Colloque international sur Mohamed Bencheneb : Un pionnier du dialogue des cultures
Les participants au colloque international sur Mohamed Bencheneb ont rendu un vibrant hommage à
l’érudit, l’un des premiers universitaires formés sous la colonisation. Le recteur de l’université des Lettres d’Alger dans sa lecture des recommandations à la clôture des travaux, a informé l’assistance de l’introduction prochaine des œuvres littéraires de Mohamed Bencheneb dans les programmes de l’éducation nationale.
Le nom de notre académicien et chercheur sera, également, porté sur le fronton de l’une des facultés d’Alger, d’après le recteur, qui a souligné également que des efforts seront entrepris au niveau des instances internationales, pour sa reconnaissance et sa consécration comme l’un des pionniers du dialogue entre les cultures.
Mohamed Bencheneb est en effet le promoteur des études sur la culture populaire dans sa diversité, traduite par ses soins en plusieurs langues, offrant ainsi l’opportunité au monde de prendre connaissance de la richesse et de la variété des productions du terroir littéraire algérien. C’est à partir de sa qualité d’enseignant-chercheur à la première faculté d’Alger, dont on célèbre, aujourd’hui, le centenaire (1909-2009), que M. Bencheneb entreprit ses activités de recherches sur les dialectes et les langues locales, s’appuyant en cela, sur les nouvelles méthodes d’approches analytiques et descriptives introduites par les orientalistes européens. Ces derniers furent d’un apport capital pour notre jeune étudiant à l’image du recteur de la faculté d’Alger de l’époque, M. René Basset, auquel Mohamed Bencheneb n’a pas manqué de rendre un grand hommage à l’occasion de ses funérailles en 1924.
Baigné dans une atmosphère intellectuelle inédite, Mohamed Bencheneb a, en effet, bénéficié des méthodes et de la rigueur scientifique de la fin du 19e et du début du 20e siècle, marqué par l’explosion scientifique et philosophique.
Animé par cette quête du savoir, il entreprit alors l’une des tâches difficiles d’investigation : celle de faire ressortir au monde, à travers les langues vivantes, notamment le français, ce terroir riche mais enfoui sous les décombres d’une culture qui perdit, peu à peu, sous la stagnation, son pouvoir de l’écrit.
De son vivant, Mohamed Bencheneb regrettait le manque de manuscrits, au-de là du 17e siècle, le peu qu’il en pouvait acquérir dans ses longues quêtes faites de déplacements et de voyages à travers tout le Maghreb, est aussitôt codifié et analysé selon les nouvelles méthodes de lexicographie et de la lexicologie. C’est en ce sens que les lexiques de Mohamed Bencheneb, ceux des “proverbes usités en Afrique du Nord” par exemple, ou le lexique “des mots et expressions turques et persannes dans les dialectes algériens” (par lequel il obtint son doctorat en 1921) entre autres, sont d’une importance académique reconnue. “Cet académicien de renom, dira l’un des intervenants au colloque, a remué dans l’un de ses travaux toute l’histoire humaine de l’Algérie du Maghreb, en publiant entre autres sa critique d’une chronique de l’époque mérinide!”.
Il fut pour ainsi dire, l’initiateur des lettres comparées, à travers ses recherches et traductions multiples, propulsant ainsi des facettes entières du patrimoine oral et écrit au devant de l’universalité culturelle, et, partant, la consécration de l’homme comme pionnier, parmi tant d’autres intellectuels, du dialogue entre les cultures.
A. M.
28 décembre 2009
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