Petit cadeau de noël : érotisme sous le soleil
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Nora Aceval, La science des femmes et de l’amour, Ed. Al Manar (Contes et nouvelles du Maghreb), 2009
La « Science des femmes et de l’amour » dont il s’agit ici trouve son origine dans les contes que les femmes du Maghreb aiment à raconter entre elles. Elle est, pour l’essentiel, puisée à la source des contes populaires d’Algérie, et plus précisément dans le corpus particulier des contes réservés aux adultes. Y sont mis en scène des maris ivres de jalousie et immanquablement trompés, des amantes amoureuses, des épouses naïves… le tout, orchestré par une gent féminine rouée comme il se doit !
Le beau prince de ces contes, sorte de Shahrazade au masculin, est lancé dans une série d’aventures et de découvertes étonnantes. Il parcourt de lointaines contrées, livré aux facéties de l’amour et du hasard. Chacune de ses rencontres est une promesse, mais aucune ne lui livre l’absolu du « secret des alcôves »…
Emporté par un tourbillon d’histoires aux senteurs orientales, le prince finira-t-il par découvrir la science des femmes ? Laquelle de ces belles lui fournira la clé du savoir ultime qui lui permettra d’accéder au royaume de ses ancêtres ?
http://opoto.org/blog/wordpress/?p=985
ven 25 déc 2009
25 décembre 2009 à 23 11 12 121212
Malek Chebel, Le Kama-sutra arabe : Deux mille ans de littérature érotique en Orient, Ed. Pauvert, 2006
Le Kama-sutra arabe est le fruit d’une longue tradition portant sur le désir, l’érotisme et la sexualité. Ce livre de sagesse millénaire, de méditation et de détente est un merveilleux voyage dans la culture arabo-persane. Conçu comme un manuel de savoir-vivre amoureux et d’éducation sexuelle, il regroupe une variété d’oeuvres littéraires et de poèmes portant sur le bien-jouir et la copulation. En célébrant les fastes de la chair, Malek Chebel, nous dévoile un monde fascinant dans lequel s’entrecroisent des amants célèbres déchirés par de passions contrariées, des couples comblés de volupté, ainsi que diverses spécialités érotiques encore tenues au secret. Il nous révèle surtout les mystères du harem et du hammam, les règles du massage, les douze inflexions de la beauté parfaite chez la femme et le secret des aphrodisiaques orientaux (la formule O). Certains textes étant traduits ici pour la première fois, le Kama-sutra arabe, qui tient autant de L’ art d’ aimer d’Ovide ou de De l’amour de Stendhal que du Kama-sutra indien, est d’abord un hymne à l’amour sous toutes ses formes, exploré, sans complexe ni tabou. Les Houris aux yeux de biches nous feront longtemps rêver…
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25 décembre 2009 à 23 11 15 121512
Le Kama-Sutra arabe
Le Kama-Sutra arabe
Deux mille ans de littérature érotique en Orient
de Malek Chebel
[Charme]
Editeur : Pauvert
Publication : 3/5/2006Suite…
Les extraits
La phrase à retenir
L’amour et l’amitié, qu’est-ce qui les sépare vraiment ? Et pourquoi faut-il les séparer ?
Morceau choisi
1. Cultivez votre champ !
‘Cultivez votre champ’, c’est en matière de copulation et d’amour charnel ce que préconise le Coran (II, 223) avant toute autre considération. Selon une symbolique ancienne, le laboureur est l’homme, car il dispose d’une semence précieuse qui vient féconder un réceptacle aux allures majestueuses. Quant à la femme, elle offre son corps comme un parchemin. D’ailleurs, l’Orient tout entier la chante comme une déesse, tandis que son empire dans le domaine de l’amour et de l’affection demeure irremplaçable.
Les liens que l’Islam entretient avec la sexualité sont tout à la fois codifiés et souples. Du point de vue musulman, Dieu ayant créé l’homme, il n’est aucun aspect de celui-ci qui manque de dignité ou qui ne mérite pas d’être exposé. C’est pourquoi, l’acte de chair se réclame et s’autorise du fait coranique.
- chapitre : Introduction – page : 7 – éditeur : Pauvert – date d’édition : 2006 -
Morceau choisi
Amour et amour courtois, beauté, puissance érectile, impuissance, aphrodisiaques, copulation, libertinage, orgie, homosexualité, zoophilie, il n’est pas un thème érotologique ou sexuel qui n’ait fait l’objet d’un développement littéraire appréciable au point que cette étude, destinée aux adultes confirmés, est également un manuel d’initiation à l’univers complexe de l’érotisme dans le Monde arabe. Les jeunes gens y apprendront autant que leurs aînés.
