Mahmoud Darwich
La voix de la Palestine s’est éteinte
Disparition : Le grand poète palestinien Mahmoud Darwich est décédé, hier, à l’âge de 67 ans, dans un hôpital du Texas (sud des Etats-Unis).
«M. Darwich, qui souffrait de maladie cardiaque, est décédé à 13h 35 locales (18h 35 GMT)», a indiqué sans autre précision à l’AFP Ann Brimberry, porte-parole du Memorial Hermann-Texas Medical Center à Houston où il était traité.
Selon des proches du célèbre poète palestinien, ce dernier avait subi une opération à cœur ouvert mercredi dans ce même hôpital et se trouvait sous assistance respiratoire suite à des complications.
Le poète avait déjà subi deux opérations du cœur en 1984 et 1998. Après sa seconde opération, il avait écrit un poème intitulé : Mort, je t’ai vaincue. À Amman, l’ambassadeur palestinien a indiqué à l’AFP que le président palestinien Mahmoud Abbas allait envoyer un avion aux Etats-Unis pour rapatrier la dépouille du poète.
Un avion présidentiel s’est envolé pour Houston pour ramener la dépouille de feu Darwich à Amman. Le corps serait ensuite acheminé à Ramallah, en Cisjordanie.
Dans le même temps, et selon des sources diplomatiques des responsables palestiniens, sur ordre de M. Abbas, vont demander aux autorités israéliennes que le défunt puisse être enterré dans sa Galilée natale. Considéré comme l’un des plus grands poètes arabes de sa génération, Mahmoud Darwich est né en 1941 à Al-Birweh, en Galilée, alors en Palestine sous mandat britannique et aujourd’hui dans l’Etat d’Israël.
Lors de la guerre israélo-arabe de 1948, ce village a été rasé et ses habitants forcés à l’exil. La famille Darwich s’enfuit au Liban, où elle restera un an, avant de rentrer clandestinement en Israël avec un statut précaire. Au début des années 1970, il choisit l’exil. Il part pour Moscou étudier l’économie politique puis pour Le Caire en 1971.
A Beyrouth, en 1973, il travaille comme rédacteur en chef au Centre de recherche palestinien de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), rejoignant l’organisation alors en guerre avec Israël.
Après la guerre israélienne au Liban durant l’été 1982, qui a forcé la direction de l’OLP à trouver refuge à Tunis, Darwich reprend la route de l’exil : Le Caire, Tunis puis Paris. En 1993, il démissionne de l’OLP pour protester contre les accords d’Oslo, estimant qu’ils n’apporteront pas une «paix juste» pour les Palestiniens. En 1995, après l’avènement de l’Autorité palestinienne, il rentre sur sa terre : la bande de Gaza puis Ramallah. En mai 1996, il est autorisé à fouler le sol d’Israël pour la première fois depuis son exil afin d’assister aux funérailles de l’écrivain arabe israélien Emile Habibi. Au festival des musiques du monde à Arles (sud-est de la France) en juillet dernier, il confiait préférer les thèmes universels de l’amour, la vie, la mort à ceux purement politiques de ses débuts et vouloir être lu «comme un poète», «pas comme une cause».
l Mahmoud Darwich était l’un des plus grands poètes de langue arabe contemporains, avec une œuvre au grand lyrisme marquée par les drames de l’exil et de l’occupation vécus par le peuple palestinien. Il avait acquis une notoriété internationale, avec près de trente ouvrages traduits en quarante langues. Lauréat du prix Lénine de l’ex-URSS, chevalier des Arts et des Lettres (France), il avait reçu à La Haye le prestigieux prix Prince-Claus pour «son œuvre impressionnante». Son célèbre poème de 1964, Identité, sur le thème d’un formulaire israélien obligatoire à remplir, deviendra un hymne repris dans tout le monde arabe. En 1960, à l’âge de 19 ans, il publie son premier recueil de poésie Oiseaux sans ailes. Depuis, il a enchaîné d’autres poèmes. Il avait alors acquis une notoriété internationale, avec près de trente ouvrages traduits en quarante langues.
R. C. / AFP
29 décembre 2009
EPHEMERIDES