jusqu’à ce qu’elle trouve ses frères.
Ils préparèrent des vivres et se mirent en route.
Après une certaine distance, le noir s’adressa à sa maîtresse :
— Descends et laisse monter ta maîtresse.
Il eut à peine le temps d’achever ses propos que les coquilles d’escargots lui répondirent :
— Gare à toi si tu fais descendre ta maîtresse de cheval !
Il eut peur et poursuivit sa marche en silence. Quelque temps après, la jeune fille eut soif et voulut descendre boire à une source sur le chemin, le noir la fit descendre. Elle se baissa pour boire et le collier tomba. Elle ne s’en aperçut pas, remonta à cheval et repartit. Après un bout de chemin le noir dit :
— Allez, descends, laisse ta maîtresse monter, elle est fatiguée. (à suivre…)
Bochra Ben Hassen et Thierry Charnay
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1 janvier 2010 à 19 07 31 01311
Histoires vraies
Tapisserie en danger (3e partie et fin)
Résumé de la 2e partie n Lambert Leforestier, à qui on demande encore la tapisserie de la reine Mathilde pour décorer un char mythologique à l’occasion de la fête de la liberté, refuse, cette fois, de la livrer…
«Il faut commencer par le haut !», dit quelqu’un, avec une certaine logique. C’est alors qu’on s’avise qu’en haut de la cathédrale, justement, on voit encore une croix, ignoble symbole d’un culte abhorré. Un Breton s’offre pour grimper jusque-là et arracher cette croix honnie. Il la remplace par un bonnet phrygien du plus beau rouge. En bas, la foule applaudit. Mais il ne semble pas que le Breton, surnommé «Barbare», ait la même facilité pour atteindre les sommets des flèches du portail. Pourtant il monte, une fois en haut, il installe quelques planches en forme d’échafaudage entre les deux flèches. Puis il s’attache à une corde, qu’il fixe à l’une des flèches, et s’élance sur le pont de planches qui plie, se balance et gémit. Soudain, la pointe de la flèche où il a fixé sa corde se brise. «Barbare» tombe dans le vide, mais il a le réflexe de ne pas lâcher la corde ; il se balance bientôt comme un pantin. Enfin, il parvient à glisser le long de la corde.
«Débrouillez-vous comme vous voulez. Je n’en suis plus…»
La foule est déçue. Qui va se risquer là-haut ? «Il faut démolir toute la baraque !»
Lambert Le Forestier s’est joint à la foule, et il réfléchit à ce qu’il peut faire pour sauver la cathédrale. «Avant tout, il faut gagner du temps.»
Alors Le Forestier, qui connaît l’administration annonce qu’il va rédiger, avant le moindre coup de pioche, un cahier des charges qui sera le prélude à l’adjudication définitive du chantier. Il a son idée.
«L’adjudicataire devra s’engager à raser la cathédrale dans un délai maximum de deux mois, faute de quoi…»
Les candidats à la démolition font la grimace : deux mois pour raser une telle masse de pierre, gothique ou non… Bigre !
Certains ont des doutes : «Le Forestier a une idée derrière la tête. Voudrait-il empêcher la destruction de cette foutue cathédrale qu’il ne s’y prendrait pas autrement. C’est plus que louche.»
Le Forestier est poussé dans ses retranchements. Mais il a de l’esprit, et aussi des ressources personnelles : «Citoyens, je prends entièrement à ma charge tous les frais de la démolition de la cathédrale !» La nouvelle fait grand bruit…
«Bravo, Le Forestier, mais pour prouver la pureté de tes intentions, tu dois t’engager et, sans plus attendre, commencer la démolition de cette construction détestable.
- Je vais le faire immédiatement. Mais permettez-moi de choisir moi-même mes ouvriers. J’en connais qui seront particulièrement efficaces.»
En fait, Le Forestier choisit des ouvriers dont la renommée est d’être assez peu vifs. Les voici qui montent un petit échafaudage. Ils choisissent une pierre, la mesurent, l’examinent, la descellent, la font descendre jusqu’à la terre recouverte de gazon. Ils prennent vraiment leur temps… Ils font tant et si bien qu’on arrive à l’an III, à la fin de la Terreur, et à une nouvelle loi qui interdit aux communes de disposer librement des anciens bâtiments du culte.
Le plus étonnant de l’histoire est que les Chouans, informés de l’existence et des initiatives de Lambert Le Forestier, n’ont rien de plus pressé que de… le condamner à mort ! Il parviendra à échapper à leurs recherches et mourra très âgé, à Bayeux même, tout à fait oublié de ses concitoyens, les Bajocasses, totalement inconscients de ce qu’ils lui doivent.
D’après Pierre Bellemare
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