« La Preuve par le miel » / « Borhân el ‘Assal » : un roman érotique arabe
Publié en arabe en 2007, La Preuve par le miel est un audacieux roman érotique. L’auteur, Salwa Al-Neimi, est une poétesse syrienne qui vit à Paris depuis plusieurs années. La Preuve par le miel parle ouvertement de la
sexualité en général et du plaisir de la femme en particulier, en s’appuyant sur une littérature érotique arabe largement occultée de nos jours. La vie du Prophète et ses commandements sont également mis à contribution pour rappeler la place du sexe dans la vie et dénoncer la dissimulation qui caractérise les sociétés musulmanes contemporaines.
Citation:
Borhan al ‘asal ou La preuve par le miel de Salwa al Neimi, Syrienne établie à Paris où elle travaille à l’Institut du Monde arabe, est un petit livre joyeux qui surprendra sans doute nombre de lecteurs peu habitués à écouter une jeune femme arabe revendiquer sans détours une sexualité libre.Pour en arriver là, ce ne fut pas facile : « Personne ne m’a rien appris, confie la narratrice, ni mon père, ni ma mère, ni même ma grande sœur. Personne ne m’a rien expliqué. J’ai étudié la théorie dans les livres, les films, les histoires et dans l’observation des hommes et des femmes qui m’entouraient. Quant à la pratique, je l’ai développée petit à petit, d’essai en erreur (…) » . « Je ne suis pas la seule dans mon ignorance », poursuit-elle en déplorant l’absence d’éducation sexuelle des jeunes Arabes, filles ou garçons.
Plongeon dans la littérature érotique arabe
Pour surmonter ce handicap de départ, Salwa al Neimi a trouvé le remède miracle : la lecture des anciens livres érotiques arabes. Selon elle, sortir ces œuvres de l’ombre est « une entreprise de salut public. Il ne faut plus les taire, il faut les déclamer. Il ne faut plus les cacher, il faut les ouvrir au grand jour ». Ses « lectures secrètes » – de Tifachi à al-Toussi et al-Suyuti en passant par al-Nafzaoui, al-Tijani et bien d’autres la conduisent à penser que « les Arabes sont le seul peuple au monde pour lequel le sexe est une grâce dont il faut remercier Dieu ».
L’histoire se passe au Moyen-Orient (Damas), au Maghreb (Tunis), en France (Paris), dans un arabe très vivant qui mêle dialectes syriens et tunisiens, des mots en anglais, un contexte très français. Et qui nomme tous les actes sexuels, les parties du corps, intimes, qui souvent dans cette langue sont passées sous silence ou reformulées en périphrases. Tout ceci sans, à aucun moment, verser dans un registre familier. D’une fluidité incroyable, ce livre de la modernité d’une femme arabe nous charme, nous séduit.
25 décembre 2009
Non classé