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A Staouéli, la misère côtoie l’opulence «J’habite un bidonville à Club-des-Pins»

27 décembre 2009

Non classé

A Staouéli, la misère côtoie l’opulence
«J’habite un bidonville à Club-des-Pins»
Par Makhlouf Mehenni

A Staouéli, la misère côtoie l’opulence «J’habite un bidonville à Club-des-Pins» 8squkp

Image : Staouéli maydourche fiha zaouali, (les démunis n’ont rien à faire à Staouéli), disaient les Algérois de la coquette ville de la côte ouest.

L’idée s’est faite au fil des années, à mesure que s’y installait tout le gratin de la capitale, faisant pousser de somptueuses résidences le long de la côte. Elle s’est, à jamais, ancrée dans l’esprit des gens après le choix de la ville pour implanter la fameuse résidence d’Etat de Club-des-pins qui abrite des centaines de cadres supérieurs (ministres, officiers, P-DG…). L’évocation du nom de Staouéli fait penser aujourd’hui à Club-des-pins, au Sheraton et aux plages où l’on ne peut pénétrer sans montrer patte blanche.
En avril dernier, spontanément, la population de la ville s’est révoltée pour crier sa détresse. Le vieil adage est définitivement démenti. Staouéli est peuplée, avant tout, de zaoualia. De petites gens simples. Une population de 35 000 habitants loin d’être épargnée par les maux qui rongent la société. Il aura suffi d’une distribution inéquitable de logements – excusez le pléonasme – pour que les frustrations accumulées au fil des décennies, remontent à la surface. Une grève générale des commerçants de la ville, ponctuée d’une grève de la faim d’une dizaine de pères de famille. Les citoyens en ont marre du chômage, de la mal vie et, surtout, de l’exiguïté. Le mouvement, encadré par le Comité des citoyens de Staouéli (CCS), a été largement suivi. Pendant une demi-journée, la petite localité s’est transformée en ville morte. Tous les quartiers y ont pris part. De la «Côte» aux Abattoirs, en passant par le centre-ville et la cité HLM. L’explication au paradoxe est simple. Parallèlement à l’émergence des résidences, des terrasses de restaurants et des hôtels de luxe, les bidonvilles se sont mis, eux aussi, à proliférer.
Du côté de la cité des Abattoirs, le contraste est frappant : des taudis de zinc et de tôle sont érigés contre le mur même de la résidence d’Etat. Avec philosophie, un habitant des lieux explique, en montrant du doigt le mur qui sépare les belles villas des gourbis repoussants : «La période du terrorisme a été injuste avec les gens. Certains, elle les a envoyés au paradis, d’autres en enfer.»
Des contingents entiers de populations fuyant les exactions de groupes armés ont, en effet, trouvé refuge au pied de Club-des-Pins dans les années 1990. Les bidonvilles ne sont cependant pas habités que par les seules populations déplacées. Ils sont nombreux, les authentiques enfants de Staouéli, à être contraints par l’exiguïté à y élire domicile. La réputation de la ville n’est pas pour arranger les choses, induisant une demande accrue sur le logement – émanant souvent de pontes aux bras longs – et faisant prendre des ailes au foncier qui s’échange pour pas moins de 120 000 DA. Toute la problématique est là…

M.M.

Le dossier du jour Edition du 21/7/2008

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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4 Réponses à “A Staouéli, la misère côtoie l’opulence «J’habite un bidonville à Club-des-Pins»”

  1. Artisans de l'ombre Dit :

    Un projet et des déceptions

    Lueur n L’immense projet de logements sociaux participatifs, lancé en 1995, a fait naître un fol espoir parmi tous les laissés-pour-compte de Staouéli.

