Au coin de la cheminée
M’hammed le fils du sultan (2e partie)
Résumé de la 1re partie n Le sultan a sept garçons, les deux aînés veulent égaler leur père dans sa réussite, mais échouent dans leur mission. Le sultan les enchaîne et les jette à l’écurie…
Le jour suivant, ce fut le tour du troisième fils. Il partit avec Saâd, ils atteignirent ; une ville dont le sol était couvert de pièces de un dinar, ils remplirent les paniers et revinrent au château. L’accueil du sultan fut pareil que pour les précédents. Le quatrième fils revint avec des paniers remplis de billets de cinq dinars et eut le même accueil, le cinquième rapporta des billets de vingt dinars et connut le même sort, le sixième revint tout fier avec des paniers pleins d’or et de diamants mais alla, lui aussi, rejoindre ses frères dans l’écurie.
Le septième garçon, benjamin de la famille, vint à son tour dire à sa mère :
— Mère, mes vivres et mes armes ! Je veux partir, moi aussi, chercher où est arrivé mon père.
La mère alla tout de suite avertir le sultan qui appela son jeune fils et lui dit :
— O ! M’hammed, tu es un enfant du pouvoir et puis tu es encore très jeune ! N’y va pas, tu subirais peut-être le même sort que tes frères et tu serais jeté au fond d’une écurie avec ton cheval !
— Et alors ! répondit le jeune prince.
Le matin, très tôt, il emmena Saâd et se mit en route. Ils peuplèrent un pays et en vidèrent un autre, ils traversèrent les villes dont le sol était couvert de pièces d’argent, les dépassèrent, arrivèrent à celle où l’or et les diamants jonchaient le sol, ils en remplirent les paniers de leurs chevaux et poursuivirent leur route. Ils atteignirent une ville côtière, M’hammed le fils du sultan se dirigea vers un fondouk (auberge), donna une poignée d’or au patron, lui demanda de bien prendre soin de son cheval et lui promit une autre poignée au retour. Il fabriqua un bateau et partit pêcher au large pour passer le temps. Ses filets étaient toujours pleins et il en offrait le contenu aux pauvres de la ville. Il pêcha tant et si longtemps que la mer se vida. Il jeta encore ses filets et eut un gros poisson, il appela Saâd et tous les deux tirèrent de toutes leurs forces sans parvenir à le ramener vers eux. Le gros poisson sortit alors la tête hors de l’eau et dit :
— O ! M’hammed fils du sultan, ça suffit ! Arrête ! Tu as vidé la mer, elle n’a plus aucun poisson ! Que veux-tu ? Tu veux savoir où est arrivé ton père ? Je vais te le dire : je suis la femme de ton père, nous étions mariés, Dieu m’a métamorphosée en poisson et m’a rendue à la mer. Ton père est parti. Il a épousé ta mère et vécu avec elle.
— Qui le croira ? Donne-moi la preuve de ce que tu avances sinon je ne te laisserai aucun répit ni à toi ni à la mer.
Le poisson enleva un collier pendu à son cou, sur lequel était inscrit son nom ainsi que celui du sultan et lui dit :
— Tiens, la voilà la preuve !
Tout heureux, il prit le collier, fit don du bateau, rentra au fondouk, versa de l’or au propriétaire, récupéra son cheval et partit avec Saâd.
Tout au long de la route, il donnait or et diamants aux pauvres jusqu’à ce que les paniers se soient complètement vidés. Il atteignit son pays, parvint au château et frappa à la porte.
— Qui est-ce ?
— Sidi M’hammed.
— Qu’a-t-il apporté ?
— Rien du tout, les paniers sont vides !
— Attachez le cheval et amenez-moi le prince ! (à suivre…)
Bochra Ben Hassen et Thierry Charnay
27 décembre 2009
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