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“La culture, c’est élémentaire !” Amazigh Kateb à “Liberté”

20 décembre 2009

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Edition du Dimanche 20 Décembre 2009

Culture

“La culture, c’est élémentaire !”

Amazigh Kateb à “Liberté”


Par : Amine Idjer

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Il était présent dans la caravane qui rendait hommage à son père. Il l’a fait à sa manière : mettre en musique ses textes. Il revient sur cet hommage et sur son dernier album Marché noir. Une tournée est prévue pour 2010, qui le conduira de l’Ouest à l’Est en passant par le Centre.

Liberté : Vous venez d’achever une tournée hommage pour le 20e anniversaire de la disparition de Kateb Yacine. Qu’avez-vous ressenti ?
Amazigh Kateb : Ça me tenait à cœur, en tout cas, de participer aux journées qui ont été organisées à Constantine et à Sétif, parce qu’il est de la région. C’était aussi pour moi une occasion de revoir la famille que je n’ai pas vue depuis longtemps, de revoir d’anciens amis et de recevoir aussi des hommages qui ont été rendus essentiellement à base de volonté et d’amour. Il n’y avait pas de portée symbolique parce que c’était des historiens, des universitaires qui ont fait une conférence sur l’œuvre. À côté de ça, il y avait des comédiens qui ont déclamé un groupe qui a joué de la musique, moi aussi j’ai joué un peu de musique. Du coup, je pense que c’est vraiment ça, rendre hommage à Yacine. C’est reprendre ses textes, les faire vivre, faire danser les gens autour de la thématique de Yacine, parce qu’il n’était pas seulement littéraire, théâtral, il était aussi festif.

Dans votre album, vous avez mis en musique deux textes de votre père. Pourquoi spécialement ces deux-là ?
En fait j’avais besoin d’attaquer l’écriture de Yacine à travers des textes qu’il avait écrits avant d’être mon père. Car, à l’intérieur de mon âme, de mon cœur, c’est plus simple de décortiquer, de découper un texte qu’il a écrit quand il avait 17, 18 ans, voire 20 ans, que de décortiquer ce qu’il a écrit après avoir été mon père. Mais après avoir mis en musique ces poèmes-là, ça m’a permis de découvrir, de redécouvrir et de faire découvrir un auteur qui n’est au fait de sa maturité.

Marché noir est plus profond et plus sage. Peut-on dire que c’est l’album de la maturité ?
Personnellement, je ne le vois pas comme ça, parce que si c’était l’album de la maturité, ça veut dire que c’est le dernier ou presque ou je vais bientôt caner. J’ai pris une petite année pour respirer, pour aller jouer à titre personnel. Je me suis remis dans le bain des tournées d’une manière très sauvage. Et au lieu d’aller trouver un label, j’ai produit moi-même un album, qui a été fait un peu à la manouche. Dans cet album, je mets en musique mon père, mon exil… C’est le même univers. Il y a du raï ragga, du raï tindi avec du guembri. Il y a quelques expériences musicales, mais ce n’est pas un album expérimental.

Est-il difficile de porter le nom de Kateb ?
Oui et non. C’est un nom qui peut m’ouvrir des portes, je le reconnais, mais c’est aussi un nom qui m’enferme et qui ferme des portes aussi. Mon père n’a pas que des amis, il a des ennemis, des gens qui ne l’aiment pas. On a été jouer à Sétif, le directeur de la maison de la Culture n’était même pas présent.

Vous deviez effectuer une tournée. Qu’en est-il ?
Elle était prévue en novembre à la base, puis décalée en décembre, après c’était 5 dates au lieu de 10, après c’était walou. Je pense qu’il y a essentiellement des problèmes de logistique, peut-être des problèmes d’argent. Je sais d’expérience qu’en Algérie, pour monter un concert, ce n’est pas facile, alors que 10 concerts en 12 jours, c’est le marathon logistique. Peut-être que les conditions n’étaient pas réunies pour cette tournée. En tout cas, ce n’est pas moi qui l’ai annulée.

Dans vos textes, vous tirez à boulets rouges sur le système et c’est ce dernier qui soutient votre tournée. N’est-ce pas contradictoire ?
Non, ça serait contradictoire si je faisais quelque chose qui était dicté par le système, si j’avais une commande du système. Peut-être que là on pourrait dire que ce n’est pas logique. Pour moi, le gros problème de ce système, c’est qu’il exclut les artistes et la culture qui devient un luxe dans notre pays. Pas plus tard que durant le Festival panafricain, j’ai entendu un discours ministériel que mettre la culture à la portée de tous les Algériens, c’est révolutionnaire. Ce n’est pas révolutionnaire, c’est élémentaire ! Il y a un vrai déficit de lien social en Algérie qui ne peut être que du ressort de la culture. Quand on a l’habitude d’aller ensemble voir des événements culturels, on s’habitue à être ensemble, au respect mutuel. Mais quand il n’y a que les matches de foot pour se défouler, ça donne un public très masculin et c’est un défouloir sans fonds idéologique ni culturel. Pour moi, heureusement qu’il y a le foot, car il canalise toute ces énergies. Et s’il y a une véritable politique culturelle, en 5 ans, ces jeunes seraient sociabilisés. Et puis, c’est facile de critiquer de l’extérieur.

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À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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