- chapitre : Introduction – page : 31 – éditeur : Pauvert – date d’édition : 2006 -
Morceau choisi
Eloge de l’homosexualité
Les Arabes homophobes ? Il faut mal les connaître auraient dit, unanimes, Al-Jahiz (vers 776-869), Abu Nûwas (757-815), Al-Antaki (mort en 1599) et bien d’autres grands amateurs éclairés qui, de toute façon, auraient trouvé l’idée saugrenue et peu consistante. Mais c’étaient des érudits qui n’avaient pas de compte à rendre au mollah et au censeur, bien qu’il faille ici ou là ‘enguirlander d’excuses philosophiques’ (Massignon) des propos éventuellement scabreux qui auraient choqué jusque dans leur classe sociale.
Il faut dire que la parole de Sodome met en danger l’architecture morale de la sexualité arabe, laquelle passe pour être franchement hétérosexuelle. Mais les esthètes que voici bénéficieraient de la protection que leur conférait leur art ou leur position sociale pour nourrir l’éphèbe et au mignon un culte très particulier.
- chapitre : 7. Sodome ou les “amours particulières” – page : 239 – éditeur : Pauvert – date d’édition : 2006 -
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25 décembre 2009 à 23 11 16 121612
Salwa Al Neimi, La preuve par le miel, Ed. Robert Laffont, 2008 (sortie en poche chez Pocket en janvier 2010)
Une intellectuelle syrienne se passionne en secret, du moins le croit-elle, pour l’étude des traités érotiques arabes anciens.
Jusqu’au jour où elle est très officiellement invitée à participer à un colloque sur le sujet. C’est l’occasion pour elle d’évoquer sa vie passée, sa liberté, ses plaisirs et ses désirs, en une rêverie superbe où s’entremêlent les souvenirs nostalgiques d’un amant mystérieux et les citations des chefs-d’œuvre de la littérature érotique arabe. C’est aussi l’occasion pour elle de s’amuser, au fil des histoires qu’elle a recueillies et glissées dans son récit à la manière des Mille et Une Nuits, de la place qu’accordent au sexe les sociétés arabes actuelles.
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« La Preuve par le miel » / « Borhân el ‘Assal » : un roman érotique arabe
Publié en arabe en 2007, La Preuve par le miel est un audacieux roman érotique. L’auteur, Salwa Al-Neimi, est une poétesse syrienne qui vit à Paris depuis plusieurs années. La Preuve par le miel parle ouvertement de la sexualité en général et du plaisir de la femme en particulier, en s’appuyant sur une littérature érotique arabe largement occultée de nos jours. La vie du Prophète et ses commandements sont également mis à contribution pour rappeler la place du sexe dans la vie et dénoncer la dissimulation qui caractérise les sociétés musulmanes contemporaines.
Citation:
Borhan al ‘asal ou La preuve par le miel de Salwa al Neimi, Syrienne établie à Paris où elle travaille à l’Institut du Monde arabe, est un petit livre joyeux qui surprendra sans doute nombre de lecteurs peu habitués à écouter une jeune femme arabe revendiquer sans détours une sexualité libre.Pour en arriver là, ce ne fut pas facile : « Personne ne m’a rien appris, confie la narratrice, ni mon père, ni ma mère, ni même ma grande sœur. Personne ne m’a rien expliqué. J’ai étudié la théorie dans les livres, les films, les histoires et dans l’observation des hommes et des femmes qui m’entouraient. Quant à la pratique, je l’ai développée petit à petit, d’essai en erreur (…) » . « Je ne suis pas la seule dans mon ignorance », poursuit-elle en déplorant l’absence d’éducation sexuelle des jeunes Arabes, filles ou garçons.
Plongeon dans la littérature érotique arabe
Pour surmonter ce handicap de départ, Salwa al Neimi a trouvé le remède miracle : la lecture des anciens livres érotiques arabes. Selon elle, sortir ces œuvres de l’ombre est « une entreprise de salut public. Il ne faut plus les taire, il faut les déclamer. Il ne faut plus les cacher, il faut les ouvrir au grand jour ». Ses « lectures secrètes » – de Tifachi à al-Toussi et al-Suyuti en passant par al-Nafzaoui, al-Tijani et bien d’autres la conduisent à penser que « les Arabes sont le seul peuple au monde pour lequel le sexe est une grâce dont il faut remercier Dieu ».