    Trois cent cinquante logements, c’est, certes insuffisant et loin de pouvoir satisfaire toute la demande, mais les plus démunis ont cru dur comme fer que cette fois serait la bonne. Les plus optimistes étaient les habitants de la cité HLM, construite dans le feu de la guerre de Libération nationale et ceux du bidonville mitoyen, appelé communément les Abattoirs.
    Ceux qui, depuis et avant l’Indépendance également, habitent des masures et des bidonvilles sur la côte, à l’autre bout de la ville, ont, eux aussi, cru que leur heure était arrivée et qu’ils allaient enfin quitter l’exiguïté et l’insalubrité qui ont été leur lot des décennies durant.
    Mais la déception était au rendez-vous au mois d’avril 2008, soit 13 ans après le lancement du projet, et rares ceux qu’elle a épargnés. Mais avant cela, le chantier a connu de multiples péripéties. Les travaux ont été interrompus, dans un premier temps, pendant de longues années, probablement par manque de ressources financières, pour ne reprendre qu’au début des années 2000. Hamid Ferhi, coordinateur du CCS, rappelle un autre impondérable : la rareté du foncier et la forte spéculation qui l’entoure ont amené les autorités à «amputer» le terrain d’assiette d’une importante parcelle pour servir à la construction d’un ensemble de villas… il n’empêche que la cité a été réalisée contre vents et marées. Les travaux sont presque achevés. De magnifiques bâtisses trônent aujourd’hui à proximité de la résidence d’Etat et d’un immense bidonville.
    Vint ensuite la répartition qui amenuisera à petit feu les espoirs des habitants. Au final, seuls 150 logements ont échu à la population de Staouéli : un quota réservé à la wilaya déléguée, un autre pour des sinistrés de Belouizdad… L’espoir fait vivre, dit-on, les habitants attendaient que la liste des bénéficiaires du maigre quota soit divulguée.
    «La liste n’a jamais été rendue publique. Ce sont les convocations adressées à certains bénéficiaires qui nous a mis la puce à l’oreille», explique Hamid Ferhi. «Acheminées de nuit, en catimini». Le bouche-à-oreille produit rapidement son effet. C’est la panique. Echaudés par les expériences précédentes, les habitants prennent les choses en main. «Il fallait faire quelque chose avant qu’il ne soit trop tard. Nous avions trop patienté», affirme notre interlocuteur. Le mouvement est donc lancé spontanément. Curieusement, toute la population de Staouéli y prend part. Par solidarité, même ceux qui ne sont pas dans le besoin, les commerçants notamment, baissent rideau, faisant de la coquette ville côtière, l’espace d’une demi-journée, une ville morte. Les femmes aussi ne sont pas en reste. La population de Staouéli confirme que sa réputation de «frondeuse» n’est point usurpée. A l’issue d’un rassemblement organisé devant l’APC, les propositions fusent. La plus extrême sera retenue : la grève de la faim. Une dizaine de pères de famille, parmi les plus démunis se portent volontaires et passent à l’acte. La scène peut paraître invraisemblable pour qui ne connaît de Staouéli que les terrasses de restaurants et leurs succulentes brochettes, les plages de sable fin, les luxueuses villas de Club-des-Pins. Mais cette action extrême n’est que l’aboutissement logique de décennies de privations, de frustrations refoulées et d’espoir trahi, vous diront ceux qui ont arpenté les sentiers boueux des Abattoirs, senti les émanations des égouts à ciel ouvert de la Côte et courbé l’échine pour entrer dans les minuscules maisonnettes de la cité HLM…

    M. M.

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  2. Artisans de l'ombre Dit :

    Habiter dans une «marmite»

    Exiguïté n «J’habite dans une qadra ou kaskass (marmite et couscoussier», se plaint Noureddine, un quinquagénaire, rencontré à Staouéli un mois après la grève de la faim à laquelle il a pris part.

    La métaphore est peut-être exagérée, mais le terme est utilisé par tous les occupants de la cité HLM pour désigner leurs habitations, composées de deux pièces superposées. Un ensemble de 102 logements construit en 1958, dans le cadre du Plan de Constantine, initié par la France coloniale dans une vaine tentative d’éteindre le feu de la colère qui avait pris de toutes parts. Ceux qui en ont bénéficié, y vivent toujours, un demi-siècle après. Pour certains, c’est le cas de Nourredine, la situation est devenue intenable au fil des ans.
    Nul besoin de schéma pour comprendre le calvaire de l’homme et de sa famille. Ils sont 13 à s’entasser dans l’exiguïté de deux pièces construites l’une sur l’autre. L’aîné de ses enfants a fondé un foyer, ne pouvant supporter plus longtemps le célibat. Il est père de deux enfants. Avec sa femme, il occupe la pièce du dessus, à laquelle il accède par un escabeau de 50 centimètres de large. C’est que l’espace est trop précieux dans cette masure. Chaque centimètre est utilisé à bon escient. Une petite cuisine et des sanitaires sont aménagés à l’emplacement de ce qui, jadis, servait de courette. Un espace de quelques mètres carrés est gagné sur la route, au prix de nombreuses embrouilles avec les services de l’APC. «J’aurais dû ne pas écouter mon cousin qui m’a dissuadé d’implanter un bidonville aux Abattoirs», regrette le père de famille en descendant le minuscule escabeau qui donne accès à la chambre de son fils.
    De nombreux autres occupants des lieux, notamment des jeunes en âge de se marier n’en ont, semble-t-il, fait qu’à leur tête. Ils se sont installés dans un bidonville pour très peu de frais.
    Des tôles et des parpaings, et le tour est joué. D’autant plus que l’espace était disponible et à l’époque – dans les années 1990 – les autorités fermaient l’œil. On ne pouvait pas refouler des gens fuyant le terrorisme et venant se réfugier à proximité de la résidence ultrasécurisée de Club-des-Pins. C’est de cette manière que le bidonville des abattoirs est «né» et a «grandi». Au fil des années, les taudis ont poussé comme des champignons jusqu’à buter contre le mur même de la résidence d’Etat. Les derniers arrivés, ont élu domicile presque sur le lit d’oued qui longe la cité. «Nous nous tenons le ventre dès que nous voyons des nuages se profiler à l’horizon.
    Il suffit d’une forte crue pour que nos habitations soient emportées», appréhende un homme rencontré sur les lieux. Le lit du cours d’eau est aménagé en un caniveau profond d’environ deux mètres. Ses parois menacent de céder en plusieurs endroits, ce qui constitue un danger supplémentaire pour les résidents des lieux. Sans parler des eaux usées qui se déversent à ciel ouvert. Les odeurs nauséabondes et les maladies sont le lot quotidien des habitants. A partir des balcons de la résidence d’Etat, le spectacle désolant ne peut échapper au plus distrait des responsables…

