Point de vue
Par Ahmed Meskine
Aminatou et tous les restes
Lors du 5ème Sommet Africain des Collectivités Locales « Africités » qui s’est tenu à Marrakech du 16 au 20 décembre dernier, la femme était à l’honneur. Dans une déclaration, des participants ont soulevé les problématiques liées au statut de la femme en Afrique, qui l’empêche d’assumer pleinement son rôle au sein de la
société et contribuer activement au développement socio-économique. Face à des conditions jugées difficiles et rendues complexes par des croyances révolues, la femme africaine se bat sur plusieurs fronts en même temps. Celui de la sécheresse, du manque d’eau, de l’analphabétisme, de la santé et de l’hygiène. Celui aussi du regard des hommes sur sa prétendue incapacité à gérer la chose publique. C’est ainsi que peu de femmes se retrouvent au niveau des responsabilités locales, nationales, alors qu’elles sont reconnues par les instances internationales comme moins corrompues que les hommes. Comme plus assidues au travail et supportant les privations. Sur ce sommet de Marrakech planait toutefois l’ombre d’une femme qui vient de faire l’information: la militante sahraouie Aminatou Haider, entrée désormais dans l’Histoire de la résistance pacifique. A elle seule cette femme a fait plus parler de la cause de son peuple que le Polisario durant plusieurs années. En se servant de sa seule force et de son corps qu’elle a soumis à une privation de manger jusqu’à obtenir gain de cause. Ce qui est regrettable au sommet de Marrakech, c’est que personne n’a osé mentionner son nom ni ne lui a rendu hommage. Pourtant combien de parlementaires et autres hommes politiques de par le monde on reconnu en cette dame une Ghandi des temps actuels. De toutes les femmes réunies en sommet depuis Beijing en représentantes de leurs gouvernements respectifs, celle-là s’est distinguée par une action réelle loin des blablas où les plats de cuisine peuvent s’imposer à la discussion des tables de négociations. De Marrakech à El Ayoune pourtant la distance de vue n’est pas assez grande, à vol d’oiseau pour l’apercevoir.
23 décembre 2009
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