Au coin de la cheminée
Grain de grenade (2e partie)
Résumé de la 1re partie : Après bien des années, l’ogresse rappelle à la femme sa promesse, cette dernière lui remet donc sa fille…
L’ogresse avait sept chambres, elle lui en fit visiter six et lui en donna les clés puis, lui confiant une septième clé, lui interdit d’ouvrir la septième chambre. Pendant longtemps, l’ogresse s’occupa elle-même de la jeune fille, elle la gâta, la dorlota comme si elle était sa propre enfant et quand elle put enfin compter sur elle, elle lui confia la maison et partit chasser avec son chien. Quand elle rentrait le soir, elle trouvait la maison propre et bien rangée et le dîner prêt, elle remerciait la fille et la câlinait en la prenant sur ses genoux.
Un jour parmi les jours, l’ogresse partit chasser avec son chien comme d’habitude. La jeune fille se dit : «Pourquoi m’interdit-elle d’ouvrir la septième chambre ? Par Dieu je vais l’ouvrir et je découvrirai ce qu’elle cache.» Elle l’ouvrit et vit un homme ligoté, sale, maigre, la barbe jusqu’aux dents et, tout près de lui, un cheval ligoté aussi, et lourdement chargé de sacs de sel. La jeune fille eut peur, se recula et dit :
— Humain ou djinn ?
— Humain de la meilleure race, je suis M’hammed, le fils du suItan.
— Que fais-tu ici ? Qu’est-ce qui t’a amené jusqu’ici ?
— Et toi alors ?
Elle lui conta son histoire et il lui apprit que l’ogresse l’avait attrapé, ligoté et emprisonné dans cette chambre. Elle le lava, le rasa et lui donna à manger puis elle déchargea les sacs de sel, apporta du foin et de l’eau au cheval. Le prince lui dit :
— Nous devons nous échapper d’ici, l’ogresse t’aime, profites-en ! Un jour, fais semblant d’être malade et elle n’ira pas chasser. Si elle te propose d’appeler un médecin, dis-lui que tu n’es pas malade mais que tu veux, tout simplement, le collier de sa défunte fille. Si elle t’aime vraiment, elle te le donnera.
Elle referma la porte, ne fit ni le ménage ni le dîner et se coucha. L’ogresse rentra la nuit et fut surprise de ce qui se passait. Elle alla voir la jeune fille, lui demanda ce qu’elle avait, puis proposa d’aller chercher un médecin. La jeune fille refusa et lui dit qu’elle voulait le collier de sa défunte fille. L’ogresse sourit et lui dit :
— C’est ça qui te rend malade, je te l’apporte tout de suite !
Elle disparut un instant et revint avec un collier qu’elle lui mit autour du cou. La jeune fille sauta tout de suite hors du lit et la rassura :
— Demain, tu peux partir chasser, je m’occuperai de tout, tu peux compter sur moi.
Le lendemain, quand l’ogresse fut partie, elle alla ouvrir la septième chambre, donna à manger au prince et à son cheval et lui apprit qu’elle était en possession du collier. Il lui dit alors de courir se préparer pour partir au plus vite. Elle prit des sacs, les remplit d’or, d’argent et de bijoux, le prince la fit monter derrière lui sur son cheval ; mi-humain mi-djinn et ils s’envolèrent laissant les sept chambres ouvertes et la porte de la maison aussi.
Quelque temps après, ils entendirent un bruit de pas résonner derrière eux, M’hammed le fils du sultan s’écria :
— Grain de grenade, regarde derrière toi !
Elle regarda derrière elle, vit l’ogresse qui les poursuivait avec son chien et dit : «O M’hammed, fils du sultan, l’ogresse se rapproche ! (à suivre…)
Bochra Ben Hassen et Thierry Charnay
29 décembre 2009
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