«Le cimetière des poupées» et «Un homme accidentel»

Littérature/Nouveautés
«Le cimetière des poupées» et «Un homme accidentel»
Par Yacine Idjer

Lecture  Ces deux romans sont parus dans la collection Laurier, l’autre littérature. Une collection proposée par les éditions Sedia et qui est dédiée à la littérature étrangère, notamment française.

Le cimetière des poupées de Mazarine Pingeot, la fille de François Mitterrand, ancien président de la République française, est paru aux éditions Juliard en 2007. C’est un roman ayant pour trame un crime. Il raconte une mère qui a commis un infanticide. Derrière les barreaux d’une prison, elle tente néanmoins d’expliquer, dans une longue lettre adressée à son mari, comment elle est devenue la meurtrière de l’enfant qu’elle portait sans que personne s’en aperçoive. Un enfant qu’elle cachait, donc qu’elle refusait.
Mais de cette lettre, voire de ce monologue tumultueux et violent qui se présente en quelque sorte, comme une plaidoirie, puisque le sujet cherche, par des mots comme par des arguments, à expliquer son homicide, mais il se présente aussi comme un exutoire, l’on ne retient que l’acte criminel et abject.
L’on ne retient de ce pathétique monologue et défouloir que cette effroyable tragédie qui ne laisse pas le lecteur indifférent ; celui-ci dans ce fatras de mots et d’explications, le tout mêlé dans un sentiment d’amertume et de regrets, cherche à comprendre les motivations d’un tel crime : comment une mère peut-elle commettre un infanticide ?
Le cimetière des poupées, écrit avec des mots brusques, forts et parfois crus, interpelle, bouscule violemment le lecteur, mais en même temps il le rend, par moments, sensible à la condition de cette femme, inhumaine et bouleversante, en quête de vérité, la sienne, dans la solitude et le silence, sans toutefois, bien sûr, l’excuser ou justifier son égarement par quelques motifs qu’ils soient.
Le cimetière des poupées ne se lit pas, il s’écoute comme une confession.
Le second livre, de Philippe Besson, Un homme accidentel, est paru également aux éditions Juliard en 2007. Il trace le portrait – ou l’itinéraire – de deux hommes que tout oppose, hormis une incroyable attirance et une grande passion qui va les attirer – et les consumer.
C’est en fait l’histoire de deux hommes que tout sépare, mais qui se trouvent brutalement réunis par la mort d’un inconnu. Surgit aussitôt entre ces deux hommes, et sans qu’ils s’y attendent et sans qu’ils puissent s’y opposer, un sentiment violent. Un sentiment qui va les arracher à la solitude et au mensonge. Un sentiment qui, intime et singulier et surtout inattendu, voire insoupçonné, va les rapprocher.
L’intrigue se déroule à Los Angeles. Elle se joue à mi-chemin entre un polard et un road-movie.
C’est l’histoire d’un inspecteur de police de Los Angeles, marié et sans histoires, et d’un bel acteur, la nouvelle coqueluche d’Hollywood. Sans l’assassinat d’un jeune prostitué dans un des quartiers les plus riches de Los Angeles, ils ne se seraient jamais rencontrés…
Un homme accidentel, un roman troublant et en même temps émouvant, intense et parfois torride, raconte, comme une évidence, une passion entre deux hommes que rien ni personne ne destinait à s’aimer. C’est un récit sur l’inéluctable force d’aimer.

Y.I.