L’histoire se passe au Moyen-Orient (Damas), au Maghreb (Tunis), en France (Paris), dans un arabe très vivant qui mêle dialectes syriens et tunisiens, des mots en anglais, un contexte très français. Et qui nomme tous les actes sexuels, les parties du corps, intimes, qui souvent dans cette langue sont passées sous silence ou reformulées en périphrases. Tout ceci sans, à aucun moment, verser dans un registre familier. D’une fluidité incroyable, ce livre de la modernité d’une femme arabe nous charme, nous séduit.
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25 décembre 2009 à 23 11 19 121912
Il est difficile de trouver les mots justes, les mots forts, les mots nouveaux, tant ceux de Salwa Al Neimi sont saisissants et insaisissables. Oui, il faudrait tout réinventer, et l’appareil critique et les angles de vues, vaciller entre ses certitudes géopolitiques de rupture entre le Nord et le Sud, pour mesurer l’impact de cette prose qui fera date et qui promet d’être une des ondes de choc de ces dernières années.
Dès la quatrième de couverture, le ravage est là, nous sommes surpris et frémissants, sidérés :
[édité par la modération]
Très vite, nous croyons à une version arabe de Catherine M. (ce qui, déjà, n’est pas sans être assez provocateur) mais ce n’est qu’une impression ; nous passons dans la même phrase, naturellement, comme dans une déduction qui conforterait la scène, à une citation du Prophète : » Nul d’entre vous ne prendra sa femme comme on prendrait une bête, et qu’il y ait entre vous un messager : le baiser et la conversation « .
D’emblée, la narratrice se réclame de cet héritage musulman, insoupçonné aujourd’hui, pris au piège d’un obscurantisme inquiétant : » en cela, dit-elle de son amant, il était un excellent musulman. Et moi aussi « . Le mot audace pâlit à côté de ces quelques lignes qui sont à elles seules une déflagration, charriant des voix, des siècles, des corps, et les amenant jusqu’à nous, jusqu’à l’extrême contemporain.
Très vite aussi, à nouveau, la peur, la peur que ce ne soit que la » quatrième de couverture « , qu’un coup de marketing, ou encore, que l’annonce d’une longue glose et autres prêches mi-érudits mi-assommants qui exhiberaient longuement et étroitement, les trésors érotiques des littératures et traditions arabes.
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25 décembre 2009 à 23 11 20 122012
Une Langue mielleuse
Si les auteurs et penseurs arabes francophones s’acharnent maladroitement à défendre, fièrement certes, leur culture en rappelant et argumentant -entre autres- sur la suavité de sa langue, voici une femme qui s’en empare, de sa langue, mielleuse, la particularise, nomme, détaille, comme une évidence qui ne pourrait passer par une autre preuve que celle-ci : » l’arabe est la langue du sexe pour moi. Aucune autre langue ne peut la remplacer à l’heure de la fièvre, y compris avec ceux qui ne la parlent pas, sans nul besoin de traduction, bien sûr « .
Ce livre, Borhân el ‘Assal, est plus frappant que tout autre plaidoyer et plus subtil que toutes ces études mystico-exotico-orientalo-post-coloniales qui peinent à prouver à l’Occident que le monde qu’il considère aujourd’hui comme son opposé voire son ennemi a non seulement été libre, mais l’est encore, et continuera à l’être. D’ailleurs la couverture, peinture du tunisien Raouf Karray, épouse intelligemment le contenu. Al Neimi traite la » chose » différemment des romancières arabes (en quelque langue qu’elles écrivent) : aucune trace de féminisme, aucune revendication sociale. En s’affranchissant de toute volonté de défendre, de montrer, le livre n’aspire qu’à être, et est alors dans la rhétorique blanche.
Il excède les savoirs, la mémoire, il détruit nos repères, brise toutes les grilles de lecture. On accède aux sens. Pas de mariage forcé, ni de club de femmes, ni de viol, ni de schémas transgressifs.
