Histoires vraies
Tombeau pour un Empereur (2e partie)
Résumé de la 1re partie : Napoléon Le Grand avait émis le vœu d’être enterré sur les bords de la Seine. Ses ministres en ont décidé autrement, c’est ainsi qu’il gît aux Invalides près du roi Philippe….
Quelques mois plus tard, une chapelle ardente provisoire est aménagée, et les Parisiens sont admis à rendre hommage à l’empereur. Mais il reste encore de longues années à patienter pour celui-ci. Son attente parisienne va dépasser celle de Sainte-Hélène. Cette fois-ci, cependant, les raisons sont plus nobles, et d’ordre technique.
Dès 1842, on ouvre un concours auprès des architectes pour qu’ils déposent des projets au ministère de Intérieur. Une commission de douze personnes sera chargée de les juger. Parmi les personnalités remarquables auxquelles cette responsabilité est échue, on peut noter les noms de Dominique Ingres ou du sculpteur David d’Angers. C’est Théophile Gautier qui en assure le secrétariat.
Au bout du délai imparti, onze projets seulement sont présentés. On les expose au public dans les locaux de l’Ecole des beaux-arts. L’institut décerne sa médaille d’or à un architecte d’origine italienne, mais naturalisé français : Louis Visconti. Les Parisiens qui s’intéressent aux monuments de la capitale, savent qu’il est déjà l’auteur de la fontaine de la place Saint-Sulpice, de la fontaine Gaillon et de celle de la place Louvois. Pourtant, la commission demande à Visconti, tout heureux d’apporter quelques modifications à son projet. Ce qu’il accepte volontiers. On sait donc où le monument sera érigé, et on sait qui en sera l’auteur. Reste à s’occuper des matériaux. Napoléon, qui avait envisagé cet aspect de la question, avait formulé le désir de reposer sous un monument de marbre de France, ou de Corse si cela était possible. Aussitôt, des courriers partent à destination de quarante préfets, tous ceux dont les départements recèlent des richesses marbrières. Mais Visconti, en digne admirateur des beautés romaines et impériales, veut que le tombeau soit constitué de porphyre, dont la couleur rouge rappelle la pourpre impériale. C’est évident. Encore faut-il trouver du porphyre en quantité et pouvoir extraire des éléments suffisamment grands pour réaliser le tombeau.
Les Alpes, les Pyrénées, les Vosges, les Ardennes peuvent fournir du marbre, mais du porphyre, point. On trouve, dans les Vosges et en Corse, assez de marbre pour construire… quelques marches d’escalier !
«Cherchons plus loin. Voyons du côté de l’Italie. Et même de la Norvège ou de la Suède.»
Rien d’intéressant non plus de ce côté-là.
«Mais pourquoi ne pas s’adresser à la Russie ? C’est un pays immense dont les richesses en matériaux précieux sont considérables.»
Le gouvernement nomme un chargé de mission : «Envoyons là-bas M. Léouzon Le Duc, il est spécialiste de ces régions.
Il a voyagé en Russie, en Finlande, en Suède, au Danemark, et il a étudié les littératures de tous ces pays. Nous allons lui confier les échantillons que la Russie nous a fait parvenir.» (à suivre…)
D’après Pierre Bellemare
28 décembre 2009
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