    M. M.

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  3. Artisans de l'ombre Dit :

    Une suspicion omniprésente

    n «Chat échaudé craint l’eau froide», dit l’adage. A chaque clôture qui commence à s’ériger à Staouéli ou dans ses environs immédiats, les habitants se mettent à soupçonner quelque mauvais coup qui se mijote. Echaudés qu’ils sont par les multiples atteintes au foncier de la région, œuvre d’affairistes aux bras longs, ils savent de quoi ils parlent. De somptueuses résidences ont été érigées durant la décennie précédente sur des terres agricoles. Des nombreuses EAC des environs, il ne reste presque rien. Curieusement, un immense espace, celui qui, précisément, sert d’assiette à une nouvelle cité LSP et au bidonville des Abattoirs, a été épargné. «C’est devenu une stratégie pour la maffia du foncier de la région. Elle ne s’approche jamais des terrains occupés, même par des bidonvilles, afin d’éviter les tracasseries d’expulsion et de délogement. Ce sont les terrains nus qui font les frais…», explique un habitant très au fait de la face cachée de Staouéli. A la cité la Côte, c’est l’alerte suite à l’entame de travaux de pose d’une clôture pour la forêt mitoyenne, qui relève de la circonscription de Chéraga. Pourtant, la construction du mur peut bien être décidée par la conservation locale des forêts dans le but de protéger l’espace des atteintes à l’environnement. «Je suis persuadé que, dans quelques mois, des villas se mettront à pousser à la place des arbres…», affirme, sceptique, un quinquagénaire.

    M. M.

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  4. Artisans de l'ombre Dit :

    A la Côte, 50 ans de misère

    n A l’origine, seules 11 familles habitaient le quartier de la Côte, appelé ainsi pour sa proximité avec la route qui monte vers les hauteurs de la ville. Toutes sont venues de Kabylie. «Nous étions des réfugiés. Nous avons fui l’opération Jumelles», se souvient un sexagénaire. Pour s’installer, les exilés ont construit de petites maisonnettes rapprochées, reproduisant approximativement l’architecture typique des villages kabyles. Le quartier ne tardera pas à s’agrandir. A l’indépendance, d’autres familles, fuyant cette fois les affres du chômage, sont venues greffer leur misère. A la fin des années 1990, l’îlot de maisons est devenu un immense bidonville. Des dizaines de taudis ont été implantés par des familles venant, pour la plupart, de l’intérieur du pays. La quiétude des lieux n’est plus qu’un mauvais souvenir. Des fléaux sociaux, inconnus jusque-là, font leur apparition. Comme aux Abattoirs, un cours d’eau, le même d’ailleurs, longe le bidonville et les eaux usées se déversent en continuité à un mètre des habitations. Les habitants n’ont pour seul espoir de s’extirper de cet enfer qu’un hypothétique relogement. Des dossiers, ils en ont tous déposé. Depuis deux décennies pour certains. Mais à chaque distribution, on leur signifie qu’ils ne sont pas plus prioritaires que d’autres. «Jusqu’à quand ?», se demandent-ils.

    M. M.

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