A l’éclatement géographique répond l’effacement de toute catégorisation de la narratrice ; elle n’a pas d’âge comme » elle n’a pas d’âme « , nous ne savons jamais si elle est mariée, si elle est mère. Salwa Al Neimi , épouse et mère dans la vie civile, ne prend pas de pseudonyme non plus ; quelle fatwa possible contre des textes du Coran et de la sunna cités littéralement ? A moins que dans nos contrées il soit d’usage de fêter les femmes, en déchaînant la coléreuse cabale de soi-disant cheikhs, simples frustrés qui veulent seuls détenir la Parole.
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25 décembre 2009 à 23 11 21 122112
La vois des corps
L’auteur mène son jeu d’une main de » maîtresse « , habile et aimante. Le texte en parle moins qu’il les parle, ces héritages, il appelle moins la voix des morts que la voix des corps, la première phrase marque le tempo » il y a ceux qui invoquent les esprits, moi je convoque les corps « . Un corps libre, qui se déplace entre ces hommes qui portent des surnoms : » le penseur « , » le rapide « , dans ce monde où fidélité n’est pas exclusivité.
Si l’auteur emprunte la forme des anciens manuels arabes, c’est pour mieux les subvertir, puisqu’une ironie diffuse, plutôt enjouée, sensuelle, enveloppe les »entrées » :
- » chapitre sur les mariages d’agréments et les livres érotiques « ,
- » chapitre sur l’éducation et l’enseignement « ,
- » chapitre sur le sexe et la ville arabe » etc.
Tant de portes et autant de voies royales. Un récit iconoclaste malgré la présentation à tiroirs, qui mêle souvenirs d’enfance, journal intime et carnets de voyage, qui mêle réel et réminiscences…
Al Neimi nous offre peut être là un autre livre » secret « , après son Livre des secrets. Un livre dont on a tant besoin aujourd’hui contre les enturbannés de tous bords, contre les extrémistes, et contre l’immense ignorance du monde occidental sur » l’être autrement « . Un livre qui écrit avec du Michaux, dans les amphithéâtres parisiens, à la cité universitaire, après le 11 septembre, en regardant Head on, Desperate housewives, Sex and the city et…Les Enfants du paradis. Il s’écrit contre la bêtise des hommes arabes, leur enfermement, leur peur, mauvais époux, maladroits patrons, mais parfois excellents amants.
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25 décembre 2009 à 23 11 21 122112
Un livre incontournable
L’auteur renverse l’inconscient supposé de la femme arabe qui, si elle refuse un homme, celui-ci est persuadé que sa pudeur ancestrale l’empêche d’aller avec tous les autres hommes. Il n’y a pas une femme arabe, il y a des femmes, qui prennent l’avion, la parole, et qui, si elles vont au hammam, ce n’est pas pour satisfaire un lecteur en mal d’exotisme mais pour retouver un plaisir lié à l’élément » eau « , comme elles iraient faire du shopping aussi bien, non pour échapper à une quelconque obsession ni pour plaire à une éventuelle belle-mère.
Al Neimi traque le moindre cliché, le plus petit déterminisme. Le corps n’est pas métaphorique, ni autobiographique, du moins il ne l’est pas autant que le corps poétique ; l’effet de surprise qui s’en dégage, le plaisir du texte, de l’image, retrouvée, inattendue, l’effet de caresse sont tels que le vertige est là.
Cette belle leçon d’écriture l’est d’autant plus qu’elle s’impose comme telle, comme le fruit de lectures-expériences. La narratrice refuse le mot » amour « , et nous le devinons, non comme sentiment, mais comme » mot « , elle s’affranchit jusque de cela, de toutes les topiques de la passion romantique, elle ne le prononce pas, ne se prononce pas. Libre jusque dans le droit de ne pas dire.
Le travail de suggestion est des plus fins. Nous entendons : je suis femme, mais en contrepoint, en sous-œuvre, » je suis écrivain « , elle s’applique à brouiller les pistes, tous ses amants finissent par se confondre en un même visage. C’est la légèreté inouïe et la complexité de l’histoire qui font la puissance de cette écriture. La narratrice se confesse et en même temps tout reste suffisamment elliptique pour que rien ne soit fixé. Mais savoir n’est plus la question, tant est grand le plaisir de la lecture, tant le dépaysement est vaste. Et tant le verbe est doux, et tranchant.
Un livre incontournable, nécessaire, une réflexion sur la création. Sa modernité vient de là et elle nous emmène très loin, vers un passé qui se souviendrait de son avenir.
Nous attendons impatiemment la sortie de son livre dans les librairies tunisiennes, nous voudrons aussi le voir traduit sur toutes les lèvres du monde, poème libre.
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